HÔTEL-DIEU CARPENTRAS DEVENU BIBLIOTHÈQUE-MUSÉE INGUIMBERTINE

La dernière chanson de Charles Aznavour (2 mn) faisait l’apologie de la littérature…

C’est tout indiqué pour introduire cet article quant à une bibliothèque unique en France !

 


 

Ce dernier jeudi de décembre 2019 avec ma petite Association des « Séniors dans le Vent » nous sommes allés à la découverte de la toute nouvelle :

   

BIBLIOTHÈQUE-MUSÉE INGUIMBERTINE,

  

En cours d’installation dans l'ancien Hôtel-Dieu de Carpentras fondé en 1745 par l'évêque Joseph-Dominique d'Inguimbert.

 

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Avec ce projet de transformer l’ancien hôpital, fermé en 2002, en nouvelle « maison des muses », la Ville de Carpentras a trouvé une nouvelle destination au bâtiment classé Monument Historique qui va, sans conteste, devenir la locomotive de l’attrait culturel de la ville dans les années à venir.

 

Voici l’introduction à cet article qu’en donnait Francis Adolphe, le maire de Carpentras dans la Revue « Le Moniteur des TP »  je cite : « La genèse du transfert de l’Inguimbertine à l’Hôtel-Dieu, pour y créer une grande bibliothèque-musée, unique en France, ouverte à la fois sur le passé et la modernité, remonte à 2007.

 

La Ville a dû d’abord protéger l’enveloppe de ce bâtiment du XVIIIème siècle classé Monument Historique (8 millions d’euros de travaux) puis organiser un concours d’architecture et enfin monter et sécuriser le financement de l’opération… Nous avons réussi à obtenir 50% de subventions de la part de l’Etat et des autres collectivités. Ce projet exceptionnel pour Carpentras, qui représente un investissement total de 36 millions d’euros, est aujourd’hui engagé et sera mené à bien »

 

NDLR : C’est qu’on arrive difficilement à se représenter le travail de Titan réalisé… Une seule photo d’archive est significative de la tache par où il a fallu commencer…

 

Toutefois, je tiens à citer le commentaire de Christine BETIS qui avait organisé la visite des « Seniors dans le Vent »  à Carpentras et qui m'a signalé qu'il était dommage de ne pas citer également l'énorme travail fait avec brio par Jean-François DELMAS, la véritable cheville ouvrière de cet admirable projet d'Hôtel-Dieu transformé en Musée-Bibliothèque INGUIMBERTINE ! Toutes les explications de Christine BETIS concernant Jean-François DELMAS peuvent être consultées en cliquant ici).

 

Et voici un synoptique de l'histoire de ce magnifique bâtiment (Cliquer dessus pour l'agrandir et le rendre lisible !):

 

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Voilà, en effet, dans quel état était l’aile Sud-Ouest à l'image de nombreux autres espaces de l'ex-Hôtel-Dieu où sont, aujourd’hui, installés les espaces multimédia et lecture adultes, lorsque Monsieur Jean-François DELMAS a été chargé en janvier 2004 de la restauration de l'Hôtel-Dieu pour le futur transfert des riches collections de l'INGUIMBERTINE : 

 

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Sous la houlette des architectes Jacques Pajot de « l'Atelier Novembre » et François Botton (architecte du patrimoine), cinq ans après avoir confié à une quinzaine de PME locales sous le regard de la Drac, la transformation de l’Hôtel-Dieu en un espace culturel de 10000 m2, la réhabilitation et l’aménagement de cet édifice a été en partie réalisée et 2020 verra l’essentiel des travaux finis.

 

Notre guide, Jean-Marie TORANDELL, va immédiatement nous faire entrer dans l’ambiance de l’histoire de l’Inguimbertine en commençant par nous entraîner vers la statue qui orne l’entrée de l’Hôtel-Dieu.

 

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Elle représente l’initiateur du monument, l’évêque Joseph-Dominique d'Inguimbert.

 

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Faisant face à l’entrée de l’Hôtel-Dieu, sa statue en bronze qui a bien failli disparaître pour être transformée en obus lors de la grande guerre (déboulonnée par les soins de la mairie, elle avait été oubliée dans un entrepôt… et a été replacée sur son socle après la guerre).

 

On peut lire sur le côté droit du socle l’intention de l’évêque en quatrain : 

 

« Ses libérales mains

ont laissé dans Vaucluse

le pauvre sans besoin

et l’ignorant sans excuse » !

 

Natif de Carpentras, Joseph-Dominique d’Inguimbert fait en effet ses humanités au collège des Jésuites de la ville, puis entre chez les Dominicains en 1698.

 

Ses supérieurs l'envoient parfaire ses connaissances théologiques et philosophiques à Aix-en-Provence en 1700.

 

L'appui du comte de Simiane lui permet en 1702 de terminer ses études à Paris, au collège Saint-Jacques. Ayant reçu ses lettres de prêtrise à Paris en 1707, il revient à Carpentras.

 

Mais un procès entre sa famille maternelle et des cousins lui donne l'occasion de partir pour Rome en 1709.

 

Il faut se souvenir en effet que l’Église possédait déjà le Comtat Venaissin. Par le traité de Paris, signé le 12 avril 1229 le roi de France Louis IX (Saint-Louis) avait prévu d’offrir le « Marquisat de Provence » au Saint Siège (en fait l’actuel département de Vaucluse sans la ville d’Avignon) confisqué au comte Raymond VII de Toulouse à cause de son soutien aux Albigeois (les Cathares) mais c’est son fils, Philippe le Hardi et le père de Philippe-le-Bel qui permit au pape Grégoire X de s’installer sur le Comtat Venaissin en 1274 pour le remercier d’avoir fermé les yeux sur les exactions territoriales qu’il avait pu pratiquer en toute impunité alors qu’il combattait l’hérésie Cathare pour le Saint-Siège.

