7 - MON AVENTURE SOVIÉTIQUE - Saison 1

Janvier 1990 à décembre 1994... 

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Un petit air de là-bas pour vous mettre dans l'ambiance... 

Vous pouvez l'arrêter en cliquant ci-dessus sur le symbole :

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« Dieu a sagement agi en plaçant la naissance avant la mort.

Sans cela, que saurait-on de la vie ? » (Alphonse ALLAIS)

 

RAPPEL : l’Histoire a toujours eu une grande importance, voire une fascination pour moi, car aussi bien dans ma vie professionnelle que dans ma vie familiale le passé qu’on peut appeler l’histoire avec un petit « h » explique bien des choses depuis leurs origines.

 

Utilisant toujours comme fil d’Ariane un ordre chronologique, j’ai rédigé cette tranche de vie allant de septembre 1991 à décembre 1994, début d'une aventure professionnelle peu banale qui débuta en Union Soviétique.

 

Après les putschs de Moscou de septembre et décembre 1991, je vais rapidement y vivre sur place et « on live » le coup d'état du 21 septembre 1993 où l'on a vu l'armée rouge bombarder la « Maison Blanche » (le bâtiment du Gouvernement) sur ordre de Boris ELTSINE alors que je séjournais moi-même dans l'hôtel Ukraine, un des gratte-ciel staliniens juste en face de la « Maison Blanche » de l'autre côté de la Moskova

 

Sur la photo qui suit, la « Maison Blanche » se situe en face de l'hôtel, et sur la façade duquel on a reçu quelques obus perdus que des chars à la solde de Boris ELTSINE tiraient, depuis les jardins situés de l'autre coté du parlement (cf. plus loin!)...   

 

maison blanche en feu 1993.jpg   Chars face à la maison blanche coté Hôtel Ukraine.jpg
La Maison Blanche en feu devant une rangée de chars stationnés sur le quai de l'Hôtel Ukraine... 

 

Отель Украина 1993 juste en face.jpg   Hôtel Ukraine Radisson 350x240.jpg

et juste en face, l'hôtel Ukraine... devenu depuis Hôtel Radisson !


le 4-10 Maison blanche.jpg   maison blanche 1993.jpg

Ce que l'on pouvait voir le 30/09 puis le 4/10/1993 après l'attaque depuis le 10è étage de l'Hôtel Ukraine !

   

Ce faisant, je n’ai aucune autre prétention que celle d’enfin donner à mes enfants les explications que j’aurais moi-même bien voulu avoir à leur âge pour comprendre certaines choses. 

_________________________

  

Après les six articles portant sur :

 

1 - « LA SAGA DE LA FAMILLE PAIRET-FLEURY… » de 1845 à 1945

2 - « DES PREMIERS PAS AU SERVICE MILITAIRE... » de mai 1945 à 1965

3 - « L’APPRENTISSAGE DE LA VIE DU RAVI DE LA CRÈCHE… » de 1965 à 1973 

4 - « LA VIE A DEUX… ENFIN C’EST-CE QU’ON CROYAIT ! » de 1974 à 1987

5 - « TOUS POUR UN, UN POUR TOUS - LE SYSTÈME INTERMARCHÉ » de 1985 à 1990

6 - « ENFIN ADULTES! Euhh… C’EST-CE QU’ON PENSAIT ... » de 1988 à 2002 

 

Voici un aparté pour les copains (i.e. en lecture directe sans mot de passe…) sous le titre de : 

7 - « MON AVENTURE SOVIÉTIQUE - Saison 1 » de 1990 à 1994

 

Qui sera suivi de :

8 - « MON AVENTURE SOVIÉTIQUE - Saison 2 » de 1994 à 2002

Bonus - « MARTINE DECOUVRE LE PAYS DES LENDEMAINS QUI CHANTENT » en 1998 

9 - « RETOUR AUX SOURCES » de 2002 à... Espérant que ça dure encore un peu! 

C'est tout au moins l'objet de cet avant-dernier article de la Saga en cours de rédaction... car le dernier n'est pas encore écrit, et j'espère bien qu'il ne le sera pas d'un bout de temps...

10 - « ÉPITAPHE DU RAVI DE LA CRÈCHE » de demain à … nous verrons bien car il nous le reste à vivre ...!

 

 

Avant-Propos : de 1990 à 2002 ma vie professionnelle m'a entraîné... en Union Soviétique loin de ma famille que je ne retrouvais que toutes les trois semaines lorsque je rentrais de Moscou, de Leningrad ou du fin fond de la Sibérie pour remettre mes « reports » à la Communauté Européenne à Bruxelles sur l'expertise dont j'étais chargé là-bas.

 

Un coup de Thalis et je bouclais cela en une journée, mais rentré à la maison, il me fallait préparer la mission qui suivait si bien que mes enfants n'ont pas pu profiter souvent de leur père dans cette période qui s'est curieusement terminé à Paris à l'OCDE pendant trois ans.

 

En effet, le dépôt de bilan de mon entreprise, le chantier naval « SMAP NEPTUNE » à Avignon qui construisait des voiliers de 8 m à 16,50 m, a entraîné une longue traversée du désert d'un chômage de près d'un an en 1984.

 

Deux moines bénédictins, dont le père DOITEAU, le curé du village de Saint-Lambert et son supérieur, le père GÉHARD, un polytechnicien qui avait embauché Martine pour gérer le Prieuré de Saint Lambert ont eu la gentillesse de me mettre en relation avec deux de leurs amis et mécènes, deux copains, Jean VERDIER et Bernard ALLANIC qui avaient mis en place, ensemble, une LMBO pour le rachat d'une grosse entreprise de distribution de quincaillerie par ses propres salariés.

 

Ils m'ont proposé la direction logistique de « QUERCYMETAL » qui gérait la franchise des quincailleries « CATENA » à Cahors.

 

C'est là que se trouvait l'entrepôt qui approvisionnait ces quincailliers traditionnels dans la moitié sud de la France (l'autre, qui approvisionnait la moitié nord, le faisait depuis Le Mans).

 

Mais cette solution a vite tourné au cauchemar du fait même d'un montage financier mal ficelé (cf. la fin de mon article L’APPRENTISSAGE DE LA VIE A DEUX) et à cause d'une coïncidence incroyable...!

 

Le responsable d'entrepôt que Bernard ALLANIC avait voulu licencier pour me donner la responsabilité de la logistique était Jean-Marc FLEURY, le jeune fils de mon propre cousin germain... Je m'en suis immédiatement ouvert à mes deux employeurs qui ont reconnu qu'il serait effectivement mieux à sa place en tant que contrôleur de gestion et il fût maintenu en poste. 

 

Après deux ans de tentatives désespérées pour redresser la situation de l'entreprise, il a fallu se rendre à l'évidence. La LMBO avait bel et bien été mal ficelée et l'entreprise était au bord du dépôt de bilan, malgré la volonté du 1er Ministre Michel ROCARD et son Ministre du Redéploiement industriel Edith CRESSON, d'en faire un modèle de RSA (Reprise d'Entreprise par ses Salariés).

 

Le premier à quitter l'entreprise fût le PDG, Jean VERDIER, lui-même, et le second fût Marc PAIRET mais cela a représenté une chance pour moi car j'ai pu bénéficier comme le PDG d'un « outplacement » salutaire offert par CATENA qui m'a permis de retomber sur mes pattes rapidement !  

 

Les salariés de QUERCYMETAL avec Bernard ALLANIC resté aux commandes ont essayé de s'en sortir après un plan social qu'on a voulu exemplaire, mais on avait ainsi fait que repousser l'échéance.

 

Le dépôt de bilan inexorable suivi de la liquidation a suivi un an après!

 

Quant à moi, afin de ne plus avoir mauvaise conscience d'avoir pris la place de mon petit cousin Jean-Marc FLEURY, je lui ai fait profiter de ma chance (cf. plus loin, avec le Groupement INTERMARCHÉ) en le faisant embaucher comme chef de la base INTERMARCHÉ de Loriol, dans la Vallée du Rhône... Et il y a fait toute sa carrière jusqu'à la retraite !

 

En cours « d'outplacement », donc, j'avais très rapidement été pressenti par le cabinet CAPFOR de Nantes, un Chasseur de Têtes partenaire du Groupement INTERMARCHÉ, pour la direction logistique d'entrepôts de distribution du groupement, mais malgré mon enthousiasme pour la structure de ce Groupement ce fût également une situation qui s'est terminé pour moi de façon très difficile (cf. sur ce même site, l'article 5 - TOUS POUR UN, UN POUR TOUS - LE SYSTÈME INTERMARCHÉ et vous comprendrez !).

