LE TRANSSIBERIEN MYTHIQUE PASSE PAR LE LAC BAÏKAL ET LA BOURIATIE
Pour illustrer cet article, j'ai ressorti un microssillon d'André CLAVEAU...
Une vieille chanson française bien connue !
Pour la démarer ou l'arrêter cliquez sur :
Pendant les vacances d’été 2023 nous avions loué un grand gîte non loin de LUSSAN dans les Cévennes pour accueillir tous nos enfants et petits-enfants.
Afin qu’ils ne passent pas tout leur séjour dans une piscine, nous avions programmé un assortiment d’activités parmi lesquelles la découverte de la mine-musée d’ALÈS, puis, non loin de là, celle de la grotte du SALAMANDRE, classée, il y a peu, le 3ème plus grand « Aven » français.
Oh, c’est tout bête… Dans le gîte que nous avions loué, il y avait les œuvres complètes de Jules VERNE, et j’ai eu la curiosité d’en consulter quelques volumes pendant que les enfants se baignaient…
J’y ai redécouvert « VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE » qui m’a donné l’idée de creuser un peu le sujet pour eux tout en éveillant leur intérêt littéraire, et j’ai saisi l’occasion de la visite de l’aven du Salamandre pour leur expliquer la formation des grottes, avens et gouffres et ça m’a remis en mémoire ma propre expérience dans l’ex-Union Soviétique.
Partant de là, je leur ai raconté ma découverte d’autres curiosités sous-terraines, et pour vous en faire profiter j’ai rédigé un article sur les plus grands gouffres du monde.
J’y ai retrouvé Michel STROGOFF dans « VOYAGES EXTRAORDINAIRES » et ça m’a donné l’idée de leur raconter, à ma façon, ma sidération lors de mon arrivée en BOURIATIE (Sibérie orientale) devant le paysage grandiose du lac BAÏKAL aperçu depuis le train sur la voie ferrée du TRANSSIBÉRIEN !
Dans ce roman de fiction que Jules VERNE a écrit en 1876, il relate le périple de Michel STROGOFF, un courrier du tsar de « la Grande Russie », Alexandre II, de MOSCOU à IRKOUTZK, capitale de la SIBÉRIE orientale dont la mission était d'avertir le frère du tsar, resté sans nouvelles de MOSCOU, de l'arrivée des hordes tartares…
1 – LE TRANSSIBÉRIEN
Et là, je ne peux faire autrement que d’évoquer les voyages extraordinaires que le TRANSSIBÉRIEN m’a permis de faire sur les traces de Michel STROGOFF.
Cette voie ferrée mythique malgré le cout énorme de sa construction et le sacrifice des milliers d'hommes déplacés là-bas par l'abomination du règime des goulags a malgré tout réussi à désenclaver l’immense territoire de la Grande Russie à la fin du XIXème siècle lui permettant à son tour d'accéder au développement industriel bien que la ligne n’ait atteint la côte pacifique qu’en 1916; mais à quel prix !
Mes pérégrinations en Union Soviétique m’ont permis de découvrir en Asie Centrale et Orientale un immense territoire inconnu de la plupart des occidentaux pour l’expertise « TACIS » (« TACIS » ça veut dire en anglais « Assistance Technique à la Communauté des États Indépendants ») dont j’avais été chargé pendant sept ans par la Communauté Européenne pour aider ces pays devenus indépendants à la fin de la Perestroïka à se détacher de l’Union Soviétique et à se prendre en charge.
J’ai effectivement découvert la BOURIATIE, qui faisait partie des territoires concernés par le programme après soixante-dix ans du régime communiste totalitaire inique et de la folie Stalinienne (POUTINE n'est pas loin d'en faire autant mais nous sommes en 2024, et c'est impardonnable!) ...
J'y ai effectivement vécu une page d’histoire mémorable, mais celle qui vient de se tourner n'est guère plus rejouissante pour le peuple Russe qui n'ose pas se rebeller alors qu'il croyait ferme en « des lendemains qui chantent » !
C'est que j’ai fait moi-même le trajet MOSCOU-IRKOUTZK jusqu’à OULAN-OUDE, la capitale de la BOURIATIE où je me rendais souvent, non pas à cheval comme Michel STROGOFF mais avec le train « ROSSYIA » au départ de MOSCOU, grâce au « TRANSSIBÉRIEN ».
Oui, j’ai bien dit « ROSSYIA » et non pas « TRANSSIBÉRIEN » (car ce mot ne désigne que la voie ferrée), parce qu'après le crash d’un AIRBUS A310 tout neuf que venait de mettre en service l’AÉROFLOT en 1994, je m’étais bien promis de ne plus jamais remettre les pieds dans un avion de l’AÉROFLOT !