 

Le pape Clément V (le premier pape Français élu grâce à la volonté du roi Philippe-Le-Bel) avait donc établi sa Curie à Carpentras en 1313, et Carpentras, comme tout le Comtat Venaissin (augmenté de l’enclave de Valréas par le pape Jean XXII qui pour l'amour du bon vin l'avait acheté 16000 livres au Dauphin du Viennois en 1217 pour ses besoins viticoles), est resté une propriété papale indépendante du royaume de France jusqu’à la révolution en 1791.

 

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Le Comtat Venaissin... Etat Pontifical de 1274 à 1791 : 517 ans...

Ce n'est pas rien... et ça a laissé des traces !

 

Carpentras était donc, au début du XIVème siècle, administrée par un recteur italien. La présence des papes a d’ailleurs fait de la cité une capitale intellectuelle et artistique qu’elle n’aurait jamais été si elle avait fait partie du royaume de France.

 

Cette identité d'enclave papale a fortement marqué l'histoire de la ville et de ses environs.

 

La présence des juifs (cf. mon article sur les Juifs du Pape) y a aussi laissé une empreinte indélébile. Installés près de Carpentras dès le Moyen Age, et expulsés du royaume de France en 1394, ils avaient trouvé refuge auprès des papes qui avaient besoin de leur savoir-faire en matière de commerce, de médecine et de finances. Voilà pourquoi Carpentras possède la plus ancienne synagogue d’Europe (cf.: mon article qui lui est tout entier consacré).

 

A la fois séduit par le plaisir de la mondanité et fidèle à son engagement religieux, le jeune Joseph-Dominique d’Inguimbert se réfugie une 1ère fois à la Trappe de Buonsollazzo en Toscane, à l’époque la seule abbaye trappiste d’Italie, avant de rejoindre le couvent Saint-Marc à Florence. 

 

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Pour information, l'ordre cistercien de la « Stricte Observance », dont les membres sont familièrement appelés « trappistes », est un ordre monastique catholique contemplatif et très spartiate qui forme, avec l'Ordre Cistercien et les moniales « Bernardines », la Famille Cistercienne qui vit selon la règle de Saint Benoît.

 

En tant que tel, nommé à la chaire de théologie de l'université de Pise en 1713, il retourne une 2nde fois à Buonsollazzo prendre l'habit et prononcer ses vœux dans l’Ordre des Cisterciens en 1715 en prenant pour nom religieux « Dom Malachie » d’Inguimbert.

 

Ayant rédigé des ouvrages de théologie, il est amené à en surveiller l’impression à Rome, où il se met à fréquenter les salons. C’est là, qu’il rencontre le cardinal Albani, qui l'engage pour rédiger la biographie de son oncle, le pape Clément XI, puis le cardinal Corsini, dont d'Inguimbert devient le confesseur, chargé de son secrétariat personnel et de sa bibliothèque.

 

En 1730, le cardinal Corsini devint pape sous le nom de Clément XII et d'Inguimbert est pourvu de titres et de revenus importants en même temps qu’il est nommé archevêque « in partibus » de Théodosie (Un archevêque « in partibus » est un évêque titulaire qui n’a pas de diocèse propre à gouverner mais qui est titulaire d’un ancien siège épiscopal.

 

L’expression vient de la localisation de ce siège dans des parties éloignées géographiquement ; en l'occurrence, la ville de Théodosie était un évêché de la Crimée qui avait disparu après le grand schisme orthodoxe de 1054. C’est aussi le cas des évêques appelés à des fonctions administratives au sein de la Curie Romaine - le nouvel évêque d'Inguimbert était donc dans ce cas de figure...).

 

Pendant toute cette période romaine, il a tout loisir de s’adonner à une passion, la lecture et la bibliophilie. Il se constitue ainsi une bibliothèque de plusieurs milliers de livres, mais également une collection de tableaux et d’estampes.

 

A la suite de ce qui semble avoir été une cabale, Dom Malachie d'Inguimbert est éloigné de Rome et nommé Évêque de Carpentras (comme rappelé plus haut, Carpentras faisait partie des Etats Pontificaux) où il retourne de 1735 jusqu’à sa mort en 1757.

 

Prélat soucieux d’appliquer les consignes du concile de Trente, l’évêque Dom Malachie d’Inguimbert connaît bien des difficultés dans sa nouvelle charge. Ses projets de réformes se heurtent aux susceptibilités de ses diocésains, mais, pugnace, et en dépit de situations parfois tendues, son action est positive.

 

Il cherche à secourir l’indigence intellectuelle et physique et pour cela il a l’idée de bâtir à la fois une Bibliothèque-Musée et un Hôtel-Dieu, c’est-à-dire un hôpital.

 

Et ses deux projets vont prendre forme : créer une bibliothèque pour abriter les 4000 livres et sa collection de tableaux et d’estampes qu’il a ramené de Rome mais aussi fonder un hôpital conformément à l’esprit des Lumières du XVIIIème siècle qui prônait de « prendre soin aussi bien de son corps que de son âme ».

 

En une dizaine d’années à peine l’évêque enrichit encore sa collection en profitant de la mise en vente, à la suite du décès de son seul héritier, de la bibliothèque de la famille de Louis Thomassin de Mazaugues, le président du parlement d’Aix-en-Provence qui lui donna l'occasion d'enrichir la sienne d’environ 15000 volumes, 4000 médailles, et divers objets d'art et de curiosité qui prirent le chemin de Carpentras en 1745.

 

Quand l’évêque meurt le 10 septembre 1757, il a déjà pris soin de rendre l’institution municipale, de sorte que l’Inguimbertine ne pâtit pas trop de la Révolution française. Les notables de Carpentras se cotiseront sous la IIIe République pour restaurer « leur » bibliothèque-musée.

