4/4 CONNAISSEZ-VOUS LES TAAF ? LA TERRE ADÉLIE

Le 5ème District des TAAF : LA TERRE ADÉLIE...

 

 

 

L'une des dernières œuvres symphoniques de Jean SIBELIUS pour vous mettre dans l'ambiance…

Il faut écouter ce prélude en baissant le son par respect pour l'immensité glacée. Elle se nomme « La Tempête »

Vous pouvez l'arrêter en cliquant ci-dessus sur les symboles :

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Vue du Glacier L'ASTROLABE depuis la base DUMONT-D'URVILLE qui domine l'île PÉTRELS où elle est installée.

 

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Position de la station DUMONT-D'URVILLE par rapport au glacier (le Sud est en bas de la photo)

 

Ce qui va suivre pourrait n'être qu'un vieux phantasme qu’hélas mon âge ne me permettra plus de satisfaire…

 

Mais je me suis pris à rêver un peu en rédigeant cet article, une fois encore, en essayant de transmettre et vous faire prendre conscience du monde qui nous entoure et de sa fragilité à un moment où l'on s'apprête à pallier aux folies de certains dirigeants sans une once d'humanité qui dirigent le monde où nous vivons !

 

Avec mon expérience de 8 années passées en Sibérie Orientale à la fin de la perestroïka et témoin de ce qui aurait pu être la liberté pour ces peuples opprimés qui pensaient enfin vivre des « lendemains qui chantent », j’aurais bien aimé faire une saison en Antarctique sur le terrain.

 

L’homme est ainsi fait qu’à notre époque il a le don de mettre en avant ce qui ne va pas et d'oublier un peu vite ce qui va bien !

 

J’aurais effectivement bien voulu mettre à profit la polyvalence technique acquise par mon expérience, tout en étudiant le comportement social de tous ces hommes et ces femmes extraordinaires qu'on peut rencontrer dans ces équipes de chercheurs de l’extrême, et qui ont eu la chance de vivre une telle expérience.

 

Pour sûr, ils ne peuvent vous laisser indifférents au monde qui vous entoure, et sans arrière-pensée, je fais carrément mienne cette citation d’Henri DUNANT : « Seuls ceux qui sont assez fous pour penser qu'ils peuvent changer le monde y parviennent ! »

 

Vous vous demandez peut-être ce que vient faire là cette citation ! Eh bien, nous allons ensemble découvrir à notre tour le Continent Antarctique… Et vous comprendrez peut-être...

 

 

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Le glacier L'ASTROLABE 

 

... Vous comprendrez peut-être pourquoi la somme des découvertes scientifiques, la grande culture de ces experts qui n'ont plus rien des aventuriers découvreurs de ce continent, pourraient encore, tant qu'il est temps, si ils en ont vraiment la volonté, convaincre nos décideurs et nos semblables à changer leur état d'esprit quant au monde qui nous entoure et qu'on est en train de modifier de façon irréversible, tout au moins pour l'avenir de nos enfants et nos petits-enfants, sans oser nous projeter plus loin. 

 

Certains n'en ont pas conscience par ignorance ou simple inconscience (ce n'est pas grave, si nos scientifiques arrivent à trouver les mots pour leur ouvrir les yeux!), ou encore par aveuglement coupable.

 

Les pires le font par simple idéologie voire satisfaction personnelle, quelquefois même par conviction religieuse, et là, je pense à ces politiques qui entrainent leurs concitoyens ou électeurs dans une folie collective égoïste, tels les Poutine, Bolsonaro, Erdogan, Ebrahim Raïssi, Bachar el- Assad, Orban, Kim Jong-Un et bien d'autres, encore plus conséquents et pernicieux - je veux parler de Xi Jimping et la poignée des dirigeants de la Chine communiste qui tient sous sa coupe plus d'un milliard et demi d'êtres humains ! 

  

A ce propos, après la lecture du présent article, allez voir pourquoi, en consultant in extenso la conférence dont je fais un concentré dans la rubrique « 3 - Citoyenneté & patriotisme » à propos de « Notre avenir énergétique ». Il y a de quoi se faire du mouron pour l'avenir de la planète ! 

