LE BONHEUR DE PROTESTER... CHEMINEMENT !
Avant tout, voici ce que d'aucuns nomment la « Marseillaise des réformés »,
En fait, c'est le psaume 34/18 sur la musique de Georg-Friedrich Haendel...
Vous pouvez l'arrêter en cliquant ci-dessus sur le symbole
Voire cliquer ci-dessous pour l'écouter ensuite dans une vidéo « Karaoké » de 3 minutes.
Martin LUTHER, prêtre catholique ordonné en 1507 dans l'Ordre des Augustins, avait été envoyé par son supérieur au cloître universitaire de Wittenberg, pour poursuivre ses études en théologie. Dès 1508, il obtient un diplôme de docteur en théologie et à son tour il va enseigner la théologie dans cette même Université.
Un des portraits classiques de Martin LUTHER, il a là 43 ans.
Cela l'amène à étudier de très près les écritures et il découvre que l'enseignement qu'il a reçu n'est pas tout à fait la vérité vraie, notamment en traduisant la bible à partir de sa version originale en grec, et non pas celle en latin qui était utilisée depuis le Concile de Nicée et qui présentait de nombreuses inexactitudes (certaines voulues par l'empereur Romain, Constantin 1er en 325, qui avait souhaité en faire une religion d'état pour se débarrasser du problème des chrétiens qui ne gênait absolument pas le culte de la personnes des empereurs), à tel point que le 31 octobre 1517 il pense utile, pour ses étudiants, d'afficher à la porte de l'église de la Toussaint de Wittenberg, un texte en latin qu'il dédie au Pape Léon X et qui est connu sous le titre des 95 thèses de LUTHER.
Pour les lire en français, il n'y en a que pour quelques minutes : cliquer ici !
Toile représentant Martin LUTHER affichant ses 95 thèses sur l'église de Wittenberg.
Après avoir refusé plusieurs fois de se rétracter, LUTHER reçoit, du Pape, le 3 janvier 1521, la bulle pontificale « Decet Romanum Pontificem » qui entérine son excommunication.
Dans la foulée, l'empereur germanique Charles Quint promulgue l'Edit de Wormes le 26 mai 1521 qui interdit le « Luthérianisme » et met Luther au ban du Saint Empire Romain Germanique.
Le cloître Universitaire où il enseignait la théologie est dissous et abandonné. LUTHER se réfugie alors au Château de Wartbourg sous la protection de son ami, le duc Frédéric III de Saxe.
Il y traduit la Bible en allemand, qu'il diffuse largement grâce à l'invention de l'imprimerie par Gutemberg, ce qui constitue une véritable révolution culturelle et religieuse car jusqu'alors, la bible n'était diffusée qu'en latin, langue que ne comprenait que le clergé Catholique Romain, mais que le peuple ignorait.
LUTHER, dès lors, continue à rédiger et diffuser sa réforme sous le pseudonyme de « Chevalier Georges ».
Ce manifeste est en fait le texte fondateur de la réforme, dans lequel LUTHER dénonçait l'hypocrisie des « indulgences », de la confession, et affirme l'Amour de Dieu et les bienfaits de la contrition.
Les 95 Thèses de LUTHER « Disputatio pro declaratione virtutis indulgentiarum »
Tandis qu'aux siècles passés les anniversaires de la Réforme ont été célébrés dans des cadres nationaux et confessionnels marqués par la délimitation, l'anniversaire de la Réforme à venir doit être marqué par l'ouverture, la liberté et l'œcuménisme.
Le 31 octobre 2017, nous allons donc célébrer non seulement 500 ans de Réforme, mais nous nous rappellerons quel rôle la Réforme a joué dans la formation du monde moderne. Ainsi seront mises en valeur les impulsions de la Réforme dont les effets sont manifestes jusqu'à nos jours. Car ce qui est parti de Wittenberg au 16ème siècle a changé l'Allemagne, l'Europe et le monde et à mon petit niveau personnel elle a pas mal changé le bonhomme (pour en savoir plus et comprendre, vous pouvez utilement lire cet article un peu intimiste PROFESSION DE MA FOI).
