CHASSE AUX GRIVES TRADITIONNELLE AU GLUAU
Comment illustrer un article qui traite de la chasse ?
Nous allons faire plaisir au président des « Séniors dans le Vent »
En proposant un morceau de trompes (Cf. la Bibliographie…)
Instrument dont il est virtuose !
Vous pouvez le démarrer ou l’arrêter en cliquant sur :
Avant d’attaquer le sujet, commencez par visionner cette petite vidéo de 8 minutes avec un naturaliste Suisse à l’œil pétillant Julien PERROT, et vous serez prêts et en conditions pour lire le reste de l’article !
Le Comtat Venaissin, cette terre Papale recèle encore des trésors ignorés !
A propos d’organologie, par le passé, les « Séniors dans le Vent » ont fait la visite de plusieurs ateliers dont celui de Pascal QUOIRIN, un facteur d’orgue de talent, d'Alain ROUDIER, un concertiste collectionneur-restaurateur de pianos anciens, puis les ateliers de Philippe BOLTON et de Christopher SCHUETZ, deux luthiers étonnants...
En ce 3ème jeudi d’octobre 2024 ils sont allés éprouver un autre genre d’instruments de musique puisque Alain VAÏSSE, l’un d’entre eux, nous avait proposé la découverte de l’atelier de « Hélen BAUD », qui fabrique une multitude d’instruments et dont quelques-uns servent à la « chasse aux grives » en Vaucluse.
« Hélen », c’est tout simplement le genre masculin du prénom « Hélène », mais c’est aussi celui du chef d’une entreprise atypique de CARPENTRAS, qui est le leader Européen des « appeaux » et la seule fabrique « d'appeaux » française.
Nous allons donc la visiter ensemble.
Puis ensuite nous irons voir, sur le terrain, à quoi servent exactement ces « appeaux ».
En effet, le Vaucluse, malgré des directives Européennes drastiques tendant à limiter, voire interdire, la chasse, cette tradition ancestrale qui remonte au temps où l’homme du Néandertalien ne vivait que de ça poursuit sa tradition de chasse.
Il faut savoir que la France compte près d'un million de chasseurs et le poids économique de ce secteur est estimé à 2,2 milliards d'euros. Les politiques, prompts à dégainer ne s’y trompent pas, eux, puisqu’est apparu dans les années 1980 le « Mouvement de la Ruralité » (LMR), appelé « Chasse, Pêche, Nature et Traditions » (CPNT) jusqu'en 2019.
Son objectif est de défendre un certain nombre de valeurs traditionnelles de la France rurale, notamment la chasse, ainsi que la préservation des milieux naturels, et CPNT est arrivé à obtenir un score d’un peu plus de 5% des voix dans les derniers suffrages nationaux !
Au-delà des chiffres, le monde de la chasse est un monde passionnel et multiple, souvent difficile à appréhender.
Le Vaucluse, malgré tout, grâce au lobby de ses adeptes passionnés, est l’un des cinq départements où la « chasse aux grives » est encore autorisée… Bien que la commercialisation du gibier soit devenue interdite.
Euh…, disons, tolérée, en France (sur le territoire des départements 05, 06, 13 et 83), du début septembre à la fin février, période pendant laquelle les grives font leur migration « dans le sud » en provenance de l’Europe du Nord et de l’Europe Centrale…
La Diva de l’espèce, appelée « grive musicienne » !
Avec le réchauffement climatique, un grand nombre d’entre elles d’ailleurs, vont séjourner en Provence, voire en Espagne et au Portugal pendant l’hiver sans plus avoir besoin de traverser la méditerranée où elles migraient autrefois pour passer l’hiver au chaud dans le nord du Liban ou les pays du Maghreb après une petite halte au Pays-Basque ou en Corse.
Elles sont ainsi près de 800 millions à se déplacer dans le monde chaque année dont plus de 40 millions d’européennes passent par la France.