 

Après un bref passage à la direction commerciale de SALVESEN, un prestataire de services logistiques Écossais qui assurait en France l'approvisionnement des produits surgelés de Marks & Spencer, Carrefour et Euromarché, et profitant de mon expérience en matière de logistique, avec quelques cadres du Groupement INTERMARCHÉ qui n'avaient pas choisi la voie royale de création d'un supermarché, nous avons fini par créer, ex-nihilo, un Cabinet d'Études de Réalisations Logistiques (cf. mon article sur ENFIN ADULTES! Euhh… C’EST-CE QU’ON PENSAIT...)

 

Enfin, grâce à une relation empathique, de ce que l'on peut qualifier de véritable amitié, Michel de BESSE, aujourd'hui décédé, qui était alors Directeur Général de la branche Technique du Cabinet VÉRITAS (que je ne remercierai jamais assez de m'avoir tendu la main à un moment crucial de ma vie professionnelle, car je venais d'être licencié à 50 ans !), j'ai eu l'opportunité de travailler pour la Communauté Européenne à Bruxelles.

 

Il avait eu, en effet, vraiment envie de répondre à un appel d'offre très rémunérateur de Bruxelles, mais n'avait pas sous la main les experts capables de le réaliser.

 

 

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Le siège du bureau Véritas à Paris - La Défense !

 

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Apprenant ma disponibilité et mon expertise, il m'a proposé de répondre à l'appel d'offre avec quelques cadres du Groupement INTERMARCHÉ que je me faisais fort de débaucher et de rallier au projet en mettant sur pieds une opération peu ordinaire en Union Soviétique qui, si elle nous assurait un revenu confortable, nous a entraîné tout ce temps très loin de nos familles et en ce qui me concernait la mienne demeurée dans la vallée de Chevreuse près de Versailles...    

 

Depuis ma retraite en 2002, plusieurs copains m'ont demandé de leur raconter en quelques mots ce que j'étais allé faire là-bas, si loin, en Moscovie, en Asie Centrale et en Sibérie Orientale, sur un plan professionnel, pendant près de dix ans, à la fin de la Perestroïka...

 

Eh bien en voilà un résumé succinct !

  

 

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La Place Rouge et la traditionnelle photo souvenir en 1991 à la fin de la Perestroïka...

(la foule que l'on aperçoit à droite, attendait encore l'ouverture du mausolée de Lénine !)

 

 mausolé de Lenine 2.jpg   mausolé de lénine.jpg

Que j'ai bien sûr moi-même visité comme tout le monde ! 

 

lac Baïkal.jpg   Lac Baykal.jpg

Tout comme le lac Baïkal... une immensité glacée six mois par an, que l'on pouvait traverser en voiture l'hiver !

 

eglise baïkal.jpg    Irkoutsk.jpg

 et quelques villes historiques folkloriques, dont Irkoutsk sur le lac Baïkal où passe le trans-sibérien !

 

Alors, je me suis mis à rassembler quelques éléments et vous en ai fait un « digest » !

 

Effectivement, séjourner aussi longtemps en Union Soviétique à la fin de la Perestroïka après une période de 70 ans de communisme, a représenté pour moi une révélation et l'impression de vivre une page d'histoire qu'aucun homme ne pourra, j'ose l'espérer de tout cœur (pour nos amis Russes !) vivre à nouveau dans une vie d'homme...

 

J'ai pu ainsi rencontrer parmi des gens ordinaires, des hommes et des femmes extraordinaires. Je vais d'ailleurs me permettre de vous laisser apprécier un enregistrement vidéo d'une « simple femme Russe chantant ses espoirs, accompagnée par son simple mari ».

 

Si les choses ont beaucoup changé à Moscou, et quelques autres grandes villes, c'est allé beaucoup plus lentement dans la Russie profonde où toute une génération a vécu une très difficile transition (cf. mon article sur LES CAUSES DU MALHEUR RUSSE).

 

Un couple d'amis Bouriates, Alexandre MELNIK et son épouse Oksana, qui exploitaient, à Oulan-Oude sur les bords du lac Baïkal, une petite entreprise de distribution alimentaire (elle avait attiré mon attention tout simplement parce qu'elle portait comme enseigne « Маленький Принц » - autrement dit « le Petit Prince » - avec le beau dessin du Petit Prince de Saint Exupéry) ont finalement choisi de venir vivre en Europe « parce qu'ils n'avaient qu'une vie, m'avaient-ils dit » en reprenant une boutique de libraire à Liège en Belgique.

 


 

Alexandre MELNIK m'a fait parvenir il y a quelques années une carte de vœux originale en m'offrant cette vidéo d'une « tchastouchka » dont je suis sûr, vous noterez et apprécierez la nostalgie touchante dans le décor d'une isba Biélorusse de la banlieue de Minsk comme ils y en avait des milliers dans la banlieue des grandes villes, là-bas, à la fin de la Perestroïka.  

 

 

La « Бабушка Зоя » (lire « babouchka » qui veut dire grand-mère, et Zoïa, c'est son prénom) très folklorique en scène est passée à la télévision Russe depuis !... La vidéo originale a été retirée de YouTube en 2010 hélas pour de toutes bêtes raisons commerciales, mais j'en ai retrouvé une du même couple devenu célèbre depuis et emblématique des milieux populaires des « Ностальгические »... ce qui veut dire des « Nostalgiques »; c'est ainsi que l'on a nommé un mouvement des anciens communistes qui avaient sincèrement la nostalgie de la période socialiste où tout leur semblait plus simple, selon eux, bien que privés de liberté individuelle.

 

C'est Léonid Brejnev très pervers mais clairvoyant qui se prenait pour le successeur de Staline, comme la plupart des dirigeants du « Политическое бюро » (le bureau politique) qui disait d'eux « ils font semblant de travailler et nous, nous faisons semblant de les payer pour leur travail ! »

 

On a retrouvé notre « babouchka » devenue célèbre une dizaine d'années après qu'elle soit passée dans quelques émissions de télévision enregistrées sur YouTube car un apparatchik a eu l'idée de se faire un peu d'oseille en tirant des DVD de ses chants populaires traditionnels !

 

 

 

Il s'agit bien là d'une « tchastouchka » (en Russe : « часту́шка »). C'est un type de chant traditionnel russe écrit sous forme d'une poésie de quatrains en tétramètres trochaïques avec un rythme en ABAB, ABCB ou moins fréquemment AABB.

 

Très souvent humoristiques, satiriques, voire ironiques, les « tchastouchki » (pluriel de « tchastouchka ») sont souvent mises en musique, accompagnées d'accordéon ou de balalaïka. 

 

Le nom « tchastouchka » vient du russe « части́ть », qui signifie « parler vite ».

 

cf. ci-dessous une « tchastouchka » un peu plus moderne, comme on peut les entendre à l'occasion d'un mariage (si j'en parle c'est que nous avons assisté au mariage de Natacha, notre secrétaire, et avions pour l'heure découvert cette tradition de raconter la vie des jeunes mariés avant leur rencontre en chanson ; celle qui suit a été improvisée sur un parking d'autobus de station-service... Le rythme en est vraiment traditionnel et entraînant, d'ailleurs une spectatrice n'a pu s'empêcher d'y participer...!

 

 

 


 

Au départ, il s'agissait seulement d'un projet de distribution auquel s'était intéressé ma petite agence de logistique (cf. l'Article ENFIN ADULTES! Euhh... C’EST CE QU’ON PENSAIT... de notre Saga familiale.)

 

Il s'agissait de veiller à la distribution d'aides alimentaires et d'expertises pour conduire des projets de coopération que l'UE de Bruxelles avait offert à l'Union Soviétique pour prévenir une crise alimentaire (avec probablement l'idée non avouée de précipiter quelque peu la fin de la guerre froide tout en se débarrassant, apparemment généreusement, d'une partie des stocks d'intervention de la PAC qui finissaient par coûter une fortune en frais logistiques de stockage à la Communauté Européenne).

 

Il fallait surtout veiller à ce que les mafias Russes larvaires ou renaissantes un peu partout ne mettent la main sur cette manne et c'est bien pour cela que la Communauté Européenne avait insisté pour que ce soit des experts européens qui puissent se porter garants de l'acheminement de toutes ces marchandises et de leur juste distribution.