Pour cette raison, l'anniversaire de la Réforme de 2017 sera célébré - à la différence de tous les anniversaires passés de LUTHER et de la Réforme - dans une communauté mondiale, de la Terre de Feu à la Finlande, de la Corée du Sud à l'Amérique du Nord.
Des projets internationaux comme des expositions itinérantes et des voyages de chœurs, la coopération avec des fondations et des paroisses à l'étranger, des congrès internationaux, l'ouverture d'esprit alliée à la promotion de l'œcuménisme dont notre église doit soutenir les efforts, le tourisme et bien plus encore témoignent des dimensions mondiales de cet anniversaire.
Ainsi, et pour montrer l'exemple, le Conseil Presbytéral de la paroisse Réformée d'Avignon a souhaité concrétiser, à l'été 2018, son jumelage avec la paroisse du Temple Saint Laurent-l'église de Lausanne, en Suisse.
Avec Martine d'ailleurs, nous avions programmé fin mai 2017, une escapade à Berlin, d’abord pour rendre visite à notre fils Martin qui y travaille, mais nous avons eu, en plus, la surprise de voir s’y dérouler le « Kirchentag ».
L'église Française de Berlin, le jour de la fête de l'Eglise !
Le « Kirchentag » ou « Jour de l'église », c'est un grand rassemblement protestant qui s’est tenu en Allemagne du 24 au 28 mai pour anticiper la commémoration du 500ème Anniversaire de la réforme en présence de l’ancien président des États-Unis et de milliers de pèlerins arborant une écharpe orange partout dans la ville et en particulier devant la FRANZÖSISHER DOM, l’église construite en 1701 (devenue depuis la fin de la guerre, le musée des Huguenots) qui évoque l’accueil des protestants Français chassés de France à la révocation de l’Édit de Nantes par Louis XIV en 1685, et qui eut de terribles conséquences pour l'économie de la France… (cf. si vous ne l'avez lu mon article sur « LE VER A SOIE CEVENOL », lorsque vous aurez fini cette lecture).
Le podium dressé devant la Französisher Dom, l'Eglise Française à l'occasion du « Kirchentag »
En effet, c’est cette année, en octobre 2017, que l’on commémore les 500 ans de la Réforme, lancée par Martin LUTHER le 31 octobre 1517…
Et si l’anniversaire de la Réforme, pourtant celui d’un schisme, pouvait, paradoxalement, renforcer les liens entre protestants et catholiques ?
Pour Valérie DUVAL-POUJOL, théologienne et présidente de la commission œcuménique de la Fédération Protestante de France, cet évènement en a bien le potentiel. Elle a écrit, je cite : C’est pourquoi nous avons tranché : plutôt que de célébrer le 500e anniversaire de la Réforme, nous le « commémorerons ». Et nous voulons commémorer le Christ à cette occasion avec l’Église catholique.
L’anniversaire de la Réforme représente une occasion importante, d’aller « du conflit à la communion », comme y invite ce titre d’un texte publié en 2013 par la Commission internationale de dialogue entre l’Église catholique et la Fédération luthérienne mondiale.
Il rappelle que cet anniversaire sera la première commémoration œcuménique. Il nous invite aussi, entre autres, à porter un nouveau regard sur l’historiographie de la Réforme, rappelle Jane STRANZ, responsable du service des relations œcuméniques de la Fédération Protestante de France.
Vidéo de 3 minutes pour mieux comprendre l’enjeu du 500ème Anniversaire de la Réforme
qui doit « se commémorer » le 31/10/2017 !
La Réforme doit ainsi être replacée dans son contexte, qui est complexe. Le besoin de réformer l’Église catholique était très présent à l’époque et s’exprimait dans des textes antérieurs à ceux de Luther.
Ses thèses n’ont été que le jaillissement d’une eau qui existait déjà, rappelle François CLAVAIROLY, président de la Fédération Protestante de France.
Martin LUTHER peut représenter une source de réflexion pour les catholiques, estime le Père Emmanuel GOUGAUD, directeur du service national pour l’unité des chrétiens à la Conférence des évêques de France (lire ci-dessous).
Pour Valérie DUVAL-POUJOL, il ne faudra toutefois pas faire l’économie du moindre sujet lors de cet anniversaire. La richesse du dialogue œcuménique est à ce prix. « On ne peut pas choisir de souligner seulement nos similarités et d’ignorer nos différences. Car la pensée œcuménique repose sur l’amour et la vérité. Il faut marcher sur ces deux pieds. » Au risque, donc, d’aborder les sujets de désaccord entre protestants et catholiques.