Alors, les quelques milliers qui y perdent la vie par la chasse représentent bien peu et l’espèce n’est pas près de disparaître pour autant comme certaines autres.
Et paradoxalement, le Parlement Européen a également imposé l’usage du silencieux sur les carabines, par mesure de confort sonore du voisinage sans penser que ça permettait ainsi des hécatombes puisque les coups de fusil n’effraient plus les oiseaux !
Cela dit, la grive fait partie de la famille des « Passereaux Turdidés », tout comme le Merle.
Saviez-vous que l’on a la chance d’avoir cinq types des grives les plus appréciées qui passent dans notre ciel Provençal sur les près de 80 de l’espèce !
Il y a respectivement :
1) La « GRIVE LITORNE », la plus courante, la plus sociale, mais hélas pour elle… la plus succulente aussi en pâté ou en barbe-Q.
Ça ne vous étonnera guère qu’elle soit succulente avec des goûts de noisette, de raisin ou de laurier car savez-vous de quoi elle se nourrit ?
Alimentation de la Grive en fonction des saisons
2) La GRIVE MUSICIENNE, ou Turdus Philomelos de son nom savant, de petit gabarit, mais très commune et tellement agréable à entendre chanter dans les jardins.
Sa liberté est dans le contenu : elle imite les espèces qui l’entourent et change de motif à volonté. Alors dur, dur, d’imiter son chant !
La Grive Musicienne
La grive musicienne hérite de la structure de son chant.
Pour l'écouter ou l'arrêter, cliquez sur :
3) La GRIVE MAUVIS, difficile à apercevoir car elle a l’instinct de migrer pendant la nuit pour passer inaperçue ! Elle se distingue des autres grives par son sourcil marqué de duvet blanc et sa couleur plus foncée que les autres.
La Grive Mauvis
4) La GRIVE DRAINE, la plus farouche, mais la plus grande taille de toute l’espèce avec une longue queue.
De plus, son chant est lui aussi des plus harmonieux :
Pour l'écouter ou l'arrêter, cliquez sur :
La Grive Draine (photo René DUMOULIN)
5) Et le MERLE NOIR, qui fait bien partie des « Passereaux Turdidés » et c’est bien pour ça qu’un vieil adage prétend que « faute de grive on mange du merle » !
Le Merle Noir
Quant à lui, le merle noir chante différemment selon la saison... Voici 3 chants caractérisitiques du Merle noir, en hiver, au printemps et en amoureux (successivement et par facilité, nous les avons mis sur une seule bande, mais il répète chacun des trois thèmes 4 fois) !
Pour les écouter ou les arrêter, cliquez sur :
Et nous avons eu la chance d’être accompagnés dans notre découverte de la « chasse aux grives » par Olivier POURPOUR, un passionné de ce type d’oiseaux qui tient absolument à faire perdurer cette tradition provençale que pratiquaient son grand-père et son père avant lui et cela depuis plusieurs générations, comme des milliers d’autres ruraux.
Il est l’un des membres éminent de… l’ANDCTGG dont le siège national est à JONQUIÈRE et, cerise sur le gâteau, l’un des professeurs responsables de l’ÉCOLE DE CHILET à Sarrians !
L’ANDCTGG… Vous ne savez pas ce que c’est ? C’est « l’Association Nationale de la Défense de la Chasse Traditionnelle de la Grive à la Glu » !
Et une ÉCOLE de CHILET, c’est tout simplement une école de musique où l’on apprend à jouer du « CHILET », autrement dit de faire fonctionner un APPEAU (Chilet, c’est le nom Provençal d'un appeau) considéré comme un instrument de musique à part entière dont il est fait mention dans l’inventaire des instruments de l’ORGANOLOGIE !
Et il existe non seulement des partitions de CHILET, mais aussi une douzaine d’ÉCOLES de CHILET, rien qu’en Provence !
La boite à CHILETS de notre guide Olivier !
