LE CHÂTEAU DU ROI RENÉ À TARASCON
Comment mieux illustrer cet article que par la marche du roi René ?
Cette petite vidéo de 3 minutes est parfaite…!
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Pour leur 1ère sortie de 2024, « les Séniors dans le Vent » ont voulu en savoir plus sur le magnifique château médiéval du bon Roi René à Tarascon.
« Ce monarque, en effet, mérite une mention spéciale ; il fit tant de choses et fut si malheureux dans la guerre qu’il était aimé et adoré de tous. Aix, sa capitale, se ressentit beaucoup de son séjour.
Sa mémoire est restée dans le souvenir des Provençaux qui se la transmettent de génération en génération et, aujourd’hui encore, on parle du Bon Roi René tandis que le souvenir des autres souverains est presque oublié » (tel, est rédigé l’abrégé historique qui ouvre le petit guide d’Aix-en-Provence que publie le libraire Makaire en 1885, lequel vient hélas, tout juste de disparaître du cours Mirabeau en cette fin d'année 2019 !...)
Alors « les Séniors dans le Vent » se sont adressé à l’Office de Tourisme qui leur a mandaté un historien-conférencier peu banal, Gilbert CHALENÇON, qui les attendait ce 3ème jeudi de janvier, sur le petit pont de pierre qui a remplacé le pont-levis à l’entrée du château.
Il était revêtu de façon fort bourgeoise, d’une redingote XIXème, gilet jacquard, lavallière de soie, canne à pommeau d'argent et chapeau melon pour une visite détaillée et fort bien documentée (n’hésitez pas à me demander ses coordonnées si vous vouliez faire visiter le château à un petit groupe familial ou amical, il est génial et passionné !)
L’historien-conférencier hors pair, Gilbert CHALENÇON !
Gilbert CHALENÇON, historien-conférencier d'exception !
Car Tarascon… Ce n’est pas uniquement le pays de « Tartarin », ce personnage de fiction, fanfaron et hâbleur, inventé par Alphonse DAUDET en 1872 que les Tarasconnais ont commencé par exécrer avant de se l’approprier jalousement…
« Tartarin » … de Tarascon !
Ce n’est pas non plus uniquement le pays de « la Tarasque » domptée par Sainte Marthe, et immortalisée par les fêtes initiées dès 1474 par le « bon roi René » pour faire pendant à l’attrait des foires de Beaucaire, là, de l’autre côté de ce fleuve indomptable ! …
En effet, la difficile maîtrise du Rhône et de son franchissement a donné naissance à des légendes encore bien vivaces… « La Tarasque » une espèce de crocodile-tortue, dragon des eaux, symbolise le fleuve, dangereux par ses remous et indomptable.
« La Tarasque » … dont la statue trône à 20 m du château !
Un habile artisan de Vallabrègues a reconstitué « une Tarasque » en osier sur place
Il n’est pas exclu qu’un navire de transport remontant le Rhône impétueux jusqu’à Lyon ne soit jamais parvenu à bon port et n’ait coulé avec sa cargaison. De là à imaginer l’hypothèse séduisante, que l’un de ces navires ait transporté dans ses soutes, outre des lions, tigres, éléphants, hippopotames, gazelles et autres pauvres bêtes destinés à être massacrées lors d’une chasse d’amphithéâtre, un grand crocodile blanc nilotique…
Au Moyen Âge, cet animal fabuleux a donc aussi été associé à la vie de Marthe, sœur de Lazare et de Marie de Béthanie que la tradition assimile à Marie-Madeleine, compagne du Christ. C’est en effet dans le récit de « La légende dorée », écrit par le chroniqueur Jacques de VORAGINE (dominicain et archevêque de Gènes vers 1230-1298), qu’est rapportée la légende.
Chassée de Palestine après la mort du Christ sur une barque sans voile ni rame, Marthe aurait dérivé avec ses compagnes jusqu’à l’embouchure du Rhône, là où s’est établie la cité des Saintes-Maries-de-la-Mer, puis de là aurait évangélisé Avignon et Tarascon puis aurait fini sa vie en ermite pendant 30 ans dans une grotte du massif de la Saint Baume, non loin de Saint-Maximin.
