3/4 CONNAISSEZ-VOUS LES TAAF ? ARCHIPELS DE CROZET ET KERGUELEN


 

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Une légine, « l’or bleu des Quarantièmes Rugissants » … Et la Langouste subantarctique

 

 3 - Couple de manchots royale et ses poussins 350 x 240.jpg   4 - Renne (Caribou) des Kerguelen 350 x 240.jpg
Un couple de manchots Royaux avec leurs poussins et un Renne mâle des Kerguelen…

 

 

Une petite musique électronique pour vous mettre dans l'ambiance…

de l'immensité du vide antarctique !

Vous pouvez l'arrêter en cliquant ci-dessus sur les symboles :

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Depuis le XIXème siècle, en plus de l’ÎLE DE LA RÉUNION et de l’archipel de MAYOTTE érigés tous deux en départements français à part entière, la France possède dans l’océan indien deux territoires subantarctiques conséquents, les archipels de CROZET et de KERGUELEN et quelques « gros cailloux » et poussières d'îles.

 

Ils sont tous devenus un enjeu stratégique pour la biodiversité de notre planète, la sécurité de l’océan indien, l’industrie de la pêche, et ils ne peuvent que prendre encore plus d'importance sur un plan économique dans les temps de dérèglement climatique que doivent s’apprêter à vivre les terriens que nous sommes !

 

En effet, ces territoires ultramarins permettent à notre pays de bénéficier de la deuxième plus vaste ZEE mondiale derrière celle des ÉTATS-UNIS (ZEE = Zone Économique Exclusive – Cf. dans la Bibliographie leur définition) qui représente le ¼ des 11 millions de Km² constituée par un périmètre de 200 miles marins autour des possessions françaises, soit 2,84 millions de Km² pour les seules Terres Australes Antarctiques Françaises !

 

Il est réconfortant de constater que la communauté mondiale fait confiance, reconnait et vient de confirmer à la France, la fonction de gardienne garant de la biodiversité, et gendarme de la pêche illicite tout comme la lutte contre la piraterie en voie de développement permanent engendrée par des états voyous dans la région de l’océan indien et tout autour de ses départements et territoires d’outremer.

 

Après avoir lu les deux premiers articles sur les TAAF qui précédaient en ce qui concerne le district des îles ÉPARSES et le district des îles de SAINT PAUL et AMSTERDAM, vous faites dorénavant partie des 0,02% des français qui sont capables de positionner les îles SAINT-PAUL et AMSTERDAM sur une mappemonde !

 

Vous allez pouvoir maintenant positionner également les archipels de îles de CROZET et des KERGUELEN !

 

Pour mémoire, les cinq districts des TAAF sont constitués par :

1) les îles ÉPARSES (39,4 km²) composées de 5 « cailloux ».

2) le district de SAINT-PAUL (8 Km²) et AMSTERDAM (54 Km²)

3) le district de CROZET (115 km²).

4) le district de KERGUELEN (7215 km²).

5) le district de la TERRE ADÉLIE (432 000 km²).

 

Ils sont placés sous la responsabilité d’un préfet spécifique unique, Charles GIUSTI en l'occurrence, qui, depuis 2020, fait office d’administrateur supérieur des « Terres Australes et Antarctiques Françaises » (cf. articles précédents sur les TAAF).

 

 

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Carte de positionnement des « TAAF »

 

Vous ne vous étonnerez pas que, pour une meilleure visibilité, tout comme je l’avais fait pour l’Arsenal de Toulon, je me sois décidé à rédiger quatre articles distincts décrivant chacun un ou deux des cinq districts !

 

L’article qui suit concerne donc le 3ème District de l’archipel de CROZET et le 4ème District qui est constitué de l’ensemble des îles KERGUELEN, les deux territoires les plus septentrionaux de l’océan Indien et les plus étendus, situés bien au-delà des « Quarantièmes rugissants », et presque dans les « Cinquantièmes hurlants » qui passent à 50 km seulement plus au Sud, à plus de 3000 Km au Sud-Est de l’Île de la RÉUNION !

 

Nota Bene : Cette présentation n’a d’autre prétention que de faire découvrir aux béotiens ces îles lointaines qui permettent à notre pays de rayonner sa culture et de jouer plus que jamais un rôle éminent dans le respect de la biodiversité que l’ensemble des habitants de cette planète « Terre » se doivent de préserver pour leur survie dans la délicate transition qu’ils vont devoir vivre et assumer avec le réchauffement climatique dans le siècle à venir, n’en déplaise à certains dictateurs et chefs d’état qui se complaisent dans un dénis absolu ! 

 

Donc, nous allons consacrer d’abord, un grand chapitre quant à l’importance de l’activité économique de ces deux territoires puis deux grands chapitres pour chacun des deux districts qui concernent les Archipels des îles CROZET et des îles KERGUELEN.

 

 

I. ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE ET INDUSTRIELLE DE CROZET ET KERGUELEN.

 

Ces territoires subantarctiques sont restés, malgré quelques tentatives de colonisation, dépourvus d'habitants permanents, jusqu'au début du XXème siècle, lorsque les chasseurs de phoques et de baleines ont fréquenté l'archipel plus fréquemment et en ont exploité la faune sans se préoccuper de son renouvellement (il n'y avait pas de faune indigène dans ces deux archipels, hors les mammifères marins et les oiseaux marins).

 

Mais hélas, les hommes ont amené avec eux une faune qui n’avait pas sa place sur ces îles, à savoir les souris et les rats qui pullulaient dans les cales des navires et qui s’y sont introduit avec les marchandises débarquées.

 

Les pêcheurs, après avoir décimé les colonies de phoques - pour leur fourrure - et d’autres mammifères marins - pour leur graisse - qui vivaient là depuis des siècles, ont cru bon d’y amener des chats, volontairement, pour arrêter la prolifération des souris et des rats, mais ceux-là, du coup, ont également détruits les colonies d’oiseaux marins endémiques des îles quand ils n’avaient plus assez de souris et rats à se mettre sous la dent.

 

Enfin, ils ont également introduit des lapins pour disposer de viande fraiche chaque fois qu’ils débarquaient pour une saison de pêche ; et les lapins se sont multipliés… comme des lapins, puis, en ce qui concerne l'archipel des KERGUELEN, des moutons et des rennes qui ont détruit en partie la flore des îles !

 

De fait, les écosystèmes ont dû subir le développement de ces espèces introduites volontairement ou bien involontairement par l’être humain.

