LES CAUSES DU MALHEUR RUSSE

 

 

Pour accompagner cette rétrospective un chant Russe merveilleux…

Voici une superbe version de Katyusha (« Катюша ») la fierté Russe !

Au cas où vous souhaitiez l'arrêter, il suffit de cliquer ci-dessus sur les symboles :

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Pourquoi en 2019 vivons-nous moins bien en Russie qu’en Occident ?

 

 

Dans les années 1996, au cours de mes pérégrinations en Asie Centrale post-soviétique, j’avais été attiré, lors d’une permanence à Oulan-Oude (capitale de la Bouriatie sur les bords du lac Baïkal, en Sibérie Orientale) par l’enseigne à l’image bien connue du petit Prince qui arborait fièrement le bandeau « Маленький Принц » qui signifie tout simplement « Petit Prince » (cf. mon article sur mon aventure en Asie Centrale…).

 

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C’était une petite boutique d’alimentation tenue par Александр и Оксана Мельник = Alexandre et Oksana MELNIK (ce prénom Oksana d’origine grecque peu commun signifie « hospitalière »), un couple charmant et parfaitement francophone avec lequel j’ai immédiatement sympathisé et qui m’ont avoué que leur rêve était de quitter la Russie et de s’établir comme libraires en Europe. 

 

En 2003… ils ont réalisé leur rêve en s’établissant libraires à Namur en Belgique, et venaient de préparer un petit opuscule qu’ils souhaitaient éditer à compte d’auteur et qu’ils m’ont demandé de relire et corriger.

 

J’ai retrouvé ce document dans mes archives et j’ai pensé qu’il intéresserait sûrement mes lecteurs d’avoir le sentiment d’un jeune Russe sur l’état de la Russie au surlendemain des putschs de Moscou.

 

Ce document est significatif de l’état d’esprit de la plupart des Russes de l’époque… Et, quelques années après, avec le recul suffisant, malgré l’émergence du pouvoir de Poutine, il demeure significatif, à la fin de la 2ème décennie du XXIème siècle !

 

A vous de juger !

 

Au cas où vous souhaitiez en savoir plus en direct, n’hésitez pas à prendre contact directement avec Alexandre (amelnik@hotmail.com)

 

Cela dit, voici la traduction exacte de cet opuscule intitulé :

 

LES CAUSES DU MALHEUR RUSSE

 

Entièrement rédigé par Alexandre MELNIK. C’est un précieux témoignage, vu de l’intérieur !

 

Préface.

 

Quand on demande à un russe - pourquoi vivons-nous si mal et si péniblement ? Le plus souvent, il répond brièvement : « les communistes sont coupables », « Eltsine a ruiné le pays », « la guerre nous a empêché de nous en sortir », etc…

 

L'habitude de chercher les solutions simples à des problèmes complexes et de rejeter la responsabilité sur le voisin est depuis longtemps dans notre sang mais c'est aussi une des causes des malheurs de la Russie.

 

Avec cela, on cite les causes se rapportant, en général, au XXe siècle, à une seule exception de l'invasion mongole (au XIIIe siècle).

 

D'habitude, l'homme Russe lui-même est mis hors cause. Il est une victime !

 

Cela se traduit très bien par l’expression fréquemment entendue « Что делать? Qui se prononce en phonétique : chto diélat ? » et veut dire : « Que faire ? ». Elle revient très souvent dans la bouche d’un russe qui l’accompagne simultanément d’un geste significatif en baissant les bras, comme si c’était une fatalité.

 

Dans mon petit aperçu, les cadres chronologiques sont écartés jusqu'au VIe siècle (le début de la migration des tribus slaves dans la partie européenne de la Russie actuelle).

 

On peut diviser les nombreux facteurs défavorables de notre retard actuel en facteurs intérieurs russes (i.e. 99 % des facteurs) et extérieurs (tout ce qui reste).

 

J'ai rassemblé les causes intérieures en quatre grands groupes :

A) les conditions naturelles complexes, disons géographiques.

B) l'Etat-surveillant, omniprésent.

C) une société apathique traquée.

D) l'homme russe dormant.

 

Les causes extérieures ne seront pas examinées dans cet essai.

 

 

A.  LES CAUSES GÉOGRAPHIQUES.

 

À l'époque soviétique, il était pratiquement interdit de « mettre en avant » les particularités climatiques et géographiques du pays pendant l'étude des processus sociaux et économiques.

 

On a inventé l'expression spéciale - « le déterminisme géographique » - pour designer ceux qui avaient le courage d'affirmer que la vie des gens est souvent prédéterminée par la nature les entourant. Par la suite, la gestion du pays sans considération des conditions géo-climatiques a mené au délabrement économique du pays.

 

Sans aucun doute, la nature a influencé beaucoup la formation du genre de vie plus arriérée de l'homme russe. Avant tout, il s'agit du climat.

