"L’ACÈNT" PROVENCAL...

Bon, je sais, cela pourrait vous paraître un peu ringard, mais nous nous sommes amusés en cours de Provençal, jeudi dernier, à traduire le merveilleux poême de Miguel ZAMACOÏS (né à Louveciennes le 8 septembre 1866 et mort à Paris le 22 mars 1955, un romancier, auteur dramatique, poète et journaliste français).

 

Qui, mieux que Fernandel, pouvait réciter ce poëme ! Le voici en 3 minutes !

 

 

L’ACCENT

 

De l'accent ! De l'accent ! Mais après tout, en ai-je ?

Pourquoi cette faveur ? Pourquoi ce privilège ?

Et si je vous disais après tout, gens du Nord,

Que c'est vous qui, pour nous, semblez l'avoir très fort;

Que nous disions de vous du Rhône à la Gironde :

Ces gens-là n'ont pas le parler de tout le monde

Et que tout dépendant de la façon de voir,

Ne pas avoir d'accent, pour nous, c'est en avoir.

Et bien non, je blasphème, et je suis las de feindre

Ceux qui n'ont pas d'accent, je ne peux que les plaindre.

Emporter avec soi son accent familier

C'est emporter un peu sa terre à ses souliers,

Emporter son accent d'Auvergne ou de Bretagne

C'est emporter un peu sa lande ou sa montagne.

Lorsque loin de chez soi, le cœur gros on s'enfuit,

L'accent, mais c'est un peu le pays qui vous suit,

C'est un peu cet accent, invisible bagage,

Le parler de chez soi qu'on emporte en voyage.

C'est, pour le malheureux à l'exil obligé,

Le patois qui déteint sur les mots étrangers.

Avoir l'accent enfin, c'est chaque fois qu'on cause

Parler de son pays, en parlant d'autre chose.

Non ! Je ne rougis pas de mon si bel accent

Je veux qu'il soit sonore et clair, retentissant.

Et m'en aller tout droit, l'humeur toujours pareille

Emportant mon accent sur le coin de l'oreille.

Mon accent, il faudrait l'écouter à genoux,

Il vous fait emporter la Provence avec vous

Et fait chanter sa voix dans tous nos bavardages

Comme chante la mer au fond des coquillages.

Ecoutez ! En parlant je plante le décor

Du torride midi, dans les brumes du Nord

Il évoque à la fois le feuillage bleu-gris

De nos chers oliviers, aux vieux troncs rabougris

Et le petit village à la treille splendide,

Eclabousse de bleu la blancheur des bastides.

Cet accent-là, Mistral, cigales et tambourins

A toutes mes chansons, donne un même refrain

Et quand vous l'entendez chanter dans mes paroles.

Tous les mots que je dis, dansent la farandole.

 

 

L’ACÈNT

 

De l’acènt ! Mai, après tout, n’ai-ti ?

Perqué aquesto favour ? Perqué aqueu privilège ?

E se vous disieéu, a moun tour, gènt dai nord,

Qu’es vautre que pèr nautre, semblas l’agué mai que fort;

Que disian de vous, de Rose a la Girondo :

Aquesti gènt an pas lou parla de tóuti

E que tout dependènt dou biais de vèire,

De pas agué d’acènt, pèr nautre, es n’agúe.

Eh bèn noun, renegue e siéu las de fegne

Li qu’an gès d’acènt, pode que li plagne.

Empourta d’espèr se soun acènt famihiè,

Es carreja un pau de sa terro à si souliè.

Empourta soun acènt d’Auvergne vo di Bretagna,

Es carreja un pau sa lando vo sa mountagno.

Quouro, luien dóu siéu, lai cor gounfle fugissen

L’acènt mai es un pau lou pais que vous seguis

Es un pau aquest’acènt, envesible bagage,

Lou parla dóu siéu que s’emporto en viage,

Es pèr lou malourous fourça de s’eisila,

Lou patoues qu’embugo li mot estrangié.

Agué l’acènt, enfin, es cade code cop que se parla,

Parla de soun pais en parlant d’autro causo.

Noun ! ai pas lis arcaneto de moun tant bel acènt,

Vole que siegue brusènt e clar, restountissènt

E m’enana tout dre, umour toujour pariero

Empourtan moun acènt darrié l’auriho.

Moun acènt lou faudré escouta d’a geinoun,

Vous fai empourta Provenço eme vàutri

E fai canta sa voues dins touti li basarutage,

Comme canta la mari au founs di couquihage.

Escoutas ! en parlant plante lou decor

dóu miejour cremant, dins li neblo dóu Nord,

douno d’èr dóu meme biais au fuiage blu-gris

de nosti cars oulinié di viei pege arrascassi

e lou vilajoun de la triho esplendido,

espóusco de blu la blancour di bastido.

Aquest acènt, Mistral, cigalo, tambourin

En touti mi cansoun fai un meme refrin

E quouro l’ausisses canta dins mi paraulo,

Touti li mot que diso, dansoun la farandoulo.

 

Et pourquoi pas l'écouter avec le véritable accent provençal, comme dans la vidéo qui suit !

 


 

 

Et tant qu'à faire, on peut tout autant dire la même chose avec un autre accent... un peu d'humour ne peut pas faire de mal ! en changeant quelques mots du texte originel, Georges Msihid s'est permis de réciter ce texte avec un accent bien connu, celui des pieds noirs... Ce n'est que de l'humour, il n'a changé que quelques mots ! (par exemple..."bastides" par "gourbis" et quelques autres...)

 

 

 

 


 

 



06/06/2015
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