LA CIGALE, CETTE INCONNUE !
Un petit air de nostalgie pour aborder cette fabuleuse histoire de la Cigale...
Et je ne laisserai pas tout de suite à Jean de La Fontaine le soin de vous la compter !
Vous pouvez l'arrêter en cliquant ci-dessus sur le symbole :
Depuis quelques jours, la cigale, un des emblèmes de la Provence, s'est mis à « chanter tout l’été », alors, j’ai décidé de lui consacrer quelques mots pour la glorifier et vous la faire découvrir de façon, disons, très intimiste...
Aujourd’hui, on ne va pas essayer de savoir qui de la poule ou de l’œuf est arrivé en premier, car la cigale, elle, est apparue sur cette terre, à l’emplacement de la Russie, il y a 265 millions d’années, c'est à dire bien avant l’homme de Neandertal, un petit gamin de 250 000 ans seulement… Quant à la poule, elle n’avait précédé l'homme que de très peu.
La cigale que l’on rencontre le plus souvent en Provence est la « cigale grise » encore appelée « Cacan » (en latin Cicada Orni - dans le tableau ci-dessous c'est la cigale de la 2ème rangée à droite). Mais on peut en apercevoir en Provence une quinzaine d’autres espèces différentes (toutes répertoriées dans le tableau suivant).
Les originaux de ces planches de cigales sont visibles au Musée municipal de Saint Rémy-de-Provence !
La cigale est en fait un insecte de la race des « Rhynchotes Homoptères » dont plus de 4500 espèces habitent la planète. Toutes sont différentes, allant de la taille d'une mouche (la « Panka Parvulina » vit en Côte d'Ivoire et mesure 5 mm) jusqu'à celle d'un moineau (la « Pomponis Imperatoria » vit à Bornéo et mesure 8 cm de long), et émettent chacune un « chant » qui leur est spécifique. Mais on y reviendra.
La plus grande la « Pomponis Imperatoria » vit à Bornéo et mesure 8 cm de long
Et la plus petite « Panka Parvulina » vit en Côte d'Ivoire et mesure 5 mm
Alors comme tout commence toujours par des chansons destinées à inspirer l’Amour, ne dérogeons pas à la règle et mettons nous dans l’ambiance de l’aubade des cigales en cliquant ici.
Au risque de basculer dans de la pure pornographie, nous allons examiner comment se fait un bébé cigale, puis comment il va grandir…
Car cet insecte sort vraiment de l'ordinaire et, contrairement à la mauvaise réputation qu'a osé lui faire sa voisine, la fourmi, la cigale est un peu comme ces intermittents du spectacle sans lesquels le Festival d'Avignon ne pourrait avoir lieu, et ce serait dommage, car dans notre monde de brutes on a besoin des artistes pour nous faire rêver !
D'abord, il faut savoir que la cigale ne se nourrit que de la sève des arbres sur lesquels elle se pose sans les endommager, et c'est vraiment un insecte inoffensif et attachant, très discret.
On l'aperçoit difficilement à cause de son mimétisme, et pourtant c'est le plus bruyant des insectes, le mâle seulement, car la femelle ne chante pas et ne peut pas chanter, elle n'en possède pas les attributs (et oui, Madame... Ouf, on l'a échappé belle !).
Le chant de Monsieur Cigale qu'on nomme un « Cigalon » n'est destiné qu'à attirer l'attention de sa belle, « c'est t'y pas romantique ça? ». Mais, hélas, ce faisant, ils se fait repérer par de nombreux prédateurs !
L'abdomen du « Cigalon », le mâle de la cigale, est complètement vide et ne sert que de caisse de résonance comme tous les instruments à cordes (cf. mon article sur « L’ORGANOLOGIE »).
Il ne se frotte pas les ailes pour chanter - c'est le grillon ou la sauterelle qui font ça - l'organe qui lui permet de chanter s'appelle la « cymbale »; ce sont deux membranes chitineuses situées de part et d'autre de son thorax, juste derrière la tête, à la naissance des ailes, qui, en se déformant, produisent le son, exactement comme ces petits instruments de carnaval de gosses façonnés dans une fine rondelle d'acier convexe sur laquelle on appui avec le pouce pour la déformer. Elle fait « clic » quand on appui et « clac » quand on la relâche.
Ceux d'entre vous qui ont vu le film « LA GRANDE VADROUILLE » et l'ont revu comme moi plusieurs fois avec délices, se souviennent de ce même petit appareil qui avait été distribué aux parachutistes américains pour leur permettre, le « D-day » après leur largage sur le front du débarquement de Normandie, de se faire reconnaître entre eux dans le noir par un petit bruit de clic-clac très naturel sans attirer l'attention... Eh bien le cigalon, ça fonctionne tout pareil !