 

Avec une équipe de logisticiens de la distribution constituée en grande partie par des collaborateurs d'INTERMARCHÉ rompus à ce type de distribution, nous avons permis d'acheminer ainsi pendant trois ans des tonnes de produits agricoles depuis l'Europe, par conteneurs ferroviaires, tout en apportant, par la suite, une aide technique pour aider non seulement certains « oblasts » Russes (équivalent d'un département en France), mais surtout les toutes nouvelles Républiques de la Communauté des États Indépendants qui avaient pris leur gestion en main après le dernier putsch de Moscou en 1991 sans savoir comment elles allaient s'y prendre, car elles ne recevaient plus les instructions de Moscou comme elles les avaient reçues servilement depuis des décennies...

 

Ce ne fut pas facile, bien évidemment, parce qu'en dehors de l'aide alimentaire nous étions fort limités dans les budgets d'intervention et ne pouvions qu'apporter nos conseils et notre expérience occidentale (La CEE n'avait qu'un budget limité d'aides financières pour aider des projets !).

 

Cette opération avait pour nom « TACIS » et je m'en étais porté responsable pour l'Asie Centrale afin d'aider à la modernisation d'outils et de structures devenus complètement obsolètes.

 

Qu'était-ce que « TACIS » ?

 

Le programme communautaire TACIS (Technical Assistance to the Community of Independant States) a été créé en décembre 1991 par les instances de la Communauté Européenne à Bruxelles.

 

Instrument financier d'assistance technique, il avait pour objectif d'encourager l'établissement de conditions favorables à l'économie de marché et de renforcer la démocratie naissante dans les pays concernés.

 

Présenté par la Commission Européenne comme « un programme d'échanges d'expériences et de transferts de compétences » TACIS finançait essentiellement des prestations intellectuelles et s'adressait en premier lieu, via des appels d'offres, aux sociétés d'Ingénierie et de Conseil... Européennes.

 

C'est ainsi que nous sommes arrivés à remporter l'appel d'offre de la partie distribution alimentaire du projet avec notre petit cabinet de logistique de la distribution issu du Groupement INTERMARCHÉ, sous la casquette du cabinet géant « VERITAS » qui nous a servi de mentor par le truchement de sa filiale technique « TECNITAS » qui était équipé d'un bureau de lobbying conséquent à Bruxelles sans lequel nous n'avions aucune chance de retenir l'attention des autorités Européennes!... 

 

TACIS reposait (et repose toujours) sur une double approche : sectorielle, prédominante qui se conjuguait avec des actions transversales répondant à certains impératifs géographiques ou aux besoins de certaines catégories de population.

 

La caractéristique novatrice de l'aide de la Commission résidait dans l'implication des régions Russes et des Républiques indépendantes dans le but d'accroître l'efficacité et surtout la visibilité des actions entreprises.

 

Des régions prioritaires ont été choisies dès 1991 (Le Nord de Moscou, les environs de Saint-Pétersbourg, Kaliningrad, la Sibérie occidentale puis orientale) ou des collaborateurs de notre cabinet ont passé une dizaine d'années à mettre en place des projets innovants calqués sur les structures que nous connaissions bien en Europe.

 

Ainsi se sont développés des liens horizontaux entre des régions ou institutions européennes et cela, sans plus passer par le pouvoir central. 

 

La première phase du programme TACIS a porté sur la période 1991 à 1999.

 

Outre les grands projets, TACIS finançait de petits projets appelés « Быстро » (« bistro » en Russe se traduit par « vite » c'est d'ailleurs, là, l'origine même du vocable Français « bistrot » qui remonte à la campagne de Russie conduite par Napoléon...

 

Les grognards de l'empereur au cours de leur longue marche à pied dans la neige avaient tendance à s'attarder dans les tavernes pour boire et se réchauffer, mais les Russes les pressaient en s'exclamant « bistro-bistro » qui voulait dire « vite-vite, dépêchez-vous » car leur régiment s'éloignait... et ces braves soldats - tout au moins ceux qui ont pu rentrer en France après la Bérézina - avaient ramenés ce souvenir de leur campagne de Russie en pensant que « bistro » voulait dire « taverne »!)

 

Ces petits projets permettaient d'apporter une réponse rapide à des demandes d'aide pour des micro-projets d'un montant inférieur à 100.000 €uros prenant en compte des besoins locaux.

 

Selon les évaluations de la Commission Européenne, les résultats les plus tangibles ont été obtenus dans deux secteurs : la restructuration des entreprises et les ressources humaines, qui ont d'ailleurs bénéficié de presque 40 % des financements.

  

En priorité, nous avions à mettre en place la réorganisation de la distribution alimentaire complètement désorganisée par le désengagement de Moscou qui autrefois centralisait tout et s'est arrêté brutalement en 1991.

 

Par exemple, en Asie Centrale, à partir d'un entrepôt sous douane qui nous avait été confié dans la banlieue de Bichkek, la capitale du Kirghizistan, il nous a fallu mettre en place un embryon de chaîne de distribution avec plusieurs « supermarchés ».

 

 À Bichkek, nous disposions d'un entrepôt sous douane près de l'Aéroport.

 

Partant de là, nous avons restauré quelques magasins existants, mais dans un état lamentable parce qu'ils dataient de « la  période Brejnev » et n'avaient pas été entretenus depuis...

 

De plus, ils étaient complètement vides (sauf le rayon alcools bien garnis de vodka, bien sûr !) et nous les avons modernisés à l'image de ce que nous connaissions bien puisque pratiquement toute l'équipe des techniciens était issue du Groupement de distribution indépendant INTERMARCHÉ.

 

 

  

 Quelques supermarchés « Gastronom » avant

 

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Parallèlement à la restauration de quelques supermarchés ciblés, nous avions commencé avec de petites boutiques, pour nous faire la main afin de valider rapidement les options qui nous semblaient devoir être prises... et aider des entreprises locales à les réaliser.

 

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Les mêmes supermarchés « Gastronom » - après...

  

Ainsi nous avons pu mettre en place des outils performants qui ont donné confiance à nos interlocuteurs, notamment en participant à toutes les manifestations grand public comme le 1er salon de l'alimentation qui avait été organisé à Saint Pétersbourg en 1993 et, par la suite, chaque année, tous les salons d'alimentation de Moscou...

 

 

En 1993, je me souviendrai longtemps de la gageure qu'a été l'organisation du 1er Salon de l'Alimentation de Saint-Pétersbourg. Il avait été organisé en collaboration avec IMMS, les partenaires Russes rencontrés à l'IAP de Paris. 

 

 

Il s'était tenu dans l'immense complexe sportif « Peterbourgski » situé au sud de Saint Pétersbourg à hauteur du mémorial de la Guerre de 1940. Il avait été construit dans les années 1970, mais servait souvent pour des manifestations autres que sportives.  

 

 

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Le Complexe Sportif Peterbourgski...
 

Pour présenter un stand attractif que nous avions voulu à l'image d'un supermarché à la française, nous avions fait venir à grand frais un camion de gondoles INTERCRAFT pour présenter toutes les marchandises de grande consommation que nous proposions, ainsi que toute notre gamme RÉAL-LOG et les services que notre équipe pouvait apporter aux magasins qui souhaitaient se moderniser.

 

Nous avions même entraîné un certain nombre de nos fournisseurs Français qui avaient accepté de participer à cette première expérience, avec, en ce qui nous concerne, une gamme choisie des produits PNM (Produits fabriqués par, ou aux marques du distributeur INTERMARCHÉ), mais aussi :

- les charcuteries « Le HENAFF »,

- la « CFGV » (Compagnie Française des Grands Vins),

- un abattoir breton qui proposait des charcuteries salées, du kolbassa (sorte de cervelas typiquement slaves élaboré spécialement pour le marché russe) et autres cochonnailles,

- FLOC'H, un conserveur breton de Viandes près de Rennes qui avait accepté de nous fabriquer en low-cost une gamme de pâtés en boite adaptés au marché Russe,

 

Tous avaient investi pour nous envoyer leurs propres personnels commerciaux pour lesquels nous avions dû fournir et organiser l'accueil, l'hébergement jusques et y compris la mise à disposition d'hôtesses bilingues pour leur permettre d’argumenter !

 

Vous imaginez les difficultés rencontrées, si loin de nos bases !