En effet, lors de mes premières navettes, en mars 1994, je l’ai échappé belle à une semaine d’intervalle, le commandant de bord de cet AIRBUS s’était permis pendant le vol, de confier son siège, à gauche du co-pilote à son fils de 15 ans.
A un moment donné, le gosse avait manipulé le mini manche avec une telle brusquerie qu’il avait désenclenché le pilote automatique, pendant que son père picolait avec les hôtesses dans l’espace voyageurs !
Un quart d’heure plus tard, l’avion avait dévissé et s’était écrasé juste après son survol de la ville de NOVOKOUZNETSK en Sibérie ; et la compagnie avait mis en cause la technique française des commandes électriques, et l’adoption du mini manche… jusqu’à ce que l’enregistrement audio de la boite noire récupérée par les enquêteurs de l’aviation civile révèle l’inconscience du pilote Russe.
Le pilote automatique aurait pu redresser l’avion si seulement le co-pilote avait remarqué le voyant qui indiquait qu’il était désenclenché (ce contrôle est fort heureusement depuis, assorti d’une alarme sonore stridente, mais…) !
Il faut vous dire que les pilotes Russes en général sont effectivement des techniciens hors pairs, et à l’époque de l’Union Soviétique, leur habilité était de notoriété quant au pilotage de gros avions civils ou militaires TUPOLEV, ANTONOV ou SUKHOI, sans l’aide d’aucune assistance, comme l’on pilotait à l’époque un petit appareil de tourisme CESSNA ou MORANE-SAULNIER !
Je mettais pourtant près de 3 jours et 15 heures pour faire le trajet, en quittant la gare de MOSCOU-IAROSLAV à 22h30 avec le train « ROSSYIA no 002Щ », pour arriver l’après-midi plus de 3 jours plus tard à OULAN-OUDE !
Mais j’étais reposé et j’avais vu défiler avec ravissement les immenses prairies et forêts de bouleaux à perte de vue de YEKATERINBOURG à NOVOSSIBIRSK…
Avec un petit bémol toutefois quant à la traversée des montagnes de l’OURAL où la forêt avait été complètement polluée par des fuites d’oléoducs dont le pétrole s’épanchait sur des kilomètres !
Puis la « Taïga » ensuite, jusqu’à IRKOUTZK, pour enfin apercevoir… l’extraordinaire lac BAÏKAL au petit jour pendant plus de 200 km !
Et ainsi, de fil en aiguille, j’ai pensé que cela vous intéresserait de découvrir vous aussi le « ROSSYIA no 002Щ » et la plus grande réserve d’eau douce du monde !
De fait, des lieux incroyables sont ainsi répartis à la surface du globe qui presque tous ont nourri l’imaginaire des hommes et ont peuplé leur vie de légendes intrigantes ou de rêves.
Voici donc l’un de ces lieux qui m’a profondément impressionné…
Le Lac BAÏKAL vue du ciel à 40 Km d’altitude (Cliché NASA)
On y aperçoit très bien l’île d’OLKHON et le delta de la rivière BARGOUZINE
Le lac BAÏKAL ça marque la frontière de la RUSSIE avec la BOURIATIE, mais avez-vous déjà entendu parler de ce pays et savez-vous où il se trouve ?...
Il est situé en SIBÉRIE dans le « Far-East Russe ».
La BOURIATIE est en fait une république autonome de la Fédération de Russie limitrophe de la MONGOLIE, de 351300 Km², à savoir les 2/3 de la superficie de la France peuplée de 1,038 millions d’habitants en 2020 seulement dont 726000 Russes et 250000 Bouriates d’origine.
Pavillon national de la BOURIATIE
La dureté du climat, explique ce faible peuplement malgré 200 jours d’ensoleillement par an, avec des températures qui peuvent atteindre -50° C en hiver quand souffle le « Sarma » (leur vent « Mistral » à eux…), sauf aux abords du lac BAÏKAL dont l’énorme masse a tendance à réguler les extrêmes.
Ce qu’il faut savoir, c’est que la BOURIATIE a été pendant toute la période soviétique l’une des principales destinations de la « Katorga » (en Russe la « каторга » mise en place en 1722 par le Tsar PIERRE LE GRAND, est tiré du grec Katergon = galère).
On peut traduire « Katorga » par « bagne » ou mieux, les tristement nommés « goulags » Sibériens (Le mot « goulag » est un acronyme de « Главное управление лагерей » qui peut se traduire par « Direction Principale des Camps » qui désignait le système concentrationnaire soviétique responsable de la déportation de plus d'une vingtaine de millions de personnes à l'époque communiste).
Ceci explique, après 1991, le nombre important de citoyens Russes demeurés sur place qui ont survécu, car ils y avaient refait leur vie.