 

  1. Le climat défavorable.

 

En comparaison avec la plupart des pays développés, la Russie est située très au nord de l'hémisphère nord. La Russie et le Canada sont les Etats les plus septentrionaux du monde, mais à cela près que la plupart des Canadiens vivent dans les régions les plus méridionales du pays, ce qu'on ne peut pas dire des Russes.

 

La sévérité de notre climat se manifeste de la façon suivante :

 

      • La Russie est un des pays les plus froid du globe. La température moyenne de l'année en Russie est de moins 5,5°C (pour la comparaison, en Finlande - plus 1,5°C).

 

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L’hiver à Saint Pétersbourg…

 

      • En Russie, le type continental du climat prédomine avec de très longs hivers froids. Un tel climat empêche de pratiquer une agriculture normale. Chez nous, la période du temps favorable pour les semailles et la récolte est de 4-6 mois seulement (celle en Europe Occidentale est de 8-9 mois).
La Sibérie est pratiquement inapte pour l'agriculture. L'hiver froid de longue durée contrarie fortement l'élevage des bovins, s'alliant au problème chronique du manque de fourrage.

 

      • De mauvais sols ne permettent pas d'atteindre une haute fertilité. En Russie, on retrouve deux types principaux de sols - les sols podzoliques prédominants (dans la zone forestière) et le « Чренозем ou chernozem » beaucoup moins répandu (dans les zones de steppe et de forêt-steppe).

 

Si nous acceptons l'idée que la civilisation commence quand le blé semé se reproduit au moins 5 fois, la Russie avec sa fertilité très basse (14 quintaux/ha à la fin des années 90, ce qui signifie en moyenne 1/3) est très loin du monde développé.

 

Dans le passé, la Russie avait d'habitude suffisamment de pain, mais elle avait très rarement des surplus (ce qui est une importante source de la prospérité économique).

 

      • Les précipitations les plus abondantes tombent dans les régions avec les sols les plus pauvres et, en outre, les averses sont caractéristiques principalement de la deuxième moitié de l'été (la période de récolte). Les sécheresses fréquentes durant le printemps et le début de l'été (i.e. : pendant les semailles), les averses au cours de la récolte en combinaison avec de longs hivers réduisent à la portion congrue la période favorable aux semailles et à la récolte. D'où notre expression courante « Битва за урожай = la bataille pour la récolte ».

 

      • À cause du climat froid, les grands travaux sont plus coûteux en comparaison des autres pays du monde (par exemple, à cause de la nécessité d'atteindre pour les fondations des bâtiments la base inférieure de la profondeur de la congélation; de même il entraine des frais supplémentaires pour les toits et les murs à cause de la charge neigeuse, des installations de doubles châssis, etc.).

 

  1. Les ressources naturelles « inépuisables ».

 

Le pays possède une réserve très riche de pratiquement toutes les ressources naturelles dont il a besoin, surtout le bois, le gaz et le pétrole. Cependant, cette richesse n'a pas amené à la prospérité économique du pays, mais plutôt au contraire, est devenu un frein, puisqu'elle a accoutumé la population et le pouvoir au moyen le plus facile de se procurer des devises - la vente des matières premières sans traitements profonds. De ce fait, la Russie est jusqu'à nos jours considérée par l'Occident comme le fournisseur potentiel de matières premières.

 

Mais en fait, elle ne pourra même pas devenir le fournisseur des matières premières, parce que ces dernières années, les réserves du pétrole, du gaz et d'autres ressources s'amenuisent quand elle ne se sont pas brusquement épuisées.

 

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L’extraction du pétrole

 

Le caractère inépuisable des ressources naturelles devient progressivement un mythe!

 

Compte tenu du fait que la Russie est un des pays parmi les plus froids du monde, l’exportation des ressources naturelles non renouvelables doit être complètement arrêtée. Dans le cas contraire, nous risquons de frigorifier nos petits-enfants.

 

 

  1. La condamnation de l'économie qui succombe au froid. 

 

Dans la lutte concurrentielle pour les investissements, actionnées selon les règles du marché mondial libre, la plupart des entreprises russes sont notoirement condamnées à fonctionner à perte (« le théorème amer » de Parshev). Cela s'explique par les coûts élevés de la fabrication de l'unité de production à cause de conditions climatiques défavorables.

 

Personne au monde n'a besoin de notre industrie sauf nous-mêmes. Notre économie est incompatible avec l'économie mondiale. Dans les conditions naturelles existant en Russie, nous obtenons n'importe quel résultat économique avec plus d’efforts que les habitants des autres pays.

 

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La pose d’une tuyauterie en hiver

  

  1. Un territoire immense sans frontières naturelles.

 

Notre pays est un des états qui possède la plus grande surface de territoire du monde, au périmètre duquel il y n'y a pas de massifs montagneux ou de grands fleuves. Il est clair, qu'un tel Etat est très vulnérable pour sa défense et a besoin d'une armée beaucoup plus nombreuse et coûteuse. La grande étendue du territoire engendre aussi des difficultés dans la gestion du pays, aggravées par la variété des statuts des habitants de la fédération (les républiques autonomes, les régions autonomes, les provinces et les territoires).