La photo précédente est intéressante sur trois points :
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Prise à contre-jour, elle permets de se rendre compte que l'abdomen (flèche n° 2) du cigalon est complètement vide; c'est une caisse de résonance.
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Par ailleurs, on remarque qu'il est en train de sucer la sève de l'arbre avec son rostre (flèche n° 1), une espèce de seringue chitineuse acérée et très dure situé dans le prolongement de sa tête qu'il a enfoncé sous l'écorce de l'arbre pour en aspirer la sève.
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Enfin, on aperçoit son organe de chant, la cymbale (flèche n° 3 - ou n° 5 ci-dessous), qui se présente à l'arrière de la patte de derrière, à la naissance de l'aile, comme une membrane striée protégée par une demi coquille nommée étouffoir (flèche n° 4 ci-dessous) qui s'entrouvre comme une coquille de moule pour découvrir la cymbale ou se referme pour faire cesser immédiatement le chant si le cigalon est inquiété.
La Cymbale (en 5) est obturée par l'étouffoir (en 4) qui lui permet de devenir silencieux !
Dans mes recherches sur le net, j’ai même trouvé un site scientifique Portugais très sérieux qui a étudié tous les détails des différents chants des espèces de cigales les plus courantes (cf. cliquer ici) !
Avant tout, pour faire un bébé, chacun sait qu’il faut un papa et une maman. Navré pour l’actualité brûlante, mais la nature est ainsi faite. Deux papas ou deux mamans n’arriveront pas à faire des petits… Encore que, pour l'espèce des cigales, ils n’ont pas besoin de les élever car ils s’élèveront très bien tous seuls.
Dès que les jours commencent à diminuer, vers la fin de l’été, l'amoureux transis, le mâle, le Cigalon, qui a passé tout l’été (un petit mois, voire un mois et demi, pas plus - c'est la durée de vie d'une cigale à l'air libre!) à chanter pour se faire repérer par l'élue de son cœur, la cigale, va attendre qu'elle vienne se poser à coté de lui. C'est l'unique but de sa sérénade !
Quand il aura accompli son devoir conjugal, (avec deux ou trois partenaires différentes, quand même !), le Cigalon comme sa compagne la Cigale, se préparera à rendre l'âme très rapidement.
Là, on aperçoit une cigale - à droite - draguant deux cigalons. l'un des deux abandonnera !
Je vous rappelle qu’il n’y a que le mâle, le Cigalon qui chante, la cigale, la femelle, ne sait ni ne peut chanter.
Toutefois c'est elle qui se déplace et va voler vers le mâle qui l'attire par son aubade et non pas le contraire; et en plus du Cigalon elle a une mission très importante à remplir avant de rendre l'âme !
Avertissement : Les 7 photos qui vont suivre sont classées X !
mais je vous engage à un peu de voyeurisme pour une fois...
Et là, la belle vient de se poser en émoustillant son cigalon !
Dès que la belle a repéré le mâle capable de l'emmener au septième ciel, elle se pose à coté de lui sur la branche sur laquelle il est en train de chanter la sérénade nuptiale.
Comme chacun sait, lorsque elle a repéré l’élu, la jeune cigale va mener une opération assidue de séduction sollicitant des préliminaires ; le cigalon répond immédiatement à la sollicitation en cessant de chanter et va tout naturellement entrelacer amoureusement la Belle avec ses pattes, ce qui va l’amener en quelques secondes à ressentir quelques émotions dans le bas-ventre et son zizi va entrer en érection.
Le sexe d’un cigalon n’a pas de gland mais « c'est bien plus mieux pire » et redoutable... une espèce d’appendice muni de deux griffes situé juste au dessus de l'engin lui permets de rester fixé à sa dulcinée le temps de l’éjaculation, c'est-à-dire un bon quart d'heure. Ouais Monsieur !
On voit son petit pénis en érection sorti de son prépuce et les 2 petites griffes juste au dessus.
Le Kamasoutra ? Ces amoureux en connaissent un brin, quitte à se casser la figure !
Agrippe-toi au lustre, Janine !
Grâce à cela, le cigalon va pouvoir féconder sa dulcinée qui va recueillir dans sa zézette, euhhh... « son ampoule séminale », et stocker sa précieuse semence pour tout le reste des opérations qui va durer de deux à trois jours, avant de pouvoir quitter cette terre, la conscience tranquille, sa mission accomplie.