 

Inaugurée à nouveau en 1888, elle garde la même conception : on découvre d’abord les collections muséales puis les livres, mais on va voir cela plus loin.

 

Pour abriter ses collections,

 

Dom Malachie d’Inguimbert acheta et aménagea l'hôtel de Grandis-Pomerol, à côté du palais épiscopal. Il sollicita auprès du pape Benoît XIV l'autorisation de léguer sa fondation, et en 1746, une bulle papale confirma la fondation de cette « maison des muses » (pour reprendre un rébus imagé placé au fronton de la porte, un roseau entre deux rats : mus - arondo - mus / musarum domus).

 

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La « Maison des Muses », la bibliothèque-musée de Carpentras, à laquelle tout naturellement on donne le nom « d’Inguimbertine » en l'honneur de son fondateur, est, de nos jours, une institution atypique.

 

Sur le plan juridique, il s'agit d'un service municipal unique comprenant un fonds patrimonial écrit et graphique, des archives anciennes, une bibliothèque de lecture publique et quatre collections muséales (beaux-arts, ethnologie, archéologie et arts décoratifs) assortis d’une école de dessin.

 

Conçue comme une « Maison des Muses », cette institution tient autant du musée que de la bibliothèque. Dès son origine, elle mit à contribution les œuvres du peintre, du graveur et du sculpteur, considérées comme les adjuvants de la lecture.

 

Pendant trois siècles se sont ainsi côtoyés une bibliothèque au milieu d’un Musée d’œuvres d’art ainsi qu’elle se présentait jusqu’en 2014 (cf. ci-dessous quelques photos d’archives).

 

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      • Un étonnant portrait de l’abbé Fabre de Saint-Véran saisi par le peintre Denis Bonnet chez lui au naturel, lisant un gros livre, un mouchoir sur les genoux. 
      • Des ivoires, des monnaies, des secrétaires en marqueterie, des partitions. Une « girafe » en bois lustré, échelle en colimaçon pour atteindre les livres du haut.
      • Des grenades Harden, fabriquées aux États-Unis au XIXe pour retarder les incendies en libérant des produits chimiques.
      • L’herbier de Jean-Jacques Rousseau.
      • Des bustes et portraits de ravissantes Comtadines du temps du Félibrige.
      • Des vues du mont Ventoux.
      • Des femmes alanguies, à la mode orientaliste.
      • Le portrait du jeune député de la Constituante envoyé à Paris pour plaider, sans succès, contre le rattachement du Comtat Venaissin à la République…

À la suite de d'Inguimbert, des donateurs l'imitèrent et l’enrichirent : tous les goûts et toutes les options religieuses et philosophiques ont ainsi été représentés. 

 

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Ces philanthropes eurent également à cœur de préserver les conceptions du fondateur sur l'appropriation des collections découlant de l'apprentissage du savoir sous toutes ses formes, par la lecture, la vue, et l'ouïe !

 

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La Bibliothèque-Musée « l’Inguimbertine » est un édifice construit dans la Ville de Carpentras en 1745 par Dom Malachie d’Inguimbert, évêque de Carpentras. Cette structure riche mais non valorisée réunit une bibliothèque de lecture publique ainsi que des collections muséales depuis 1886.

 

Véritable cabinet de curiosités, l’Inguimbertine comptait des collections si importantes que seulement un dixième de ses œuvres d’art était exposé dans la bibliothèque municipale.

 

Celle-ci, qui offre tous les services classiques, du prêt de livres à l’accueil des scolaires, ainsi que l’aide à l’orientation et à la recherche d’emploi. Elle est en cours de déménagement vers le vaste chantier de l’ancien hôpital de l’Hôtel-Dieu qui accueillera la totalité du Musée l’Inguimbertine à l’horizon 2022.

 

Ce sont donc des fonds patrimoniaux classés, des archives, et un musée qui ont été regroupés en un seul et unique service municipal, sous la responsabilité d’un conservateur d’État mis à disposition par le Ministère de la Culture. Cette bibliothèque fait partie depuis 1897 des 54 bibliothèques municipales classées comme les plus importantes de France.

 

La diffusion de la lecture publique dans la ville connaît néanmoins plusieurs problèmes depuis quelques années. Les locaux de la bibliothèque-musée ne sont plus adaptés aux collections et doivent faire face à des problèmes de saturation et de conservation.

 

En effet, avec 250000 volumes, dont 100000 anciens, 3000 manuscrits, 4000 périodiques, 1000 tableaux, 300 sculptures, 1500 objets d’art et d’autres œuvres, les conditions de conservation de l’établissement n’étaient plus suffisamment efficaces.

 

Lors du 1er déménagement de la bibliothèque dans l'hôtel d'Alleman en 1847, ces différentes collections continuent de côtoyer les œuvres écrites.

 

C'est en 1888 qu'est inauguré, grâce au financement privé de deux Carpentrassiens fortunés, Antoine Eysséric et Casimir Pascal, un nouveau bâtiment parallèle à la bibliothèque. Ce bâtiment, construit par l'architecte Jean Camille Formigé (1845-1926), sur le modèle des musées parisiens, accueille les collections de beaux-arts à l'étage, le rez-de-chaussée étant occupé par l'école municipale de dessin.

 

Le musée Comtadin-Duplessis qui avait donc été aménagé pour agrandir la bibliothèque-musée dépend de la bibliothèque Inguimbertine. À l'origine, les collections archéologiques, picturales, graphiques et scientifiques réunies par Joseph-Dominique d'Inguimbert (1683-1757) étaient présentées dans les salles de la bibliothèque, comme en atteste un descriptif de 1757 conservé aux archives départementales de Vaucluse.

