1/3 L'ARSENAL DE TOULON ET SA BASE NAVALE... Le 1er de 3 Articles
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Compte tenu de la longueur de ce sujet d’article, nous l’avons partagé en trois.
La première partie est consacrée à la base navale de l’Arsenal de Toulon, que voici, la seconde partie concernera les SNA et en particulier le « Rubis » que nous sommes venus visiter lors de notre sortie du samedi 13 janvier 2018, 6 jours exactement avant la visite du Président MACRON… et la troisième partie concernera les BPC, et en particulier le « Dixmude » que nous avons visité tout de suite après le SNA.
Voici la conclusion optimiste que nous a commenté Antoine RICHEBÉ, notre officier sous-marinier instructeur et notre accompagnateur pour cette visite, mais, j’ai souhaité la mettre en titre en rendant hommage à son attachement, son enthousiasme et son crédo dynamique qui semblent être une valeur partagée par tous les sous-mariniers !
« La France peut être fière d’être une des 4 nations majeures quant à sa maitrise sur (et sous) les océans.
Elle n’a rien à envier aux Russes, aux Américains ni aux Anglais auxquels le Brexit vient de couper les ailes quant à sa coopération dans une force navale Européenne, sans parler des Indiens et des Chinois qui viennent d’entrer dans le cercle des nations disposant d’une marine nucléaire moderne.
La France a su innover dans tous les domaines, prendre un temps d’avance et, ce qui est rassurant, continue à être un des fers de lance de cette maitrise malgré les restrictions budgétaires drastiques que nous avons dû consentir. »
Vous allez comprendre…
L’ancienne porte d’entrée de l’Arsenal, devenu le musée de la Marine
Avec mon petit groupe des « Séniors au Top » la « visite du mois », en ce début d’année, a été consacrée à l’Arsenal de Toulon, ou plutôt à deux bâtiments parmi les fleurons de la Marine Nationale Française que sont les « SNA » et les « BPC » basés à Toulon sans omettre, bien sûr, le porte-avion nucléaire, « Charles de Gaulle » qui était précisément en maintenance quand nous avons visité l’Arsenal mais qui, à lui seul, mérite qu’on lui consacre une journée entière.
SNA, BPC, DCNS… La Marine adore les sigles, mais ne craignez rien, nous vous les décrypterons au fur et à mesure !
À l’entrée de l’Arsenal, notre petit groupe était fort heureusement annoncé (c’est que, pour ce faire, il faut montrer patte blanche, être de nationalité Française, non sans avoir transmis sa carte d’Identité Nationale suffisamment à l’avance pour obtenir les autorisations nécessaires, et en plus, permettre à la gendarmerie maritime de les enregistrer avant de pénétrer dans l’Arsenal).
Enfin, pour tout dire, nous étions attendu par Antoine RICHEBÉ, (le neveu de notre copain, le « sénior au top » Guy de LARTURIÈRE), un officier instructeur sous-marinier qui a bien voulu nous consacrer, sur son weekend, le temps de nous recevoir pour nous faire visiter « son » sous-marin nucléaire d’attaque (SNA), le « Rubis », qui est l’un des 6 sous-marins nucléaires d’attaque de la Marine Nationale, tous basés à Toulon, et dont il aimerait bien pouvoir prendre le commandement dans trois ou quatre ans avant de faire l’école de guerre où il vient d’être admis ce qui probablement lui permettra ensuite de rejoindre l’état-major de la Marine.
Antoine s’était donc proposé de nous faire visiter dans le détail le SNA « Rubis », le matin, en profitant de son immobilisation pendant une période d’entretien de sécurité, puis, l’après-midi, le « Dixmude », l’un des trois BPC (Bâtiment de Projection et de Commandement - dont deux étaient à quai en attente d’une nouvelle opération), et sur lequel il va s’embarquer comme instructeur pour une période de quatre mois lors de sa prochaine opération.
Nota Bene : en même temps que nos Cartes d’Identités Nationales ou Passeports étaient déposés au poste de la Gendarmerie Maritime pour contrôle, il nous avait été demandé de ne pas prendre de photos et d’éteindre nos téléphones portables. Nous avons respecté la consigne !