 

Fort heureusement, les scientifiques de l’IPEV (cf. l’Institut Polaire français Paul-Émile Victor, l’agence de moyens et de compétences au service de la recherche scientifique dans les régions polaires) conscients de ces bêtises réitérées et soucieux de la biodiversité tout comme les techniciens de l’IFREMER (cf. Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la MER) ont tenté et réussi à limiter la propagation de ces apports destructeurs, et les populations d’animaux sauvages endémiques des îles se sont reconstituées depuis, petit à petit.

 

Les côtes des TAAF accueillent à nouveau de nombreuses colonies de reproduction d’oiseaux et de mammifères marins.

 

Au début du mois de février 2022, le président Emmanuel Macron annonçait l’extension de la « réserve naturelle » nationale des Terres Australes et Antarctiques Françaises. La réserve devient la plus grande aire marine protégée française et la deuxième plus grande au monde, couvrant une surface totale de 1,6 million de km².

 

Il m’est difficile d’illustrer mes explications par des photos parce que je n’ai, hélas, pas pu avoir la joie de visiter ces îles subantarctiques du fait de mes 80 ans (comme je l’ai rappelé dans l’article sur la flotte des TAAF, le MARDUF ou L’ASTROLABE ne prennent pas de passagers de plus de 75 ans !).

 

Alors, je dois donc me contenter de vous les faire découvrir après avoir soigneusement sélectionné quelques photos et vidéos significatives que l’on peut trouver sur les nombreux blogs consacrés au sujet par des scientifiques qui ont séjourné sur les TAAF, ou sur les sites officiels des organismes et du gouvernement français.

 

Je remercie particulièrement les photographes très doués que sont Nelly GRAVIER, Lise CHAMBRIN, Clément QUETEL, Yves DAVID, Antoine DERVAUX qui ont œuvré pour les TAAF, l'IPEV, l'IFREMER ou l'administration des TAAF et ont tous eu la chance de pouvoir naviguer dans cette partie du vaste monde, mais qu’ils me pardonnent si j’ai omis d’en citer certains !

 

Pour commencer, la « réserve naturelle » nationale des Terres Australes Françaises mérite bien une petite vidéo de 13 minutes que je vous engage à visionner :

 

 

On ne peut évoquer les archipels des îles CROZET et des îles KERGUELEN sans parler de leur activité économique et industrielle, à savoir, l’industrie de la pêche ; alors, il nous faut avoir en tête quelques notions indispensables quant à l’activité des pêcheries.

 

 

Quelques mots de vulgarisation s’imposent :

 

Les acteurs du monde de la pêche sont nombreux. Au premier rang se trouvent les pêcheurs, professionnels mais aussi plaisanciers. L’IFREMER a, entre autres, pour mission l’observation et l’évaluation de leurs activités.

 

L’administration est aussi un acteur primordial. Elle intervient au travers de la Direction des Pêches Maritimes et de l’Aquaculture (DPMA), du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche qui a en charge la Politique des Pêches en France.

 

L’IFREMER tout comme l’IPEV apportent des expertises pour aider à la prise de décision.

 

Les relations entre ces quatre acteurs principaux (DPMA, Ministère de l’Agriculture et de la pêche, IFREMER et IPEV) sont indispensables. Elles sont fréquentes. Si une convention lie l’IFREMER et la DPMA, de nombreux partenariats existent entre professionnels et scientifiques.

 

Depuis 2003, il existe une « Charte halieutique » (cliquer sur le lien), en bonne et due forme, un code de bonne conduite, entre l’IFREMER, le CNPMEM (le Comité National des Pêches Maritimes et des Élevages Marins) et la DPMA.

 

De plus en plus les ONG et le grand public s’intéressent et interviennent dans le débat sur la gestion des ressources marines et des écosystèmes. L’IFREMER a un rôle d’information et cette petite vidéo de 4 minutes va vous en dire plus quant à La Flotte de l’IFREMER (cliquer sur le lien).

 

Je vais donc utiliser, pour vous faire découvrir le monde de la pêche, quelques croquis empruntés justement à l’IFREMER.

 

Loin devant la canne, sa ligne et son bouchon qu’affectionnent les pêcheurs du dimanche ou les sportifs de « la pêche au gros », il existe en effet de nombreuses techniques de pêche professionnelle variant en fonction des espèces ciblées mais elles peuvent se résumer en quatre, plus ou moins sophistiquées.

 

« Chaluts », « palangres », « sennes », ou encore « casiers » représentent ces quatre techniques. Les pêcheries actuelles apparaissent alors comme une véritable industrie de guerre pour l’exploitation des océans.

 

Mais avant de décrire ces 4 techniques il nous faut d’abord distinguer les différentes sortes de poissons qui sont péchés habituellement.

 

Il existe trois genres différents qui vivent à des profondeurs différentes

 

On peut distinguer plusieurs niveaux de profondeurs :

 

Il existe ainsi trois genres différents d'animaux marins, ceux qui vivent sur le plateau continental, jusqu'à 200m de profondeur, puis ceux qui vivent dans les profondeurs intermédiaires entre 200 m et le fond de la mer, et ceux qui vivent directement au contact du fond, quelle que soit la profondeur en deçà de -200 m conformément au croquis qui suit.     

 

plancher-oceanique-plaine-abyssale.jpg

 

1. Des poissons « Benthiques » : ou encore poissons de fond, qui vivent au plus proche du substrat du milieu aquatique sous-marin, entre la surface de la mer et 200 m de fond.  

 

Pour ceux qui vivent en contact avec le fond, on les qualifie de poissons « bathybentiques »; ce sont des poissons vivant près du talus continental mais sur les fonds marins jusqu'à 200 mètres de profondeur.

 

Cette appellation peut être étendue aux invertébrés et aux créatures aquatiques, telles les langoustes, homards, seiches ou poulpes.

 

langouste Saint Paul 350 x 240.jpg   7 - un poulpe 350 x 240.jpg
 Type de créatures aquatiques bathybentiques : Langouste ou Poulpe de CROZET

 

La majorité des poissons benthiques sont aplatis, soit sur le ventre comme la raie, la baudroie et les silures (et poissons-chats), soit sur le flanc comme la sole.

 

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 Type de poissons « Benthiques » : la Raie et la Baudroie

 

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Type de poissons « Benthiques » : la Silure (ou « poisson chat » qui peut atteindre des tailles gigantesques

 

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Type de poissons « Benthiques » : la Sole presqu’invisible au repos sur le fond

  

 

2. Des poissons « démersaux » : Les espèces démersales vivent juste au-dessus du fond ou carrément au fond des océans.

 

Ces espèces sont très mobiles mais très dépendantes du fond d’où elles tirent leur nourriture.