 

 

Et, petit aparté rajouté pendant notre confinement COVID 19... J'en ai des sueurs froides rien qu'en pensant à ce qui aurait pu se passer à cette époque, avec les milliers de visiteurs que nous avions reçu pendant ce salon qui avait duré une semaine, car, en janvier 2020, cet immense complexe de 28000 m² qui devait être restauré s'est tout simplement effondré lors d'une intervention sur la structure de la toiture (cf. la vidéo de 2 minutes que j'ai téléchargée ! On se demande comment, justement au moment de l'effondrement, un drone a bien pu filmer la scène... Un hasard ?)

 

 

 

Cela dit, à Moscou, à partir de 1994 pour faire connaître notre expertise, nous avons systématiquement participé à tous les Salons de l'alimentation pendant quatre ans et nous y avons rencontré pas mal de nos futurs clients et fournisseurs. Même Charles ROZENBLIT d'Avignon (cf. plus loin...) nous a fait la surprise et l'amitié de venir nous y visiter en 1996 !

 

 

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Dès 1994, nous avons systématiquement été présents sur le Salon de l'Alimentation de Moscou,

 

Salon alim Moscou.jpg

et présentions les produits PNM (Produits à Nos Marques), à savoir, fabriqués par INTERMARCHÉ. 

 

Par exemple, au niveau de la boulangerie, nous avons fait appel à une équipe de l'école de boulangerie des Grands Moulins de Paris (à l'époque leur école était installée à Vitry-sur-Seine) qui nous a prêté main forte en formant des boulangers kirghizes qu'immédiatement nous avons installés à Bichkek...

 

Si bien qu'en quelques semaines ont fleuri plusieurs ateliers de boulangerie, petites structures spécialisées que ne connaissaient pas les Kirghizes.

 

De fait, du temps de l'Union Soviétique le pain provenait uniquement de grandes usines à pain Russes qui ressemblait à du mauvais pain de mie, mais les kirghizes ne savaient pas faire de pain au levain...

 

Je me souviendrai toujours de la tête du maire de Bichkek, lorsqu'un jour, revenant directement de Paris avec une brassée de baguettes fraîches, j'ai organisé un petit déjeuner des collaborateurs de la mairie avec du pain, de la confiture et du café au lait...

 

Ils pensaient que j'avais ramené des brioches françaises ! Et ne pouvaient croire que l'on pouvait fabriquer de telle « Французские булочки - i.e. des « Brioches Françaises » à Bichkek...

 

Jusque-là, ils se contentaient en effet soit du pain russe, soit du pain « fait à la maison », ou plutôt dans la Yourte, qui ressemblait à du pain Marocain ou Libanais sans levain dont on collait les pâtons à la main à l'intérieur d'un four en terre cuite en forme d'amphore rudimentaire au fond duquel on plaçait un peu de braise.

 

Quand le pâton se détachait de la paroi et tombait dans la braise, c'est qu'il était cuit !

 

C'est qu'ils n'avaient pas d'autres farines que le « черная пшеница - qu'ils prononçaient en anglais « black-wheat » - et qui est, en fait, du « blé noir », à savoir une variété de sarrasin grossièrement concassé à la main...

 

Il nous a fallu faire venir des petites meules individuelles pour fabriquer de la farine T55 introuvable sur place, avec du blé importé si ce n'est le sarrasin en un premier temps puis du blé d'hiver planté sur place ensuite dans la campagne autour de Bichkek...

 

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La boulangerie « Avant »...

 

   

La boulangerie « Avant »... 

 

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La boulangerie « Après » présentant du «Французский хлеб» (pain français - i.e. des baguettes!)

 

De même, en ce qui concerne les produits d'hygiène du style shampoing, liquide-vaisselle, nettoie-tout, qui étaient importés d'Europe à des prix prohibitifs pour la plupart des consommateurs car les Kirghizes, mais aussi les Russes ne fabriquaient aucun tensioactif et ne pouvaient proposer ces produits.

 

Un weekend où, en famille, nous étions passés à Avignon, j’ai eu l’a présence d’esprit de me rapprocher d’un vieil ami connu sous le sobriquet de « Roi de l’Escoubette » (L’Escoubette est un mot provençal qui désigne la grosse moustache fournie des anciens, comme celle de Staline... mais qui a donné son nom par analogie… à la brosse à chiottes !)  

 

Mon ami Charles ROZENBLIT et son Frère avaient eu en effet, l’idée géniale, dans les années 1970, de fédérer les ateliers des artisans qui fabriquaient balais et brosses en tous genres de La Palud, un petit village au nord d’Orange dont les brosses étaient devenues la spécialité régionale avec le temps et la présence des ajoncs des bords du Rhône. Les ROZENBLIT avaient fait se rapprocher ces fabricants de brosses qui fleurissaient le long de la Nationale 7, et qui ont fait leur fortune. 

 

En effet, pressentant le développement de la grande distribution, ils avaient installé sur la zone de Courtine d’Avignon un atelier de conditionnement des brosses et balais de La Palud, et ils ont eu l'idée de les mettre sous blister pour la grande distribution en même temps qu'ils se sont mis à fabriquer une quantité de petits produits d'hygiène du style des pinces à linge ou des cintres en fil plastifié..., et ils avaient mis au point le fameux « Monsieur Propre » qu'ils fabriquaient dans leur usine de la Courtine à Avignon.

 

En discutant sur un coin de table de bistrot à l’apéritif, Charles ROZENBLIT m’a suggéré l'idée d’importer en Russie des palettes-conteneurs de 1000 litres de bases tensioactives concentrées pour fabriquer sur place des produits nettoyants sans dépenser bêtement du transport inutile puisque le composant principal de ces produits est de 80 à 90% d’eau, ce qui permettrait à la fois d’offrir des prix défiants toute concurrence et de donner du travail à des autochtones qui en avaient bien besoin !

 

Et, ne ratant jamais une opportunité de faire des affaires, en bon responsable de la communauté juive d'Avignon, il m’a fait la proposition de mettre à ma disposition toute une gamme de bases tensioactives en y incorporant différents additifs (colorants et parfums) dès le départ d'Avignon, qui permettaient indifféremment d’en préparer des liquides-vaisselle, des liquides-nettoie-tout ou des shampoings en y rajoutant de l’eau tout simplement…

 

 

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La palette-conteneur de 1000 litres, avec 28 palettes par camion, et un élévateur de palettes...

 

On pouvait ainsi transporter 28 palettes sur un camion qui permettait ainsi de fabriquer et proposer 28 produits différents à l’arrivée.

 

En effet, il suffisait de disposer à Moscou d’un petit local, d’un élévateur du style « Clark » dont on se sert pour charger les camions, de façon à soulever une palette-conteneur de 1000 litres à 2 mètres de haut après y avoir mélangé à la main une part de base tensioactive pour 10 à 15 parts d’eau du robinet.

 

On plaçait sur le robinet de vidange de la palette une sorte de rampe de remplissage, ni plus ni moins qu’un tuyau de 3 m muni d’une demi-douzaine de robinets à poussoirs qui permettaient à quelques ouvrières de remplir, à la main, des flacons, de les étiqueter et les conditionner dans des cartons de 6 flacons que Charles se proposait de m’envoyer à plat pour que ça tienne moins de place. 

 

J’ai eu tôt fait de trouver à Moscou deux partenaires oligarques sympathiques et honnêtes (oui-oui, ça existait... en fait des voisins de notre interprète Vassily OULIANOF qui avaient l’habitude de promener ensemble leur chien-loup ! À quoi ça tient, quelquefois…) 

 

Ils disposaient tous deux d’un petit local et d’un peu d’argent pour installer deux ateliers et s'acheter une petite machine d’occasion pour souffler des flacons de différentes dimensions à partir de préformes de polychlorure de vinyle importées qu'il ne nous était pas possible de trouver sur place et encore moins de fabriquer tout comme les capsules…

 

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Principe des préformes à souffler pour la fabrication des flacons en PET...

 

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Flacons pour du gel-douche ou pour des liquides-vaisselle

 

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Ou encore flacons pour des liquides multi-usages ou des flacons de « Mr Propre »

 

Charles ROZENBLIT m’avait fait préparer des rouleaux d’étiquettes autocollantes à sa marque en utilisant une déclinaison de son nom « ROZENBAL », avec la mention autorisée « made in France » … pour se faire plaisir, mais avec mon adresse personnelle à Saint Lambert !

 

 

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La gamme des shampooings à la marque ROZENBAL, « made in France »

mais « packed in Russia » !... adaptés aux goûts et aux couleurs des babouchkas.

