07/2025 - ACCORDS ÉTATS-UNIS / EUROPE (DÉSUNIE !)
UN MARCHÉ DE DUPES ET UNE HUMILIATION SUPPLÉMENTAIRE !
Voitures, vin, produits de luxe…
Des secteurs essentiels de l’économie européenne vont être concernés par des droits de douane américains de 15 %, selon l’accord annoncé dimanche 28 juillet par le président américain, Donald TRUMP, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der LEYEN.
L’Union européenne avait donné son feu vert, jeudi 24 juillet, à une série de mesures de rétorsion commerciale visant les Etats-Unis. Cette réponse, chiffrée à 93 milliards d’euros, devait s’appliquer à partir du 7 août si aucun accord n’était trouvé avec Washington sur la question des droits de douane.
Pour le moment, ces contre-mesures ne seront donc pas appliquées.
Car les USA et l'UE ont donc trouvé un accord commercial... (Cf. Article du Monde du 28/07/2025)
Officiellement, c'est un compromis.
Officieusement, c'est un révélateur. Un révélateur brutal de ce que nous sommes devenus, et peut-être de ce que nous n'avons jamais cessé d'être : un continent dépendant, divisé, et donc vulnérable.
« 15 % » : c’est le tarif douanier que les produits européens devront désormais acquitter pour entrer sur le marché américain !
En retour ? Une réduction massive des droits de douane européens, parfois jusqu’à zéro, sans réelle contrepartie équivalente.
Et un engagement à acheter 750 milliards de dollars d’énergie fossile américaine, à investir 600 milliards supplémentaires sur le sol US, à se fournir en armement... sans garanties réciproques.
UN MARCHÉ DE DUPES comme certains l'affirment ? Mais c'est bien sût quand on pense aux difficultés que nous avons pour réduire l'usage des énergies fossiles générateurs en partie du réchauffement climatique !
Je dirais plutôt une confirmation.
Confirmation que l’Europe n’a pas su, ou voulu, sortir de sa dépendance. Qu’elle a misé sur une transition énergétique qui ne l’émancipe pas. Qu’elle croit encore qu’on négocie mieux avec des valeurs qu’avec du levier. Et que, face à un Donald Trump qui parle en brutalité tarifaire, elle répond en homélies diplomatiques.
On pourrait blâmer les négociateurs. On pourrait parler d’humiliation. Mais le problème est ailleurs. Structurel. Systémique. Il vient de loin.
Cela fait des décennies que l’Europe accepte d’externaliser ses sécurités : militaire à l’OTAN, énergétique à la Russie, technologique aux USA et à la Chine. Cela fait des années qu’elle accepte de ne pas avoir de politique industrielle commune, de stratégie d’investissement partagée, de rapport de force coordonné, que ses membres se tirent dans les pattes.
Et le jour où il faut faire front, elle découvre qu’elle n’a ni bouclier, ni épée, ni colonne vertébrale.
Car pendant que TRUMP négocie comme on mène une guerre, vite, fort, sans remords, l’Europe débat, hésite, ajuste.
L’Allemagne veut sauver son industrie auto.
La France proteste pour ses cosmétiques et ses vins.
L’Italie veut éviter l’escalade.
Résultat ? Une voix européenne fracturée, donc inaudible.
Cet accord est un miroir qui révèle ce que nous avons laissé faire. Ce que nous avons choisi par défaut. Et peut-être, ce qu’il est encore temps de repenser.
Mais pour cela, il faudra plus qu’un sursaut. Il faudra une volonté politique réelle de peser. Une conscience claire des interdépendances. Et un projet commun qui dépasse les intérêts nationaux. Autant dire qu'on est proches d'un scenario de SF.
En attendant, un rapport de force de plus en plus déséquilibré, un genou à terre et une allégeance au bully Trump. On ne peut s'en prendre qu'à nous-mêmes (et à celles et ceux qui nous dirigent sans vista depuis si longtemps).
À venir :
- Affaiblissement industriel progressif
- Transfert massif de valeur vers l’extérieur
- Dépendance énergétique persistante
- Pression sur la cohésion européenne
- Perte d’autonomie stratégique
- Érosion du multilatéralisme
- Augmentation de la défiance des peuples envers leurs élites