Marthe identifie tout de suite l’animal car elle possède quelques notions de ses mœurs... (ce saurien, repu, digère dans un épais sommeil pendant lequel il est quasi inoffensif).
Elle fait capturer le monstre en l’aspergeant d’eau bénite, et le livre aux habitants, qui le tuent à coups de lances et de flèches.
« La Tarasque » incarne alors la victoire de la religion chrétienne sur le paganisme. Et Sainte Marthe est reconnue comme la patronne de la cité de Tarascon.
D’ailleurs, notre guide-conférencier Gilbert, dans sa passion historique, en fin de visite, n’a pu s’empêcher de nous entraîner là, de l’autre côté de l’accès au château, dans la crypte de l’église Sainte Marthe précisément, où sont conservées et toujours vénérées les reliques de Sainte Marthe.
Église royale Sainte Marthe.
Entrée principale de l’église royale Sainte Marthe.
Crypte de l’église royale Sainte Marthe et reliques de la Sainte.
Mais Tarascon c’est aussi là que veille depuis le Moyen-Âge ce monument d'exception qui est l’un des plus beaux châteaux médiévaux de France dans un état remarquable de conservation.
Le château dans son ensemble, vu de l’île de la Barthelasse, au milieu du Rhône.
Il est l’exemple parfait d’un édifice qui, par son architecture et ses décors, allie les styles gothique et renaissance, à la fois défensif, princier puis carcéral
Voici une gravure ancienne du château datant de 1750
MAIS COMMENÇONS PAR UN PETIT HISTORIQUE DU CHÂTEAU...
Trait d’union entre les villes d’Avignon au nord, et d’Arles au sud, la ville de Tarascon est, tout au long du Moyen Âge, la base territoriale d’expansion et de conquête des comtes de Barcelone puis des ducs d’Anjou, devenus comtes de Provence.
Bâti sur un rocher peu élevé, à l’intersection des voies terrestres et fluviales reliant la Provence au Languedoc, le château assume le rôle de sentinelle monumentale qui contrôle la frontière politique et physique qu’est le Rhône qui coule à ses pieds.
De ses fenêtres d’ailleurs, on aperçoit Beaucaire et son château, à savoir « l’estranger », soit, le Royaume de France, puisque pendant plusieurs siècles et les guerres de religions Tarascon a fait partie du Saint Empire Romain Germanique.
Beaucaire, « l’estranger », et l’ile de la Barthelasse depuis le Château
Mais venons-en aux faits. Au XIème siècle, les comtes de Provence ont en effet bâti une forteresse marquant la frontière entre Provence et Languedoc, héritée en 843 du « Partage de Verdun » effectué à la mort du roi carolingien Louis 1er dit « le Pieux » (Le premier des « Louis » Carolingiens puis Capétiens - 814-840) et qui partageait l’empire de Charlemagne en trois royaumes distincts qui furent attribués aux trois petits-fils de Charlemagne :
- À « Charles le Chauve », est revenue la France occidentale, hormis la Bretagne demeurée indépendante,
Et les deux autres royaumes qui ne tarderont pas à être englobés dans le Saint Empire Romain Germanique dès 1032 à savoir :
- À « Lothaire 1er », l’ainé, la France médiane ou Lotharingie, depuis les Pays-Bas, les Flandres, la Lorraine, la Bourgogne, la Franche-Comté, jusqu’au Dauphiné, la Provence et le nord de l’Italie,
- À « Louis le Germanique », la France orientale ou Germanie dont l’Allemagne, l’Helvétie, l’Autriche, et la Hongrie.
Une forteresse vraisemblablement édifiée par Roubaud II, marquis de Provence, entre 994 et 1010 n’a pas tardé à surveiller la frontière de la Provence avec le Languedoc marquée par le Rhône, car, par le jeu des successions dynastiques qui suivirent le partage de l’empire Carolingien, les comtes de Bourgogne-Provence, et donc la ville de Tarascon, vont relever aussi des territoires du Saint-Empire Romain Germanique à compter de 1032.