 

 

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Avez-vous remarqué l'adresse du fabricant ?... (sic!)

C'était celle de mon domicile au sud de Versailles... Ca ne pouvait pas être plus Français !

 

 

Forts de cette première expérience, nous avons ainsi importé du tensioactif concentré en vrac dans des palettes conteneurs de 1000 litres dans lesquelles l'usine introduisait, dès le départ, les différents colorants ou parfums synthétiques que nous lui indiquions de façon à pouvoir réintroduire de l'eau dans la proportion de 1 pour 10 voire 1 pour 20 à l'arrivée à Bichkek selon les produits et embouteiller sur place.

 

Cela nous permettait de faire l'économie du transport de l'eau tout en offrant à la main d'œuvre autochtone du travail pour façonner, remplir, étiqueter et conditionner les flacons de produits finis sans outillage sophistiqué qui revenaient au quart du prix des produits importés et avait l'aspect moderne des produits Européens en laissant une bonne marge bénéficiaire aux distributeurs locaux ! Une façon à nous de faire de l'argent en se donnant une bonne conscience éthique !

 

C'est ainsi qu'on a rapidement vu se distribuer sur les marchés Kirghizes et dans les magasins moscovites et Petersbourgeois, pratiquement du jour au lendemain, des shampoings à la marque ROZENBAL de fort bonne qualité que l'on proposait sous une demi-douzaine de parfums dont les plus prisés des dames Kirghizes étaient la pomme verte, le tilleul, la cerise, la lavande et le citron adaptés à tous les types de cheveux...

 

De même, on a commencé à se servir de liquides vaisselle au citron ou à la pomme pour nettoyer les casseroles et gamelles au lieu de la traditionnelle cendre mélangée à du sable !   

 

Pour tout un tas d'autres projets, nous avons dû monter sur place dans la banlieue nord de Moscou ainsi qu'à Leningrad redevenue Saint-Pétersbourg au lendemain du premier putsch de 1991, un bureau où nous avons réuni les quelques compétences qui nous permettaient de répondre à toutes les demandes sérieuses.

 

Au tout démarrage de notre action, nous avions dû passer par un très officiel bureau de représentation qui était plus ou moins phagocyté par les anciens usages du KGB... Même nos employés autochtones n'osaient s'exprimer librement. Je me souviendrai longtemps de Valery OULIANOV, notre interprète qui n'osait même pas envoyer de fax de peur qu'ils soient interceptés par les autorités soviétiques et qu'il en soit tenu pour responsable !

 

Il nous soutenait que tous nos faits et gestes étaient en permanence observés par les autorités qui n'attendaient que le faux-pas pour nous expulser (ce qui avait hélas été la triste réalité même pendant la Perestroïka). 

 

Dès 1992, nous avons embauché deux jeunes secrétaires, Natacha et Irina, enthousiasmées par l'action que l'on se proposait de mener et toutes heureuses de percevoir un salaire bien supérieur à celui de leurs relations d'école (mais qui ne représentait pourtant que 50% du SMIC Français !).

 

Puis nous avons eu la chance de rencontrer Sergueï VOTCHILINE, un sympathique Colonel de l'Armée Rouge qui, sentant qu'il n'avait plus aucun avenir dans l'armée rouge avait décroché et, pour faire vivre sa famille, il avait accepté de diriger le bureau de représentation. Tous trois étaient parfaitement bilingues français/anglais et parlaient un français sans accent sans avoir jamais mis les pieds en France !

 

Natacha, d'ailleurs, possédait une culture française extraordinaire bien qu'elle n'ait jamais quitté OREL, sa ville natale au sud de Moscou, non loin de la frontière avec l'Ukraine. Elle se permettait de souligner en rouge les fautes d'accord ou les fautes d'orthographe qu'il nous arrivait de faire dans nos brouillons des « reports » quant à notre activité que nous devions envoyer chaque semaine à Bruxelles par COMPUSERVE, l'ancêtre d'Internet (il nous fallait appeler un n° de téléphone à Alma-Aty, Moscou ou Saint Pétersbourg et nous y basculions nos écrits avec un appareil téléfax qui transformait le document en impulsions électriques...)

 

Irina, quant à elle, est tombée amoureuse de l'un des jeunes agriculteurs français que nous avions fait venir avec toute une équipe de jeunes diplômés d'un lycée agricole du midi pour qu'ils ré-enseignent aux Kolkhoziens et Sovkhoziens comment nourrir leurs vaches ou comment planter leur blé... En effet, le régime soviétique avait complètement transformé les paysans en ouvriers qui se contentaient de faire ce que les autorités leur demandaient de faire. Avec le temps, depuis la révolution, plusieurs générations avaient ainsi perdu toute qualification professionnelle !

 

Irina s'est finalement mariée avec Thibault, son jeune et bel agriculteur et demeure maintenant à Barcelonnette dans les Basses Alpes où elle vit la vie de la ferme de son mari... et le matin, elle distribue le courrier car, après une formation spécifique elle est devenue facteur de la Poste, quant à l'après-midi, elle s'occupe des vaches et de ses enfants... 

 


 

La Russie a été le principal bénéficiaire des opérations TACIS avec plus de 30% des fonds alloués pour un montant global de 1,2 milliard d'€uros, hors programmes régionaux.

  

Malgré certains succès, de nombreux griefs ont été formulés à l'encontre du programme TACIS tel qu'il avait été conçu au départ : des objectifs imprécis et bien peu adaptés aux réalités du terrain (et pour cause... nous ne les connaissions pas !) une gestion trop centralisée au profit de la Commission, des canaux de transmission inadéquats, des dotations trop faibles.

 

Le programme TACIS a donc été revu à la lumière de cette première expérience acquise lors de l'intervention de 1991 à 1999 et a été reconduit pour 6 ans... Mais je n'ai pas participé à la deuxième phase, ayant pris ma retraite entre temps.

 

En fait, pour remédier aux défauts de la 1ère phase du programme, le Conseil a recommandé une décentralisation des décisions, une concentration des projets sur un certain nombre d'objectifs restreints et une meilleure cohésion entre les différents instruments de la politique de l'Union. C'est tout au moins ce que les opérateurs de la première période dont j'étais avaient préconisé, et sagement la Commission s'est rendue à l'évidence.  

 

Malgré ses imperfections, le programme TACIS a été l'instrument sur le terrain de la politique européenne à l'égard de la Russie ; mais il a également joué un rôle dans la définition progressive de cette politique, par la connaissance des réalités soviétiques qu'il apportait à l'administration de Bruxelles.

 

Je me souviendrai toute ma vie des sages conseils prodigués par un des responsables de la Commission à notre équipe au moment où nous nous sommes préparés, à Paris et à Bruxelles, avant de partir sur le terrain, pour ces actions TACIS, en évitant soigneusement l'angélisme.

 

Il nous avait cité le Français Alexis de Tocqueville qui avait déjà vécu ce genre de période lors de la conquête du nouveau monde... Tocqueville nous a en effet laissé un héritage appréciable et prémonitoire quant à sa propre expérience, je cite :

 

« Lorsque le goût des jouissances matérielles se développe chez un de ces peuples plus rapidement que les lumières et que les habitudes de la liberté, il vient un moment où les hommes sont emportés et comme hors d’eux-mêmes, à la vue de ces biens nouveaux qu’ils sont prêts à saisir...


... Si, à ce moment critique, un ambitieux habile vient à s’emparer du pouvoir, il trouve la voie ouverte à toutes les usurpations. Qu’il veille quelque temps à ce que tous les intérêts matériels prospèrent, on le tiendra aisément quitte du reste. Qu’il garantisse surtout le bon ordre. Les hommes qui ont la passion des jouissances matérielles découvrent d’ordinaire comment les agitations de la liberté troublent le bien-être, avant que d’apercevoir comment la liberté sert à se le procurer...


... Je conviendrai sans peine que la paix publique est un grand bien ; mais je ne veux pas oublier cependant que c’est à travers le bon ordre que tous les peuples sont arrivés à la tyrannie. Il ne s’ensuit pas assurément que les peuples doivent mépriser la paix publique ; mais il ne faut pas qu’elle leur suffise.


... Une nation qui ne demande à son gouvernement que le maintien de l’ordre est déjà esclave au fond du cœur ! »

 

Nous avons pu mesurer la justesse des conseils pendant toute la durée de notre intervention... et depuis hélas le retour du Tsarisme moderne que nous constatons à travers les interventions de POUTINE...

