« LE GRELOT » : UN ROMAN HISTORIQUE DE L'ÉGLISE « VAUDOISE »…

« LOU CASCAVÉOU » autrement dit « LE GRELOT » 

 

C'est un roman historique qui sort de l'ordinaire mais qui illustre bien le mouvement religieux des « Pauvres de Lyon », vieux de près de 900 ans (de 1160 à nos jours) qui préfigure la réforme des protestants de Luther en 1517 !


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 « Fior di Tomba », très ancien chant Piémontais fredonné par les Vaudois au XVIIIème siècle,

 

 

Il a inspiré les paroles du chant patriotique de liberté des résistants Italiens «  Bella ciao ».

 

Pour les écouter ou les arrêter, il suffit de cliquer sur les symboles suivants :

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En novembre 2017, avec Martine, nous sommes allés faire une petite virée touristique en Ligurie, province Italienne dont ma grand-mère, la Mamet, était originaire. C'est là, juste de l'autre coté de la frontière des Basses et des Hautes-Alpes avec l'Italie.

 

Dans ces vallées reculées, il nous avait été dit que les villages perchés étaient magnifiques et secrets; et comme c'est de là, du temps du Duché de Savoie (ou plutôt du Comté de Nice, un état qui a appartenu au Duché de Savoie, de 1388 à 1793...) que venait la famille de ma grand-mère, je m'étais fait une joie de découvrir le coin !

 

La famille de ma Mamet a exploité pendant plusieurs générations le relais de poste d'Entrevaux, et comme mon Papet m'avait toujours dit qu'il était allé « enlever » ma grand-mère un jour de fête, je voulais en savoir plus, et c'est ainsi que j'ai découvert tout un pan de civilisation dont on ne parle que rarement.

 

Je veux parler de ce pays de montagnes où l'on parlait encore jusque dans les années 1950 la langue Francoprovençale, aujourd'hui appelée « l’Arpitan »(2) qui a enfin acquis le droit de figurer officiellement, au XXIème siècle, parmi les langues régionales de la France, la Suisse et l'Italie, et par dessus tout, qui s'était peuplé d'Évangélistes Vaudois dès le XIIème siècle !

  

Attention : « Vaudois » ne fait pas référence ici aux habitants du canton Suisse de Vaux, mais bel et bien au mouvement protestant des « Pauvres de Lyon » qui tire son nom de « Pierre Valdès » (cf. l'article consacré à ce mouvement religieux pratiqué par « l’Église Vaudoise ».

 

En Ligurie, puis au Piémont, en remontant vers le nord depuis Vintimille, on a pu ainsi visiter les villages montagnards de Dolce Acqua, Perinaldo, Apricale jusqu'à Cuneo, Pinerolo, voire Aoste et surtout la ville de Torre-Pellice surnommée « la Genève Italienne » où, contrairement à ce à quoi on pourrait s'attendre en Italie, encore aujourd'hui, la communauté Catholique n'est pas omniprésente puisque c'est là que se tient le siège de « l'Église Évangélique Vaudoise ».

 

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Temple Vaudois de Torre-Pellice, siège de l'Église Évangélique Vaudoise,

 

Dans ces montagnes vit en effet, aujourd'hui, une communauté recensée de plus de 29 000 « VAUDOIS », descendante des « Pauvres Lombards », le pendant italien des « Pauvres de Lyon » qui vivaient dans la République des Escartons, auxquels j'ai consacré trois articles dont l’Église Vaudoise.

 

Le présent article vous permettra de découvrir un roman historique étonnant et très bien documenté, « Le Grelot », concernant la chasse aux réformés, car les Vaudois avaient bel et bien rejoint la réforme de Luther en Synode à CHANFORAN le 12 octobre 1532.    

 

Cela dit, à la mi-décembre 2017, la sortie du « G20 », mon petit groupe Villeneuvois des « Seniors dans le Vent », nous a conduit au musée des VAUDOIS, à Mérindol, dans le Lubéron, et grâce à Jean-Jacques DIAZ, l'un des animateurs bénévoles de ce musée, un historien passionné, j'ai pu en apprendre beaucoup plus sur ce mouvement religieux Évangélique presque aussi ancien que le Catharisme...

 

Au tout début, ce n’est que l’histoire d'un bourgeois lyonnais du XIIème siècle qui avait voulu donner un sens à sa vie et s'était remis en question.