Fort heureusement, j’ai trouvé toutes les photos qui suivent, à la fois :
1- dans le magazine « MER et MARINE » (et me suis engagé à citer le Copyright de Vincent GROIZELEAU, le photographe de la Rédaction)
2- ainsi que quelques autres sur le site officiel du Ministère des Armées :
https://www.defense.gouv.fr/marine
3- ou encore sur le site du maître de conférences d'Histoire contemporaine à Paris IV – Sorbonne, Jean-François KLEIN :
http://netmarine.net/forces/operatio/toulon/arsenal.htm
Dont j’ai reproduit certains commentaires en copié-collé dans l’ordre (ils sont tous en italique pour les différencier de ma prose et respecter le copyright ©).
L’entrée de l’Arsenal avec son antique Tour de l’horloge à campanile.
Tout d'abord une petite présentation de « la Royale », la Marine Nationale Française, crée en 1624, par une vidéo de 3 minutes dans laquelle les BPC sont mis à l'honneur parce qu'au centre de toute la FAN, (la Force d'Action Navale), la FSM (les Forces Sous-Marines) et l'AVIA (La Force Maritime de l'Aéronautique Navale)...
I - UN PETIT RAPPEL HISTORIQUE…
La Marine Nationale que, pendant des générations, et encore aujourd’hui bien sûr, on a désigné par « la Royale » et pour cause, est installée dans cette magnifique rade de Toulon occupée depuis la plus haute antiquité.
L'histoire de l'Arsenal de Toulon et celle de la ville sont inséparables, en raison d'une interdépendance naturelle, qui se perpétue, pour assurer à la fois la défense nationale et le développement économique de la région.
Depuis l’antiquité, la rade exceptionnelle de Toulon a fasciné les marins.
Dès le Xème siècle avant J.C., les Phéniciens avaient fondé une teinturerie de pourpre sur une plage près du village celto-ligure de « Télo ». Cet établissement est à l'origine d'une ville industrielle et commerçante connue à l'époque Romaine, sous le nom de « Télo-Martius » qui deviendra… Toulon !
Le site, hors du commun, de la rade est déjà utilisé comme port militaire, puisque les galères de l'Empire viennent y mouiller. La chute de Rome, les grandes invasions, puis les guerres carolingiennes ravagent la région.
Au Moyen-Âge, Toulon est cédé aux Comtes de Provence qui en font un petit port de pêche très dynamique.
L'installation d’un évêché renforce la ville de Toulon qui attend le XIIIème siècle pour voir s'élever ses premières murailles.
Le rattachement de la Provence au Royaume de France, en 1481, change peu la situation de la ville.
En tout cas, officiellement, depuis que le Roi Louis XII, le bienveillant « Père du Peuple », conscient de l’enjeu, même si ses successeurs n’ont pas toujours eu les bonnes intuitions, y a fait édifier les premiers ouvrages de défense de la rade dont la « Tour Royale » à la pointe Est de la rade en 1514 !…
La « Grosse Tour » ou « Tour Royale »
Toulon est ensuite occupé par les troupes de Charles-Quint et, en 1543 le passage de l’amiral Turc Barberousse et de sa flotte (pourtant un allié de François 1er) à qui on a livré la ville en lieu et place de Nice, alors hors du Royaume, met la ville en coupe réglée (cf. mon article sur les Vaudois de Provence).
Ces évènements et l'installation d'une flotte de guerre étrangère à celle du Royaume font prendre conscience aux autorités de la nécessité de fortifier le site pour en assurer la défense.