Et même que..., si, si, je me suis permis de prendre la photo de l’une des partitions dont s’est servi Olivier, notre guide, pour sa démonstration :
Pour les âmes sensibles, Olivier nous a d’ailleurs quelque peu éclairé sur ce que ces écolos bien-pensants, qui ne voient pas beaucoup plus loin que la portée de leurs lunettes, voudraient faire interdire… tout simplement, la chasse pour de bon, alors même qu'elle participe à la conservation des espèces. Je développe... !
Olivier nous a motivé ses propos par l’exemple de la Vènerie, illustrée par la « chasse à courre » qui date de l’antiquité et dont l’apogée fût atteinte sous le règne du Roi de France François 1er lui-même !
Voici les faits :
Quand on observe un équipage de chasse à courre mené aux sons de la trompe de chasse par une douzaine de cavaliers, souvent des aristocrates en redingote ou autres grands de ce monde fortuné, aidés en cela par leur domesticité de veneurs à pied et une meute d’une centaine de chiens qui vont « courir » un pauvre grand cerf, un vieux mâle, toute une journée jusqu’à ce qu’il s’écroule épuisé, fourbu, en criant l’halalli, d’autres crient au scandale !
Eh bien pas du tout ! Ils participent bel et bien à la sauvegarde de l’espèce tout en maintenant cette tradition séculaire qui semble être d’un autre âge aux yeux de la plupart de nos concitoyens !
Ce faisant ils permettent en effet aux jeunes mâles de convoler et assurer la postérité de l’espèce car le vieux mâle qu’ils pourchassent l’en empêcherait en s’accaparant pour lui seul toutes les femelles qu’il ne pourrait pas féconder pour autant !
Allez, vaï, la nature est bien faite, et il faut admettre que l’on puisse vieillir et disparître !
Sachez qu'en France, en 2024, on a dénombré 390 équipages de chasse à courre, dont la moitiè chassent à cheval (en général on compte de 12 à 30 cavaliers par équipage), et seulement 30 équipages sont spécialisés dans la chasse à courre le cerf, vieux mâle... Et une action de chasse à courre dans la forêt de Rambouillet ou celle de Compiègne ne revient que... 5000 € par an, guère plus qu'une adhésion au PSG comprenant 2 matches par mois...
Bon, passons aux choses sérieuses.
De la « Trompe de chasse » au « Cor d’harmonie » … trois petites vidéos très courtes pour rendre hommage à Marc ROGIER, le président des « Séniors dans le vent » qui est lui-même un virtuose de cet intrument, vous feront découvrir ces curieux instruments mythiques !
Une première de 2 minutes quant à la « Trompe de Chasse » qui est « sonnée » :
Une seconde de 4 minutes pour découvrir le « Cor d’Harmonie » :
Une troisième de 4 minutes pour apprécier Manon SOUCHARD, Corniste virtuose de l’Orchestre de Lyon qui « joue du cor d'harmonie » :
Mais reprenons maintenant la visite de la fabrique d'Hélen…
L’histoire des appeaux démarre en 1868 à CARPENTRAS date à laquelle une petite entreprise fût créée par un certain Théodore RAYMOND qui a commencé à fabriquer des appeaux avec des matériaux récupérés dans la nature (Noyaux d’abricots et de cerises, coquilles d’escargots, roseaux, etc…).
La petite entreprise grandissant au fil des années, deux salariés furent embauchés.
En 1924, après quelques différents, ces deux employés quittèrent l’entreprise RAYMOND pour se lancer dans l’aventure, chacun de son côté.
Le premier créa les ETS COUTIERS qui ne sont restés en activité qu’une dizaine d’années et le second créa les ETS FOULQUIERE qui, après 32 ans d’existence, cessèrent leur activité et furent rachetés par Jeannot BAUD en 1956…, le père de l’actuel entrepreneur.
Jeannot mena à bien son entreprise pendant 38 ans.
L’entreprise actuelle n’est pas organisée pour vendre les appeaux au grand public et elle ne s’adresse donc qu’à un réseau de magasins spécialisés en « chasse & pèche ».