 

Ce nouveau lieu prend alors le nom de « Musée Duplessis », en hommage au peintre carpentrassien Joseph Siffrein Duplessis. 

 

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En 1913, sur l'exemple du « Museon Arlaten » de Frédéric Mistral, est fondé le « Museon Countadin » (le musée comtadin) présentant les collections d'arts et traditions populaires du Comtat Venaissin. Il occupe les salles du rez-de-chaussée en lieu et place de l'école municipale de dessin.

 

Pour son hôpital,

 

Dom Malachie d’Inguimbert confia le projet à l’architecte Antoine d’Alleman. La construction commença en 1750 sous la direction des maîtres d’œuvre Jean-Baptiste Lambertin puis Jean-Pierre Teissier sur un terrain de plusieurs hectares qu’il acheta à l’extérieur des remparts de la ville.

 

Selon la volonté de l'évêque qui avait de la suite dans les idées, l’Hôtel-Dieu fut desservi par des sœurs hospitalières Augustines dont il déplaça le couvent de Pernes les Fontaines à l’Hôtel-Dieu (l’évêque avait tout simplement exproprié un terrain où avait commencé à être construit leur nouveau couvent) lui offrant ainsi le gîte mais aussi procurant à l’Hôtel-Dieu une main d’œuvre bon marché.

 

 

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Selon les instructions de l’évêque, l’architecte avait prévu la construction de pièces et d’ensembles vastes et confortables sur 10000 m² au sol, sur deux étages. Cette option permit, au fil des décennies, soit de restaurer, soit d'adapter les bâtiments aux services hospitaliers.

 

Le plus grand dommage que l’Hôtel-Dieu eut à subir fut un incendie qui se déclara en 1847 et qui détruisit la quasi-totalité de la toiture et entraîna la destruction d’une partie de l'escalier et du hall d'honneur.

 

Mais l’Hôtel-Dieu put être restauré et réaménagé grâce à un riche mécène, citoyen de Carpentras, du nom d’Isidore Moricelly, un généreux boulanger qui avait bâti sa fortune sur son activité de minoterie qui lui avait permis, fort opportunément, de fournir l’armée lors de l’expédition de Napoléon III au Mexique.

 

Il légua en effet sa fortune à sa ville natale ce qui permit la réparation et l’extension de l’Hôtel-Dieu (ce qui explique qu’un laïc, en l'occurrence, Isidore Moricelly, possède son propre monument funéraire aux cotés de Sœurs Hospitalières et de l’évêque d’Inguimbert dans la chapelle).

 

Ceci permit aussi de créer, par la suite, au cours de l'année 1934, en annexe de l'Hôtel-Dieu, une clinique d'accouchement qui porta son nom, et cet ensemble resta en fonction jusqu'en 2002 !

 

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Vue générale du bâtiment et vue actuelle depuis un drone.

 

Et si on regroupait tout sous un même toit !

 

Il y a cinq ans, les fréquentations de la Bibliothèque-Musée Duplessis tout comme celle de l’Hôtel-Dieu, était plutôt faible, et furent au centre des réflexions.

 

En constatant le succès des manifestations organisées autour du livre mais hélas aussi le transfert d’une partie des lecteurs vers la médiathèque la Durance à Cavaillon, l’attente et les enjeux autour de la lecture étaient devenus patents.

 

Alors, les édiles de Carpentras ont songé à une innovation de poids dont il a fallu trouver le financement : tout regrouper dans l’ancien Hôtel-Dieu qui abritait déjà une partie de la bibliothèque Inguimbertine dont l’aile Nord avait été libérée depuis 2002 des services hospitaliers.

 

Et c’est chose presque faite aujourd’hui, puisque l’Hôtel-Dieu a été entièrement restauré dans ce but et la première tranche qui concerne la bibliothèque est désormais opérationnelle !

 

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Ce qui frappe au premier abord de la façade de l’Hôtel-Dieu, ce sont les six « pots à feu » symbolisant le lien du temporel avec le spirituel qui décorent la toiture en façade.

 

Par mesure de sécurité, pour la restauration du bâtiment, ils ont été moulés à l’identique et remplacés par des copies en fibres polyester, mais les originaux et certains projets datant de la construction sont en exposition au pieds du grand escalier d’honneur. 

 

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Puis on ne peut s’empêcher d’admirer le portail d’entrée surmonté de son fronton grec soutenu par huit colonnes dont quatre ioniques en bas et quatre corinthiennes à l’étage.

 

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Quand on regarde de face l’entrée on remarque l’énorme portail de bois à deux battants ornés de la croix de Malte en médaillon qui rappelle la vocation de l’Hôtel-Dieu, et les deux troncs minuscules (en dessous des fenêtres) de part et d’autre du portail qui permettait de déposer des offrandes en numéraire…

 

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Enfin, passé le porche d’entrée, si on lève les yeux, on remarque un magnifique plafond voûté pratiquement plat qui fait penser à ceux que construisait la famille des tailleurs de pierres Franck qui ont bâti les plafonds plats de la mairie d’Arles, du château de Barbentane (ou de la chapelle des Pénitents gris de Villeneuve, qu’on leur a attribuées probablement par erreur).

 

Aparté… : on retrouve ce type de plafond ouvragé plat, également dans la sacristie de l’Hôtel-Dieu (cf. plus loin).

 

Les clés de voûte, car il y en a plusieurs dans ce cas, présentent un dessin très symbolique assemblé avec des pierres polychromes représentant en son centre une croix de malte entremêlée dans une croix de Saint André avec quatre cœurs et quatre pentagrammes étoilés rappelant les 4 saisons entourés d’une nervure en forme de dodécagone rappelant les 12 apôtres ou les 12 mois de l’année. 