Si vous souhaitez simplement arriver à suivre ce qui s’est passé après Charlemagne, voici un petit schéma qui va vous rafraichir la mémoire, et si vous vous intéressez à l’histoire de France, un blog retrace clairement ces successions dynastiques féodales difficiles à appréhender : cliquez ici puis revenez au site …
En fait, au moyen-âge féodal, si, au sommet de la hiérarchie se trouve le roi, il accorde des terres (des fiefs) à ses vassaux les plus puissants (appelés seigneurs ou nobles) en échange de leur fidélité et de leurs services militaires.
Et ces vassaux pouvaient ensuite accorder des parties de leurs terres à leurs propres vassaux, créant ainsi toute une chaîne de relations de dépendance.
Il ne faut donc pas s’étonner de voir le comté d’Anjou prendre le pouvoir en Provence par le biais des alliances, lorsque le comte Charles d’Anjou prend possession de la Provence grâce à son mariage avec Béatrice de Provence.
Toutefois, en 1233, les habitants prennent le parti des comtes de Toulouse et s'opposent à leur seigneur, le comte de Provence. Ils revendiquent leurs privilèges locaux, et détruisent le site fortifié qui affirmait le respect du pouvoir depuis l’an 1000.
La place-forte, partiellement détruite est reconstruite, et occupée au milieu du XIIIème siècle par Charles d’Anjou, devenu Comte de Provence et frère du roi de France Louis IX (plus connu sous le nom de Saint Louis, qui, de son côté, avait enfin obtenu une petite façade sur la mer à Aigues-Mortes, car l’accès à la mer jusqu’alors était entre les mains des Goths puis des Espagnols).
Le château est à nouveau restauré, en 1291, par Charles II dit « le Boiteux », le fils de Charles d’Anjou.
Et, en 1367, le duc Louis d'Anjou, alors gouverneur du Languedoc et frère du roi de France Charles V « le Sage », profite de l’éloignement du dernier Pape d’Avignon, Urbain V, qui s'était enfin décidé à retourner à Rome à la demande insistante de la reine Jeanne de Naples, également comtesse de Provence.
En son absence, le duc d’Anjou en a profité pour substituer son pouvoir à celui de la reine Jeanne, nouvelle manifestation de l'ambition française sur la Provence ; pour « faire le boulot » il va trouver et loue les services d’un capitaine pas trop regardant en la personne de Bertrand DUGUESCLIN qui vient d'être libéré contre forte rançon payée par le roi de France, après sa capture par les Anglais à la bataille de Nájera pendant la guerre civile de Castille.
DUGUESCLIN se met en marche dès 1368 avec 2000 hommes et pour mettre le siège devant Tarascon en mars 1368, bloque la ville qui capitule en moins d’un mois, et le duc d’Anjou est finalement désigné comme héritier du comté de Provence en 1380 par la Reine Jeanne de Naples elle-même.
Dès lors, les ducs d'Anjou deviennent les nouveaux maîtres de Tarascon et s'attèlent à faire reconnaître leur autorité toujours contestée.
Pendant dix ans, de 1400 à 1411, Louis II dit le « prince bâtisseur », et fils de Louis 1er d’Anjou, à son retour d’Italie, fait reconstruire une forteresse monumentale par le Maître d’œuvre Jean ROBERT aidé de deux habiles sculpteurs Simon de BEAUJEU et Jacques MOREL, qui tirent leurs matériaux des carrières de Beaucaire, juste en face.
D'ailleurs, du toit du château, on peut encore apercevoir au loin la carrière de Beaucaire d'où ont été extraites toutes les pierres de la construction (cf. Flêche rouge ci-dessous) !
Son fils, Louis III (1403-1434), achève le bâtiment côté ville à la fin de son règne de 1429 à 1434.
Et, du haut de ses 45 mètres, avec ses douves de protection emplies d’eau du Rhône et ses fortifications, le château affirme ainsi la puissance et l'autorité des ducs d'Anjou sur tout le territoire du pays d'Arles.