 

Parmi elles on trouve la dorade, le merlu, le merlan, la morue, le grondin, la rascasse… Leur coloration varie du gris argenté au rouge.

 

 

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Types de poissons « démersaux » : la Morue et le Grondin rouge.

 

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Types de poissons « démersaux » : le Merlu et le Merlan

 

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Types de poissons « démersaux » : La Daurade et la Rascasse

 

La morue, ou le tacaud portent au menton une paire de longs barbillons dont ils se servent pour fouiller la vase. Les grondins, eux, ont trois rayons de nageoires pectorales transformés en doigts dont ils se servent pour gratter le sédiment.

 

3. Et des poissons pélagiques : Un poisson est appelé pélagique lorsqu’il vit en pleine mer dans les eaux proches de la surface ou entre la surface et le fond.

 

Le hareng, la sardine, l’anchois, le maquereau, le thon… sont des poissons pélagiques.

 

 

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Types de poissons pélagiques, du plus petit au plus gros : la Sardine et le Hareng

 

   20 - maquereaux 350 x 240.jpg    21 - thon-rouge-pacifique 350 x 240.jpg
Types de poissons pélagiques, du plus petit au plus gros : le Maquereau et le Thon

 

Les poissons pélagiques ont en général le dos bleu-vert. Cette coloration les protégerait des oiseaux et prédateurs marins qui n’arrivent pas, ainsi, à les repérer.

 

Leur forme oblongue hydrodynamique leur permet de se déplacer très facilement. La plupart des poissons pélagiques sont grégaires, ce qui signifie qu’ils vivent en groupe et nagent en bancs.

 

Un banc est constitué de poissons de même taille. Il peut être formé de plusieurs espèces différentes, chaque individu ayant quasiment la même longueur.

 

Et maintenant comment les pêche-t’on ?

 

Selon la variété de poissons que les pêcheurs souhaitent pêcher, ils vont employer l’une des quatre techniques évoquées plus haut : « Chaluts », « palangres », « sennes », ou encore « casiers ».

 

1. Les « chaluts » sont d’immenses filets en forme de poche conique, quant aux chalutiers, ce sont des bateaux allant de 6 m à plus de 50 mètres qui pêchent grâce à ces « chaluts » qu’ils traînent derrière eux sur plusieurs centaines de mètres.

 

On en distingue 3 différents qui se différencient par la profondeur de pêche.

 

Le chalut pélagique (cela veut dire de pleine mer par opposition à la côte et qui demeure entre deux eaux), le chalut de fond (qu’on oblige à descendre en profondeur soit en le lestant soit à l’aide de panneaux, sortes d’ailes latérales qui l’attirent vers le fond comme pour un cerf-volant grâce à la vitesse du navire) et le chalut à perche.

 

  22 - chalut pelagique 350 x 240.jpg    23 - chalut à Perche 350 x 240.jpg
Chalut pélagique et chalut à perche

 

Le plus destructeur est le chalut de perche qui traine un système de chaînes sur le fond des mers qu’il laboure comme un champ au sens strict et qui ramasse tous les poissons qui s’y trouvent en détruisant la flore où ils se cachent et se reproduisent.

 

2. La palangre, ou la « brochette de poissons » consiste en une ligne mère, qui peut atteindre plusieurs kilomètres, sur laquelle sont fixés des hameçons. L’appât, accroché à chaque hameçon, est choisi en fonction de l’espèce recherchée.

 

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1. Palangre de fond        –            2. Palangre dérivante         –           3. Palangre mixte

 

La palangre est maintenue soit sur le fond à l’aide d’ancrages, soit à la surface par des flotteurs mais la technique la plus utilisée est la palangre de fond. Selon les mers fréquentées, des tortues ou dauphins peuvent hélas finir leur vie sur ces hameçons.

 

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Une Palangre du palangrier INTERMARCHÉ, « L’ILE DE LA RÉUNION II » (avec ses 900 hameçons !)

 

En ce qui concerne les TAAF compte tenu des grands fonds marins, bien évidemment, la technique utilisée par les palangriers est la palangre dérivante.

 

3. La senne, ou la « pochette surprise » sont des filets rectangulaires utilisés en surface pour encercler des bancs de poissons. La senne peut dépasser 1000 m de longueur et 200 m de hauteur.

 

27 - Senne.jpg
 
1. Début du filage    –    2. Encerclement du banc    –    3. Coulissage ou Boursage    –    4. Virage du filet

 

La senne est particulièrement utilisée pour capturer les poissons pélagiques (notamment le thon, le maquereau, l’anchois et la sardine). Pour pêcher le thon avec une senne, on déploie un filet autour du banc visé et quand ce dernier est encerclé, on resserre le filet dans le fond et le tour est joué.

 

Il n’y a plus qu’à récupérer le poisson avec une « salabarde », sorte d’énorme épuisette avec laquelle on va vider la senne lorsqu’elle aura été refermée pour empêcher le poisson de se sauver, car il y a souvent plusieurs tonnes de poissons dans la senne et on ne peut la remonter à bord en l’état ! 

 

Une pratique courante consiste à attirer au préalable les poissons à l’aide d’objets flottants appelés Dispositifs Concentrateurs de Poissons (DCP).

 

4. La pêche au casier : le principe est d’attirer les animaux ciblés en plaçant un appât à l’intérieur. C’est le casier qu’on utilise pour la langouste, le poulpe et la seiche entre autres animaux marins.

 

Une autre technique d’attraction consiste à faire croire à l’animal, comme le poulpe ou la langouste, que le casier est un abri.

 

Lorsque l’on veut capturer des animaux, comme la seiche, on utilise en plus l’attraction sexuelle en période de reproduction ; en plaçant dans le casier des femelles ou de jeunes mâles, on attire les mâles.

 

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Un casier et une Filière de casiers

 

La pose de casiers se fait par filières, c’est-à-dire que les casiers sont reliés les uns aux autres et lestés pour bien reposer sur le fond. Un navire caseyeur peut ainsi mettre à l’eau plusieurs centaines de casiers.

 

Petit historique spécifique de la pêche à CROZET et KERGUELEN :

 

Depuis 1947, la SAPMER, un collectif de pêcheurs réunionnais avait eu l’idée d’exploiter la zone des îles australes pour pêcher la langouste de St PAUL et la légine de CROZET et des KERGUELEN. La société s’est développée harmonieusement et a fait de beaux profits qui lui ont permis de conquérir une position enviée dans le business de la langouste et du thon, puis en 2020, en plus de leurs quatre chalutiers habilités, ils ont transformé leur chalutier moderne « L’AUSTRAL » en palangrier dans l’intention de pêcher la légine.