Le fils Hélen BAUD qui a repris le flambeau en 1994 et qui est « né au son des appeaux » comme il s'est plu à le dire, comprend vite qu’il doit diversifier sa clientèle et il crée ainsi trois marques de distribution qui s’adressent chacune à un réseau bien distinct de revendeurs « chasse & pêche » selon leur taille et leur niche.
D’ailleurs, sur le même quai que celui de la manufacture, nous avons pu apercevoir avec étonnement un véritable supermarché, remarquablement spécialisé « chasse & pêche » qui présente une gamme de plus de 20000 références !
S’il vous faut un jour trouver une canne à pêche, une mouche pour la truite saumonée, tout comme pour l’esturgeon de Gironde, un hameçon monté de 4 comme de 12, ou même une carabine à silencieux ou à lunette quel qu’en soit son calibre, n’hésitez pas, vous les trouverez à CARPENTRAS, derrière le MIN, au 1608, avenue des marchés !
En 2000, la marque « LES APPEAUX Hélen BAUD » voit ainsi le jour, pour tous les appeaux.
Suivie en 2010, de la marque « APO CONCEPT France », pour les appeaux en bois.
Et en 2011, de la marque « HB CALLS - L’ACRYLIK », pour les appeaux en acrylique.
Cette dernière, forte de toute une gamme de produits « made in USA » vient compléter sa propre production de près de 600 références avec des appeaux fabriqués en matière acrylique qui présentent l’avantage d’être indéréglables.
Appeaux américains en acrylique
En effet les appeaux traditionnels qu’ils soient fait en bois comme des flûtes à bec, ou en métal avec des hampes, nécessitent d’être « accordés » comme tout autre instrument de musique.
Un ouvrier en train d’accorder les appeaux
En 2015, la MANUFACTURE Hélen BAUD rachète la société RAYMOND qui existait toujours et la manufacture détient désormais le monopole de la fabrication d’appeaux en France, et le leadership en Europe !
Ce qui n’empêche pas de nombreux amateurs de s’amuser à stimuler les oiseaux qui les entourent comme François MOREL à BEAUMONT-en-DIOIS qui, en 3 minutes chrono vous donne l'envie de siffler comme un merle :
Lors de notre visite, nous avons compté sept salariés dans l’entreprise, chacun à sa tâche, car il faut approvisionner le stock, assembler en permanence les références qui s’épuisent en petites séries d’une centaine, tout en assurant les préparations de commande et les expéditions.
Tous les appeaux en bois sont, eux, façonnés dans le Jura, comme il se doit, dans des ateliers indépendants.
Appeaux en bois à hampe double ou triple pour donner un effet de roulement
A Carpentras on termine le travail en posant les hampes et en les accordant.
De même, l’atelier fabrique de toutes pièces tous les appeaux en métal par emboutissage d’arcap.
L’arcap est un alliage de cuivre, nickel et zinc qui présente à peu près les mêmes propriétés que le laiton mais de couleur argentée.
Il est totalement amagnétique avec une excellente résistance à la corrosion dans divers environnements, y compris l'eau de mer, contrairement au laiton qui s’oxyde.
L'arcap « AP1 » est la nuance d'alliage laminé spécialement pour l’emboutissage profond avec de très bonnes propriétés de formage à froid qu’utilise l’atelier Hélen BAUD, que ce soit pour les appeaux en métal ou les sous-produits du style des clochettes et grelots pour chiens et ovins.
Un ouvrier est en train de façonner des battants de clochettes
Avant de quitter l’atelier, Hélen BAUD lui-même nous présente avec faconde et passion les 20/80 qui constituent ses meilleures ventes en nous démontrant la facilité d’utilisation de chacun d’eux…
Et là, on s’aperçoit qu’il faut savoir « en jouer », exactement comme on joue d’un instrument de musique, car pour appeler les oiseaux, il ne faut pas faire n’importe quoi, même si cela nous semble harmonieux, car les bestioles ne s’y laisseront pas prendre…
Elles sont intriguées, certes, mais ne s’approcheront qu’attirées par les sons qu’elles peuvent identifier comme ceux de leurs congénères, qu’il s’agisse de ramage, de parade amoureuse, ou de chant d’oiseau blessé car l'entraide entre animaux, ça existe !