Schéma éclaté du château côté terre tel qu'il devait être vers 1475...
Le Roi René 1er (né en 1409 à Angers, et second fils de Louis II et de Yolande d'Aragon) hérite du comté de Provence à la mort de son frère ainé Louis III en 1434.
Tout au long de son règne, le « bon » roi René 1er va séjourner en Provence et saura se faire apprécier pas « son » peuple : à Tarascon, Arles, Marseille, Aix-en-Provence et Avignon. Le château de Tarascon devient alors un lieu de pouvoir et de prestige.
Dans la forteresse il mène des aménagements utilitaires, de confort et de décoration afin de le rendre plus habitable.
Il fait bâtir un oratoire privé pour son épouse Isabelle de Lorraine, ouvrir plusieurs portes et fenêtres, et fait édifier une chapelle pour les chantres.
Le roi René 1er commande des décors caractéristiques de la vie d'un prince du Moyen Âge tels les panneaux peints figurant des personnages et des animaux familiers et fantastiques, appelés « closoirs » (Ces derniers ornent encore les plafonds en bois de mélèze du château, restaurés en partie dans les années 1960).
Les plafonds de mélèze d’origine ornés de « closoirs »
Il fit placer son buste et celui de la reine Jeanne de LAVAL dans une niche de la cour d'honneur.
Le roi René et la reine Jeanne de LAVAL
À la fin de son règne, de 1476 à 1479, le roi René fit entreprendre encore quelques travaux tels que le remplacement du pont-levis par un pont fixe.
Siège du pouvoir régalien, le château va servir, dès lors, de lieu de détention.
En 1480, un prisonnier catalan, partisan du roi d’Aragon, ennemi du roi René 1er, y est enfermé.
Avec des moyens dérisoires qu’il trouve dans la prison, il grave, dans deux pièces, des motifs religieux et profanes remarquables et dessine des « graffiti » exceptionnels de bateaux de guerre, de commerce, dont voici les plus connus qui permettent de confirmer certaines datations…
Sous l’archivolte de droite on aperçoit deux jeux de société anglais,
Un jeu de dames à 64 cases et un backgammon (tric-trac en français).
Constatant son habileté, on va même lui offrir des outils pour lui permettre de réaliser quelques magnifiques sculptures.
A la mort du roi René en 1479, en effet, on a institué une fonction carcérale au château qui va servir de prison jusqu’en… 1926.
Tour à tour, le site est utilisé comme prison, maison d’arrêt et de correction. Les salles sont alors transformées en cachots collectifs ou individuels ce qui explique les nombreuses fenêtres fermées par des grilles.
Sous la Révolution française, en 1795, les partisans de Robespierre y sont exécutés.
De cette histoire, subsistent des centaines d’autres graffiti gravés par des soldats espagnols, des marins britanniques et hollandais, témoins des guerres euro-méditerranéennes des XVIIème et XVIIIème siècles dont voici quelques-uns photographiés au hasard :
Au bas du graffiti de droite on aperçoit une frise d’esturgeons,
Rappelant que le Rhône abritait ces poissons producteurs de caviar !
Le graffiti de droite illustre une bataille navale de galères…
INTERESSONS-NOUS MAINTENANT à L’ARCHITECTURE DU CHÂTEAU...
Classé monument historique dès 1840, le Château a été racheté par l'État qui va poursuivre sa restauration, il est aujourd'hui la propriété de la ville de Tarascon.
Le château aménagé pour le roi René est constitué de deux parties distinctes :
D’une part les communs au nord, à la fois réserves de nourriture et bâtiment de garnison pour la défense, de l’autre au sud un immense logis princier.
L’entrée du site est côté Est au bout du pont d’accès à trois arches qui a remplacé le pont-levis d’un côté et qui enjambent les douves autrefois emplies d’eau par le Rhône lui-même.
Les douves faisant apparaître le rocher taillé sur lequel est construit le château.