Pour ceux qui veulent en savoir plus sur le goulag, voici une vidéo qui achèvera de les édifier :
J’ai côtoyé nombre d’entre eux au cours de mes interventions et je peux vous dire que ce sont en général des gens attachants et non point des personnes indésirables.
Ils sont bel et bien devenus des hommes libres, épris de liberté, fiers et « open-minded » i.e. très ouverts en termes d’hospitalité, d’empathie et de culture.
J’en prendrai comme exemple mon ami Alexandre MELNIK, l’un d’entre eux, que j’ai aidé à réaliser le rêve de sa vie, puisqu’il a trouvé sa voie en s’installant comme libraire à NAMUR en BELGIQUE, alors qu’il n’exploitait dans les années 90 qu’une petite épicerie où je ne serais probablement jamais entré si elle n'avait pas arboré fièrement une petite enseigne qui représentait le « Petit-Prince » de Saint-Ex... à OULAN-OUDE, la capitale Bouriate (En russe sur la carte qui suit, c’est « УЛАН-УДЭ »).
« Маленький Принц » - autrement dit, « le Petit Prince »
Je ne peux m’empêcher maintenant de vous en dire plus quant à la voie ferrée du TRANSSIBÉRIEN, tout au moins, la portion de voie que j’ai fréquentée et qui ne représente que les 2/3 de la ligne qui va de MOSCOU à VLADIVOSTOCK (Ce nom veut dire « Ville de Vladimir à l’Est »).
La voie ferrée TRANSIBÉRIENNE a commencé à être installée de MOSCOU à TYUMEN dans l’OURAL dès 1888, mais il fallut attendre un « oukase » (= décret) du Tsar Alexandre III en 1891 pour son prolongement jusqu’à VLADIVOSTOCK qui ne fut achevé qu’en 1916 à cause, entre autres, de la guerre avec la Chine mais surtout du coût faramineux du contournement du lac BAÏKAL.
La construction de ce tronçon du lac a en effet nécessité l'édification de pas moins de 582 ouvrages de génie civil, dont 39 tunnels et plus de 248 ponts et viaducs.
Environ 14 km de murs ont été bâtis pour pouvoir stabiliser le ballast des voies, cent hectares de forêt ont été déboisés et des dizaines de milliers de mètres cubes de roches ont dû être arrachées pour permettre le passage du train.
Alors que le prix moyen au kilomètre s'élevait à 72000 roubles de l’époque, pour la construction du reste du TRANSSIBÉRIEN, cette partie de la ligne de chemin de fer a coûté en moyenne 197000 roubles au kilomètre soit trois fois plus !
Du coup, cette voie est surnommée la « boucle d'or du TRANSSIBÉRIEN », parce qu'elle relie deux autres tronçons situés de part et d'autre du lac, mais également parce que chaque kilomètre a engendré des dépenses colossales pour l'ex-Empire Russe.
Voici son tracé :
En rouge la ligne Moscou-IRKOUTZK-OULAN-OUDE
qui continue sur VLADIVOSTOCK ou PEKIN…
Et pour avoir une petite idée de l’atmosphère du voyage voici quelques scènes de la vie courante dans le train Russe…
Car passer plus de 3 jours d'affilée dans le train nécessite de s’organiser !
Dès le départ de MOSCOU il est aujourd’hui tracté par une locomotive électrique,
Alors voici ce que les habitués du train Russe peuvent apercevoir.
Pour moi j’avoue retrouver là une petite madeleine de Proust !
Ça, c’est au départ de la gare de YAROSLAV de MOSCOU
La cheffe de wagon nous attend,
Et la préposée au « Самовар » le fait chauffer !
Dès le premier soir, quelle que soit la classe, on sert le Чай (Thé)
Dans les verres traditionnels pour ne pas se brûler les doigts…
Et on s’installe ! en 2nde ou en 1ère…
Il y a même une 3ème (sans compartiment).
Voire en 3ème sans compartiment,
C’est plus folklorique, Mais dur, dur,
A supporter quelquefois pendant 3 jours et 3 nuits !
Heureusement pendant tout le voyage,
On peut se déplacer pour se dégourdir les jambes et observer !
Ou s’offrir un passage au wagon-restaurant à l’ancienne ;
Ce n’est pas donné, mais les crêpes bretonnes au caviar beluga,
Ce n’est pas mauvais pour le moral !
La voie longe la rivière ANGARA
Enfin, au matin du 3ème jour, entre USOLE-SIBIRSKOYE jusqu’à IRKOUTZK la voie ferrée longe la rive gauche de la rivière ANGARA, un affluent de l’IENISSEÏ, sur plus de 100 Km.