Progressivement Toulon sort de son rôle de port de pêche pour celui de port de guerre et en 1595, la ville est devenue « citadelle ». Mais cela ne suffit pas…
Alors que l’Espagne, géant naval du XVIème siècle, depuis la découverte de l’Amérique en 1493 est pourvue d’une solide marine (« Armada Española » = Marine Espagnole) et d’une tout aussi solide administration navale,
... alors que l’Angleterre qui a adopté la Réforme avec la très protestante Reine Elisabeth 1ère se dote, au lendemain de sa résistance héroïque d’un David face au Goliath de l‘invincible « Armada » Espagnole en aout 1588, des bases de ce qui sera plus tard la « Royal Navy »,
... et malgré les prémonitions de Louis XII, les rois de France, tout à leurs tropismes continentaux et à leurs problèmes intérieurs, ne franchissent pas cette étape.
La charge d’Amiral de France est d’abord et avant tout un enjeu des luttes d'influences et de pouvoir à la cour du roi et avec les guerres de religions, à partir des années 1560, les amiraux combattent essentiellement à terre.
« En France, les protestants ne voulant pas rester inactifs créent même à la Rochelle, une Amirauté rebelle. L’apport huguenot est important sur le plan naval car les régions littorales les plus touchées par la Réforme (la Normandie, l'Aunis, le Poitou et la Saintonge) font preuve d’un réel dynamisme.
La plupart des marins normands sont protestants et La Rochelle s’affirme comme une grande cité maritime, quasi indépendante à la fin du XVIème siècle, mais cela accentue encore les affrontements avec l’autorité royale.
À l’avènement d’Henri IV, le littoral français est hélas dans son ensemble à l’abandon et le roi n’a qu’un seul bâtiment de guerre alors qu’au même moment l’Angleterre résiste à l’Invincible Armada Espagnole.
Ce n'est qu’au siècle suivant, avec Richelieu et Colbert, que la France va enfin se doter d'une marine permanente, avec l'administration, les arsenaux et les budgets adéquats.
Cette période, qui va du début du XVIIème siècle à 1715 est très importante car c'est pendant ces décennies que la marine française devient une force permanente.
Jusque-là, l'autorité royale se contentait d’armer ponctuellement en guerre des flottes formées de navires civils réquisitionnés.
Cette création est l’œuvre de Richelieu. C’est une naissance difficile car les efforts ne sont pas réguliers. Cette jeune marine décline après la mort du cardinal avant de renaitre sous Louis XIV grâce à la volonté du principal ministre au début du règne : Colbert.
Pour faire vivre ses escadres, l’autorité royale développe un véritable outil industriel qui va du chantier naval militaire aux fonderies de canons et d’ancres, aux manufactures de voiles, corderies et autres agrès, sans parler de la mise à contribution de presque toutes les forêts du royaume pour fournir le bois de construction.
Tiens !... à ce propos, savez-vous que si tous les meubles Provençaux anciens sont toujours taillés dans du bois de noyer, de merisier ou de châtaignier ?
C’est tout simplement parce que Colbert avait interdit que l’on se serve du bois de chêne qui était destiné uniquement à la construction navale de la flotte Royale et cette réquisition a perduré même après la Révolution… (NDLR !)
Une administration de la marine Royale se met en place pour gérer les arsenaux, veiller au ravitaillement, enregistrer les matelots, alors que des écoles sont créées pour former les officiers.
Les ports en sont profondément transformés, comme Brest et Toulon, mais aussi Marseille, Le Havre, Dunkerque, Lorient, Cherbourg. Un port-arsenal est même créé de toutes pièces : Rochefort.
Le port militaire de Toulon en 1700
L’Arsenal de Toulon, « Une ville dans la ville » de 170 hectares, aujourd’hui, c’est 25000 Salariés dont 3000 salariés de l’ex-DCNS devenue le « NAVAL GROUP » (1), qui travaille sur 25 hectares de bâtiments et 17 Km de quai.
La base militaire possède environ 30 kilomètres de routes. Elle est aussi dotée d'un réseau ferroviaire allant de la ligne SNCF à hauteur de La Seyne-sur-Mer jusqu'aux quais en passant par des hangars de stockage !
Le port militaire de Toulon vu d’en haut… (Google)
II - IMPORTANCE ET INVENTAIRE DE LA MARINE NATIONALE BASÉE À TOULON.
Avant de poursuivre, il nous faut dire que la flotte de la Marine Nationale basée à Toulon, comprend toute la gamme des bâtiments traditionnels ou spécifiques de l’armement Français.