 

Dans les années de 1980 à 2000, la SCAMER, la filiale pêcherie du distributeur INTERMARCHÉ qui avait racheté « l’armement LUCAS » puis plusieurs autres armateurs de pêche bretons en difficulté (COMASUD, SPARFEL, NICOT) sous un même nom « PÉTREL », est devenu le premier armateur de pêche français et par une heureuse intuition elle avait décidé de déplacer une partie de leur armement de Bretagne vers les îles subantarctiques.

 

Jusqu’à il y a trois ans, l’autorisation de pécher la légine (Cf. ci-dessous) dans les ZEE des TAAF, était partagée entre la SAPMER (avec plusieurs de ses chalutiers » immatriculés à l’Île de la Réunion), et la SCAMER INTERMARCHÉ (avec ses deux navires-usines géants immatriculés à Port-aux-français aux Kerguelen, soit le chalutier-congélateur « KERGUELEN de TREMAREC » - 87 m de long ! - soit le palangrier-congélateur « ÎLE DE LA RÉUNION » qui étaient tous deux également approvisionnés en d’autres espèces que la légine par plusieurs autres chalutiers plus petits).

 

À propos de la légine, la vidéo qui suit, de près de 50 minutes vous en dira plus sur cette pêche très rémunératrice à « l’or bleu des Kerguelen » au cours de laquelle vous pourrez voir arraisonner un chalutier pirate par la marine nationale :

 

 

Ces deux entreprises étaient en situation de quasi-monopole mais les quotas de pêche européens mis en place depuis ont donné cette possibilité à d’autres armateurs français pour la plupart basés à l’Île de la Réunion.

 

Ainsi pour la période 2023-2025 les TAAF ont reçu neuf dossiers, tous retenus.

 

En plus des navires sélectionnés pour la période 2019-2022, sept autres navires ont été sélectionnés pour la période 2023-2025 dont quatre pour la « SAPMER » et ses filiales, un pour « CAP BOURBON », un pour « COMATA », un pour « PÊCHE AVENIR », et deux  candidats nouveaux venus, à savoir « L’AUSTRAL », de la SAPMER (mais complètement transformé car jusqu’en 2020 il était destiné à la pêche à la langouste aux îles de SAINT-PAUL et AMSTERDAM) et un navire présenté par la société RPA (Réunion Pêche Australe).

 

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La Légine, l’or bleu de l’antarctique

 

II. 3ème DISTRICT : l’ARCHIPEL DE CROZET

 

L’archipel de CROZET se trouve à 2860 Km au sud-est de l’Île de la Réunion, au-delà des 40ème rugissants (46° de latitude et 52° de longitude) un peu plus au nord et à l’ouest de l’Archipel des KERGUELEN.

 

 34 - Carte de l'archipel.jpg

 

Il est constitué de cinq îles dont seule l’ÎLE de la POSSESSION, la plus grande (150 Km², culminant à 934 m), est habitée, car elle comporte sur sa côte Est la « base Alfred FAURE ». Par comparaison elle est à peu prés de la même taille que l’Île d’OLÉRON.

 

  • À 15 Km à l’Est de l’ÎLE de la POSSESSION se trouve la bien nommée « ÎLE de L’EST » (130 Km², culminant à 1050 m),
  • À 110 Km à l’Ouest-Nord-Ouest de l’ÎLE de la POSSESSION se trouve « l’ÎLE aux COCHONS » (67 Km², la taille de l’ÎLE de RÉ, mais elle culmine, elle, à 853 m…).
  • À 20 Km au Nord-Est de cette dernière les deux « ÎLOTS des APÔTRES » (2 Km² culminant à 292 m), avec sa grande île, sa petite île, et 5 gros cailloux,
  • À 30 Km au Sud-Est « l’ÎLE aux PINGOUINS » (3 Km² culminant à 340 m).    

 

La vidéo de 30 minutes qui suit est issue d'une série de trois publiée sur le blog d'un heureux passager sur une rotation du MARION DUFRESNE (http://nmjjm.blogspot.com). Cette vidéo vous permettra d'apercevoir le ravitaillement des Iles CROZET... (cliquer directement sur la mention « regarder sur YouTube » et à la fin, vous pourrez visionner éventuellement la 2ème qui concerne les ÎLES KERGUELEN, et la 3ème, l'ÎLE d'AMSTERDAM et retour) : 

 

 

 

Les îles de l'archipel sont toutes d’anciens volcans tout comme l’ÎLE de la RÉUNION, SAINT PAUL, AMSTERDAM et les KERGUELEN (cf. mon article sur La Vulcanologie pour les nuls qui concerne l’ÎLE de la RÉUNION, quant à la formation de ces îles dans l'Océan Indien).

 

La pluviométrie y est très importante (pratiquement 300 jours de pluie par an et plus de 2,50m de précipitations. Sa température descend rarement en dessous de 0°C et peut atteindre 20°C l’été, mais l’archipel est en quasi-permanence balayé par des vents qui dépassent les 100 Km/h près de 100 jours par an !  

 

Les îles CROZET furent découvertes en 1772 par l’explorateur français Nicolas MARION-DUFRESNE qui fit débarquer de son navire « Le MASCARIN », son second du nom de Julien CROZET sur « l'ÎLE » à laquelle il donna le nom de « POSSESSION ».

 

Julien CROZET prit alors « possession » de l'île, d'où son nom, au nom de la France et du roi Louis XV. Ce n’est que par la suite que James COOK, sans jamais être passé par l’île, et par courtoisie la baptisa du nom de son découvreur en lui donnant le nom de CROZET tout comme il baptisa « MARION » une île du PRINCE ÉDOUARD.

 

Après 1923, la France considère l’archipel comme une dépendance de MADAGASCAR jusqu’à l’indépendance de la grande île en 1960.

 

Dès 1938, l’archipel est classé en « Réserve naturelle » pour empêcher définitivement l’exploitation de la graisse des mammifères marins par les chasseurs de phoques, otaries, éléphants de mer et orques dont ils l’avaient complètement dépeuplée.

 

Ce n’est qu’au lendemain de l’indépendance de MADAGASCAR, qu’a lieu une première mission scientifique conduite par Alfred FAURE en 1961.