0n longe l’énorme rivière ANGARA,
Avant d’arriver à la gare d’IRKOUTZK,
L’électrification ne s’est faite que lentement ; le tronçon MOSCOU-IRKOUTZK a été terminé lors du plan quinquennal 1956-1960 mais le tronçon IRKOUTZK-VLADIVOSTOCK a dû attendre l’achèvement du barrage d’IRKOUTZK, et on a dû continuer à utiliser des locomotives diesel couplées deux par deux pour tracter les 6000 tonnes que représentent une rame.
C’était plus lent dans les années 60 !
Passée la ville d’IRKOUTZK il a fallu attendre 1956, l’achèvement du barrage hydroélectrique construit en amont de la ville, qui était indispensable pour approvisionner la ligne en énergie électrique jusqu’à VLADIVOSTOCK. Il arrivait très souvent que le train ne dépasse pas les 25 km/h pour économiser le fuel.
Sans parler de ce qui se passait « avant », avec la légendaire locomotive à vapeur « POBEDY » à 5 roues motrices de chaque côté, aujourd’hui à la casse, sauf quelques-unes qui assurent encore le service du « Circum-Baïkal », mais on en parle plus avant …
La légendaire locomotive à vapeur « POBEDY » à 5 roues motrices
Barrage d’IRKOUTZK : Long 2740 m, haut 56 m
Le barrage d’IRKOUZK a été construit de 1950 à 1956 en remblai de terre (exactement comme celui de Serre-Ponçon) et mesure 2740 m de long et 56 m de haut ce qui a permis au niveau du lac BAÏKAL en amont de s’élever de près de 1 m sur 31720 Km², ce qui représente une retenue supplémentaire non négligeable en plus, soit 30 fois la superficie du barrage de Serre-Ponçon ou 32 milliards de m3 d’eau douce !
Imaginez un peu le gigantisme du chantier pour retenir une telle masse d’eau !
Ce faisant, le niveau du lac a donc submergé la voie ferrée qui longeait la rivière ANGARA sur 70 Km d’IRKOUZK à LISTVIANKA, l’endroit d’où la rivière ANGARA sort du lac BAÏKAL, ce qui a obligé les autorités à construire un nouveau tronçon de voie ferrée qui contourne le lac par le sud jusqu’à la plus belle gare du TRANSSIBÉRIEN, celle de SLIOUDIANKA, un monument historique construit en 1906 entièrement en marbre blanc et rose.
La gare de SLIOUDIANKA, toute en marbre !
Autrefois, la voie poursuivait effectivement sa route sur cette même rive gauche de la rivière ANGARA jusqu’à la petite ville de LISTVIANKA qui fait face à PORT-BAÏKAL, où l’ANGARA sort du lac, puis elle suivait la rive du lac pour le contourner par la pointe sud jusqu’à SLIOUDIANKA.
Ce tracé de près de 260 Km ordonnée par le Tsar Alexandre III en 1891 a été abandonnée lors de la construction de l’énorme barrage hydro-électrique d’IRKOUTZK.
Mais depuis les années 1970, on a remis en service la portion de voie non inondée baptisée le « Circum-Baïkal » qui longe le sud-ouest du lac pour les besoins du tourisme, ce qui permet ainsi depuis la gare d’IRKOUTZK de longer le lac jusqu’à PORT-BAÏKAL à hauteur de LISTVIANKA, mais elle se termine en cul de sac.
La locomotive légendaire « POBEDY » en gare d’IRKOUTZK
C’est la façon la plus romantique de visiter le sud du lac d’autant que l’excursion se fait à bord d’un train tracté par de vieilles locomotives à vapeur « POBEDY » des années 1940 mais avec des wagons récents.
On part de la gare d'IRKOUTZK à 8 heures du matin et à mi-chemin on va quitter la double-voie du TRANSSIBERIEN pour s'embrancher sur la voie unique du « Circum-Baïkal » à KOULTOUK, petite ville située à l'extrême sud du lac; et on aperçoit d'un coup l'immensité du lac .
Et, en faisant plusieurs arrêts sur cette ancienne voie on peut contempler des vues pittoresques sur le lac sur près de 80 Km avant d'atteindre à sa destination finale, la petite gare de PORT BAÏKAL vers 19 h.
Avec le train touristique à voie unique voici ce qu’on peut voir au sud…
Et voici la vue du lac à mi-chemin entre KOULTOUK et la gare de PORT-BAÏKAL
Mais on peut aussi terminer l’excursion en prenant le bateau à PORT-BAÏKAL pour une petite croisière d’une journée sur le lac.
Voire s’offrir une petite croisière d’une journée sur le lac…
Et on y fait même des rencontres inattendues :
Des « nerpas », phoque d'eau douce du BAÏKAL !