Toulon, c’est la 2nde base navale française la plus importante après Brest ; d’autres bâtiments sont basés à Cherbourg, Brest et Lorient mais aucune de ces bases ne possède la totalité des bâtiments spécifiques présents à Toulon (exception faite des 4 SNLE basés à Brest).
Sont actuellement basés à Toulon :
1 - Un (et il faut bien le dire « le » PAN) Porte-Avions Nucléaire, le seul que possède la France, bien qu’un second était en projet en collaboration avec le Royaume Uni, mais le « Brexit » a tout remis en cause…
À lui seul, un tel bâtiment représente 12% du budget de fonctionnement de l’Armée Française (31,4 milliards € en 2018) pour une année, à savoir 4 milliards € en valeur absolue; ceci explique qu’il a fallu revoir le planning car dans l’immédiat c’est la France seule qui devrait en supporter l’investissement, mais il n’a pas été remis en question lors de la visite du Président MACRON le vendredi 19 janvier 2018…
La construction du 2nd PAN est seulement suspendue, momentanément, le temps d’y voir plus clair, car le gouvernement Français souhaite une concertation et avec le Royaume Uni qui voudra probablement poursuivre une collaboration, et avec les autres nations Européennes dans le cadre d’un futur système de défense Européen car il ne faut pas oublier que c'est le seul PAN Européen :
Le « Charles de Gaulle », navire amiral de la flotte Française, porte-avions à propulsion nucléaire, plus gros bâtiment militaire d’Europe, fleuron de notre armée.
260 mètres de long, 65 de large, haut comme un immeuble de 25 étages. Il embarque 2 000 hommes d’équipage, 40 avions et hélicoptères et 20 tonnes de farine rien que pour cuire le pain.
Lors de notre visite de l’Arsenal il était à quai en maintenance car on remplaçait ses radars.
Le PAN Charles de Gaulle accompagné d'un BPC (à babord) et d'une Frégate anti-sous-marine (à tribord)
Nota Bene: et cela dit sans acrimonie aucune et malgré la description dithyrambique que je fais de l'armement de la Marine Nationale dans la suite de cet article, mais ce qui suit va être valable pour les sous-marins nucléaires également, quand le Charles de Gaulle arrivera à une retraite bien méritée vers 2040… Il faudra bien en faire quelque chose :
- le vider de ses équipements qui peuvent encore servir,
- recycler ses matériaux polluants,
- en particulier l’usine nucléaire qui lui sert de moteur et enfin
- trouver une bonne âme qui accepte de récupérer et traiter sa carcasse.
Bien sûr, on pourrait faire comme les Américains et couler le bébé radioactif par 10000 mètres de fond. Ce n’est pas la méthode française.
Pour mémoire, la carcasse de son prédécesseur, le Clémenceau, devait être démantelée en Espagne… On la retrouve pourtant au large de l’Italie en route pour la Turquie.
Puis c’est en Inde qu’on convoie la coque remplie de 1000 tonnes d’amiante. Le passage du canal de Suez coûte 2,5 millions d’euros. Mais l’Inde change d’avis et refuse l’encombrant fardeau… qui revient à Brest (encore 4,5 millions d’euros le voyage).
C’est finalement le Royaume-Uni qui s’occupera de la dépollution et du démantèlement après force discussions, décisions de justice et manifestations.
Cela aura pris 10 ans pour un navire « conventionnel », le Charles de Gaulle, lui, est à énergie nucléaire.
Combien coûtera le démantèlement du Charles de Gaulle, personne ne le sait.
Ce qui est sûr, c’est que personne n’a provisionné le moindre centime pour l’opération. Ils s’en débrouilleront bien en 2040.
Dans une entreprise privée, on prévoit, on alimente une caisse, un peu tous les ans afin de ne pas être pris de court.
Mais l’État n’est pas une entreprise. L’État ne prévoit pas la retraite de l’auguste bâtiment, ni celle de ses fonctionnaires de même que de nombreux engagements et garanties qui sont donnés sans être comptabilisés.