 

Il va donner son nom à la base qui, mise en place dès 1963, sera occupée en permanence par un « chef de mission » et une vingtaine de scientifiques spécialistes de la météorologie, de la biologie, la géologie ou la sismographie.

 

Comme l'île est grande, et le temps mauvais en permanence, le chef de mission a fait installer trois « cabanes » d'observation temporaire pour permettre une surveillance aux quatre points cardinaux et une vision globale du territoire.

 

 35 - 1 - Cabanes CROZET.jpg

 

Les missions se sont ainsi succédées régulièrement depuis et la 60ème mission vient donc de commencer en 2022 ! Le chef de mission tient à jour régulièrement un blog intéressant et instructif qu’il est facile de consulter en cliquant sur le lien : https://ilescrozet.blogspot.com/

 

L’archipel n’a que très peu de flore que quelques mousses, lichens et graminées à basse altitude, mais il est peuplé de près de 4 millions de manchots royaux, Gorfous sauteurs, manchots papous ainsi que plusieurs milliers de plusieurs espèces d’Albatros, Pétrels, Sternes et Cormorans qui viennent nicher sur l’archipel.

 

50- CROZET Ile de l'EST 5 350 x 240.jpg   35 - 1 - ile-de-la-possession - 350 x 240.jpg

De l'île de la POSSESSION on aperçoit l'Île de l'EST, et l'abondance de l'eau douce

 

50 - CROZET Paysage 715 x 490.jpg

Et voici une vue de l'Île de la Possession avec son point culminant, le Pic du Mascarin (934 m), à l'arrière plan à gauche.

 

50 - CROZET Lac sans nom Antone DERVAUX au sud du Pic du Mascarin 350 x 240.jpg    35 - 5 CROZET Base Alfred FAURE 350 x 240.jpg

Le « Lac Perdu », juste au sud au pied du « Pic du Mascarin » (Photo Antoine DERVAUX) et la Base Alfred FAURE.


35 - 2 - Crozet - 4 millions de Manchots 350 x 240.jpg    50 - CROZET  Baie du Marin Manchots Royaux 350 x 240.jpg
Il y a foule sur la plage de la baie des Marins !


50 - CROZET 4 millions de Manchots 710 x 490.jpg

Et un aperçu de la concentration de milliers de Manchots Royaux (et leurs poussins avec leur duvet marron) 

 

 

III. 4ème DISTRICT : ARCHIPEL DE KERGUELEN

 

 

Les îles KERGUELEN surnommées autrefois « Iles de la Désolation », c’est tout dire..., sont un archipel de plus de 300 îles subantarctiques dont à elle seule, l’île principale « La Grande Terre », représente 90% de la surface.

 

Elles sont situées un peu plus au Sud que l'archipel des îles CROZET, à 49° de latitude et 70° de longitude.

 

 

37 - carte Corse à l'échelle 2.jpg
Carte du relief des Kerguelen avec, pour comparaison,

le profil de la Corse à la même échelle, pour avoir une idée de sa surface…

 

 

Ces terres furent découvertes le 12 février 1772 par le navigateur breton Yves-Joseph de KERGUELEN de TRÉMAREC qui les avait nommées « FRANCE AUSTRALE ».

 

Elles furent ensuite régulièrement signalées par les différents explorateurs naviguant dans la région, et notamment DUMONT d'URVILLE et James COOK.

 

 

Mais je vais vous raconter dans quelles conditions rocambolesques, qui ont défrayées les chroniques de l'époque, cet Yves-Joseph de KERGUELEN de TREMAREC, officier de la marine Royale de son état, s'était intéressé de prés à ce qui a été l'une des grandes préoccupations des milieux scientifiques et littéraires de son temps : l'existence d'un « continent austral » qu'on situait dans le Pacifique sud.

 

De KERGUELEN n'eut aucun mal à convaincre le secrétaire d'état à la Marine de Louis XV, l'habile et talentueux César CHOISEUL, duc de PLESSIS-PRASLIN (qui venait de racheter le château de Vaux-le-Vicomte), et qui, lui-même, avait rêvé d'organiser le 1er tour du monde à la voile qu'il avait confié au comte Louis-Antoine de BOUGAINVILLE en 1766 en lui confiant « LA BOUDEUSE », un navire de guerre.

 

 

51 - vaux-le-vicomte 350 x 240.jpg   Brioche à la praline Saint_Genix 350 x 240.jpg
Le Château de Vaux-le Vicomte et une brioche de Saint Genix à la praline...

Aparté...: À l’origine, la friandise « Praline » a quelque chose à voir avec le duc de PRASLIN... elle fût inventée au 17e siècle à Montargis par Clément JALUZOT, le maître d’hôtel du Comte de PLESSIS-PRASLIN qui cuisina un jour des amandes enrobées de sucre caramélisé de couleur caramel. Cette recette a traversé le temps et est devenue celle de la maison Mazet qui fabrique encore aujourd'hui les pralines à Montargis.

  

PRASLIN confia à de KERGUELEN le commandement du vaisseau du Roi « le BERRYER », basé à Lorient, pour partir à la recherche de l’hypothétique et mythique « terre de GONNEVILLE », que le capitaine de GONNEVILLE aurait découverte en 1503, et qui fut l'objet de nombreuses expéditions antérieures.

 

Le roi Louis XV lui confie la mission de tenter « l’une des plus importantes découvertes qu’il reste à faire ». Le mémoire du roi précise que : le sieur de KERGUELEN est instruit qu’il y a toute apparence qu’il existe un très-grand-continent dans le sud des îles de SAINT-PAUL et AMSTERDAM et qu’il doit occuper une partie du globe depuis les 40 et 45èmes de latitude sud jusqu’aux environs du pôle, dans un espace immense où l’on n’a point encore pénétré. (cf. bibliographie!)

 

Et voilà, de la main même de KERGUELEN ce qu’il en dit : « J'embarquais 14 mois de vivres pour 300 hommes d'équipage. […] Le premier jour de mai (1771), je mis à la voile. Je coupai la ligne (il voulait parler de l’équinoxe, moment de l’année où la durée du jour égale celle de la nuit) le 10 juin par 22° de longitude occidentale du méridien de Paris dont je me servirai toujours […] J'arrivai à l'Isle de France (qui est à l'époque l'île Maurice et non la Réunion) le 20 août 1771 ».

 

Il y est bien accueilli par le gouverneur de l’Isle de France et y rencontre également les deux navigateurs MARION-DUFRESNE, et le jeune LAPÉROUSE. Là, il remplace son gros vaisseau contre une flûte (navire de transport), « La FORTUNE » et une gabarre « LE GROS VENTRE », deux navires plus légers, mieux adaptés à l'objet de sa mission et les deux navires lèvent l’ancre en février 1772.