Alors découvrons-le ce lac :
2 - BAÏKAL, LE LAC LE PLUS PROFOND DU MONDE !
Sa profondeur moyenne n’est que de 744 m… Mais c’est le lac le plus profond du monde ; au centre du lac, au large de l’île OLKHON, on a relevé deux fosses de 1642 m et 1637 m. (Devant le lac TANGANYIKA qui n’est que le deuxième lac d'eau douce le plus profond du monde avec 1470 m).
Sa superficie est de 31722 km² soit un peu plus que la surface de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur toute entière !
Son volume : 23 620 km³ soit 265 fois celui du lac Leman ou le même volume que la MER BALTIQUE soit 14 % des réserves mondiales d’eau douce (si l’on exclue les 2 calottes polaires) !
Sa longueur : 636 km et sa largeur : 80 km.
Sa transparence est unique : il est possible d’avoir une visibilité parfaite jusqu’à 40 m de profondeur !
Le lac BAÏKAL est inscrit au patrimoine de l’UNESCO depuis 1996.
La richesse écologique du lac est exceptionnelle, car y sont présentes 1550 espèces animales et plus de 600 espèces végétales dont près de la moitié sont endémiques, c’est-à-dire qu’elles n’existent que dans cette zone.
Les scientifiques discutent encore de l'âge du lac BAÏKAL (la théorie principale est de 25 à 35 millions d'années) et de son origine (s'agit-il d'un ancien volcan ou du résultat de la tectonique des plaques ?) On ne le sait pas encore.
Le Lac BAÏKAL gèle entièrement l’hiver, à tel point qu’entre mi-février et fin mars, on peut facilement s’y aventurer dessus même en voiture comme je l’ai éprouvé moi-même.
Mais il faut le faire avant la fin mars…
Il offre alors la vision d’une beauté sans commune mesure, que seule la dureté des éléments a su créer. La glace est partout : sous vos pieds, sur les falaises et les rochers, dans les grottes… avec un froid sec tout à fait supportable (environ - 20° C) et un ciel bleu dominant et c’est encore plus spectaculaire au dégel !
Le Rocher de la « dent du dragon » est en cela spectaculaire !
Mais une petite vidéo de 11 minutes vous en dira plus sur le lac et ses riverains !
Mais l’équilibre est fragile.
Un peu plus au nord, à hauteur du delta de la rivière BARGOUZINE, l’usine de pâte à papier et cellulose « BAÏKALSK » qui a pollué le lac pendant plusieurs décennies a été définitivement fermée en 2013 au grand dam des 780 ouvriers qui en vivaient.
Mais si elle était remise en service comme POUTINE l’a récemment envisagé sans état d’âme parce qu’il doit faire face aux problèmes d’approvisionnement causés par l’embargo international, ce serait une catastrophe pour l’environnement de la plus grosse réserve d’eau douce du monde.
L’usine de pâte à papier et cellulose « BAÏKALSK »
et ses rejets polluants dans le lac !
On sait que des gens vivaient autour de ce lac au 2ème siècle avant J.-C. et qu'il s'agissait de peuples différents des Bouriates actuels. Cependant, ils appelaient déjà ce lac par des noms très similaires.
Dans de nombreuses langues, « baï » signifie « grand ». En bouriate, « baïgal-dalaï » signifie « grande étendue d'eau, comme une mer » ; en Iakoute, « baïkhal » ou « baïg'al » se traduit comme « grande eau profonde ».
Une légende veut toutefois que le lac BAÏKAL se soit formé sur le site d'une « montagne crachant du feu », c'est-à-dire un volcan, et que son nom se traduise comme « debout le feu ».
Trois cents rivières et ruisseaux se jettent dans ce lac et l’alimentent, dont la plus grande, la SELENGE, passe par OULAN-OUDE, la capitale de la République Autonome de BOURIATIE où se trouvait mon bureau, et a formé un immense delta de près de 50 Km de large.
Une autre, la BARGOUZINE, plus au nord, a également formé un immense delta.
D’ailleurs une vidéo Russe (de plus d’une heure !) vous en dira plus sur cette rivière et sur la BOURIATIE en général :
Si toutes ces rivières approvisionnent le lac en eau douce particulièrement à la fonte des neiges, une seule rivière s’en écoule, l'ANGARA.
Elle prend sa source dans les monts de NERTCHINSK, à 300 km au nord du lac, après avoir parcouru 438 Km, traversé le lac du nord au sud, elle devient, elle-même, un affluent du plus grand fleuve de SIBÉRIE, l’IÉNISSÉÏ.
Le lac BAÏKAL est le lac le plus profond du monde et les Bouriates le savaient avant même les recherches scientifiques officielles.