L’État s’engage sans compter, c’est ce que l’on appelle le « hors-bilan ».
Les chiffres de la Cours des Comptes à propos du Hors-Bilan de l'État sont sans commune mesure et ne doivent pas passer inaperçus.
2 - Six SNA (Sous-marins Nucléaires d'Attaque) :
Rubis (S601) que nous allons visiter…
Saphir (S602)
Casabianca (S603)
Émeraude (S604)
Améthyste (S605)
La Perle (S606)
Le SNA (en avant plan) au sein du groupe aéronaval…
Le SNA « Rubis » à quai et que nous allons visiter…
3 - Trois « BPC » ou Bâtiments de Projection et de Commandement :
Mistral (L9013)
Tonnerre (L9014)
Dixmude (L9015) que nous allons visiter… On l’étudiera plus en détail, ci-après.
Le BPC « Dixmude » à quai que nous allons visiter.
4 - Deux « FDA » ou Frégates de Défense Aérienne
Forbin (D620)
Chevalier Paul (D621)
La Frégate de Défense Aérienne « Chevalier Paul »
5 - Trois FREMM (FRÉgate Multi-Missions) :
Languedoc (D653)
Auvergne (D654)
La FREMM « Auvergne », à quai à côté du « Dixmude » lors de notre visite.
6 - Deux Frégates antiaériennes :
Cassard (D614)
Jean Bart (D615)
Ces Frégates sont bourrées d'électronique !...
7 - Une Frégate anti-sous-marine :
Jean de Vienne (D643) l’une des 7 frégates anti-sous-marine française.
8 - Cinq Frégates Furtives de type « La Fayette » :
La Fayette (F710)
Surcouf (F711)
Courbet (F712)
Aconit (F713)
Guépratte (F714)
Les Frégates Furtives accompagnent toujours le porte-avion « Charles de Gaulle » en opération
9 - Quatre Avisos (parmi les 17 de la flotte), des bâtiments spartiates mais bourrés d’instruments.
Enseigne de vaisseau Jacoubet (F794)
Commandant Ducuing (F795)
Commandant Birot (F796)
Commandant Bouan (F797)
10 - Et une quantité d’autres bâtiments dont :
Différents patrouilleurs,
Bâtiments de lutte contre les mines et de soutien à la plongée,
Bâtiments amphibies,
Bâtiments de soutien et de ravitaillement,
Bâtiments spéciaux et d'expérimentations,
Barges catamaran de débarquement « LCAT » qui peuvent entrer, 4 par 4, à l’intérieur des BPC.
Des Remorqueurs.
III – IMPORTANCE DE LA MCO (Maintien en Condition Opérationnelle)
L'ex-Direction des Constructions Navales, devenue DCNS puis « NAVAL GROUP » (cf. note 1 - en fin d’article), a changé de statut et a complètement remis à plat le MCO des SNA, avec le Service de Soutien de la Flotte (SSF), comme d'ailleurs de tous les bâtiments de la marine.
Nous avons maintenant des contrats de MCO globaux en plus de lignes de travaux au cas par cas.
Les nouveaux contrats concernent une flotte cohérente par types de bateaux, par exemple l'ensemble des SNA, et intègrent les rechanges et les infrastructures. De plus, ces contrats sont pluriannuels, soit 5 ans, ce qui nous permet de faire des travaux préventifs et nous donne une meilleure visibilité », explique Bernard Sans, directeur du site « NAVAL GROUP » ex-DCNS, de Toulon, qui emploie au sein de la division Services du groupe naval quelques 2000 personnes.