Donc, après avoir convolé en justes et courtes noces avec son compagnon mâle, le « Cigalon », la future maman cigale va se mettre frénétiquement en quête d’un végétal qu’il soit vivant ou mort dans lequel elle va chercher des endroits propices à savoir pas trop voyant, ou un peu à l'abri des regards pour forer des petits trous avec sa tarière afin d'y pondre ses œufs et assurer ainsi sa descendance.
La tarière d'une cigale située au bout de son abdomen est une sorte de couteau scie double très acérée à son extrémité, c’est un perforateur très sophistiqué d'une dureté à toute épreuve, du moins pour percer les différentes essences de bois que l’on rencontre en Provence ; il va de soi qu’elle ne tourne pas...!
A l'intérieur de la tarière est logée une sorte d’aiguille creuse nommé « oviscapte » ou « ovipositeur » qui lui permettra, en fin d’opération, d’y injecter une dizaine d’œufs avant que les éclats du trou ne se resserrent après qu’elle se soit retirée. Ses petits sont à l’abri !
Il est important de préciser que la cigale est le seul insecte piqueur et suceur qui n’occasionne aucun dommage à la plante qu’elle a choisie.
On aperçoit très distinctement la tarière à l’extrémité de l’abdomen (Flèche rouge)
La tarière s'enfonce dans la tige, pratiquement jusqu'au bout !
Une fois qu’elle s’est retiré les œufs sont bien protégés, l’opération a pris 15 minutes
Elle va ainsi, en avançant centimètre par centimètre, creuser environ une quarantaine de trous dans sa journée... et pondre une dizaine d’œufs fécondés dans chaque trou, c’est à dire environ 400 œufs fécondés chaque jour pendant trois à quatre jours, pas plus.
En effet, chaque ovule qu’elle va pondre (elle en a une réserve de 1600 à 1800 pas plus) va passer nécessairement par l’ampoule séminale ou un spermatozoïde va le féconder au passage avant de s’engouffrer dans son ovipositeur et être déposé au fond du trou qui vient d'être foré.
Après cela, sûre d’avoir une descendance, elle va se préparer à mourir…
Monsieur de La Fontaine a donc tout faux quand il parle des provisions qu’après avoir chanté tout l’été elle n’aurait pas faites, d'abord parce que la cigale ne chante pas, seul son compagnon mâle, que l'on nomme un « Cigalon » chante en faisant « cri-cri », ensuite parce qu'elle n’a pas besoin de provisions pour l'hiver et encore moins de mouches et vermisseaux puisqu'elle est végétarienne et ne se nourri que de la sève des végétaux sur lesquels elle se pose.
Quoi qu'il en soit, toutes les cigales meurent avant la saison froide !
Un œuf de cigale a la forme d’un tout petit grain de riz rond d’un ½ mm de long. On ne les voit jamais car ils sont logés à l'intérieur de rameaux divers sous l’écorce du végétal qu’elle a jugé capable de les protéger.
Les œufs sont pondus dans une brindille plus ou moins verticale, et sont empilés les uns au dessus des autres, bien alignés par série de dix.
Si vous coupiez la brindille dans le sens de la longueur vous apercevriez les œufs empilés de biais, comme des grains de blé sur un épi, les uns au-dessus des autres, la tête de chacun dirigée vers le haut, dans la direction de la future sortie. Les œufs vont grandir à l'intérieur de ce rameau jusqu'au mois d'octobre. (plutôt que de couper la brindille en deux pour prendre les futures cigales en photo en les privant de leur futur, un dessin fera aussi bien l'affaire).
Notez tout de même qu'en définitive, il n’y aura seulement que cinq pour cent des œufs ainsi pondus qui arriveront à terme pour devenir des adultes, c'est vraiment peu ! Les responsables en sont les nombreux prédateurs dont, pour les œufs, le plus vorace est la « chalcide ».
La chalcide est une sorte de petite mouche noire, pas plus grosse qu'une fourmi, mais qui n'attend qu’une seule chose : que les cigales aillent pondre pour pondre à son tour ses propres œufs!
En effet, il arrive fréquemment que ce minuscule vampire injecte ses œufs pendant que la cigale introduit les siens dans le trou qu’elle vient de forer.
Ce petit vorace sait que les plats favoris de ses larves sont les œufs de cigales, frais de préférence. Le bébé chalcide verra le jour avant l'éclosion des œufs des cigales, et n’en fera que quelques bouchées malgré sa petite taille…
Les œufs qui auront échappé à la chalcide vont pouvoir se développer pendant quarante cinq jours environ et vont doubler de volume pour donner naissance à une sorte de larve. Oui, elles vont être quelque peu à l'étroit !