 

 

Flûtes Neerlandaises 350 x 240.jpg   Gabarre le Gros Ventre 350 x 240.jpg
Voici des flûtes Néerlandaises à l'action dans la chasse à la baleine et la gabarre « LE GROS VENTRE ». 

 

Dans le sud de l'océan Indien, il aperçoit une terre où il croit voir le continent austral, et lui donne le nom de « FRANCE AUSTRALE ». Il s'agit en fait de l'archipel actuel des KERGUELEN ; le gros temps empêche tout débarquement mais le commandant du « Gros Ventre », arrive à débarquer sur la plage de la Possession pour effectuer la prise de possession du territoire au nom du roi de France.

 

La tempête sépare les navires, et sans se soucier de ce qu'il est advenu de son 2nd navire, de KERGUELEN poursuit sa route seul, abandonnant délibérément LE GROS VENTRE, et rentre à Brest en juillet 1772, tandis que le second navire l'attend et le recherche vainement ; alors, il poursuit les escales prévues pour sa mission en suivant l'ordre annoncé au départ de l’expédition, dans des conditions effroyables, vers les côtes australiennes et Timor d'abord, avant de regagner l’île de France, en septembre.

 

 

50 - timbre de la découverte 350 x 240.jpg
Le Commandant Charles Du BOISGUENNEUC plantant le drapeau à fleurs de lys,

le bateau au loin baptisé « Gros-Ventre » et son canot. 

 

 

LAPÉROUSE rapporta que de KERGUELEN « fut reçu en France comme un nouveau Christophe Colomb ».

 

À Versailles, de KERGUELEN fait au roi une description tellement idyllique des ressources des terres qu'il avait découvertes, qu’il le convainc de lui confier une seconde expédition...

 

Mais voici le rapport de mission qu’il en fit – je ne peux m’empêcher de vous le transcrire, sachant que de KERGUELEN n’avait même pas mis les pieds sur l’île :

 

« Si l’on considère la latitude des terre reconnues, on ne peut s’empêcher de leur attribuer la plus douce et la plus heureuse température, ainsi que la plus grande fertilité. Tout ce que les yeux ont pu reconnaître est entrecoupé de bois et de verdure, ce qui semble annoncer un pays peuplé et cultivé avec réflexion.

 

Ces terres que j’ai eu le temps de découvrir permettent de former la masse centrale du continent antarctique. La latitude permet toutes les productions végétales de la métropole. LA FRANCE AUSTRALE procurera des bois de construction et des mâtures, des goudrons, des chanvres ; ce sera très facile d’y établir des scellements.

 

Il n’est pas douteux qu’on trouvera des mines de toutes espèces, au moins du cuivre, du fer et du plomb. On peut trouver dans les latitudes froides des diamants, des rubis, des saphirs, des émeraudes. »

 

Le roi, content de ses services, le nomme capitaine de vaisseau et lui remet la croix de Saint-Louis. Il ne sait pas encore que « LE GROS VENTRE », a réapparu entre-temps et que ses survivants rapportent des témoignages qui vont carrément à l'encontre de celui de KERGUELEN !

 

À son retour à Brest, à la fin de sa deuxième mission, les choses vont donc se passer très mal.

 

Tout d'abord Louis XV est mort, et les soutiens de KERGUELEN au ministère de la Marine ont changé.

 

De KERGUELEN est traduit en Conseil de Guerre sous plusieurs chefs d’accusation avérés dont celui d'avoir fait embarquer sa jeune maîtresse de 14 ans déguisée en valet de chambre et d'autres passagères avec lesquelles il a vécu « de la manière la plus indécente, la plus scandaleuse [...] cette conduite ayant atténué le respect et la considération dus à son état.[...] cause des désordres qui ont régné dans son vaisseau » ainsi que celui d'abandon de poste et de n'avoir pas porté secours à son 2nd navire durant l’interruption de son 1er voyage et enfin, celui impardonnable de la description avantageuse mais plus que mensongère qu'il avait faite au roi, de terres totalement inhabitables et inhospitalières !

 

Et de KERGUELEN fut condamné à six ans de forteresse au château de Saumur et à la radiation de l'état des officiers du roi !

 

Cela dit, de nos jours, les îles KERGUELEN donnent à elles seules à la France une ZEE (Zone Économique Exclusive) de 563 869 Km²… Avec une surface de 7215 Km² qui équivaut pratiquement celle de la Corse (8680 Km²) mais elle est plus étendue du fait d’une côte très découpée (150 Km d’Ouest en Est et 140 Km du Nord au Sud !

 

C’est, en ce sens, le territoire le plus important des TAAF, et c’est la troisième plus grande île française (après la Nouvelle-Calédonie et la Corse). C'est également la plus grande de toutes les îles subantarctiques (devant la Malouine orientale).

 

 

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Carte du relief de l'Archipel.

 

Ces terres que de KERGUELEN avait nommées « FRANCE AUSTRALE » furent ensuite régulièrement signalées par les différents explorateurs naviguant dans la région, et notamment DUMONT d'URVILLE et James COOK.

 

Puis, à la fin du XIXème siècle, des hommes en quête d’aventure ont tenté de s’installer dans l’archipel en y acclimatant plusieurs races de moutons, des mouflons et même des rennes (les Canadiens les nomment « caribous »). Mais, je leur ai consacré tout un paragraphe spécifique (cf. plus avant).

 

En effet, à la fin du XIXème siècle, des industriels du Havre ayant fait leurs armes en Amérique du sud, sont venus exploiter la graisse de phoque et de baleine dans la baie des baleiniers à Port Couvreux.

 

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Les restes de  l'exploitation de la graisse de phoques et de baleines à Port Couvreux et Port Jeanne d'Arc, 

 

 

38 - Carte Administrative.JPG
 
Carte géographique « administrative » des KERGUELEN.

 

 

La ZEE des KERGUELEN est également, comme CROZET, l’une des zones de pêche de la légine, dite « l’or bleu des quarantièmes rugissants ».

 

Ces îles de KERGUELEN au relief montagneux - d’origine volcanique, tout comme toutes les autres îles des TAAF (cf. mon article quant à la Vulcanologie pour les nuls) - culminent à 1850 m, au mont Ross, situé au Sud de l’archipel.