Les nouveaux marchés de MCO ont permis de redresser de manière remarquable le taux de disponibilité de la flotte, tout en baissant les prix. Car la visibilité donnée par ces contrats pluriannuels permet à l'industriel et à ses sous-traitants de proposer des offres nettement plus compétitives, tout en ayant la latitude de mener, en lien avec les marins, les interventions jugées nécessaires avant qu'un éventuel problème ne dégénère en avarie. »
À Toulon, le « NAVAL GROUP » assure l'entretien et la réparation d'une trentaine de bâtiments de surface dont :
- le porte-avions nucléaire « Charles de Gaulle »,
- les « BPC » ou Bâtiments de Projection et de Commandement « Mistral », « Tonnerre » et « Dixmude »,
- le transport de chalands de débarquement « Siroco »,
- les quatre « FDA » ou Frégates de Défense Aérienne des types « Cassard », « Horizon » et « Forbin »,
- les trois Frégates anti-sous-marines du type « Georges Leygues »,
- les cinq Frégates Furtives du type « La Fayette »,
- les quatre avisos
- trois chasseurs de mines.
Au sein des 170 hectares de la base navale, le MCO de ces bâtiments est effectué dans deux zones: les bassins Vauban pour les grandes unités et l'ilot Castignau pour les navires de faible et moyen tonnage, quant aux six SNA, ils sont entretenus dans les trois bassins Missiessy, où un pôle spécialisé a été développé. Entre 300 et 400 personnes travaillent sur la MCO des sous-marins.
Le bassin de radoub Groignard (date de 1778!)
Nous avons des équipes de programmes dédiées, des ateliers spécifiques pour les parties mécaniques, comme l'entretien des mâts, des périscopes et des antennes de transmission ; des ateliers nucléaires travaillant au profit des SNA mais aussi du Charles de Gaulle, et des moyens lourds, précise le responsable du MCO des sous-marins à Toulon.
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BIBLIOGRAPHIE :
1) Le Groupe Français « Naval Group » (source Wikipédia)
Dates clés :
Création : en 1631 à la naissance des premiers arsenaux français.
Ses fondateurs : Armand Jean du Plessis de Richelieu (eh oui… le Cardinal, dit le cardinal de Richelieu, cardinal-duc de Richelieu et duc de Fronsac, ecclésiastique et homme d'État, né le 9 septembre 1585 à Paris et mort le 4 décembre 1642 dans cette même ville. Pair de France, il a été le principal ministre du roi Louis XIII !)
2003 : DCN (la Direction des Constructions Navales) devient une société anonyme.
2007 : acquisition des activités navales de Thales et entrée de Thales dans le capital de DCN :
DCN devient alors DCNS. Le « S » adjoint faisant référence aux Services et à l'expertise dans les Systèmes qu’apporte Thales en entrant dans les actionnaires du Groupe.
2017 : DCNS devient « NAVAL GROUP ».
Forme juridique actuelle : Société Anonyme
Slogan : « Power at Sea »
Siège social : Paris
Direction : Hervé GUILLOU
Actionnaires :
État Français : 62,49 %
Thales : 35 %
Collaborateurs : 1,69 %
DCNS Autocontrôle : 0,82 %
Son activité :
Conception, construction et entretien de navires militaires de surface, de sous-marins, de systèmes et d’équipements, fourniture de services aux marines, énergies marines renouvelables…
Produits : Frégates, sous-marins nucléaires ou classiques, porte-avions, systèmes d'armes embarqués, systèmes propulsifs, services aux forces, énergies marines renouvelables (hydrolien, éolien, stations d’énergie thermique des mers)...
Filiales : Naval Energies, Sirehna, Kership...
Effectifs : 12779 collaborateurs (en 2016)
Site web: https://www.naval-group.com
Chiffre d’affaires : 3,2 milliards € (en 2016) et Résultat net : 87,5 millions € (en 2016)
2) Quant à la création de l’arsenal lui-même, le site le mieux documenté dont nous publions ci-dessous un extrait est probablement :
http://netmarine.net/forces/operatio/toulon/arsenal.htm
HISTOIRE DE L’ARSENAL…
Quand se répandit l'usage du canon, les galères qui ne pouvaient être armées qu’à la proue et à la poupe, se révélèrent inférieures aux nefs. Mais le tirant d'eau de celle-ci étant supérieur, il fallait pour les construire de vastes et profondes rades. C'est pourquoi Toulon fut choisie pour y implanter un arsenal.