Puis, exactement comme cela se passe pour un fœtus de poussin dans sa coquille ou un petit d’homme dans le ventre de sa maman, on va pouvoir observer la formation des yeux et des membres. Six embryons de pattes vont pousser dont la paire antérieure va devenir une paire de pinces robustes. Et à la fin octobre, des petites larves devenues nymphes, bien formées, pourront sortir de leur trou, non sans difficultés, bien sûr.
Elles resteront pendus quelques heures à un fil d'environ 5 à 10 cm, un peu comme un ver à soie ou une araignée qui demeure suspendue en l’air par le fil qu’ils ont tissé, juste le temps pour eux de laisser leur peau se durcir un peu, sous l’effet du vent et de l’air.
Puis, elles se laisseront tomber par terre, pour commencer à explorer le sol pendant une journée entière à la recherche du terrain favorable avec, si possible, de l'herbe et des végétaux, avant d’aller s'y enfouir à cinq ou six centimètres sous la surface pour se protéger du froid de l'hiver et pouvoir se nourrir.
Celles qui n’auront pas trouvé de terre assez meuble pour s'y enfouir et disparaître hors de la vue de leurs prédateurs, mourront de froid ou seront boulottées par une fourmi, ou un autre bestiole plus vorace du style d’une mante religieuse, d'une sauterelle ou d’une guêpe pour ne citer qu'elles !
Certaines n’auront, hélas, pas le temps de commencer leur mue !
Des fourmis ou une guêpe (pour le suc) profitent de cette viande fraîche et tendre…
D'autres méchantes bestioles carnassières sont à l'affût, la mante religieuse ou la sauterelle !
Et là, elle va attendre que la magie survienne... Elle s'est renouvelée depuis 250 millions d'années!
Les bébés cigales en forme de nymphes continueront donc à grandir sous la terre en creusant le sol de galeries pendant quatre à six ans (certaines espèces mettent jusqu’à 17 ans pour ce faire !) sans jamais voir le soleil, avant le fabuleux rendez-vous avec l’air libre et la lumière pour quelques jours seulement.
Les nymphes vont ainsi se nourrir de la sève des racines des végétaux qu’elles vont rencontrer sur leur chemin en creusant leur galerie.
L’urine de la nymphe de cigale a cette particularité de pouvoir être remontée par une sorte de gouttière qu’elle possède sous son abdomen jusqu’à sa tête et elle va leur servir à malaxer avec ses mandibules une sorte de mortier avec de la terre qu'elle viennent de gratter dont elle fera des petites billes qu’avec son corps elle va plaquer contre les parois de sa galerie. En séchant le mortier va les consolider pour les empêcher de s’effondrer.
Pour l’espèce des cigales grises ou « cacans » il faut compter quatre à cinq ans avant que la nymphe soit capable de ressortir de son terrier.
Vers la fin du cycle de 4 à 5 ans la nymphe des cigales grises cacans s’est transformée en une chrysalide qui va devoir creuser une galerie verticale pour sortir de terre. Une espèce de signal leur sera donné le moment venu, pour creuser verticalement et non plus à l'horizontale! La nature est bien faite.
Voici une nymphe presque devenue chrysalide, hélas déterrée avant qu’elle ne soit sortie.
On aperçoit sur son thorax l’amorce (trait brun) de la fente qui permettra la sortie.
Entre la Pentecôte et la Saint-Jean c'est-à-dire de la mi-mai à la mi-juin lorsqu’il fait enfin une température minimum de 22° C, la chrysalide va sortir de terre, poussée par une force immuable.
Vous allez ainsi apercevoir là ou le sol est sec et dur des quantités de trous... Ce sont les bouts de tunnels verticaux qu'on fait les chrysalides pour sortir !
Issues des tunnels verticaux qu'ont emprunté les chrysalides...
Dès sa sortie de terre, la chrysalide va faire exactement comme la coccinelle, elle va marcher puis va chercher à grimper vers le haut.
Vous avez certainement déjà fait l’expérience avec une « coccinelle » lorsque vous l’avez fait monter sur votre main; vous avez remarqué qu’elle cherchait toujours à atteindre le haut de vos doigts. Elle grimpe toujours vers le ciel, si vous retournez la main vers le sol, elle va changer de direction pour remonter vers votre poignet et atteindre le ciel, c'est bien pour ça qu'on lui a donné ce surnom de « Bête à Bon Dieu ».