 

 

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Le Dodécagone des 4 saisons

 

 

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Et l'entrée de l'hôtel-Dieu apparait dans sa splendeur !

 

 

Puis, passé le porche, on arrive dans une vaste cour d’honneur carrée présentant une stricte symétrie flanquée, sur deux côtés, de deux fontaines, et l'entrée de l’Hôtel-Dieu, juste en face.

 

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A main droite et à main gauche les deux fontaines représentant le principe féminin et masculin.  

 

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Passée l’entrée principale, un immense escalier à double révolution attire l’œil.

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Mais ce qui saute aux yeux est à la fois le décor majestueux de cet escalier surmonté de trois vitraux et d’une niche abritant une statue représentant une maternité, rappelant celle que souhaitait faire bâtir Isidore Moricelly lorsque cet escalier avait été restauré après l’incendie de 1847, et qu’illustre cette carte postale datant de l’inauguration de la maternité de 1934.

 

Le jour de notre visite l’escalier était décoré, pour la circonstance d’une manifestation culturelle, d’un monstre représentant une espèce de Tarasque.

 

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Passée la surprise de cet escalier, le regard se porte sur la magnifique rampe d’escalier en fer forgé qui date de la construction de l’Hôtel-Dieu, comme l’atteste la marque du compagnon forgeron Jean-Baptiste Mille qui l’a forgée en 1761, comme toutes les autres rampes du bâtiment, notamment celles de la chapelle !

 

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Les « Séniors dans le Vent » écoutant attentivement notre conférencier Mr TORANDEL, historien !

 

Tandis qu’au sol, on remarque les armoiries de l’évêque, puis « le Saint Mors », emblème de la Ville de Carpentras et les initiales « IM » entrelacées d’Isidore Moricelly surmontées des ancres de marine rappelant ses expéditions au Mexique, et du Caducée rappelant son souhait de rebâtir l’Hôtel-Dieu avec une maternité et sa fierté de pouvoir présenter sa légion d’honneur ! 

 

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Et de chaque coté de la cage d’escalier ont été fixés les pots à flamme originaux qui ornaient le bâtiment à l’extérieur. 

 

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Au-dessus du grand escalier trois magnifiques vitraux colorés illustrent symboliquement, à gauche, la justice, au centre, l'archevêque donnant la bénédiction (il tient dans sa main gauche le plan de l'Hôtel-Dieu), et à droite une gouvernante-sage-femme protégeant trois jeunes enfants.

 

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Juste en dessous des vitraux, à l’entresol, une niche de pierre abritant une maternité, une mère donnant le sein à un nouveau-né, rappelle la maternité qu’avait souhaité l’évêque d’Inguimbert et qu’a effectivement fait adjoindre Isidore Moricelly à l’hôtel-Dieu en 1934.

 

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En dessous des deux volées du grand escalier, on a utilisé les deux passages existant qui donnent maintenant sur le tout nouveau hall, tourné vers l’Est, face au parking du Boulevard Emile Zola et qui a été construit de toutes pièces dans un style résolument contemporain pour servir de zone d’échange entre Bibliothèque et Musée reliant la bibliothèque par le 1er étage à gauche, au Musée par le rez-de-chaussée à droite… et qui sera bientôt équipé d’un restaurant-cafétéria desservant les deux étages.

 

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Avec un passage entre les deux étages séparés par un filet d’acier doublé d’un ascenseur.

 

Enfin, en se retournant on découvre la salle des pas perdus dont au Nord on aperçoit la porte de la chapelle et celle du Couvent et au Sud la porte de l'ancienne salle des malades devenue la Bibliothèque.

 

Cette salle des pas perdus est entièrement revêtue de « donatifs » rappelant dans un ordre chronologique les principaux mécènes donateurs de l’Hôtel-Dieu depuis la mort de l’évêque en 1757 jusqu’à l’après-guerre en 1948…

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Ici (ellipse rouge) se trouve la salle des donatifs.


Cette salle a été complètement restaurée et enrichie des donatifs des deux musées de Carpentras. 

 

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Le hall des donatifs avant sa restauration et pendant…

 

Leur mauvais état de conservation a conduit à les démonter tous pour les restaurer et les isoler du mur afin de sauvegarder leurs couleurs.

 

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Quelques-uns des donatifs datés de 1772, 1921 et 1777 ! 

 

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 Quelques-uns des donatifs datés de 1905, 1948 et 1895 !

 

On remarquera entre autres ceux attribués à des familles juives qui avaient, pour la circonstance, changé de patronyme en adoptant tout simplement le nom des villes qu’elles habitaient ou dont elles étaient originaires… Ainsi nous remarquons, par exemple, les familles Cavaillon, Vallabrègues, Lisbonne ou Vénéjan !

 

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Dans la salle des pas perdus des donatifs on accède à main gauche à la pharmacie, puis la chapelle (au centre) ainsi que le gîte du Couvent des Sœurs Hospitalières Augustines que l’on n’a, hélas, pas pu visiter car ces trois espaces sont en cours de restauration.

 

En effet, l’aile de la pharmacie est en cours de restauration pour abriter la collection de tableaux de l'ancienne Bibliothèque Inguimbertine et le gîte des Sœurs Augustines est en train d’être réaménagés pour abriter de façon sécuritaire et dans les meilleures conditions de conservation qu'il soit, une partie du fond de la Bibliothèque et du Musée Duplessis qui sera rapatrié mais qu'on ne pourra pas exposer dans l’Hôtel-Dieu que pour des exposition temporaires. 

 

On a pu apercevoir, à droite de la porte du gîte des Sœurs, un placard donnant accès à un tambour vertical permettant de faire passer aux sœurs toutes sortes d’offrandes et de présents dont de la nourriture pour les malades, des couvertures et vêtements bien sûr, mais aussi… des nourrissons abandonnés à la naissance, dont elles allaient prendre soin.