 

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V. Vasnetcov. « Trois preux ».

 

 

Une grande concentration du pouvoir, du capital et de l’infrastructure sociale dans les régions occidentales du pays a conditionné les problèmes du ravitaillement des régions lointaines moins développées – du nord, sibériennes et d'Extrême Orient.

 

 

B.  L'ETAT OMNIPRESENT.

 

1.   Les pires conditions initiales.

 

La désagrégation des tribus slaves entre les VIe et VIIIe siècles et la migration forcée des Slaves orientaux (les ancêtres des Russes actuels) de l'Europe Centrale à l'Est est devenue une des causes premières des malheurs actuels russes.

 

 

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La drougine (corps d’élite) russe au combat.

 

Déjà le fait, lui-même, d'une telle migration forcée du territoire de la Hongrie actuelle sous la pression des tribus germaniques plus fortes et agressives signifie la faiblesse des Slaves orientaux à l'époque.

 

Mais il est encore plus important de savoir, pour la compréhension des causes du retard actuel de la Russie vis-à-vis de l’Europe Occidentale, que la région où les Slaves orientaux se sont installés après l’époque de la migration, est peu apte à l'agriculture stable à cause des conditions physiques, géographiques et climatiques.

 

À la fin du premier millénaire de notre ère, les conditions initiales des tribus slaves orientales en comparaison avec les tribus slaves occidentales étaient encore pires.

 

Outre les sévères conditions pédologiques et climatiques, les habitants de la Plaine Russe ont reçu des voisins très inquiets - les peuples nomades asiatiques (les Huns, Avares, Khazars, Pétchenègues, Polovets, Tatars, etc.) se succédant l'un et l'autre sans arrêt.

 

 

2.   L'absence génétique de la culture de l'ordre d'état.

 

Après l'expulsion des Varègues, les habitants de Novgorod ont tenté d'organiser un système de gestion indépendant. Ces tentatives ont mené à des querelles cruelles et aux désordres, après lesquels, en l'année 862, on a suivi la vocation célèbre des princes de Varègues (Rurik avec les frères et sa drougine, ou ses troupes).

 

Ce récit légendaire d’une des chroniques Russes est la confirmation documentaire de la faiblesse de la nation en formation et de son incapacité de mettre l'ordre dans le pays.

 

« Notre terre est grande et abondante, mais il n'y a pas d'ordre. Venez pour nous gouverner et posséder ». L’absence de la tradition d'un ordre d’état, fondé sur l'autogestion réelle (self-government) des citoyens et pas sur la force est une des causes des malheurs russes. Dans le pays, les traditions de l'autogestion n’étaient jamais suffisamment solides et de longue durée.

 

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La vocation des Varègues, à savoir les Vikings de Suède qui entre le IXème et le Xème siècle

ont fondé et gouverné l'Etat Médiéval de Russie.

 

En tout cas, l’état en Russie n’a pas grandi à partir de la société. Selon l'expression figurative de R. Païps, l'état russe grandissait à côté de la société et ravalait morceau par morceau.

 

Finalement, l’ordre d’état s'associe par la société avalée avec les catégories de la force, du pouvoir, de l'armée, et pas avec des lois qui fonctionnent raisonnablement et avec des institutions démocratiques.

 

 

3.   Le « joug » mongolo-tatar ?

 

Deux siècles du joug mongolo-tatar ont rejeté la Russie en arrière, c'est pourquoi elle traîne jusqu'à nos jours derrière l'Europe Occidentale. Cette affirmation géniale d'après sa simplicité et son absurdité est très vivace. Les Mongols sont coupables !

 

Mais on sait bien que c'est justement l'invasion Mongole du XIIIe siècle qui a réveillé le sentiment national Russe en réaction. La Russie morcelée avait besoin d'une impulsion forte vers la réunification, et elle l'a reçue. Au plan historique, les contacts avec les nouveaux venus asiatiques ont accéléré la formation de la structure de l'Etat russe. La question du retard du développement économique de la Russie en XIIIe-XIVe siècles est très contestable, car les Mongols n'empêchaient jamais le développement de l'économie de la Russie et son commerce avec l'Europe Occidentale (au contraire, ils étaient fort intéressés en succès de l'économie et du commerce russe qui garantissaient le paiement stable du tribut).

 

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P. Ryjenko : Le combat de Peresvet avec Tchéloubeï avant la bataille de Koulikovo avec les Mongols.

 

 

Parmi les conséquences négatives de l'époque « mongolo-tatare », on peut citer la déformation de la moralité des régents moscovites de l'époque. La montée de Moscou au XIVe siècle s'explique entre autres par « la collaboration » (la coopération avec l'ennemi). Le prince de Moscou Ivan Kalita utilisait la troupe de khan pour la destruction de Tver révolté. Que diraient les Russes actuels, si le maire de Moscou Loujkov allait contre les districts voisins mécontents de son administration avec, par exemple, les troupes tchétchènes de Chamil Basaiev ?