L'histoire de l'Arsenal de Toulon et celle de la ville sont inséparables, en raison d'une interdépendance naturelle, qui se perpétue, pour assurer à la fois la défense nationale et le développement économique de la région.
Depuis des temps antiques, la rade exceptionnelle de Toulon fascine les marins. Dès le Xème siècle avant J.C., les Phéniciens fondent une teinturerie de pourpre sur la plage de Lagoubran non loin du Canton Celto-Ligure nommé Télo. Cet établissement est à l'origine d'une ville industrielle et commerçante connue à l'époque Romaine, sous le nom de « Télo-Martius » qui deviendra Toulon !
Le site, hors du commun, de la rade est déjà utilisé comme port militaire, puisque les galères de l'Empire viennent y mouiller. La chute de Rome, les grandes invasions, puis les guerres carolingiennes ravagent la région.
Au Moyen-Âge, Toulon est cédé aux Comtes de Provence qui en font un petit port de pêche très dynamique. L'installation de l'évêché renforce la ville de Toulon qui attend le XIIIe siècle pour voir s'élever ses premières murailles. Le rattachement de la Provence au Royaume de France, en 1481, change peu la situation de la ville. Toulon est occupé par les troupes de Charles-Quint et, en 1543 le passage du Turc Barberousse et de sa flotte, pourtant allié à François 1er, met la ville en coupe réglée.
Ces évènements et l'installation d'une flotte de guerre étrangère à celle du Royaume font prendre conscience aux autorités de la nécessité de fortifier le site pour en assurer la défense.
Progressivement Toulon sort de son rôle de port de pêche pour celui de port de guerre. En 1595, la ville est devenue citadelle.
D'HENRI IV à LOUIS XIV: NAISSANCE DE L'ARSENAL
C'est justement cette année-là qu'Henri IV, reconnaissant que les habitants avaient, à leurs frais, élevé les murailles qui protégeaient la ville, leur accorde l'usufruit à perpétuité des fossés et terrains à gagner sur la mer. On peut voir dans cette concession la naissance de l'arsenal.
En 1599, un arrêt rendu par le Parlement de Provence précise, le 30 juin, qu'une partie de ces terrains est « destinée à servir à la construction, à fabriquer des vaisseaux et pour bâtir un arsenal ».
Plan de Toulon au Moyen âge, puis modifié sous Henri IV
En 1610, les premières galères s'installent à Toulon. Marseille reste encore le principal port de guerre méditerranéen du Royaume mais plus pour très longtemps.
L'évolution des technologies maritimes, le passage de la rame à la voile, l'augmentation progressive du tonnage et du tirant d'eau des bâtiments, l'approvisionnement en matériaux divers - voiles, gréements, mâts, explosifs, etc…, la nécessité de protéger les bâtiments, tout cela désigne Toulon et sa rade exceptionnelle.
Le 29 mars 1631, Richelieu, devenu Grand Maître et Surintendant Général de la Navigation, décide que les vaisseaux ne seront plus à la charge de leur capitaine, mais que l'État les possèdera en propre et les entretiendra dans des arsenaux. Des Commissaires généraux sont désignés pour gérer les nouveaux ports de guerre du Royaume.
En juillet 1636, 59 vaisseaux sont équipés à Toulon et reprennent les îles de Lérins aux Espagnols. Toulon vient de faire ses preuves.
Trois ans plus tard, le Cardinal de Richelieu affirme « Toulon sera notre premier établissement militaire en Méditerranée ». À peine achevés, les travaux reprennent. La flotte est trop à l'étroit dans la vieille darse et ne dispose que de quelques magasins de stockage.
Dès 1650, l'Intendant de la Marine, Louis Le Roux d'INFREVILLE, projette l'agrandissement de l'arsenal. Projet d'autant plus nécessaire qu'au cours d'une visite, Louis XIV décide la construction de nouveaux bâtiments. Pierre PUGET, mis à contribution, dessine quelques plans et dresse celui du vaisseau-amiral le Monarque.