 

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Une chapelle baroque aux décors de marbres polychromes fait suite au nord de la Galerie des donatifs mais nous n’avons pu apercevoir la chapelle que par le trou de la serrure… (j’ai pu, depuis, trouver quelques clichés de la pharmacie et de la chapelle – cf. en fin d’article)

 

Et on a pu faire tourner le tambour d’offrandes installé là depuis 270 ans !

 

Dans le fond de la salle des donatifs à l’opposé de la Chapelle, à main droite on a accès à « la salle des malades », devenue la salle de la nouvelle Bibliothèque.

 

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J’ai trouvé sur le net quelques clichés de la restauration qui en a été faite ces trois dernières années :

 

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Une mezzanine a été installée pour occuper le volume dégagé en hauteur.

 

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Et on a redonné au sol son aspect d’origine constitué de tomettes

encadrées de pavement de pierres qui séparaient les lits des malades.

 

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La mezzanine est équipée d’un plancher et d’un garde-fou entièrement en verre

Qui participe à la luminosité et dégage la vue de l’exposition de grandes toiles.

 

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Deux escaliers ont été installés à chaque extrémité de la mezzanine

 

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Et sur toute la longueur, au centre de la bibliothèque ont été installées des vitrines

 

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Certaines abritent des instruments de musique anciens

 

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D’autres, des bustes en provenance du Musée Inguimbertine, ici Laure et Pétrarque.

 

Le 6 avril 1327, François Pétrarque croise par hasard Laure de Noves (1310-1348), épouse d'Hugues de Sade, alors qu'elle sort de l'église du couvent de Sainte-Claire d'Avignon.

Grâce au génie du poète, cet événement anodin entre dans l'histoire de la littérature.

Pétrarque chante et célèbre sa muse comme jamais aucun poète ne l'a fait depuis le temps des troubadours.

 

Fidèle aux règles de l’amour courtois, Pétrarque livre peu d'informa­tions sur Laure.

 

Toutefois, dans l'une de ses correspondances, datée de 1338, il précise « Il est dans mon passé une femme à l'âme remarquable, connue des siens par sa vertu et sa lignée ancienne et dont l'éclat fut souligné et le nom colporté au loin par mes vers. Sa séduction naturelle dépourvue d'artifices et le charme de sa rare beauté lui avaient jadis livré mon âme. Dix années durant j'avais supporté le poids harassant de ses chaînes sur ma nuque, trouvant indigne qu'un joug féminin ait pu m'imposer si longtemps une telle contrainte ».

 

Symbole d'un amour inaccessible et sublimé, le souvenir de Laure est désormais inséparable de celui de Pétrarque.

 

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D’autres vitrines enfin, protègent des incunables, ici, un « Essay » sur les ordres d’architecture du XVIIIème de la main-même de l’Architecte Antoine d’Alleman. 

 

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Puis on a rapporté tous les grands tableaux du Musée pour les accrocher !

 

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Enfin, sur la mezzanine, quelques jours avant l’ouverture c’est le stress de la mise en rayon !

 

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Voici l’aspect actuel de l’impressionnante mezzanine des livres (avec un objectif Grand angle!).

 

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La Mezzanine domine l’exposition des grands tableaux les plus remarquables provenant du fond de l’Inguimbertine, avec de place en place des pupitres pour en observer les détails.

 

A l’entrée de la salle de bibliothèque et en son centre trône, dans une vitrine, un tableau symbolique de l’intention de l’évêque qu’il fit exécuter sur commande à un peintre anonyme « l’éveil de l’intelligence grâce au monde silencieux des livres… ».

 

Elle résume le besoin de connaissances qui doit animer tout honnête homme et reflète son désir de transmettre le savoir à ses contemporains.

 

À la demande de l’évêque, cette toile avait été placée à l'entrée de la bibliothèque-musée…

 

Dans la nouvelle Bibliothèque-Musée Inguimbertine elle figure donc en bonne place juste à l’entrée de la salle de bibliothèque.

 

C’est en fait une allégorie et son caractère symbolique est particulièrement important puisqu’il constitue un véritable manifeste des intentions du prélat.

 

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Voici la traduction du texte latin qui y figure :

 

« Les hommes vivent dans leurs livres qui leur survivent.

Ils se sont imprimés eux-mêmes dans leurs ouvrages.

Ils y parlent et pourtant ils se taisent.

On les entend et pourtant ils gardent le silence.

Ils parlent pendant qu'on les lit et, bien que muets, ils répondent ».

 

L'artiste a éclairé cette inscription d'une scène évocatrice : une jeune femme dort allongée dans une clairière à côté d'un globe, d'une boussole, d'un compas et d'une palette avec des pinceaux ; un génie ailé la réveille et lui montre le cartel que déploient deux autres génies…

 

Cette représentation conjointe d'un texte et d'objets illustre la conception didactique de la diffusion du savoir sous toutes ses formes, tous supports confondus, héritage de la pensée humaniste et de l'érudition classique, chères à Monseigneur d'Inguimbert.

 

Ce lien entre l'écrit et l'image perdure de façon exceptionnelle à l'Inguimbertine.

 

Préservée jusqu'à nos jours, cette originalité de la bibliothèque-musée de Carpentras demeure un facteur déterminant de son développement.

 

C’est pourquoi tout autour de la salle de la nouvelle Bibliothèque ont été suspendues quelques-unes des grandes toiles les plus représentatives du fond, qui font pâlir les autres Musées de la région car la plupart se rapportent à la cité papale et à la cité cardinalice, Villeneuve-lès-Avignon. 