 

La Russie a aussi hérité du système de gestion de steppe des mongolo-tatars (le khan → le tsar ; avec cela le mot lui-même le « tsar » est apparu plus tard), fondé sur la centralisation extrême du pouvoir, le système cruel des punitions et l'absence complète de démocratie (le Вече = vetché, soit l’assemblée populaire en ancienne Russie) ne se réunissait plus après les Mongols).

 

 

4.   L'absence de tradition de la propriété privée.

 

 

À partir de la période de la colonisation de la Russie du Nord-est par les princes russes jusqu'à la fin des dernières acquisitions territoriales de XIXe siècle, la Russie restait toujours un Etat de « votchina » (« le bien patrimonial, ou le patrimoine »). La dynastie princière de Moscou et de Vladimir (« Rurikovichi »), devenue la tête du pays, a transformé la Russie en propriété foncière princière immense (poméstie).

 

En russe, le mot « votchina » (« patrimoine ») provient du mot le « père ».

 

L'Etat de « votchina » était une propriété complète inséparable du « père-souverain ».

 

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Le Tsar Russe Alekseï.

 

 

La colonisation des nouvelles terres et la croissance territoriale de l'Etat augmentaient automatiquement la propriété de la famille gouvernante, mais pas celle des citoyens. À la différence de l'Europe Occidentale, où le pouvoir politique des régents était le plus souvent séparé du droit « sacré » de la propriété des sujets, en Russie le tsar était toujours simultanément le régent et le propriétaire de son pays avec toutes ses ressources, la population, etc.

 

Toujours et partout en vieille Russie, les hommes d'affaires louaient la propriété (la terre, le bois, les sous-sols) au tsar.

Cette propriété pouvait être enlevée à n'importe quel moment à cause de la moindre faute. Un tel état de choses empêchait le développement de l'initiative individuelle. Dans l'ancienne Russie, la « couche intermédiaire » de la classe moyenne (la bourgeoisie) était toujours très insignifiante. Mais en ce temps-là, l'Europe bourgeoise ne sommeillait pas...

 

 

5.   La mentalité « serve » de la population.

 

L'essence du servage existant en Russie dès le XVIe siècle consistait à fixer fixation de la population agricole à la terre princière, du tsar ou de l'Etat. Mais le servage ce n'est qu'une composante du système universel visant à asservir de toute la population à l'Etat. Tous les états, toutes les couches de la population étaient les esclaves du régent.

 

L'attachement à son maître limitait la mobilité et l'activité de la population, tuait l'esprit d'entreprise, formait la psychologie serve de la population.

 

Au XXème siècle, les kolkhozes soviétiques sont devenus un « vestige » de servage.

 

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Les Blanchisseuses. 

 

Pour attacher les kolkhoziens à la terre, on ne leur délivrait pas les passeports. L'institution odieuse de l'enregistrement « propiska ») est un autre élément de servage dont les traditions existent aujourd'hui.

 

D'une part, « propiska » attache un homme à sa localité natale, d'autre part elle ne le laisse pas entrer à Moscou.

 

 

6.   L'absence de la démocratie à tous les régimes.

 

Russie, l'Empire russe, l'Union Soviétique - quoi que notre Etat s'appelle jusqu'à 1991, il se caractérisait toujours par son antidémocratisme. Les générations changeaient, mais le pouvoir était toujours dans les mains de la dynastie ou du parti gouvernant. Dans l'histoire de la Russie il y avait un tel élément démocratique, comme le vetché populaire (XIème - XIIème siècles), mais c'est seulement à Novgorod et Pskov que le vetché est devenu un organisme permanent de l'administration d'Etat.

 

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I. Repin : Ivan le Terrible tue son fils.

 

Dans les autres régions, le vetché n'intervenait pas d'habitude dans le gouvernement du prince (à l'exception de décision sur les questions de la guerre et de la paix et du remplacement du prince lui-même).

 

Aux XVIème - XVIIème siècles, on a convoqué parfois les Zemskiï Sobors (les Assemblées des états), mais la plupart des Sobors avaient un caractère seulement consultatif et d'information (en fin de compte, toutes les questions se résolvaient par le tsar).

 

Jusqu'à 1905, la population n'avait même pas la possibilité théorique de participer au gouvernement au moyen de ses députés, siégeant au parlement. Les Doumas d'Etat de 1906-1917 ne pouvaient pas exprimer les intérêts véritables du peuple à cause de la législation électorale non démocratique.

 

Quant à l'Union Soviétique, nous nous souvenons bien, avec quelle unanimité votaient les députés des Conseils de tous les niveaux - du local jusqu'au Suprême.

 

Derrière cette unanimité sortaient toujours les oreilles du parti communiste chaleureusement aimé. L'absence de la démocratie a influencé pernicieusement le peuple russe, les gens se sont habitués à compter « sur l'oncle », à regarder à la bouche du pouvoir et ne pas offenser la nourrice.

 

Malgré la diversité des institutions démocratiques actuelles, les lois électorales progressives, etc., le peuple dans sa masse principale est resté apolitique et extrêmement patient à l'égard des violations de la démocratie.