Et de l’autre, un grand portail monumental ouvrant directement sur le Rhône pour accueillir les navires qui accostaient côté fleuve en permettant un accès direct au château.
Portail d’accès au Rhône – à droite, vu en contre-bas depuis la terrasse.
Porte d’entrée vue de l’intérieur avec passage d’une herse et mécanisme du pont-levis
En face de l’entrée, un escalier « à pas de cheval » conduit à la plateforme d’accueil du château.
NB : il faut savoir qu’un cheval n’est pas capable, à priori, sauf s’il a été élevé pour ça, de monter un escalier, tant qu’il n’a pas trois « jambes » (et non « pattes » pour un cheval !) sur le même plan.
Alors, chaque marche est constituée d’un plan en pente douce d’au moins 1,80 m de profondeur pour permettre aux cavaliers d’atteindre la plateforme sans descendre de cheval.
Portail sur le Rhône, à gauche, et « escalier à pas de cheval » qui tourne à droite vu du toit.
« Escalier à pas de cheval » menant aux 2 entrées,
2ème photo : Sur la gauche, entrée du Logis Seigneurial,
A droite entrée de l'intendance.
Les magasins des communs sont en haut de « l’escalier à pas de cheval », côté ouest, et comprennent le grand bâtiment de l’intendance suivi de quatre bâtiments en enfilade presque identiques, dont chacun était conçu pour accueillir un seul type de marchandise.
Vue des communs depuis le toit en terrasse du logis Seigneurial,
On voit à gauche intendance et magasins et à droite la caserne pour la garnison.
Vue de gauche bâtiment de l’intendance, à droite, magasins des denrées alimentaires.
Le vin et les alcools, les céréales et légumes, la boulangerie et enfin le saloir pour les viandes.
D’ailleurs, au-dessus de chaque porte de ces bâtiments se trouve une enseigne taillée dans la pierre qui imageait la marchandise stockée, mais elles ont toutes été martelées à la révolution, seule celle du milieu comporte encore la silhouette d’une barrique qui indiquait clairement qu’il s’agissait de la cave à vin.
Ils sont tous munis d’une cheminée monumentale.
De décorations et d’un magnifique plafond vouté.
Nota Bene : dans le second magasin derrière l’intendance, il a été rapatrié les meubles et la totalité des pots en faïence de « l’Apothicairerie » de l’Hôtel-Dieu de Tarascon.
Seuls manquent quelques pots malheureusement offerts autrefois aux apothicaires successifs au moment de leur départ à la retraite !
Élément central de l’apothicairerie
La collection de pots en faïence de l’apothicairerie !
En face des magasins, côté est, se trouvaient la caserne, logement des troupes, à savoir trois tours et les bâtiments de la garnison reliés entre eux par un chemin de ronde protégé par un mâchicoulis.
Les trois tours et les bâtiments de la garnison avec le chemin de ronde
Et au centre de la plateforme coule une fontaine qui arrosait un jardin des simples, à savoir un herbier pour les plantes aromatiques nécessaires aux cuisines.
Les invités au château accédaient directement par une passerelle en pierre dans un hall d’accueil borgne (sa sortie se trouve à main droite) où ils pouvaient confier leurs chevaux aux palefreniers puis se dévêtir avant d’entrer dans la cour principale du logis princier.
La cour d’honneur de l’accueil du logis princier vue du toit.
La cour d’honneur du logis princier vue depuis le sas d’entrée.
Trois escaliers en colimaçon permettaient d’accéder dans les différentes salles du château ou les appartements privés du roi René et de la Reine Isabelle de Lorraine.
Au fond de la cour à gauche on aperçoit une porte grillagée qui est en fait l’entrée des caves qui vont servir de prison munie d’oubliettes pendant plus de quatre siècles.
Entrée des cachots.
Et au fond de la cour d’honneur, à droite, un escalier menant à la terrasse d’accueil sur laquelle ouvre une grande baie donnant sur l’antichambre de la salle d’audience que l’on verra plus loin et l’entrée de la chapelle.