Mais une petite vidéo de 2 minutes d’Hélen BAUD lui-même vous en dira plus :
Et pour illustrer l’intérêt des appeaux, notre guide Olivier de son côté va nous entraîner tout l’après-midi à VACQUEYRAS au milieu d’un domaine viticole ami, sur son poste de chasse et d’observation personnel qu’il tient de son père.
Le poste de chasse et d’observation de notre guide Olivier
Il pratique aussi bien la chasse aux grives traditionnellement postée au fusil (avec des cartouches qu’il confectionne lui-même au calibre 12, chargés de 25 g de poudre et de 12 g de plombs fins qui représentent environ 80 plombs) et une carabine équipée d'un silencieux, en les attirant avec des appeaux ou mieux des appelants vivants.
Pour cela, il nous avait précédé en allant chercher ses propres appelants vivants dans sa volière et les avait mis en place tout autour de son poste d’observation dans de petites cages à 2 m de hauteur pour empêcher d’éventuels prédateurs (chats, renards ou autres mammifères) de les attraper et les bouloter.
Appelants grive Litorne et Merle noir
Appelants grive Mauvis et grive Draine
Appelant grive Mauvis
Mais il pratique aussi la chasse aux grives à la glu (ou au gluau) grâce à ses appelants pour capturer vivants des oiseaux qui lui serviront de nouveaux appelants pour la saison ou pour ses copains, car il est interdit de les vendre.
Olivier nous montre comment il dispose ses pièges à glu sur une branche
En fait, il enduit de glu à la main des batônnets d’un geste sûr en torsade, qu’il fixe avec des fils de fer sur des branches à trois ou quatre fourches, elles-mêmes fixées solidement au sommet de longues perches, à proximité d’un arbre sur lesquelles vont venir se poser naturellement les grives de passage attirées par le chant des appelants.
Cette glu, préparée tout spécialement par un spécialiste pour cet usage peut se décoller facilement des doigts mais une grive n’a pas la force de décoller ses pattes une fois posée sur le bâtonnet ou pire si elle s’englue les ailes en se débattant.
Une grive Mauvis s’est englué les ailes !
Il suffit alors de la décoller avec un peu d’essence « F » qui va dissoudre la glu et permettre sans blesser l’oiseau soit de le récupérer en volière, soit de le relâcher.
Et quand on lui demande comment fabriquer de la glu… Olivier avoue bien humblement que si il s'y est essayé, il l’achète maintenant toute faite à un des rares spécialistes, dont Jérôme ROVERA à BRIGNOLES.
À propos de la GLU de Jérôme ROVERA…
Ce dernier, interrogé vous avoue que la méthode est toute simple ! Il la tient de son père René et de son oncle Marcel qui eux-mêmes la tenaient de leurs parents, mais il ne dit pas tout…
En fait, il extrait la glu de l'écorce du gui ou de celle du houx. C'est, de préférence, au mois de mai qu'on enlève l'écorce des plantes les plus jeunes.
On la fait tremper d'abord dans de l'eau bouillante afin de la séparer de la pellicule noirâtre qui la recouvre et qui la salirait.
Puis après… mystère et secret de famille ! Mais il en fabrique et en vend 800 Kg par an.
Dans son site marchand il signale que la première pratique de la glu remonte au temps de l’empire grec.
Ce sont eux, les grecs, qui, les premiers, ont été les précurseurs d’une pratique encore ancrée dans nos traditions, exportée par la suite jusque dans la ville de Phocée (Marseille).