 

Dominant le centre de la salle de lecture, le portrait rétrospectif de Pétrarque (1304-1374) signale la vocation humaniste de l'Inguimbertine. Cette œuvre illustre les liens unissant la capitale du Comtat Venaissin au « Prince des Poètes ».

 

Natif d'Arezzo, Pétrarque passa sa prime enfance en Toscane avant de s'installer à Carpentras en 1312. Chassé pour des motifs politiques de Florence, son père, notaire, vint chercher fortune en Avignon où séjournait la papauté et sa famille s'établit à Carpentras.

 

C'est donc ici que Pétrarque fut initié à la littérature latine par l'érudit Convenevole da Prato, exilé lui aussi. L'Inguimbertine conserve un florilège de manuscrits rares et précieux, d'incunables et d'éditions princeps de son œuvre.

 

Ce tableau a été donné, en 1877, par Louis Desmarest. L'artiste a représenté le « Prince des Poètes », revêtu de la soutane des clercs, couronné de lauriers, se tenant au bord du Rhône, devant la tour Philippe-le-Bel à Villeneuve-lès-Avignon qui marquait l’entrée et l’octroi de l’autre côté du Pont d’Avignon !

 

Avant l’ouverture, il décorait la salle d’accueil de l’ancien Musée Inguimbertine, là où étaient les caisses d’entrée :

 

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Tandis qu’a été conservée sur le mur du fond la plaque de marbre comportant la maxime de la salle des malades.

 

De la mezzanine on peut en effet admirer quelques-unes des grandes toiles provenant du fond du Musée Inguimbertine et qui n’avaient jamais été exposées du fait de leur grande taille. Mes photos ne sont pas très bonnes mais je retournerai prendre de beaux clichés avec l’appareil de Martine…

 

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Vue de la carrière de pierres de Villeneuve et vue du palais des papes depuis Villeneuve.

 

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Vue du port de Villeneuve et une vue champêtre des Mees. 

 

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Et au centre de la salle un îlot qui accueille le personnel d’information « Car les agents ne sont pas des caissiers de supermarché… »

 

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Face au point information s’ouvre la porte de la terrasse donnant sur l’ex-potager devenu un grand espace dégagé clos pouvant accueillir toutes sortes de manifestations culturelles.

 

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Le potager vu depuis la terrasse de l’espace multimédia

 

Á l’ouverture, la nouvelle bibliothèque Inguimbertine a fait l’acquisition du robot « Pepper » qui sert d’agent d’accueil et d’orientation auprès des visiteurs. « Nous voulions également autonomiser le plus possible la gestion des prêts et des retours, nous explique notre guide. Pour cela, nous avons implanté à différents endroits des automates et des étagères intelligentes « Bibliotheca ».

 

 

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Les abonnés n’ont qu’à poser leurs questions pour avoir une réponse quasi immédiate et de la même façon, ils n’ont plus qu’à poser leurs livres sur l’étagère pour qu’ils soient identifiés et enregistrés par le système comme « empruntés » puis, au retour, comme « restitués ». 

  

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Il faut savoir que ces étagères intelligentes sont équipées d’antennes « RFID » capables de lire les puces insérées dans les ouvrages (voir ci-dessous ») et dès la détection des puces un témoin lumineux signale à l’usager sur un écran déporté que la restitution est validée. C’est d’une simplicité enfantine. « Nous ne voulions pas voir se former de files d’attente pour les retours de prêtsLes agents ne sont pas des caissiers de supermarché ! »

 

« Bibliotheca » a également équipé le site en différents automates, en portiques RFID et en cartes RFID pour les lecteurs. La prochaine étape : ajouter d’autres services à cette carte d’abonné et intégrer par exemple les transports urbains, la cantine scolaire, etc… 

 

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La carte de la bibliothèque a vocation à devenir une « carte ville ». La sécurité étant au cœur de ce projet, d’autres équipements de contrôle et de préservation ont été installés.

 

Avant de nous entrainer vers la salle multimédia, notre guide nous explique et nous démontre le fonctionnement tout simple du système « Bibliotheca » en prenant une dizaine de livres dans un rayon puis les enregistrant et les replaçant en vrac sur une étagère de restitution. Un récépissé est aussitôt imprimé attestant et l’emprunt et la restitution !

 

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A chaque extrémité de la salle ont été installés dans les deux ailes perpendiculaires, et sur les deux étages correspondant au sol et à la mezzanine de la Salle des Malades, à l’Ouest l’espace multimédia et lecture adultes, et à l’Est un espace spécifique pour les enfants.

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Coté salle Multimédia est installée dans le passage vers l’espace, une vitrine sécurisée sous atmosphère contrôlée fournie par la PME italienne Goppion (qui équipe Le Louvre) contenant un globe terrestre de salon Mercator daté de 1541, unique au monde, « fleuron du Musée Inguimbertine » (à chaque découverte ou relevé de navigateurs à travers le monde il a été réactualisé en collant des morceaux de papier enduits de vernis) et quelques instruments de géographes du Musée dont, entre autres, un magnifique globe armillaire (globe céleste), une lunette astronomique sur trépieds et un théodolite ancien, tous en laiton.

 

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J’ai vérifié… Il n’y a pas encore l’Australie sur ce globe par ailleurs très précis !

 

Notre guide nous précise que la grande majorité du fond de cette bibliothèque publique est constituée d’ouvrages neufs qu’il a fallu équiper des fameuses puces RFID Bibliotheca. Et avec près de 65000 ouvrages référencés, l’opération a pris énormément de temps.

 

Tout comme le déménagement en lui-même. « Comme le site est classé monument historique, nous ne pouvions pas faire n’importe quoi et il était impossible de réinstaller les systèmes de sécurité déjà présents. Il nous fallait un système capable d’être efficace avec 1m60 d’espacement entre deux portiques ».