 

 

7.   L'expansion territoriale multiséculaire.

 

Au lieu d'aménager son territoire dans les frontières de la Russie européenne, nos ancêtres sont partis à la recherche des nouvelles terres au-delà de l'Oural et plus tard en Sibérie et en Extrême-Orient.

 

La colonisation en Russie est un résultat du besoin éternel de nouvelles terres à la place des champs complètement épuisés.

 

Cette voie extensive du développement de la nation était encouragée par le gouvernement, qui était intéressé à « lâcher la vapeur » de la partie occidentale du pays déchirée par les contradictions et les révoltes.

 

Des surfaces immenses de nouvelles terres s'ajoutaient chaque année, mais les contradictions au centre restaient irrésolues. Souvent les colonisateurs, ayant abîmé les nouvelles terres, allaient encore plus loin.

 

Une telle politique ne contribuait pas à la modernisation ni de l'agriculture ni de l'industrie. L'obsession par l'expansion territoriale avait une conséquence très importante.

 

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La conquête de la Sibérie. 

 

Il fallait retenir les terres nouvellement conquises. Pour la rétention du grand territoire, il fallait avoir une armée puissante et une psychologie d'empire sous-entendant le pouvoir illimité du centre (Moscou) sur les régions jointes. L'armée avait besoin de soldats.

 

Les conscrits pour l'armée étaient livrés par les paysans. Pour que la livraison des conscrits aille sans à-coups, les paysans étaient attachés à la terre. Ainsi, le paysan russe à l'aide de la baïonnette du cosaque a éloigné la frontière de la Russie à l'Est pour devenir par la suite un serf.

 

À la différence de plusieurs autres pays développés, la Russie n'avait jamais de colonies.

 

Cependant, dans l'histoire du pays la Sibérie et l'Extrême-Orient ont joué le même rôle que le Congo pour la Belgique ou l'Algérie pour la France. Le ravitaillement de rente en matières premières était toujours une fonction principale de ces régions de l'est de la Russie.

 

En disant que l'Occident a fait fortune grâce à ses colonies, il ne faut pas oublier qu'en principe nous pouvions aussi faire fortune, en développant intelligemment la Sibérie et l'Extrême-Orient.

 

 

8.   L'absence des traditions de la succession.

 

La cathédrale de Cologne a été construite en 600 ans (dés 1248 jusqu'à 1880). De nos jours, elle est considérée comme le temple gothique le plus grandiose dans le monde chrétien.

 

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Démolition de la Cathédrale du Christ-Sauveur en 1931.

 

Peut-on s'imaginer des délais semblables de construction d'un monument en Russie ?

 

Depuis l'antiquité à nos jours, une autre tradition s'est gardée chez nous - chaque nouveau prince, tsar, secrétaire général, président supprime la plupart des initiatives du régent précédent et commence son propre gouvernement en partant de zéro.

 

C'est pourquoi la plupart de nos villes n'ont pas de visage personnel ainsi que la plupart de nos familles n'ont pas d'histoire proprement « familiale » avec la succession des générations de plusieurs siècles. Même après l'élimination du Parti communiste de l'arène politique, on n'a pas eu la sagesse de garder tout ce qui était bon en Union Soviétique. Notre credo c'est détruire tout jusqu'au bout et ensuite reconstruire un nouveau monde à partir de rien.

 

Avec cela, il y avait toujours et partout une exception. Invariablement, avec n'importe quel pouvoir, la succession dans le renforcement de l'Etat était respectée. Les intérêts d'Etat étaient toujours plus importants que les intérêts des citoyens.

 

 

9.   Les traditions collectivistes.

 

Les communes paysannes (« mir ») et les coopératives ouvrières (artels) ont permis aux Russes de survivre dans les sévères conditions climatiques multipliées par le retard technologique. Survivre, mais pas plus que ça.

 

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I. Repin. Les haleurs sur la Volga.

 

Avec tous les avantages du collectivisme, il ne permet cependant pas à l'initiative privée de s'exprimer. L'homme russe a survécu dans la foule, mais étant écrasé, il a commencé à boiter des deux pieds et c'est pourquoi il est resté en arrière de l'individualiste occidental européen.

 

 

10. Les expériences communistes.

 

Beaucoup de personnes accusent Lénine et les communistes d'avoir orienté la Russie dans une impasse en 1917. Mais peu de gens accusent directement ces ancêtres d'être dupés. En effet, il est difficile de dire que le coup d'Etat de 1917 (« la Grande révolution socialiste d'octobre ») était le fruit du hasard. L'immense pays paysan, semblait-il, attendait juste ce type du gouvernement imposé par Lénine et perfectionné par Staline. La nostalgie du bras fort (du fouet ?), la crédulité, l'absence de tradition démocratique et l'ivrognerie totale ont fait que le peuple a rendu les rênes du pouvoir aux bolcheviks.

 

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La prise du Palais d’Hiver.