 

Je regorge ainsi de quantités de petites anecdotes significatives de la vie courante qu'il m'est difficile de rapporter sur un simple blog sans risquer d'ennuyer mes lecteurs mais je vais en citer quelques-unes avec un petit clin d'œil à l'équipe autochtone qui nous a entouré de ses conseils et de leur enthousiasme et quelques photos de mauvaise qualité (car je n'en ai plus les originaux et suis obligé de les scanner !)

 

Notre assistance, en ce qui me concerne personnellement, portait sur cinq Républiques, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l'Ouzbékistan, la Bouriatie et le Bachkortostan ; les trois premières sont devenues indépendantes et les deux dernières, devenues autonomes, faisaient partie de la Fédération de Russie.

 

Le Kirghizistan, le Bachkortostan et la Bouriatie sont de loin les Républiques qui m'ont le plus passionné, ne serait-ce que par l'accueil chaleureux de leurs habitants qui ont su conserver une bonne part de leurs traditions malgré les 70 ans de communisme qu'ils avaient subi.

 

Par ailleurs, ces pays avaient à faire face à plus de difficultés que les autres du fait même qu'ils n'avaient pratiquement aucune source d'énergie si ce n'est les centrales thermiques Russes approvisionnées par du pétrole Russe qu'il leur fallait maintenant acheter au prix fort... et qui donc devaient tourner au ralenti en attendant qu'on installe de petites centrales hydroélectriques au fil de l'eau qui ne manquait pas dans ces pays montagneux !

 

Le Kazakhstan, qui avait déjà de nombreuses relations avec l'Europe, a vite compris comment ça fonctionnait et nous ne sommes intervenus que sur des projets bistro et la restructuration d'entreprises.

 

Nous n'avons pas pu faire grand-chose pour l'Ouzbékistan complètement phagocyté par la corruption de tout l'appareil d'état à commencer par son Président, Islom KARIMOV, qui « régnait » en maître depuis 1990 et qui, par un jeu d'interprétations des textes quelque peu ambigus, avait fait sauter l'interdiction de renouveler plus de deux mandats de 7 ans, et s'était fait nommer à vie tout en désignant son fils pour lui succéder!

 

Cette République était pratiquement dans le même état que l'Afghanistan au début de l'intervention Américaine... qui a, en fait, pourri l'Ouzbékistan en plus d'être une plateforme de la drogue, par l'argent facile que les USA ont déversé sur ce pays pour pouvoir se servir de quelques bases aériennes.

 

Comment voulez-vous convaincre un paysan qui exploite un lopin de terre de 5000 m² de pavots pour nourrir sa famille, qu'il lui faudrait exploiter cinq ou six hectares de blé ou de patates pour arriver au même résultat, s'il n'y a pas une volonté politique d'éradiquer ce fléau, qui se poursuivra aussi longtemps que des occidentaux achèteront cette drogue ? 

 

Par ailleurs, le pays essentiellement musulman a naturellement fait confiance à l'assistance turque voisine; et la Turquie s'est empressé de placer ses pions...

 

Pour le Kirghizistan, par contre, nous avons pu faire un travail constructif, aidés en cela par notre partenaire, le Président de l'Assemblée Nationale qui voulait sincèrement faire sortir son pays de l'ornière où l'avait enlisé la fin du régime soviétique...

 

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Le Kirghizistan est un tout petit pays de la CEI (la Communauté des États Indépendants issus de l'Union Soviétique) qui longe la frontière à la fois de la Chine, du Kazakhstan, de l'Ouzbékistan et du Tadjikistan...

 

Le Kirghizistan mesure 600 Km au maximum dans sa longitude et 300 Km dans sa latitude avec deux chaines de montagnes d'Ouest en Est, « l'Altaï » au sud et celle de « Trans-Ili Alataou » au Nord qui le sépare du Kazakhstan, et qui divisent le pays en deux grandes vallées avec des sommets pratiquement infranchissables dont le « Pic du Communisme » (autrefois nommé le Pic Lénine - 7134 m) à l'extrême-Sud, le « Pic Pobedy » (7439 m) à l'extrême-Est et une ligne de crêtes faisant office de frontière avec la Chine permettant seulement deux passages de pistes de très haute montagne entre ces deux pics dont l'une à Sary-Tash à près de 3000 m et l'autre au col du Torougart à 3752 m, et à mi-distance entre ces deux pics, celui de Dankouva à 5982 m (cf. la 2nde carte du relief ci-après)! 

 

L'une de ces deux vallées, celle de Fergana, est notamment le réceptacle de la puissante rivière Naryn, qui traverse la totalité du pays depuis les hauteurs des Tian Shan au nord-est du pays. Passée en Ouzbékistan et conjuguée aux eaux rouges du Karabalta, elle devient le Syr Daria, l'un des deux principaux fleuves nourriciers de l'Asie Centrale qui terminait autrefois sa course dans la Mer d'Aral, et dont le lit est aujourd'hui quasiment à sec après son passage entre Ouzbékistan et Kazakhstan que ces deux pays ont exploité sans discernement pour irriguer des champs de coton dans le désert.

 

Autrefois, avant l'indépendance, le Kirghizistan fournissait de l'eau à l'Ouzbékistan et au Kazakhstan, mais depuis les difficultés économiques qui font que le Kirghizistan ne peut plus payer les factures de gaz et de pétrole en provenance de ces deux voisins, le pays se sert de l'immense réservoir de Toktogoul qui alimente la vallée de Fergana pour produire son électricité hydraulique. 

 

 

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Carte du relief du Kirghizistan,

dont on remarque qu'il se situe à près de 2000 m d'altitude en moyenne !

 

 

Le drapeau national du Kirghizistan reprend le rouge du drapeau soviétique mais en son centre on a placé un symbole particulier qui n'est autre qu'un symbole de lumière (le soleil) qui entoure la roue que l'on place en haut des deux mats de soutien des yourtes, l'habitat traditionnel du peuple Kirghize, essentiellement une nation de nomades qui se déplacent en permanence avec leur troupeau à la recherche de pâturages...

 

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Pour votre information, voici de quoi se compose une yourte Kirghize :

 

Sachant que la yourte peut se démonter en deux heures et être transportée sur trois chevaux elle est constituée de trois parties :

 

1) La porte, la roue, le poêle et le tapis de sol sont chargés sur un premier cheval,

2) les 2 mâts supportant la roue, le faisceau des 81 rayons de bois qui vont supporter le toit de la tente, et l'armature des parois en treillis articulés repliés en un gros rouleau, sur le second cheval,

3) et enfin, l'épaisse toile de feutre faite de poils de chevaux roulée sur le troisième cheval. 

 

 

Yourte_en_situation.jpg    Yourte_en_montage.jpg

 Une Yourte montée et une en cours de montage...

 

Yourte_en_situation (3).jpg    Yack.jpg

Voici deux Yourtes dans la neige (6 mois par an !) et une petite fille en train de traire un Yack...

 

L'hiver, il fait tellement froid (de -20° à -40° voire +) qu'il est une règle à laquelle aucun Kirghize ne saurait déroger... C'est un devoir que d'offrir l'hospitalité à tout homme qui passerait à côté d'une yourte.

 

On lui offre une boisson chaude, suivi de « закуски » (zakouskis, de petits toasts de toutes sortes dont des baguettes de foie et de graisse d'agneau, accompagnés du traditionnel « koumis » - le lait de jument fermenté - et des non moins traditionnels « kourouts » - des boulettes d'une sorte de yaourt de lait de yack séchées, sans oublier l'inénarrable vodka héritée de la période soviétique...)

 

Kourout.jpg    yourte démontée.jpg

                Séchage des Kourouts...                             Et une yourte démontée prête à être chargée...

On remarque la « roue » qui domine le toit de la yourte et qu'on retrouve sur le drapeau !

 

Drapeau national du Kirghizistan.jpg

 

    

Quand on arrive à Bichkek, capitale du Kirghizistan, en venant d'Alma-Aty au Khazakhstan, voici le paysage !

 Mais, peu à peu, on voit se profiler les chaînes de montagnes du Pamir au loin...

 

Pic lénine 7134m.jpg

Et son point culminant le fameux Pic Lénine, le plus haut sommet de l'Ex-URSS (7134 m !)