Quitte, aussi, à formuler des demandes. Jean-Paul MORLEY, pasteur de l’Église protestante unie de France, exprimait en février 2015 dans l’hebdomadaire « REFORME » sa volonté que l’Église catholique lève l’excommunication de LUTHER pour éviter « tout jeu de dupes » lors de la commémoration.
Au contraire, François CLAVAIROLY balaie toute revendication de la Fédération Protestante de France : « Nous n’en avons aucune. Nous souhaitons simplement que Dieu nous pardonne tous. ». La levée de l’excommunication n’est pas une revendication de la Fédération Luthérienne mondiale, et je ne la souhaite pas non plus, approuve Jane STRANZ.
BENOIT XVI a déjà eu un geste fort lorsqu’il s’est rendu à Erfurt en 2011, dans le monastère où Martin LUTHER est devenu prêtre, et a déclaré que « ce qui l’a animé, c’était la question de Dieu, qui fut la passion profonde et le ressort de sa vie ».
François CLAVAIROLY dit ne pas craindre, enfin, que l’Église catholique attire trop l’attention sur elle lors de l’anniversaire de la Réforme. « Si le pape FRANCOIS décide de « récupérer » l’évènement, tant mieux, avance-t-il. Cela voudrait dire qu’il est d’accord avec nous sur certains points. » Il désire surtout que le pape traduise sa volonté de rapprochement dans un texte fort : « Il ne l’a pas encore fait. Cela permettrait de faire avancer les protestants ».
« L’Église est sans cesse appelée à se réformer ». Déclare le Père Emmanuel GOUGAUD.
« À l’époque de la Réforme, presque tout le monde était d’accord pour réformer l’Église. Cette dernière est, du reste, sans cesse appelée à se renouveler. Elle n’est pas le Royaume de Dieu sur Terre et les catholiques ne sont pas des gardiens de musée. Pour cela l’Église peut s’appuyer sur la pensée de LUTHER comme sur celles de (saint) AUGUSTIN ou (saint) THOMAS D'AQUIN.
À l’occasion de l’anniversaire de la Réforme, les catholiques doivent s’interroger sur leur capacité à se réformer eux-mêmes pour se rapprocher de Jésus.
LUTHER peut être un maitre spirituel en ce sens.
Cette commémoration nous rappelle que nous sommes toujours en chemin, que nous devons accepter le principe d’une conversion permanente, ce à quoi nous invite la miséricorde. »
Bible de LUTHER, traduite en allemand à partir du texte Grec et non plus du Latin...
A l'automne 2017, nous avions programmé avec Martine un voyage en pays Cathare pour essayer de comprendre ce que la plupart considèrent comme le ferment de la réforme qui n'est apparu que 400 ans plus tard. J'en ai fait depuis un compte-rendu loyal que j'ai publié sous le titre de « COMPRENDRE LA NAISSANCE DES HERESIES : LES CATHARES ».
Depuis, j'ai également publié un complément quant à L'ÉGLISE « VAUDOISE »… OU L'ÉGLISE DES « PAUVRES DE LYON qui n'était pas du tout une hérésie comme on l'entendait pour les Cathares, et pourtant, ça s'est passé à la même époque... et l'inquisition a traité ces bons catholiques par le bucher et la chasse aux sorcières avec la même sévérité assassine inique qu'elle a traité les cathares.
A bientôt, mais avant de vous quitter je souhaitais seulement citer Jean d'Ormesson qui nous a quitté il y a quelques jours le 5 décembre 2017 sans avoir terminé son dernier ouvrage pour lequel il se posait encore quelques questions existentielles à l'âge de 92 ans !
« Je ne sais pas si Dieu existe mais, depuis toujours, je l’espère avec force.
Parce qu’il faudrait qu’existe tout de même ailleurs quelque chose qui ressemble d’un peu plus près que chez nous à une justice et à une vérité que nous ne cessons de rechercher, que nous devons poursuivre et que nous n’atteindrons jamais. » (Jean d’Ormesson)