 

Les conséquences sur la vie d'aujourd'hui de la révolution d'octobre et de la domination de plus de 70 ans du Parti communiste de l'Union Soviétique sont peu comprises, semble-t-il, par la plupart des Russes.

 

Cependant, la liquidation de l'économie de marché, la destruction des moindres traces de la propriété privée des citoyens, la destruction à l'époque de Staline de millions de gens énergiques, entreprenants et réfléchissants, finalement, tout cela a amené à l'échec de l'Union Soviétique construite sur ces crimes.

 

L'idéologie communiste a totalement corrompu une grande partie de la population du pays habituée à compter « sur l'oncle », qui résoudra (ne serait-ce qu'à la va-vite) les problèmes essentiels.

 

En principe, le totalitarisme de l'Union Soviétique est devenu la suite de l'idée de l'Etats de votchina « paternel ». La seule différence est que la place du tsar de la famille tsariste gouvernante a été occupée par le parti communiste. Le Parti communiste de l'Union Soviétique était le propriétaire véritable et le gouverneur du pays pendant plus de 70 ans. Vive le Parti communiste !

 

 

11.              La guerre de 1941-1945.

 

Cette guerre a laissé la trace inoubliable dans l'histoire du peuple. Plusieurs malheurs actuels sont conditionnés, directement ou indirectement, par la guerre et ses conséquences.

 

Conditionnés tellement que cela est entré dans l'habitude - se désoler constamment : « S'il n'y avait pas eu la guerre... », « S'il n'y avait pas eu Hitler... ».

 

Cependant, les dernières études (V. Suvorov, etc…) montrent que la guerre de l'URSS contre l'Allemagne a été une conséquence du désir maniaque du parti communiste de l'URSS et personnellement de Staline de propager l'expérience communiste sur toute l'Europe.

 

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« Libérons l’Europe de l’esclavage fasciste » ! nous dit cette affiche des années 40.

 

L'Union Soviétique se préparait à attaquer l'Allemagne pour que, l'ayant détruite et ayant « libéré » l'Europe occupée, il puisse implanter là-bas son régime.

 

On n'était pas prêts à l'attaque de Hitler, parce qu'on se préparait de toutes nos forces à attaquer soi-même.

 

Finalement, l'Allemagne a été couverte par des millions de corps de soldats soviétiques. La pensée que c'est le parti aimé lui-même avec l'infaillible Staline à la tête a impliqué le peuple dans l'abattoir sanglant, venait rarement à la tête des gens russes.

 

Hitler est un maniaque, un tyran, un monstre, etc… Et Staline rêvant de la France communiste ? Si nous accentuons cette idée, on peut la formuler d'une manière suivante – le peuple soviétique supportant silencieusement le« communisme» n'est pas moins coupable de cette guerre que le peuple allemand supportant le national-socialisme. L'homme qui a éteint l'incendie est un héros. Mais souvent celui qui a provoqué l'incendie (par inattention ou négligence) l'éteint aussi pour se sauver.

 

 

C.   LA SOCIÉTÉ APATIQUE PERSÉCUTÉE.

 

1.   La famille conservatrice.

 

Le type de la famille paysanne russe traditionnelle dans le passé, se distinguant par les caractères patriarcaux et le grand nombre de ses membres, dès 1861 (après l'abolition officielle du servage) a commencé progressivement à se désagréger. Cependant, le type de la famille, qui s'est formé ensuite, se distingue par le même conservatisme.

 

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Une famille de paysans au siècle passé. 

 

 

En général, une telle famille soutient tel régime et telle structure d'Etat où les membres de la famille vivent ou vivaient dans les meilleures conditions (sans réfléchir beaucoup à l'avenir de ses enfants et petits-enfants). La famille conservatrice ne se préoccupe guère des problèmes d'actualité de l'Etat, en se limitant à une « critique de cuisine » et au principe que « ça ne me regarde pas ».

 

De grands mouvements ou les associations progressistes russes apparus au niveau du groupement des familles, sont pratiquement inconnus. Peut-être, la seule exception c'est les complexes habitables de jeunesse (MGK) apparu en URSS à la fin des années 80 avec la permission du pouvoir qui a désespéré de résoudre le problème du logement dans le pays.

 

 

2.   L'orthodoxie figée.

 

Aucune branche du christianisme ne se comportait avec une telle indifférence envers les manifestations de l'injustice sociale et politique, comme l'orthodoxie.

 

Avant la révolution de 1917, l'orthodoxie en Russie s'identifiait directement avec l'Etat.

 

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« Le pape, dehors ! C’est une terre russe » clame cette banderole.

 

A l'époque soviétique, l'église est devenue graduellement la servante de l'Etat soutenant toutes les initiatives du parti communiste gouvernant.

 

Bien sûr, l'orthodoxie exerçait une grande influence positive sur le climat spirituel de la société.

 

Mais posons-nous la question - l'orthodoxie n'est-elle pas devenue l'une des causes des malheurs actuels russes (économique avant tout) ?