Ils pensaient d’ailleurs qu'il existait un gouffre sans fond menant soit à la haute mer, soit au monde de l’au-delà ! …
On dit qu'au-dessus de ce point, un tourbillon d'eau apparaît à la surface du lac, ayant déjà pu piéger des bateaux de passage, et on sait très exactement où est cet endroit !
Il a d'abord été possible de calculer une profondeur plus ou moins exacte du lac dans les années 1930, puis de l'actualiser constamment.
Il s'est ainsi avéré que la profondeur moyenne du lac Baïkal est de 740 mètres, mais qu'il y a des failles locales de fond, comme deux points voisins avec une profondeur de 1642 m et 1637 mètres, à 8 km au nord-est de l’ile OLKHON, à l'endroit même décrit par les légendes.
Le « gouffre sans fond » se trouve de fait, à l'emplacement d'une faille tectonique.
L’Île d’OLKHON demeure un haut lieu touristique et le centre d’un parc national où doit se rendre tout visiteur du lac BAÏKAL.
C’est la quatrième plus grande île lacustre du monde. Elle mesure 71 km de long et 21 km de large, avec une superficie totale de 730 km² (soit quatre fois la surface de l’île d’Oléron).
L'île d'OLKHON est séparée de la rive Ouest par le détroit « MALOE MORE » qui mesure environ 70 km de long et 5 à 16 km de large (En russe : Малое Море = Petite Mer.) et il est le résultat de millions d'années de mouvements tectoniques, causant le creusement du chenal entre la terre et le bloc de pierre formant l'île.
Image légendaire de l’ÏLE D’OLKHON !
C’est à 8 Km au large de ce rocher que se trouve le fond de 1642 m !
La profondeur maximale du détroit est de 210 m dans la partie nord où il s'ouvre sur la partie principale du lac. Au sud, le détroit de MALOE MORE est relié au lac par « la porte d’OLKHON ».
Lieu-dit « Roc du Chamane » sur l’ÎLE D’OLKHON
Poteaux décorés de rubans Bouddhistes marquant un lieu sacré.
La température des eaux du détroit MALOE MORE atteint jusqu’à 20 à 25 degrés Celsius en été, -20 en hiver, et de ce fait, il est riche en poissons (Esturgeons, Coméphores, Ombres rouges, Corégones, Perches et Brochets).
De petites îles (OGOÏ, ZAMOGOY, IZHILHEY, OLTREC et KHIBIN) sont toutes situées dans le détroit de MALOE MORE.
Deux rivières s’y jettent, la rivière SARMA (Sarma signifie « vent fort et froid » qui, ici, a été enregistré à 90 km/h) et la rivière KURMA.
Conçu comme une bande côtière et base de la montagne à l'ouest du lac, le terrain est marqué par une répartition uniforme de petites montagnes, de cours d'eau (moins de 10 km chacun), et on y trouve seulement quelques marais, dans les basses plaines inondables.
Quatre rivières dépassent 25 km de longueur. Il y a 150 ruisseaux permanents et rivières dans le parc, dont 60 se jettent dans le lac.
Les montagnes qui se dressent à l'ouest du lac, atteignant des hauteurs de 1100 mètres au sud et 1500 mètres au nord.
LES LÉGENDES
Des histoires mystérieuses courent depuis des années sur un dragon d'eau, les réserves d'or perdues de l'Empire russe et un tunnel vers « l’au-delà ». Et certaines d’entre elles ont un fondement historique.
Les habitants le vénèrent depuis des siècles et se racontent des histoires fantastiques de génération en génération.
Mais peut-on les croire ? Décidez par vous-même ou, mieux encore, allez-y comme je l’ai fait moi-même !
a) La légende d’UN TERRIBLE DRAGON
Tout comme le LOCH-NESS, le lac BAÏKAL a son propre « NESSIE ».
Il existe différentes descriptions d'un « dragon d'eau » qui habiterait la baie MOUKHORSKI, la partie la plus chaude du lac, et emporterait les pêcheurs dans son royaume sous-marin.
Certaines rumeurs disent qu'il est question d'une sorte d'énorme esturgeon avec un visage diabolique ; d'autres affirment qu’il s'apparente à un lézard monstrueux avec des griffes et une « armure » le long de son dos, tandis que d'autres encore croient que cette bête ressemble à un ichtyosaure préhistorique, l'ancêtre des crocodiles, tout comme la Tarasque de TARASCON.
Pour apaiser la bête, les habitants lui offraient des fourrures, des bijoux et de la nourriture il y a encore quelques siècles de cela. Certains pratiquaient même des sacrifices de sang.