Ce furent des boules de gui concassées qui jouèrent le premier rôle de pâte collante qui leur servit jadis à capturer les oiseaux par les ailes (la technique dite des baguettes tombantes) communément répandue aujourd’hui tout particulièrement dans le département du Vaucluse où cet usage a perduré (l’humidité qui règne dans ce département due aux nombreux cours d’eau qui le traversent parait-il, rend difficile la capture des oiseaux par les pattes).
C’est vers 50 ans avant Jésus-Christ et l’arrivée des Romains que la pratique se diversifia.
La confection de leur glu était à base d’écorce de houx mise à macérer, ce qui leur permit d’obtenir une glu plus dure que la précédente.
C’est ainsi que l’on procéda pour la première fois à la méthode dite de la « baguette fixe » (capture de l’oiseau par les pattes) dont nous avons gardé un très bel héritage dans notre région où l’engouement pour cette méthode est encore bien présent, nous l’avons vu avec les explications d’Olivier.
Les récits évoquent cette pratique bien avant l’ère chrétienne et ces deux procédés de « glutage » n’ont jamais été remis en cause par des ordonnances royales.
Gravure du XVIIème (Cliché Bibliothèque nationale de France)
Il faudra attendre le second empire vers 1861 pour voir critiquée puis interdite l’utilisation des gluaux par les commisses agricoles (équivalent des chambres d’agriculture actuelles).
La contestation n’ayant pas tardée à s’exprimer avec force dès 1862, maître GAY, avocat au barreau de TOULON, et sénateur du Var a combattu énergiquement devant le sénat cette interdiction en prônant une utilisation rationnelle des gluaux afin d’éviter la capture des petits oiseaux.
Efforts récompensés puisque, par la suite, cette intervention mit fin aux remarques évoquées.
Le XXème siècle connut lui aussi ses moments de polémique ; en 1902, la convention internationale de PARIS souhaite l’interdiction de l’usage des gluaux, toutefois notre code rural s’en défend et argumente sur l’objectif unique à savoir que la pose des gluaux ne devrait être utilisée que pour la capture des grives servant d’appelants vivants.
Par la suite, différents textes législatifs et institutionnels sont venus structurer et encadrer cette pratique.
En 1988, le tribunal communautaire du LUXEMBOURG a confirmé cet usage, sous la réserve d’un nombre limité de prises et d’une sélection des oiseaux ainsi capturés.
Et nous nous sommes séparés avec la promesse d’une retrouvaille au printemps à l’occasion d’une « soirée grives » qu'Olivier se propose d’organiser pour les « Séniors dans le vent » en un barbe-Q de grives monstre et mémorable avec force pâtés de grives et vins de VACQUEYRAS ou de SARRIANS, bien sûr !
Une petite vidéo de l’Observatoire des migrations de 2 minutes vous en dira beaucoup plus :
Et, en guise de conclusion, un peu triste, voici un long compte-rendu de 20 minutes d’Éric CAMOIN, le président de L’ANDCTGG, qui nous commente la dernière lubie du Conseil Européen et surtout l’arrêté du Ministère de la Chasse Français du 26 juillet 2024 … qu'a longuement évoqué Olivier avec encore un petit espoir dans la voix compte tenu des derniers rebondissements entraînés par la dissolution de l’Assemblée Nationale, mais il n’était pas très optimiste !
Va falloir se rabattre sur un autre gibier pour transformer sa passion, mais il ne peut s'y résoudre !
BIBLIOGRAPHIE
Site marchand des Appeaux Hélen BAUD : https://www.appeaux-helen-baud.com/
Site du fournisseur de Glu, Jérôme ROVERA : https://grives.net
Et la garde Nationale à l’occasion des Journées du Patrimoine, qui joue un grand classique de la « Trompe de chasse à courre » (dans ce cas bien précis, il ne s'agit pas d'un « cor de chasse » qui est exclusivement une musique militaire... m'aurait dit notre Président des « Séniors dans le Vent »).