 

L'hostilité de plusieurs siècles à l'égard du catholicisme a consolidé le mur « de fer » entre la Russie et l'Occident.

 

L'immunité de l'orthodoxie aux changements, le conservatisme (citons le slavon incompréhensible pour la plupart des croyants !), tout cela a engendré en fin de compte une tolérance incroyable à l'injustice des pouvoirs et à la stagnation dans toutes les sphères de la vie de la société.

 

 

3.   L'habitude du nivellement.

 

En Russie, les conditions naturelles défavorables empêchaient l'agriculture individuelle.

 

Au solitaire, il est impossible d'essoucher le bois pour labourer un champ ou lutter avec la sécheresse. Le caractère collectif de l'agriculture russe a engendré une unité principale sociale nommée « Обсчина » (en phonétique « l’obschina » qui veut dire la « communauté »), ou « mir » (le « monde »). Les paysans les plus pauvres mais qui avaient la volonté de s’en sortir s’étaient pourtant rassemblés dans des « artels », à savoir des sortes de groupements d’intérêts économiques agricoles. Mais les l’obschina officiel a ôté toute velléités à ces paysans de s’en sortir.

 

A l'ancienneté, même la structure de la famille paysanne nombreuse était conditionnée par cette aspiration à la résolution collective des problèmes de vie.

 

Dans des conditions de climat sévère, cela était justifié. Mais le grand défaut de l’obschina était qu'elle ne contribuait pas et même empêchait l'apparition de travailleurs énergiques et entreprenants.

 

Les impôts dans l'obschina étaient distribués en parties égales. Les membres laborieux de l'obschina étaient toujours responsables pour les impôts des flemmards et des ivrognes qu’ils devaient supporter.

 

Le fermier dans l'obschina ne pouvait même pas se développer dans des conditions climatiques idéales.

 

Le nivellement étouffait les gens énergiques et pensants. La réforme agraire de Stolypine (1905) qui a permis aux paysans énergiques de sortir de l'obschina (la communauté) et de créer des khoutors (des fermes) a commencé à détruire cette formation économique d’un autre âge.

 

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L’artel de paysan.

 

La montée de l'agriculture russe à l'époque de Stolypine est un fait incontestable. Mais peu de temps après, les bolcheviks ont procédé à la collectivisation.

 

Et les kolkhozes ont achevé définitivement ceux qui voulaient travailler à ne pas vivre comme tout le monde (on les appelait les « individualistes » ou les Кулаков = koulaks).

 

Progressivement, le nivellement a corrompu les gens et les a déshabitués de l'esprit de compétition. Le pays a plongé dans le marasme, la même manière pour tous ses habitants.

 

 

4.   Le niveau culturel bas de la population.

 

Le trait paradoxal de la société russe est l'écart immense entre les nombreux succès dans le domaine de la littérature, musique, théâtre, etc., et le niveau assez bas de la culture de la population. D'habitude, on ne discute pas cette question (comme on ne crache pas au puits), mais elle existe réellement et mérite d'être discutée.

 

Le niveau culturel d'un Russe moyen est incommensurablement plus bas que celui d'un européen moyen.

 

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Non à la muflerie ! proclame cette caricature.

 

Est-ce cela la cause de nos malheurs actuels ? Absolument.

 

En effet, le manque de la culture se manifeste non seulement par la grossièreté et les crachats dans les rues, mais aussi par les décisions erronées prises par les fonctionnaires ce qui augmente à son tour la quantité de jurons du côté de la population.

 

C'est un cycle sans fin.

 

 

5. L'ivrognerie.

 

« La Russie, c'est le savoir boire, nous ne pouvons pas exister sans cela » - cette expression attribuée au prince Vladimir, montre la prédisposition des Russes à l'ivrognerie, érigée au rang de la politique d'Etat depuis les temps anciens. Jusqu'à XVIe siècle, tant que les russes buvaient le médovoukha (une boisson alcoolisée à base de miel et de vin fruitier comparable à l’hydromel), l'ivrognerie était un amusement, mais dés qu'ils ont appris chez les Tatars l'art de la distillation de l'alcool, la situation s'est rudement aggravée.

 

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Honte ! nous dit cette affiche.

 

Le peuple s'est habitué à boire beaucoup.

 

Deux circonstances principales ont contribué à cela.

 

La première est le climat sévère, auquel les boissons fortes correspondent mieux que le médovoukha. La survie dans un tel climat exige une alimentation riche en calories grasses donnant mal au foie. La vodka diminue mieux cette charge sur le foie, en désagrégeant les graisses.

 

La deuxième circonstance, ce sont les difficultés incessantes de la vie quotidienne, la misère, la peur du futur, l'absence de la propriété privée.

 

L'esclave a toujours un penchant plus grand pour l'ivrognerie que son maître.

 

À la différence du propriétaire, le serf prend très rarement les décisions, il n'a pas besoin d’avoir l'esprit sobre.

 

En Russie, à toutes les époques, le gouvernement ayant peur des révoltes permettait au peuple de boire beaucoup et encourageait l'ivrognerie.