Qui plus est, dans les années 1980, des chercheurs soviétiques ont détecté par écholocalisation un objet mouvant de 30 mètres au fond du lac, mais n'ont pas réussi à préciser de quoi il s'agissait exactement (sic !).
Des passionnés russes et étrangers essaient donc toujours de trouver le monstre et des photos avec des taches floues de créatures obscures apparaissent périodiquement sur les réseaux sociaux… En fait, il pourrait s’agir d’un énorme et très vieil Esturgeon mais de là à faire 30 m …
Kalouga de 4,5 m et 650 Kg !
Les esturgeons ont parfois été qualifiés de « Léviathans » ou de « Mathusalems » des poissons d'eau douce.
Kalouga du fleuve AMOUR.
Ils sont parmi les plus gros poissons : certains bélugas de la mer Caspienne peuvent atteindre plus de 5,5 m pour 2 tonnes. Par ailleurs, le Kalouga présent dans les eaux des fleuves Sibériens AMOUR ou ANGARA ont parfois une longueur comparable ainsi qu'un poids supérieur à 1 tonne.
b) La légende de L’OR IMPÉRIAL RUSSE
L'un des grands mystères historiques non résolus concerne le sort des réserves « de l'or de KOLTCHAK », ce qui reste du trésor de l'ex-Empire Russe d’après la révolution de 1917.
En mars 1917, les troupes des Armées blanches, dirigées par l’amiral KOLTCHAK ont atteint OUFA et KAZAN (où elles récupèrent une partie du trésor impérial que l’amiral va emmener en SIBÉRIE avec un train sur le TRANSSIBERIEN) en s’opposant à l’Armée Rouge des Bolchevicks.
Le pays était donc plongé dans une guerre civile entre les partisans du régime tsariste (les Armées blanches) et les bolcheviks (l'Armée rouge).
L'or a été déplacé de plus en plus loin en SIBÉRIE et est passé d'un camp à l'autre.
Lorsqu'il a fini entre les mains des Bolcheviks en 1919, il s'est avéré que certaines caisses contenaient des briques au lieu de lingots d'or !
Environ 180 tonnes ont ainsi été « perdues ». Or, certains amateurs de légendes pensent que le trésor a coulé dans le lac, lorsque le train qui le transportait le long du lac BAÏKAL s’est renversé. On a bien retrouvé quelques wagons depuis, mais sans or !
Bien sûr, le prétendu trésor occupe les pensées de nombreux aventuriers.
Plusieurs fois, des submersibles « MIR » ont été descendus au fond du lac Baïkal et ont trouvé des vestiges de caisses centenaires et même des lingots couverts de paillettes d'or.
Nikolaï Rioutine/TASS
Cependant, ces trouvailles n'ont jamais été récupérées à cause des mouvements du sol ai-je lu dans un document.
c) La légende de LA RIVIÈRE « ANGARA »
Il s'agit probablement de la légende la plus romantique et la plus populaire concernant le BAÏKAL.
L’ANGARA, comme vu plus haut, est l'un des principaux cours d’eau de Sibérie et, dans les vieux contes, il est considéré comme la « fille » du BAÏKAL.
Les habitants de la région se représentaient en effet « BAÏKAL » comme un bogatyr (un preux chevalier médiéval) qui collectait les impôts des terres environnantes, tandis que sa fille « ANGARA » rendait immédiatement tout à la population.
Elle n'avait qu'un seul collier, qu'elle ne montrait à personne car elle le gardait pour son futur mari.
Un jour, « BAÏKAL » a dit à tous les bogatyrs voisins qu'il voulait marier sa fille et a choisi un jeune homme du nom d'IRKOUT, en dépit de la préférence d’ANGARA pour le chevalier IENISSEÏ. Mais la parole de son père semblait définitive.
Alors, ANGARA s'est enfuie de chez elle, emportant son collier et jetant les perles sur ses pas, donnant le trésor au peuple.
Là où elle a rencontré IRKOUT en chemin, la ville d'IRKOUTZK se serait élevée et là où elle a jeté les perles, d'autres villes seraient apparues.
Enfin, là où elle a retrouvé IENISSEÏ, se trouvait une flèche (l'ANGARA se jette ici dans le fleuve IENISSEÏ).
Dans mon inventaire à la Prévert, je vous laisse découvrir d’autres champions du monde !
3 - LA FOSSE SOUS-MARINE LA PLUS PROFONDE DU MONDE
Pour atteindre les profondeurs les plus extrêmes situées sous la surface du globe terrestre, il faut se rendre au nord-ouest de l’océan Pacifique, dans « la fosse des MARIANNES ».
Découverte en 1875, elle a suscité l’attention du monde entier jusqu’à ce jour.
Les premières mesures enregistraient une profondeur supérieure à 8000 mètres.