 

Les côtes, très découpées, sont entaillées de fjords profonds. L’intérieur des terres est parsemé de nombreux lacs et étangs. La région occidentale est surmontée par une calotte glaciaire baptisée « Cook » qui s’étend sur 400 km2 et son point culminant est à 1049 m, au Pic du Dôme.

 

38 - 16 - Vue d'ensemble Kerguelen 350 x 240.jpg   38 - 16 - Vue des Kerguelen 350 x 240.jpg
Vue aérienne d'ensemble des KERGUELEN

 

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Le point culminant des KERGUELEN, au Sud de la grande Île, le Grand Mont Ross (1850 m)

et plus à l'Ouest le Petit Mont Ross (1721 m).

 

38 - 6 - Glacier COOK Kerguelen 350 x 240.jpg    38 - 7 - Glacier Ampère vu de la mortadelle.jpg
Le Glacier Cook à l'Ouest de la grande Île culmine au Pic du Dôme (1049 m) et le glacier Ampère au Sud-Est du premier. 

 

Il y règne un climat froid mais non glacial (les températures moyennes d’été sont inférieures à 10 °C, celles d’hiver sont supérieures à 0 °C), mais extrêmement venteux ce qui donne un « ressenti » bien inférieur.

 

Depuis 1950, la France assure le fonctionnement continu de la station de Port-aux-Français, base logistique, technique et scientifique où se relayent régulièrement quarante-cinq à cent personnes et la base est relayée par sept autres implantations de chalet soit temporaires soit permanentes dans les anses auxquelles on a donné le nom pompeux de « Port de ... », les plus abordables et intéressantes pour la recherche (cf. ci-dessus la carte administrative donnant leur position).

 

35 - 5 CROZET Base Alfred FAURE.jpg

La Base permanente de Port-aux-Français

 

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La baie de l'Observatoire dans le fond du Golfe du Morbihan à l'Est de Port-aux-Français

 

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L'Arche de la Pointe du Portail à l'extrémité Nord de l'archipel...

 

 

Un phénomène géologique remarquable a été aperçu et signalé très officiellement par Yves de KERGUELEN dans son livre de bord au cours de son 2nd voyage dans l'archipel en février 1773, lors de la seconde prise de possession des îles pour le compte de la France au nom du roi Louis XV (Il ne savait pas qu'une 1ère avait été faite par le commandant de la gabarre « LE GROS VENTRE » en juillet 1772 !) 

 

C'est une arche très régulière. Il donne alors à son emplacement le nom de « Pointe du Portail », qui figurera sur sa carte de 1774, dite de « la Dauphine », avant que James Cook aborde le site en 1776 et le nomme « Arched-Rock », figurant ainsi sur sa carte de 1785 dite de « carte de Cook ».

 

L'Arche a été dessinée en 1847 par James Clark ROSS, un navigateur explorateur et naturaliste de la Royal Navy britannique qui avait organisé une exploration privée de l'antarctique avec deux navires à voile, le « HMS EREBUS » et le « HMS TERROR », les deux derniers grands voiliers qui aient navigué dans l'antarctique.

 

Située sur le littoral de la pointe sud de la baie de l'Oiseau abritant la station « Port-Christmas » au Nord de la péninsule de LORANCHET sur la Grande Terre, cette structure naturelle composée de deux piliers rectilignes est parmi les plus connues du district, mais elle était autrefois réellement une Arche... dont la table s'est effondrée.

 

D'un point de vue géologique, il s'agit d'un « neck » en basalte, composé de deux imposants piliers, hauts de 103 m et espacés d'environ 80 m. Bien que sa table se soit effondrée entre 1908 et 1913, l'arche a tout de même conservé son nom d'origine en raison de sa renommée et de ses représentations picturales par James ROSS en 1847.

 

 

 

38 - 11 - le Roc de l'Arche acroqué en 1847 par James COOK 350 x 240.jpg    38 - 12 - Arche de la baie de Noël par James ROSS en 1847.jpg

L'arche dessinée par l'explorateur James Clark ROSS telle qu'il l'apercevait en 1847.

 

Et nous en avons trouvé une très, très vieille photo datant de 1893 où on l'aperçoit bien l'Arche toute entière avant l'effondrement de sa table !

 

38 - 14 Arche_des_Kerguelen en 1893 350 x 240.jpg

L'Arche de la Pointe du Portail datant de 1893 !

 

En 2022, c'est donc la 72e mission annuelle qui est en cours sur l’archipel (correspondant à 72 ans de présence continue depuis l'installation de la base de Port-au Français en 1950).

 

Une petite vidéo de 16 minutes pour s’imager les KERGUELEN…

 

 

Et une autre de 15 minutes pour visiter la station de Port-aux-Français :

 

 

L’historique des moutons de KERGUELEN

 

Une des multiples îles de l’archipel des KERGUELEN, l’île Longue (située au Sud-Est de l’archipel juste au Nord de la presqu’île Jeanne d’Arc là où se trouve le mouillage de « Port Bizet », a été réservée à l’élevage de moutons.

 

Là, vivent en effet en totale liberté, à peu près 3500 ovins, tous de la race Bizet (race de moutons rustique du massif Central que l’on a décidé dans les années 1960 de conserver sur les 3 races de moutons qui y avaient été introduites au début du XIXème siècle, et qui ont donné son nom de « Port Bizet » au mouillage de cette île).

 

Ils représentent 10% du nombre total d’individus de cette race. L’herbe est grasse et le rude climat hivernal ne semble pas trop les affecter.

 

En 1912, en effet, les frères BOSSIERE ont voulu développer un élevage extensif du mouton à KERGUELEN.

 

Cette idée d'essayer de dupliquer les élevages réalisés dans le sud de l'Argentine paraissait plutôt bonne... mais c'était sans compter sur des conditions météorologiques et des conditions d'isolement bien plus difficiles qu'en Amérique du Sud.

 

En effet, il n'y avait qu'un seul prédateur sur ces terres perdues, l’homme, qui venait et continue de venir, de temps en temps, prélever quelques têtes pour améliorer son quotidien et qui exploite leur toison laineuse abondante.

 

À propos des moutons des KERGUELEN, une petite vidéo de 6 minutes vous en dira plus sur ce qui s'y passe de nos jours :

 

 

 

Et une petite vidéo de 2 minutes vous donne un bref historique de l'installation de la famille BOSSIÉRE à Port Couvreux, une anse située dans le Nord de l'archipel, alors qu'aujourd'hui la seule île LONGUE est consacrée aux moutons, au Sud-Ouest de Port-aux-Français, où vivent plusieurs troupeaux semi-sauvages, prudemment cantonnés dans un enclos fermé de 22 km de pourtour.  