 

Le peuple achetait donc avec reconnaissance de la vodka bon marché et finalement a bouffé son futur.

 

 

6. Le caractère national inerte.

 

Il se peut que le dommage le plus grand au peuple russe ait été causé par sa propre mentalité d'esclave.

 

Au cours de son histoire de plusieurs siècles, notre Etat-surveillant a accoutumé le peuple à croire que quelqu'un doit s'en soucier - le tsar, le pomeschik (propriétaire foncier), le commandant, le président, le directeur, le syndicat, etc…

 

C'est justement cette accoutumance du peuple à l'esclavage (ou, si quelqu'un n'aime pas ce mot, à la dépendance complète d’un supérieur) qui a permis au parti communiste de réaliser ses expériences pendant plus de 70 ans.

 

Progressivement, cette tolérance à l'état dépendant est devenue humilité d'esclave.

 

On parle souvent de la patience du peuple russe comme d'une qualité positive.

 

Je préfère appeler ce trait du caractère national « l’accoutumance à l'esclavage ».

 

La conséquence de cette tolérance est la passivité qui empêche l'autogestion et l'auto organisation.

 

Pas besoin de perdre temps et force pour résoudre des problèmes collectifs, si quelqu'un de « supérieur » résout ces problèmes (même de travers).

 

L'homme russe se distinguait toujours par l'astuce et la capacité de travail dans tout ce qui le concernait personnellement, et par la passivité extrême ou même la paresse pour l'activité publique.

 

Pendant « les samedis communistes » (soubbotniki), il y avait beaucoup de bruit et de brouhaha, mais leurs résultats étaient toujours beaucoup plus modestes que le travail sur les potagers personnels ou à la datcha.

 

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« Le brochet magique » (un conte russe.)

 

Une conséquence très importante de cette accoutumance de plusieurs siècles à l'esclavage, c'est le penchant du peuple à la résolution hors la loi des problèmes courants essentiels (et pour parler franchement - au vol).

 

« On vole » - voilà la quintessence de l'histoire russe (selon Karamzine).

 

Tout au long de toute l'histoire russe, les gens supportaient la dépendance de l'Etat – quelle qu’injuste qu'elle soit - parce qu'ils ont appris à utiliser cette injustice à leur profit.

 

Il existe une phrase russe célèbre « le pouvoir fait semblant de nous payer, alors faisons semblant de travailler ! ».

 

L'étranger ne peut comprendre cette phrase si on ne lui explique pas préalablement que « nous faisons juste semblant ; nous ne volons pas ; et le pouvoir fait semblant de ne pas remarquer le vol ».

 

Cette société fourbe, s'étant libérée en 1991 de l'Etat-surveillant, a construit un nouvel Etat fourbe.

 

Une autre conséquence de cette tolérance fameuse à l'esclavage c'est l'absence de sentiment collectif de faute pour les périodes historiques contractées.

 

C'est Staline, et Béria, le parti communiste, qui devaient répondre pour les répressions des années 30, et nous, nous n'étions que les petites mains de la machine d'Etat.

 

Mais nous nous taisions ! Nous nous amusions (à la cuisine) du marasme de Brejnev plus que tout autre monde civilisé. Mais nous nous taisions aux réunions.

 

On ne sortait pas dans les rues pour des manifestations de protestation ! Et cette psychologie d'esclave, fourbe, inerte et intimidée du peuple russe, qu'est-ce que c'est si ce n'est pas la cause principale de tous nos problèmes actuels ?

 

 

D.  LA PERSONNALITE RUSSE DORMANTE.

 

 

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 V. Vasnetcov. « Le preux au carrefour ».

 

Finalement, tout ce qui a été dit plus haut, revient à l'homme russe lui-même. Si nous ne sommes pas des amibes vivant en dehors des problèmes sociaux, mais des êtres pensants, nous devons reconnaître que c'est justement NOUS qui sommes la cause principale de nos malheurs.

 

NOUS, et pas les pouvoirs, les communistes, les démocrates, la guerre, les Allemands, les mongolo-tatars, etc.

 

Si la cause principale est en dehors de nous, alors nous ne pouvons pas nous appeler une grande nation, puisque nous sommes incapables de gérer les causes de nos malheurs, c'est-à-dire que nous sommes des pions entre les mains de forces extérieures supérieures.

 

Si la cause principale est en nous, tant que nous ne changerons pas, nos malheurs ne cesseront pas.

 

Mais tant que nous ne nous réveillerons pas, nous ne changerons pas !

 

Ce que ne dit pas cette conclusion d’Alexandre… C’est qu’en 2008 il a quitté la Russie pour Namur en Belgique, car il estime n’avoir qu’une vie et n’a pas eu la patience d’attendre les changements qui ne pourront avoir lieu avec le régime de Poutine !

 

Il est aujourd’hui pleinement heureux de pouvoir vendre des livres dans sa boutique de Namur !

 

… Une immigration réussie !

 


 



06/03/2019
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