Cette limite est bien au-delà des profondeurs pouvant être atteintes par un être humain.
Après plus d’un siècle de nouveaux résultats obtenus grâce à des sondes de plus en plus sophistiquées, c’est en juin 1953 que le « FNRS-3 », le premier bathyscaphe opérationnel de l’histoire maritime, est mis à l’eau par la marine française.
L’officier de marine Georges HOUOT est nommé commandant et pilote de ce bathyscaphe avec Pierre WILLM, un ingénieur français du génie maritime.
Ils commencent les essais du FNRS-3 en méditerranée.
Le FNRS-3 atteignit, à vide, 500 mètres le 23 juillet 1953
Le FNRS-3 atteignit 1500 mètres le 5 août 1953, puis avec son équipage, 750 mètres le 6 août ; 1550 mètres le 12 août ; 2100 mètres le 14 août et le 15 février 1954, au large de DAKAR il a atteint avec son équipage 4050 mètres ce qui constituait déjà un record mondial.
Ce record tiendra six ans avant d'être détrôné le 23 janvier 1960 par le bathyscaphe « Trieste », du Suisse Jacques PICCARD, le fils d'Auguste PICCARD (inventeur du bathyscaphe) et le lieutenant de l'US Navy DON WALSH, qui atteignent le fond de la fosse des MARIANNES après une descente de 4h30 dans l’abysse.
Les instruments de bord indiquent alors une profondeur de 11521 m, valeur qui est par la suite revue à la baisse à 10916 m.
À cette profondeur, où la pression est extrême, les deux hommes sont surpris de découvrir, au milieu du disque de lumière dessiné par leurs projecteurs, plusieurs organismes vivants (dont un poisson abyssal ressemblant à une sole d'environ 45 cm).
En ce qui concerne la pression exercée par la masse d'eau au-dessus d’eux, les instruments relèvent 1086 bars (1 bar c’est 1,01972 Kilogramme par cm² que l’on compte habituellement en multipliant par 1,02 voire 1 tout simplement. 1086 bars c’est donc 1086 x 1,01972 = 1107 Kg/cm²), soit plus de mille fois la pression existante au niveau de la mer.
De 1961 à 1970, le Français Georges HOUOT a effectué 64 plongées avec ce bathyscaphe et a pris sa retraite après 37 années de service dont 17 à la tête du groupe des bathyscaphes.
Il décède le 7 août 1977 à La GARDE près de TOULON et sa mort donne lieu à des hommages de la nation présidés par le ministre de la Défense, d’alors, Yvon BOURGES et du 1er ministre, Raymond BARRE.
La profondeur maximale de la fosse est annoncée en 2014 à 10908 mètres par le réalisateur de film canadien James CAMERON (le producteur du film « Terminator ») avec le bathyscaphe américain « DEEPSEA CHALLENGE », puis 10928 m par Victor VESCOVO, un millionnaire américain, et enfin, très récemment à 11034 m.
Le « DEEPSEA CHALLENGE » en plongée !
Comparaison du « TRIESTE » et du « DEEPSEA CHALLENGE »
Enfin un autre record du monde mérite d’être souligné, même s’il n’a servi à rien !
4 - LE FORAGE DE KOLA
Le forage « SG-3 », forage profond de KOLA (ou encore forage de ZAPOLIARNY, du nom de la ville la plus proche), est un forage effectué à partir du 24 mai 1970 et jusqu'en 1989 en Union Soviétique, dans la péninsule de KOLA au nord de Saint PETERSBOURG.
Ce forage d’un diamètre de 23 cm effectué de 1970 à 1989 date à laquelle il a été abandonné faute de financement, est le plus profond du monde puisqu’il mesure 12262 mètres en profondeur verticale réelle.
Mais, hors mise la carotte qui a fourni des renseignements intéressants sur la couche terrestre en remontant des roches datant de 2,7 milliards d’années, et une température de 212° C plus élevée que prévue à cette profondeur, et les boues recueillies saturées d’hydrogène, il n’a servi à rien !
Tout le matériel de forage et de recherche a été démonté et le site en ruine est laissé à l’abandon depuis 2008.
Et la tête de forage a été soudée.
En longueur totale, il a toutefois été dépassé en 2008 par le puits de pétrole Al SHAHEEN mesurant 12289 mètres au QATAR, puis en 2011, par le puits SAKHALINE « I OP-11 » mesurant 12345 mètres (au large de l’île Russe de SAKHALINE).
CARTE DU LAC BAÏKAL
Carte du lac BAÏKAL
Le Sud du lac Bïkal d'IRKOUTZK à OULAN-OUDE
(Cliquer sur cette carte pour l'agrandir à la taille de votre écran!)