 

Il avait ainsi entraîné un petit groupe de « disciples » à vivre une vie spartiate de prêcheurs errants pour faire connaître les textes de la Bible que lui-même avait découvert en la faisant traduire en Francoprovençal, la langue parlée à Lyon et dans tout  le Duché de Savoie.

 

Et c'est devenu plus de 300 ans plus tard l'histoire de tout un peuple de montagnards gavots (les natifs de ce petit coin de paradis situé à cheval entre Alpes de Haute-Provence et Hautes-Alpes, tout autour du parc régional du Queyras) qui a dû partir sur les chemins de l’exil pour pouvoir vivre ce à quoi il croyait vraiment malgré les persécutions dont il a fait les frais et les difficultés de toutes sortes qu'il a rencontrées mais auxquelles il s’est toujours adapté !

 

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L’image traditionnelle que l‘on peut avoir d’une famille « VAUDOISE » :

La pauvreté et l’exil permanent !

 

L'un des intérêts majeurs de la réflexion historique est d'éclairer les événements du présent, même si, malheureusement, on n'en tire pas toujours les enseignements qui s'imposeraient pour l'avenir, quoique...

 

A travers la courte Histoire des « CATHARES », persécutés, marqués d'une croix jaune bien avant les Juifs, suppliciés, brûlés uniquement parce qu'ils entendaient vivre leur foi d'une manière différente, à travers celle des « VAUDOIS » et des « PROTESTANTS HUGUENOTS », plus tard, bref à travers l'Histoire de ce que le pouvoir religieux en place a appelé « les hérésies », à travers les génocides plus récents, à travers tous les fanatismes, à travers les massacres actuels perpétrés en Irak, en Syrie, au Yémen, en Birmanie, à travers le sectarisme inique le plus violent, on constate que depuis toujours, la dialectique des bourreaux demeure la même et consiste à se faire passer pour les victimes.

 

« La tolérance serait-elle un aussi grand mal que l'intolérance ? Et la liberté de conscience est-elle un fléau aussi barbare que les bûchers de l'Inquisition ? » s'interrogeait déjà Voltaire.

 

Dans cette France sonnée de l'après guerre, dans cette France aux bruits de bottes et aux relents d'un passé nauséabond, il serait bon de s'en souvenir, d'autant que nombre de ceux - on n'ose pas les qualifier d'historiens - qui aujourd'hui encore, osent nier les camps de concentration ou l'Inquisition, ne sont pas si éloignés de ces partis aux idées extrémistes, ou de ceux qui « détestent la tolérance... comme les tyrans redoutent le mot « LIBERTÉ ».

 

La première leçon de l'Histoire, la seule peut-être, à l'instar de ce qu'ont fait les fondateurs de l'État du Québec, celle que nous devrions graver au frontispice de nos écoles publiques, est de « NE JAMAIS OUBLIER ! »... 

 

« Je me souviens » est-il écrit sur la façade des bâtiments publics Québécois, et même sur les plaques d'immatriculation des automobiles au cas où on l'oublierait ! 

 

plaque du Québec.jpg 

Le pardon, oui, mais pas l'oubli ! Oublier est le plus beau cadeau que l'on puisse faire aux extrémistes de tous ordres. Oublier, c'est tuer les victimes une seconde fois, c'est les priver de repères.

 

Puissions-nous, en gravissant le chemin pentu des ruines qui mènent à la cité et au château de Mérindol, puissions-nous nous souvenir que les « VAUDOIS », de bons chrétiens en l'occurrence, furent les victimes de l'intolérance, cette même intolérance qui justifie encore aujourd'hui de trop nombreuses exactions, puissions-nous nous souvenir qu'on est toujours « l'hérétique » de quelqu'un et affirmer, tous ensemble, que nous sommes tous des fils de CATHARES ou de VAUDOIS !

 

Ne pas profiter de l’Histoire avec un grand « H » par ce qu’elle peut nous enseigner et contribuer ainsi à acheminer les citoyens du monde que, par force, nous sommes devenus ou que nous devons absolument devenir, à savoir, tous solidaires, vers plus de justice et d’humanité.

 

Pendant les trois dernières années, en cours de Provençal que j'ai suivi assidument à Vedène, nous avons traduit en Français le roman historique que notre professeur de Provençal, Michel MAGNAN qui est, entre autres occupations, le moulinier du moulin à huile d’olives de Vedène, nous avons eu le bonheur de découvrir l'histoire de l'une de ces familles Vaudoises qui est racontée dans une partie du roman, fort bien documentée et que j'ai le plaisir de vous attacher si vous êtes intéressé par l'Histoire.