 

 

 

Henry et René-Émile BOSSIÈRE étaient deux frères aventuriers français, fils d'un armateur du Havre, qui devinrent « hommes d'affaires » aux KERGUELEN. Ils avaient en effet commencé à travailler en Patagonie dans une usine familiale d'huile de phoque.

 

S'intéressant à l'élevage des moutons, ils décident de tenter d'en implanter aux îles KERGUELEN dont la France a pris possession en 1893 et ils obtiennent du gouvernement français, dès cette prise de possession, un droit d'exploitation des ressources marines et terrestres de l'archipel pour une durée de cinquante ans !

 

René sera même nommé en 1895 résident de France aux KERGUELEN. Les frères voyagent alors, sur une goélette qu'ils ont achetée, en Argentine où ils font l'acquisition de moutons mais, pratiquement ruinés, doivent rentrer au Havre en 1901.

 

Sur les conseils de Jean-Baptiste CHARCOT, et devenus chasseurs de baleines et de phoques, ils s'adjoignent Raymond RALLIER du BATY qui avait des projets identiques aux leurs.

 

Les frères BOSSIÈRE signent alors avec une société norvégienne une convention pour installer aux KERGUELEN une station baleinière, y établir un élevage et y exploiter le charbon.

 

Henry BOSSIÈRE débarque dans l'archipel en novembre 1908 et, avec RALLIER du BATY, se lance dans de grandes chasses aux animaux marins et dans l'exploration des îles.

 

Henry repart en avril 1909 pour l'Afrique du Sud, laissant aux norvégiens l'exploitation de la station et son développement.

 

En mai 1911, les frères BOSSIÈRE fondent la « Société des îles KERGUELEN » et, au fond du golfe des Baleiniers, ils installent la station de Port-Couvreux. Rapidement, ils développent également leurs activités aux îles SAINT-PAUL et AMSTERDAM.

 

En 1913, René importe un millier de moutons des Falkland, mais une grande part meurt durant le transport.

 

40 - Kerguelen ile_longue_mouton.jpg   42 - Kerguelen moutons le l'ile longue.JPG
Les moutons de l'enclos de 22 Km de l'l'Île Longue

   

 

Dans l'archipel, seuls prospèrent les lapins, les chats les souris et les rats et la chasse à la baleine s'avère peu fructueuse si bien que la « Société des îles KERGUELEN » cesse ses activités et tous les employés sont rapatriés en France.

 

René BOSSIÈRE ne se décourage pas pour autant et, en 1922, il débarque de nouveau aux KERGUELEN avec des bergers et un nouveau cheptel qu'il a acheté au Cap. La station est reprise par une nouvelle société anglo-norvégienne et il pratique la chasse sur un navire-usine jusqu'en 1931, mais les frères font de nouveau faillite, et, ruinés, ils meurent tous deux la même année , en 1941.

 

39 - Kerguelen belier.jpg    41 - Kerguelen moutona.jpg

Aujourd'hui on s'occupe des moutons devenus à moitié sauvage dans l'enclos de la seule île Longue où ils sont regroupés.

 

Si leur entreprise commerciale est un échec, les frères BOSSIÈRE ont permis néanmoins à la France d'affermir son emprise sur les KERGUELEN, c'est incontestable !…

 


 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

Budget des TAAF : Pour financer ses besoins, La collectivité dispose d’un budget d’environ 26 millions d’euros provenant :

  • De ressources propres (droits de pêche à hauteur de 5,5 M€, philatélie, impôts, tourisme, taxes de mouillage…) représentant 78,8 % des recettes ;
  • D’une subvention d’équilibre du ministère des Outre-mer ;
  • D’un appui financier du ministère de l’Écologie au titre de la réserve naturelle nationale.

Les dépenses sont constituées à 70 % de frais de logistique et quand vous découvrirez le matériel nécessaire, vous ne serez pas étonné d’un tel pourcentage (cf. mon article sur la FLOTTE DE LA ROYALE AUX TAFF !) et 12 % de dépenses de personnel.

 

À propos de ZEE (Zone Économique Exclusive) voici celle de la France incluant la Métropole, les départements d’Outre-mer et les collectivités d’outre-mer :

 

 

 

ZEE

Superficie de la ZEE (km2)

France métropolitaine

371 096

Guyane

131 506

GuadeloupeMartinique

141 446

La Réunion

317 356

Polynésie française

4 793 620

Saint-Pierre-et-Miquelon

12 387

Mayotte

69 238

Wallis-et-Futuna

262 465

St-MartinSt-Barthélemy

5 202

Nouvelle-Calédonie

1 364 591

Île de Clipperton

436 431

Îles Crozet

572 919

Îles Kerguelen

565 723

Saint-Paul-et-Amsterdam

510 699

Îles Éparses (sans l'Île Tromelin)

359 450

Île Tromelin

275 403

Total

10 186 526

 

 

À écouter : l’émission de Daniel FIÉVET nous emmène en voyage dans Le Temps d'un bivouac... Deux émissions par jour pendant la semaine, de 16h à 18h, consacrées aux explorateurs, aux découvertes ici et ailleurs, aux bruissements du monde... Un très beau rendez-vous radiophonique, à podcaster sur iTunes ici ou via RSS là. Au micro de Daniel FIÉVET sur les ondes de France Inter, Stéphane DUGAST revient sur leur histoire…

 

À lire :  Pour en savoir plus sur les missions de L'Astrolabe aujourd'hui.

 

À lire :   L'Astrolabe : Le passeur de l'Antarctique de Stéphane DUGAST et Daphné BUIRON (2017, éditions du Chêne).

 

À lire :   Faire le tour de la planète sans quitter la France, c'est possible ! Notamment grâce à ces fameuses terres australes...

 

À voir : Le site du gouvernement Australien sur l’Antarctique https://www.antarctica.gov.au/

 

 

3 - 2 - Brise-glace australien Nuyina.jpg
Le Patrouilleur Australien 
« Nuyina » ou plutôt « Noy-Yee-Nah » signifie « lumières du sud »

(en « palawa kani », la langue des aborigènes de Tasmanie).

 

À voir : Les différents sites suivant :

 

https://www.lelivrescolaire.fr/page/204471

 



 

Le Marion Dufresne sur Wikipédia :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Marion_Dufresne_(1995)

 

Respect des quotas de pêche de légines l’Or bleu des Kerguelen :

 

 

Site IFREMER : https://peche.ifremer.fr/Le-monde-de-la-peche/

 

 


 



25/08/2022
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