Avec l’entrée de la chapelle, ainsi que les appartements privés du roi René et de son épouse, la reine Isabelle de Lorraine qui sont situés au niveau au-dessus de la chapelle.
Chapelle du prieur.
Les appartements du prieur se trouvaient à l’étage au fond de la chapelle et une tribune lui permettait d’accéder soit à l’oratoire privé de la reine, soit à la chapelle située juste en dessous.
Tribune du prieur
La reine Isabelle de Lorraine disposait en effet d’un oratoire privé construit tout spécialement pour elle situé juste au niveau de ses appartements, juste au-dessus de la chapelle dont une porte donnait dans sa chambre.
Oratoire privé de la reine Isabelle de Lorraine.
Au fond à gauche passage dans les appartements de la Reine.
Au fond à droite, niche de sécurité !
Oratoire de la reine : côté Ouest, baie avec vitraux,
Côté Sud, niche de sécurité…
Avez-vous remarqué l’épaisseur des murs ? (Près de 3 m !)
Trois escaliers en colimaçon quasiment identiques desservent chaque niveau, le premier au Sud-Est pour les appartements du Roi et de la Reine, le second au Sud-Ouest pour les salles d’audience et d’apparat situées en face dans le bâtiment à droite de la cour d’honneur, et le troisième au Nord-Ouest pour le service.
Salles d’audience et salles d’apparat sont toutes plus luxueuses les unes que les autres, mais lorsqu’il a fallu restaurer le carrelage de ces grandes salles comme cela a été fait dans tout le reste du château, ainsi qu’illustré ci-dessous,
Un gros problème logistique s’est présenté (l’immense grue nécessaire à approvisionner le chantier aurait entrainer la fermeture de la bretelle du pont qui traverse le Rhône pendant plusieurs heures… impensable !).
Fort heureusement, la solution a été suggérée par le couturier Christian LACROIX, l’un des mécènes de la restauration, qui a proposé d’équiper les salles non plus de tommettes en terre cuite mais de trois immenses tapis-moquettes spécialement dessinés par lui.
Voici ce que cela donne !
Voici la face Est sur laquelle à droite est zoomée au-dessus de la cheminée
La tapisserie de Christian LACROIX qui représente « La Tarasque » !
De chaque côté de la salle sont disposées d’immenses baies à meneaux avec deux bancs de pierres huchés en haut de quelques marches pour accueillir des archers qui assuraient la sécurité extérieure pendant les débats dans la salle d’audience.
Niche de sécurité
Graffiti anglais
(un marin, Benjamen Houston de 1757…)
On passe ainsi dans plusieurs salles d’apparat successives et superposées.
Ainsi au 2nd niveau
Et au 3ème et dernier niveau.
En effet, avant d’accéder au niveau de la terrasse on découvre une salle d’étuve
Entrée et cheminée de la chambre du chapelain
Salle d’étuve donnant sur le Rhône
En levant la tête on découvre le magnifique plafond de la salle d’étuve
Et tout en haut des trois escaliers en colimaçon à 45 m au-dessus du sol, nous débouchons sur le toit en terrasse du château entièrement ceint de machicoulis en surplomb ; un véritable chef d’œuvre de stéréotomie en double pente douce permettant de récupérer les eaux de pluie dans une citerne !
Et en redescendant du toit-terrasse on peut découvrir une série de pièces situées dans l’énorme tour de défense de l’entrée qui ont servi de prison et sur les murs desquelles sont gravées des quantités de graffiti des prisonniers des différentes époques de 1480 à 1926 !
Tout en bas on arrive dans une grande salle en angle qui ressemble à une salle de garde pour des soldats. Elle débouche dans l’angle sur la cour d’honneur et présente des postes de surveillance sur deux côtés.
Dans un angle une ouverture donne une vue sur l’autel de la chapelle, probablement pour permettre aux soldats (ou à des invités) de suivre ponctuellement une cérémonie religieuse.
Dans le sol de cette salle s’ouvre une trappe (rouge sur la photo ci-dessus) donnant accès à un silo à grain en sous-sol.