Vue du port de TOULON - La Vieille Darse (huile sur toile par Vernet - 1756)
En 1666, Toulon est désigné pour devenir le grand port de guerre du Levant, en quelque sorte le pendant de Rochefort qui contrôle l'océan Atlantique et la route du sucre. Colbert prévoit la construction d'une corderie, de nombreux magasins et d'un fourneau pour la fonderie qui alimentera en canons et boulets les nouveaux vaisseaux. Trois ans plus tard, on décide de dresser un grand projet d'arsenal le port doit être important car les vaisseaux de haut bord se substituent progressivement aux galères.
Le rayon d'action de la flotte française s'étend. L'arsenal doit pouvoir accueillir 50 à 60 vaisseaux de ligne !
De 1669 à 1678, de nombreux projets arrivent sur le bureau de Colbert. Des noms prestigieux sont associés à cette aventure : le Chevalier de Clerville, Pierre Puget, Cambert, etc. Trop onéreux, ils sont refusés. Ne sachant que faire, Colbert fait appel à Vauban qui décide de fortifier la ville et d'agrandir l'arsenal. Le projet tient debout mais coûte cher. Vauban démontre pourtant l'impérieuse nécessité du chantier: chacun sait que la sécurité du territoire n'a pas de prix... En juin 1679 débutent les travaux, menés de main de maître par Antoine Niquet.
L'arsenal s'étend vers l'Ouest et s'agrandit du hameau de Castigneau.
De nouvelles fortifications sont édifiées et, pour éviter l'envasement du port, on détourne les ruisseaux du Las et de l'Eygoutier. Toulon change. Ces travaux durent 15 longues années et bouleversent définitivement la physionomie toulonnaise.
Pour Vauban, Toulon sera « le plus grand port de l'Europe situé dans la meilleure rade ». Pour mener à bien ces projets grandioses, Louis XIV décide d'agrandir la ville. Les opérations immobilières qui en découlent financeront les travaux de Vauban. Entre 1681 et 1701 l'arsenal sort de terre et de mer : on voit apparaitre un hôpital, un quartier des vivres, d'immenses magasins de stockage, un casernement, de nouvelles jetées, un magasin pour cordage goudronné, la corderie, l'étuve ; on prévoit d'agrandir la fonderie qui produit 500 canons tous les 18 mois et écoule vers Brest une partie de sa production...
A tout cela, on ajoute une poudrerie (Lagoubran puis Milhaud) puis des ouvrages de prestige : une pépinière, un séminaire et une boulangerie.
Dès 1668, on arrive à armer 4 vaisseaux de ligne par an.
Le 15 janvier 1698, on célèbre la paix de Ryswick. Le nouvel arsenal est à peu près terminé. Mais le bel effort des constructions navales des années 1664 à 1673 s'est terriblement ralenti. Les finances du royaume sont au plus bas.
Éternel problème budgétaire : on hésite entre Ponant et Levant... Lorsque la Guerre de Succession d'Espagne (1702-1713) éclate, on arrive à ce paradoxe : un arsenal flambant neuf accueille 50 vaisseaux sans munitions !
En 1707, face à l'arrivée des troupes impériales, piémontaises et anglaises, on saborde la flotte dans l'esprit de la renflouer plus tard. Peine perdue... (On la sabordera à nouveau lors de la seconde guerre mondiale...)
Puis en 1720, la peste frappe... La moitié de la population est décimée. C'est sur cette touche sinistre que s'achève la première phase de la construction de l'arsenal.
PHOTOGRAPHIES :
Fort heureusement, j’ai trouvé toutes les photos qui illustrent ces trois articles, à la fois :
1- dans le magazine « MER et MARINE » (et me suis engagé à citer le Copyright de Vincent GROIZELEAU, le photographe de la Rédaction)
2- sur le site officiel du Ministère des Armées :
https://www.defense.gouv.fr/marine
3- sur le site du maître de conférences d'Histoire contemporaine à Paris IV – Sorbonne, Jean-François KLEIN :
http://netmarine.net/forces/operatio/toulon/arsenal.htm
Pour la suite, à savoir, la visite d'un Sous-Marin Nucléaire d'Attaque cliquer ici !