 

Le « Pic Lénine » était nommé autrefois le « Pic du Communisme », bien que le « Pic Pobédy » à l'Est, le domine de ses 7439 m, mais, il est vrai, qu'il est sur le versant chinois de la frontière... 

 

ISSYK KOUL 350x260.jpg    TRUITES D'ISSY KOOL 350x260.jpg

 Pour parvenir bientôt au lac Issyk Kool, et les morues du lac (lac légèrement salé)

 

KIRGHIZE D'ISSY KOOL 350x260.jpg    KIRGHIZE D'ISSY KOOL RENTRANT CHEZ LUI 350x260.jpg

Le profil traditionnel du « Sage » Kirghize sur sa jument...

  Remarquez, tout de même, par où il passe pour rejoindre son troupeau !

  

VILLAGE KIRGHIZE 350x260.jpg

Village de Yourtes Kirghizes, l'été !... 

 

 

À partir de 1994, comme expliqué plus haut, j’ai rapidement opté pour la solution de ne plus me consacrer qu'à l’organisation de la branche distribution de produits de grande consommation et de matériel industriel de RÉAL-LOG qui m’entraînait de Moscou, à Leningrad redevenue Saint-Pétersbourg, jusqu’au fin fond de l’Asie Centrale ou de la Sibérie !

 

C’est que, parallèlement à notre action TACIS en Russie et dans la CEI, il y avait un tel besoin de produits occidentaux d’importation qu’il aurait été stupide que notre petit cabinet n’exploite à fond les opportunités que nos experts TECNITAS ne cessaient de rencontrer sur le terrain.

 

Alors, fort de notre expérience malheureuse avec Boris RABINOVITCH et sa boutique AVTO de Moscou, que vous avez découvert dans mon article « ENFIN ADULTES ! Euhh… C’EST-CE QU’ON PENSAIT... », j’ai pris du recul avec les expertises TACIS dès 1994, et je ne me suis plus occupé que de la branche fournitures de produits occidentaux.

 

J’en ai organisé l’importation à travers un réseau embryonnaire de revendeurs autochtones que je sélectionnais soigneusement sur les seuls critères de l’honnêteté, de l’éthique mais aussi de leur capacité d’adaptation et de financement, bien entendu.

 

Ce projet me paraissait plus raisonnable, sur le long terme, que la simple expertise TACIS qui pouvait être remise en cause à l'issue de chaque période triennale, tout au moins pour laisser la Russie reprendre son souffle que de nous focaliser sur le seul contrat d’expertises que nous avions signé pour quatre ans avec TECNITAS et qui forcément serait limité dans le temps bien qu’il ait été présumé renouvelable… à condition que VÉRITAS remporte un nouvel appel d’offre.

 

Mes deux associés Experts ne se sont donc plus préoccupé que de l’opération TACIS et ont embauché ponctuellement des logisticiens de notre réseau pour les aider :

 

Joël JOSEPH après être intervenu sur la réorganisation d’un kolkhoze agricole de pêcheries dans le sud de Moscou pendant six mois (ils asséchaient périodiquement des étangs comme cela se passe dans les Dombes en France, pour en récolter des centaines de tonnes de poissons qu’il fallait ensuite soit surgeler, soit mettre en conserve).

 

Il avait choisi, pour poursuivre son expertise TECNITAS/TACIS, le projet « MYTICHTCHI » (Dans l'Oblast Nord de Moscou) où il devait, pendant trois ans « tenir la main » d’un apparatchik qui semblait pouvoir mettre en route un entrepôt de distribution du style « Base INTERMARCHÉ ».

 

Bernard LAPIED, quant à lui, avait opté pour un projet de réorganisation de la distribution alimentaire identique mais sur l’Oblast de Saint-Pétersbourg.

 

Quant à Christian FROIDURE que nous avions entraîné avec nous, il avait opté pour un projet du même genre à réaliser non loin de Kiev en Ukraine.

 

Nous avions donc dû trouver pour chacun d'eux un appartement, l’un à Moscou, l’autre à Saint Pétersbourg car les séjours en hôtel revenaient cher; Christian s’était débrouillé seul.

 

À Moscou, pour Joël, nous avons loué un appartement correct de deux chambres, cuisine, salon, au 14e étage d’une tour comme il y en a des centaines en proche banlieue au-delà du boulevard périphérique nord sur la Baltiyskaya Ulitsa (ligne de métro n° 2 - la verte) qui était situé entre les stations de Métro Sokol et Voykovskaya).

 

 

 

  2 - Baltiyskaya Ulitsa.JPG

L'immeuble de Joël était à 300 m de la station de métro SOKOL...
 

3 6 apart Sokol Joël 1.jpg    4 - apart Sokol Joël 3.jpg

L’Appartement de Joël était au 14e étage de cette tour pour vous en faire une idée (Google earth)!

 

5 - apart Sokol Joël 4.JPG 

La seule photo à peu près correcte de l'environnement de son immeuble que j’ai trouvé sur Google.

 

Je regrette vraiment de ne pas avoir pris de photos de cet appartement; il était vraiment typique de ces milliers d’appartements populaires construits à l’époque de Brejnev… Très spartiates (cf. la cuisine-salle-à-manger de cette vidéo d’une  babouchka chantant une « tchastouchka » que vous avez pu apercevoir ci-dessus !)

 

À Saint-Pétersbourg, après avoir utilisé quelques semaines les services de l’hôtel Pulkovskaya (devenu Hôtel Radisson depuis) au sud de la ville, à 100 m du rond-point du mémorial de la guerre, sur la Moskovskiy Prospekt (l'Avenue de Moscou), nos partenaires IMMS (dont nous avions fait connaissance à l’IAP de Paris), nous ont proposé un appartement qui appartenait à l’un de leurs employés ; un « deux chambres-cuisine » en plein centre à l’angle de la Marata Ulitsa (= Avenue Marat - le médecin journaliste et député montagnard - de gauche - assassiné dans sa baignoire par Charlotte Corday) et de la fameuse artère Nevsky Prospekt, idéalement situé à 5 minutes de la gare.

 

C’était un ancien appartement communautaire qui avait été partagé en deux et qui occupait donc la moitié du 2nd étage de l’immeuble du N° 3 Marata Ulitsa.

 

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Voici l’extrémité Est de la Nevsky Prospekt qui aboutissait à l’obélisque de la gare de Moscou

 

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Les fenêtres des 2 chambres donnaient sur l’avenue, la cuisine était sur cour.

 

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« Ma chambre » qui servait de bureau à Bernard quand je n’étais pas là, et la cuisine !

 

Dès 1994, est venu se brancher sur le cabinet RÉAL-LOG, un copain de Joël et Bernard, Guy PORCEDDA, un Gadzart (ingénieur des Arts et Métiers) qui avait rejoint le Groupement INTERMARCHÉ en tant qu’adhérent et avait créé et dirigé deux supermarchés à Remiremont dans l’Est. Son divorce l'avait obligé, pour de toutes bêtes raisons familiales et financières, de revendre ses deux magasins.

 

Il avait engagé le capital qui lui restait dans ÉCOZEO, une petite structure indépendante dans laquelle il avait placé tous ses espoirs.

 

En effet, s’étant intéressé en tiers temps INTERMARCHÉ à la conservation des fruits et légumes, il avait mis au point un procédé de conservation sous atmosphère dirigée (en enveloppant les palettes de végétaux d’un film plastique qu’il gonflait ensuite avec un gaz rare qui doublait la durée de fraîcheur des végétaux).

 

Il était persuadé pouvoir développer ce processus et le distribuer au groupement INTERMARCHÉ pour pouvoir s’enrichir, si ce n’est en vivre.

 

Il s’était installé dans une pépinière d’entreprises de la C.C.I. du 20e arrondissement de Paris en profitant de tous les avantages que pouvaient lui procurer l’innovation.

 

Hélas, au bout de trois ans, malgré quelques essais probants de son procédé, il n’était toujours pas arrivé à le commercialiser et ayant dépassé le terme de sa prise en charge ASSEDIC qui lui assurait une couverture sociale, il avait finalement déposé les armes.

 

Tout naturellement, il avait demandé à ses deux copains de l’accueillir dans la structure RÉAL-LOG « avec un petit salaire » et beaucoup d’humilité pour lui permettre de bénéficier de la couverture sociale.

 

Lors de l’AGO 1994, et devenus euphoriques grâce à l’obtention du contrat TECNITAS, Joël et Bernard ont accepté de l’intégrer en tant que salarié au SMIC, et lui ont confié un projet de réorganisation des tournées d’un transporteur en Pologne qu’ils n’avaient pas pu satisfaire compte tenu du démarrage du contrat TACIS en attendant de pouvoir lui confier un projet TACIS.   