 

Ca ne vous prendra que quelques heures, mais quel bonheur j'ai eu à mettre en page cette traduction. Le voilà sous le titre de « LOU CASCAVÉOU » autrement dit « LE GRELOT »  (vous pouvez le lire in extenso et en français en cliquant sur les titres !   

 

Lou Cascavéou page de garde.JPG

Page de garde du roman historique « LE GRELOT »

Cliquez sur la page de garde pour ouvrir le livre !

Et faites défiler ses 85 pages avec votre souris sur l'ascenseur (le curseur à droite).

 

 

Et surtout ne vous laissez pas entraîner par la critique... La langue provençale utilise beaucoup les subjonctifs présents et passés, et ce n'est pas toujours facile de les rendre en français, au risque de paraître quelque peu bizarre quand on les prononce. Nous avons délibérément préféré rester fidèle au texte provençal !

 

Mais avant de se quitter, je vous invite à découvrir une vidéo intéressante et très complète et actuelle d'une demi-heure quant aux Vaudois Italiens encore très actifs de nos jours :

 

 


 

 

BIBLIOGRAPHIE :

 

(1) Le blason des VAUDOIS

 

Le blason des VAUDOIS est issu de celui du Comte de LUSERNA SAN GIOVANNI (Lucerne ou Luserne en français, dont la racine est « lux » = « lumière ») est une bourgade de la basse vallée de la rivière Pellice, dont une partie des habitants étaient, et sont toujours, membres de l'Église vaudoise.

 

Le blason du Comte est aujourd'hui encore celui de la commune de LUSERNA SAN GIOVANNI. Le blason du Comte, dominé par la couronne ducale, représente sept étoiles au-dessus d'une lampe à huile. Sous le blason, se trouve la devise « lux in tenebris lucet » tirée d'un verset biblique (Évangile de Jean ch. I verset 5). Ce village a donné aussi son nom à la « pierre de Luserne », utilisée pour le dallage de luxe.

 

En 1668, Valerio GROSSO transforma ce blason du Comte en blason des VAUDOIS. Il remplaça la lampe à l'huile par un chandelier posé sur la Bible. Il changea également la devise en « Lux lucet in tenebris » (La lumière luit dans les ténèbres). Pour évoquer le destin des VAUDOIS, il garda les sept étoiles symbolisant les sept Églises persécutées de l'Apocalypse.


L'année suivante, en 1669, cette version du blason fut reprise et imprimée dans le livre monumental du pasteur Jean LÉGER « Histoire générale des Églises évangéliques des vallées de Piémont ou VAUDOISES », édité en 2 tomes à Leyden (Pays Bas) chez Jean le CARPENTIER. Jean LÉGER avait été pasteur à LUSERNA SAN GIOVANNI en 1662/1663.


Depuis, ce blason a été adopté comme signe de reconnaissance et de ralliement par les VAUDOIS du monde entier.

 

(2) A  propos de « l’Arpitan » :

 

Vous pourrez en savoir lus en consultant le site http://www.arpitania.eu/index.php/langue-arpitan-francoprovencal ?

 

Mais vous en saurez plus sans effort en visionnant la vidéo de 7 minutes qui suit (soyez sans crainte, elle est en français...)

  

 


 

 

Le terme « l’Arpitan » qui signifie montagnard ou berger a été repris au début des années septante (1970) pour répondre au besoin de lever la confusion générée par le terme francoprovençal.

 

La forme particulière arpitan a été choisie pour sa ressemblance avec le nom de la seconde grande langue gallo-romane, l’occitan. 

 

Arpitan est formé à partir de la racine pré-indo-européenne alp-, dans sa variante dialectale moderne arp- ; en langue arpitane, ce mot ne désigne non pas la « montagne », une « forme de relief élevé », comme on le croit communément, mais les « pâturages de montagne où les troupeaux sont conduits et passent l'été ».

 

Cette racine est présente dans de nombreux noms de lieux, tant en Haute-Provence (Arpasse, Arpette, Arpillon, ...), qu'en Dauphiné (Arp, Arpion, Arpisson, ...), qu'en Savoie (Arpettaz, Arpeyron, Arpiane, ...), qu'en Valais (Arpette, Arpache, Arpitetta, ...) et que sur le versant italien (Arpet, Arpetta, Arpettaz,...).

  

On retrouve cette racine ou sa variante en Lombardie, en Suisse, en Allemagne et en Autriche. 

 


 

 

 



11/12/2022
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