Mais tout ce que je vous explique par la suite a fait l'objet d'un admirable montage vidéo que Thierry LAMARQUE a patiemment saisi pendant des heures pour vous restituer la mue de la cigale... Je ne peux m'empêcher de vous l'offrir ci-dessous, bien que cela déflore quelque peu les informations qui suivront (le montage dure seulement un petit quart d'heure, parce qu'il représente une succession de photos juxtaposées prises toutes les minutes, et quelquefois moins aux moments cruciaux, mais ce que Thierry a filmé a été observé en réalité pendant plusieurs journées... Quelle patience et quelle habileté !) :
La chrysalide va marcher au sol jusqu'à trouver un obstacle et va donc grimper le long d’une tige ou d’un tronc d’arbre jusqu’à trouver la bonne exposition légèrement à l'abri du soleil où elle pourra s’agripper fermement.
Suivons-en une qui a choisi de se fixer sur un tronc de cerisier… La petite bête monte...
Monte... Jusqu'au moment où elle trouve l'endroit idéal pour se fixer fermement.
La série de photos qui va suivre montre le pas à pas de l'imago - c'est le nom que l'on donne à la mue de la cigale. Il va lui falloir environ trois heures pour s'extraire complètement de la chrysalide, sortir ses antennes sans les abîmer, déployer ses ailes, et enfin se sécher à l'air et au soleil, ce qui va lui permettre de durcir son corps avant son premier envol ! Ceci explique la vulnérabilité de la cigale pendant son imago !
Bien entendu, ce n'est pas la même cigale qui est prise en photo à chaque vue. Pour obtenir le meilleur résultat, j'ai fait appel à toute une chaîne d'amoureux de la nature qui m'ont autorisé à utiliser leurs meilleures photographies en libre accès pourvu qu'on les cite.
Je profite donc de ce petit entre-ligne pour les citer tous, en les remerciant chaleureusement de leurs œuvres et de leur « fair-play », pour les avoir mis en libre accès sur le net.
Il s'agit de MACK, Gilles METEREAU, Henri MILLET, Bruno PHILIPPE, Alain SAUVAGE, Marc VEILLARD sans oublier le collectif de l'Association « Cigale.info », ainsi que Jean HERRMANN qui a publié un petit roman qui traite de la « Cigale » et destiné aux enfants (mais pour être un enfant d'un peu plus de septante ans, je l'ai fort apprécié!) et que l'on peut se procurer dans n'importe quelle bonne librairie au prix de 15 €...
Le petit roman « Cigale », de Jean HERRMANN, destiné aux enfants (200 pages)
aux éditions du Lau (dans le Var) on peut se le procurer à la FNAC en cliquant ici.
Tout d'un coup, une fente s'entrouvre sur le haut du thorax de la chrysalide...
Puis la petite cigale toute verte, commence à se dégager... la tète, le thorax...
L'abdomen est presque sorti !
Une opération délicate consiste à dégager chacune des pattes sans les abîmer !
On voit ici très distinctement l'ouverture dorsale de l'exuvie, et ses ailes froissées !
Allez, encore un petit effort, pour dégager les pattes,
Et le dernier coup pour dégager l'abdomen et... Vive la liberté !
Ça y est, notre cigale s'est complètement dégagée et ses ailes se défroissent !
Lorsqu'elle est sortie, la cigale est verte mais elle va se colorer en moins d'1/4 d'heure...
Par mimétisme comme un caméléon.
Et la cigale quitte la dépouille de sa chrysalide, en l'abandonnant sur son support.
La cigale, durant son « imago », est sortie par le dos de « l'exuvie », en se démoulant, depuis les antennes jusqu'aux extrémités des ongles... une vraie séance de magie. « Exuvie » est le nom donné à la dépouille, cette vieille peau racornie qui va rester fixée probablement plusieurs mois encore sur le tronc ou la tige.
Sur cette photo on aperçoit très bien la fente de sortie sur le dos de « l'exuvie ».
On peut apercevoir quatre exuvies cote à cote sur cette photo.
Et à partir de maintenant le mimétisme de la cigale va commencer...
En quelques heures la cigale passe du vert de sa chrysalide au gris du cerisier...
jusqu'à devenir quasiment invisible de la couleur du tronc de l'arbre sur lequel elle s'accroche.
Et le cycle de 4 à 5 ans de la petite cigale Provençale va ainsi se renouveler encore longtemps je l'espère...
Alors, avant de vous quitter, voici un petit clin d'œil à Jean de la Fontaine à qui nous n'en voudrons pas trop de nous avoir un peu trompé sur la conduite irréprochable de la cigale !
Je suis maintenant absolument sûr, que vous n'écouterez plus jamais le chant des cigales sans l'associer à ce qui précède, alors voilà 5 minutes de quelques belles vues de cigales dans leur environnement provençal - Lavandes, vignes, épeautre et autres plantes oléagineuses !