 

Lors de cette même AGO 1994, et du fait que les Associés de RÉAL-LOG étaient plus souvent en Russie qu’à Paris, ils ont demandé à Martine de prendre la responsabilité de la gérance de REAL-LOG dont elle assurait déjà la comptabilité, persuadés qu’elle gérerait RÉAL-LOG docilement en « homme de paille » (… C’était bien mal connaître Martine!).

 

Personnellement, je ne connaissais pas Guy, et ne m’étais pas opposé à son embauche. Je n’ai découvert la vraie personnalité de mes associés que bien plus tard.

 

C’est ce que je raconte dans l’article qui suit sous le titre : « MON AVENTURE SOVIETIQUE ("Saison 2") » de 1994 à 2002, mais compte tenu de la tournure des événements qui ont suivi je n’ai pas souhaité le laisser en lecture directe pour ménager la susceptibilité de mes associés au cas où ils tomberaient un jour, par hasard, sur ce site, ce qui raviverait certaines rancœurs inutiles, bien qu’il y ait maintenant prescription.

 

En France, sur un plan matériel, grâce à Joël, nous avions saisi en mars 1994, une opportunité que lui avait proposé le patron d’INTERCRAFT, un partenaire industriel d’INTERMARCHÉ qui fabriquait les racks des entrepôts logistiques et les gondoles des supermarchés du Groupement : nous installer dans les anciens bureaux de l’usine qu’il possédait au Mesnil-Saint-Denis, à savoir à 5 minutes de notre maison de Saint-Lambert, et dont il avait délocalisé tout le personnel administratif sur son usine principale à NEUVILLE-AUX-BOIS près d’Orléans.

 

Je n’ai hélas conservé aucune photo de ces locaux qui étaient voisins immédiats du château du Mesnil-Saint-Denis devenu la mairie du village. L’usine a été revendue et est devenue depuis un entrepôt de transporteur. Nous occupions le rez-de-chaussée de bureaux que l’on peut apercevoir en façade, et toutes les machines avaient été démontées à l’intérieur de l’usine mais on peut avoir un aperçu du volume !

 

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Ex-Usine INTERCRAFT du Mesnil-Saint-Denis dont le portail a été bloqué par des blocs de béton,

Nous occupions la moitié gauche du bâtiment marron au 1er plan.

 

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Mairie du Mesnil-Saint-Denis

 

(Complément 2018 : nous avons appris le dépôt de bilan de INTERCRAFT et sa liquidation judiciaire en janvier 2018 et, connaissant la personnalité de son propriétaire qui avait su nous tendre la main avec empathie il y a quelques années, j’en ai été sincèrement désolé pour lui et sa famille !

 

600 m² de bureau avaient ainsi été libérés ainsi qu’une petite zone de transit qui nous permettait de faire du groupage de marchandises diverses dans l’usine où demeurait la fabrication des gondoles. Nous avons eu ainsi à disposition près de 200 m² entièrement aménagés, une zone de groupage facile d’accès, et un parking pour nos camions (cf. plus loin) pour un loyer dérisoire.

 

Nous y avons immédiatement installé le siège de RÉAL-LOG qui jusqu'alors était installé dans notre villa de Saint Lambert, et cela nous donnait ainsi une visibilité et une crédibilité évidente, et vis-à-vis de nos fournisseurs, et vis-à-vis de nos clients ou des autorités.

 

En août 1994, comme le courant d’affaires « négoce grande consommation » n’avait cessé d’augmenter, auquel venait s’ajouter les honoraires de TECNITAS pour notre activité d’expertise TACIS, nous avons profité des excellents résultats de notre petite entreprise de distribution qui avait un statut de SARL au capital de 50.000 FF pour augmenter son capital en AGO/AGE à… un million de FF ce qui donnait, là également, plus de crédibilité et d’assise financière à notre activité auprès des fournisseurs.

 

Pour pouvoir poursuivre notre développement avec la Russie nous avions été obligés de composer avec le Tracfin, cette administration française issue à la fois du Ministère des finances et du Ministère des affaires étrangères qui supervise la circulation des capitaux clandestins, car la plupart de nos clients étaient de fait des oligarques qui s'étaient enrichis en rachetant des coupons de privatisation, ces « vouchers » comme on les appelait alors, sorte d'avoirs de 10000 Roubles que le gouvernement Russe d'ELTSINE avait tenu à distribuer équitablement, certes, entre tous les citoyens, mais sans expliquer leur finalité qui avait été de rendre de façon démocratique au peuple Russe ce qui lui appartenait; une privatisation en quelque sorte de l'État Russe.

 

Boris ELTSINE avait en effet choisi symboliquement le 19 août 1992, date du premier anniversaire de la victoire sur les putschistes, pour annoncer à ses concitoyens le lancement d'un programme de privatisation qui devait faire émerger « des millions de propriétaires et non une poignée de milliardaires » comme il l'avait lui-même présenté.

 

Et le président Russe tapa du poing sur la table pour exiger que le programme de distribution des coupons de 10000 Roubles débute bien en octobre : s'estimant insuffisamment prêts, la plupart de ses conseillers, comme les experts occidentaux, auraient souhaité un délai supplémentaire d'un mois. Pris dans la course de vitesse qu'il menait avec les conservateurs et les tenants du lobby militaro-industriel, Boris ELTSINE n'a pas voulu céder et le 15 octobre, il a même donné de nouvelles perspectives à ce programme de privatisation en l'étendant au secteur de la terre et des biens immobiliers.

 

Il faut savoir que pratiquement toutes nos transactions se faisaient en Roubles transformées en dollars par l'intermédiaire de sociétés offshores et, bien évidemment nous nous exigions des règlements d'avance, avant d'expédier la marchandise. Nous étions ainsi obligés de faire viser toutes nos factures par le Tracfin qui, en échange, nous autorisait à encaisser nos contreparties en dollars, quelquefois même en espèces au grand dam de notre banquier, la BNP de Versailles, bien obligé d'obtempérer dès lors que l'opération était autorisée par le Tracfin.

 

 

Mais, ce qu'il faut savoir, c'est que ces oligarques, millionnaires pour la plupart, étaient arrivé à persuader dès 1992/1993 leurs concitoyens de leur revendre leurs « vouchers » en échange de quelques bouteilles de vodka... ou des 10000 Roubles qui étaient leur valeur officielle, qui leur permettaient d'acheter des denrées de première nécessité que la crise endémique qui a suivi la « dénationalisation » avait rendu introuvables. 

 

C'est par ce truchement que se sont constituées les fortunes indécentes de ces oligarques qui pour certains se sont comportés en véritables mafieux sans foi ni loi (le mécanisme est très bien décrit par Christine OCKRENT qui a rédigé en 2014 un excellent ouvrage sur le sujet sous le titre de « LES OLIGARQUES - Le Système Poutine » (Chez Robert Laffont) que je vous encourage vivement à lire si vous souhaitez comprendre le cheminement de ce dictateur inique qu'est devenu POUTINE.

 

Vous comprendrez ainsi plus facilement l'histoire de l'avènement de cette oligarchie que POUTINE, l'un des dirigeants du FSB, issu de l'ex-KGB, qui détenait la totalité des dossiers les concernant n'a eu aucun mal à mettre au pas et à sa botte, selon la formule « corruption contre loyauté », en ne s'embarrassant pas de moyens illégaux, de condamnations d'emprisonnement iniques, voire de suppressions physiques, qui ont été, en fait, de véritables crimes d'état !  

 

De la même façon, je vous encourage à lire l'article que j'ai traduit pour mes amis Alexandre et Oksana MELNIK et que j'ai fait paraître sur ce même site dans la rubrique « Histoire » sous le titre de « LES CAUSES DU MALHEUR RUSSE » et vous comprendrez le contexte.

 

Ce qui se passe après 1994 vous est décrit dans l'article suivant que j’ai voulu à nouveau protéger par un mot de passe… même s'il y a maintenant prescription pour ménager la susceptibilité de mes ex-associés. 

 

L'article suivant vous donne les explications nécessaires... :

 

8 - « MON AVENTURE SOVIÉTIQUE ("Saison 2") » de 1994 à 2002...

 

Vous comprendrez pourquoi... 

 


 

 



04/07/2020
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