 

« Bibliotheca » était finalement le seul fournisseur capable de répondre à cette exigence, et ce, grâce au design de leur antenne RFID. Le fournisseur offrait également la possibilité de personnaliser les automates, aussi bien en termes de coloris que d’interface pour qu’ils puissent se fondre le plus discrètement possible dans le décor. « Nous souhaitions également disposer d’un système scalable offrant la possibilité d’activer ou non certaines fonctionnalités, comme par exemple passer d’un automate de prêt simple à un automate de prêt/retour, ou inversementNous avons donc réparti les automates dans l’espace pour que tout le monde puisse effectuer ses opérations simplement et partout ».

 

De fait les abonnés à la Bibliothèque sont en forte hausse. Ouverte depuis novembre 2017, cette bibliothèque nouvelle génération a déjà enregistré plus de 120000 visiteurs et a surtout vu son parc d’abonnés passer de 1500 (avant les travaux) à près de 10000 aujourd’hui. Près de 9000 personnes ont même assisté à l’inauguration. Quant à la tranche 1B (qui comprend la salle d’exposition, le hall d’accueil mixte, etc.), elle vient d’être livrée cet automne. Pour la tranche « musée », il faudra patienter jusqu’à la fin de 2020.

 

C’est que, regorgeant d’ouvrages aux reliures de cuir, d’incunables et de manuscrits rares, de tableaux, de sculptures, etc., l’Inguimbertine avait été, dès sa fondation, une référence pour le monde cultivé et toutes ces œuvres ont besoin d’être sécurisées.

 

C’est pourquoi un bon nombre des ouvrages anciens ont été numérisés et sont consultables pat les visiteurs dans la salle multimédia où une batterie d’ordinateurs sont à leur disposition.

 

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Et à l’étage, les livres récents peuvent être consultés sur place dans des conditions très confortables ou emportés chez soi avec le système d’abonnement numérisé « Bibliothéca ».

 

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On y trouve également un espace de consultation d’un grand nombre de quotidiens et d’hebdomadaires.

 

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A l’autre bout de la grande salle a été aménagé un espace « jeunesse » sur deux niveaux en mezzanine comme la grande salle.

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Il peut accueillir des classes entières de jeunes dans des conditions idéales tout en leur permettant d’admirer de magnifiques toiles exposées sur le côté pour éveiller leur sens artistique…

 

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Et au rez-de-chaussée de la mezzanine on a accès à une grande terrasse aménagée où les jeunes tout comme les grandes personnes peuvent s’aérer avec une vue magnifique sur le Mont Ventoux d’un côté et sur le potager de l’autre.

 

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Et voilà, c’est là que nous a laissé notre guide. La Bibliothèque venait tout juste d’ouvrir et le public commençait à affluer quand nous avons quitté l’Hôtel-Dieu.

  

Mais voici les quelques photos d’archives annoncées, à la fois de l’aile « Musée » en cours d’aménagement dans laquelle se trouve la « pharmacie » dans le prolongement coté salle des donatifs, puis du couvent des Sœurs complètement remanié.

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Là, se trouvait le gîte des Sœurs Augustines

  

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Et quelques clichés de l’aile du couvent des sœurs où seront stockées dans les meilleures conditions de conservation les œuvres du fond de l’Inguimbertine qui feront l’objet d’expositions temporaires à l’avenir.

 

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En face de l’entrée du couvent des sœurs se trouve l’entrée de la Pharmacie :

 

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Là, se trouve la Pharmacie

 

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Une collection étonnante de flacons en faïence.

 

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La légende en médaillon au-dessus du meuble central est rédigée en latin, « Herbis non verbis fiunt medicamina vitae » (Ce sont les plantes et non les discours qui soignent.)

 

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Juste en dessous du médaillon, l’armoire aux ingrédients rares et quelques-uns des 118 tiroirs d’herboristerie :

 

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Et la table en pierres précieuses polymorphes offerte par Isidore Moricelly en 1886 !

  

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Enfin quelques photos d’archives de la Chapelle en attendant qu’elle soit restaurée… 

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La Chapelle se trouve ici !


...Pour ne pas vous laisser sur l’espoir d’en voir plus que nous avait donné le petit trou de la serrure…

 

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93 - Monument funéraire de Mr Malachie d'Inguimbertine dans la chapelle.jpg   94 - Tombeau d'Isidore Moricelli.jpg

Les monuments funéraires de Dom Malachie d’Inguimbertine et d’Isidore Moricelly !

 

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Le moucharabieh qui permettait aux Sœurs Hospitalières Augustines de suivre les offices en toute discrétion.

 

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L’étonnant plafond plat avec ses clés de voûte en au fond de la chapelle qui soutient la galerie.

 

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Nous vous laissons apprécier la complexité de la stéréotomie de ce plafond !

 

Je terminerai donc pour conclure, à l’instar de cette prouesse de plafond plat en rappelant que l’ancien Musée Inguimbertine comptait des collections si importantes que seulement un dixième de ses œuvres d’art était exposé dans la bibliothèque municipale.

  

La nouvelle Bibliothèque-Musée va pouvoir en exposer les trois quarts tout en offrant tous les services classiques d’une Bibliothèque-Musée, du prêt de livres à l’accueil des scolaires et des groupes culturels, ainsi que l’aide à l’orientation et à la recherche d’emploi, et tout une batterie de services innovants et quasi-gratuits sera opérationnelle dans l’ancien hôpital de l’Hôtel-Dieu à l’horizon 2022.

 

Je rappelle la richesse du fond : 250000 volumes (dont 100000 anciens), 3000 manuscrits, 4000 périodiques, 1000 tableaux, 300 sculptures, 1500 objets d’art.

  

 

Une extraordinaire réalisation et aventure !

  


 

 

 

 



24/12/2019
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