 

 

1 - Borne Pole sud Géographique 350 x 240.jpg   2 - Pole sud geographique 350 x 240.jpg

Ça y est on y est bien au Pôle sud géographique ! 90° de latitude S...

et pas de longitude car il est situé là où les méridiens de longitude convergent ! 

 

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 Bienvenue au pôle Sud Géographique (ou géodésique) en plein centre du continent antarctique !

 

Les coordonnées du Pôle Sud sont bien sûr : 90° de latitude Sud (par comparaison aux 0° de l'équateur, puisqu'on est dans l'hémisphère sud, « down-under » comme disent les anglophones i.e. : « en bas et en dessous » !) et... pas de longitude puisqu'il est situé pile, là où les méridiens de longitude convergent !

 

Petit inconvénient : il est donc difficile d'y connaître l'heure ! De plus, le temps ne peut pas non plus être estimé en utilisant la position du soleil dans le ciel car là, il ne se lève et ne se couche qu'une fois par an (en raison de la position extrême du pôle sud et de l'inclinaison axiale de la Terre). Ainsi, pour plus de commodité et par convention, on utilise l'heure néo-zélandaise à la station Américaine « Amundsen-Scott South Pole » située pile à son emplacement.

 

La surface du Continent Antarctique avoisine les 14 millions de Km², à savoir une fois et demi la surface de l'Europe et encore il ne s'agit là que du socle rocheux, puisqu'avec la banquise il mesure plus de 30 millions de Km² !

 

Sa température moyenne oscille entre - 20° au plus chaud de l'été austral et descends à moins de - 60° l'hiver.

 

Sachez aussi que la calotte glaciaire de l'antarctique représente 80 % de la réserve d'eau douce mondiale. Cela vous laisse entrevoir l'appétit de certains pays qui y voient une manne pour les siècles à venir si toute cette glace n'a pas complètement fondu entre temps, d'autant qu'en plus, il est avéré que son sous-sol est très riche en différents minerais... et hydrocarbures !

 

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En partie pour prévenir cette appétence, depuis 1991, le continent antarctique a été reconnu par l'ONU « Réserve Naturelle Consacrée à la Paix et à la Science » mais nous le verrons plus loin en abordant le traité international sur l’Antarctique.

 

  

LE 5ème DISTRICT des TAAF est la « TERRE ADÉLIE » dont la station française « DUMONT d’URVILLE » se trouve sur l’Île des PÉTRELS à quelques miles de la côte du continent antarctique. Elle a pratiquement la même longitude (140° à 150° Est) que l’Île Australienne de TASMANIE (La ville de HOBART est à 147° Est).

 

Cela dit, la base DUMONT d’URVILLE gère également, en partenariat avec l’Italie la station scientifique « CONCORDIA », l’une des trois premières stations implantées à l’intérieur du continent antarctique, à 1300 Km au Nord-Ouest de la première, c’est-à-dire un peu plus à l’Est de le TERRE ADÉLIE, dans le territoire concédé à l’Australie.

 

À elle seule, la TERRE ADÉLIE peut faire l’objet d’un article. Avant de m’y atteler, pour valider mes recherches et ne pas risquer de dire n’importe quoi, je me suis astreint à rencontrer deux de mes copains dont l’un a été cuisinier pendant un hivernage entier et l’autre médecin !...

 

En effet, le Traité sur l’Antarctique, signé le 1er décembre 1959 à Washington, aux États-Unis et en vigueur depuis 1961, réglemente les relations entre les États signataires en ce qui a trait à l’Antarctique qui doit demeurer un continent international car, vous allez le découvrir, notre petite planète terre a beaucoup à apprendre de ce qu’il peut enseigner aux humains que nous sommes et qui sont bêtement en train de la transformer et la rendre invivable.

 

Le traité s’applique aux territoires, incluant les plates-formes glaciaires, situés au sud du 60ème parallèle sud, c’est-à-dire tout le continent antarctique, et interdit toute militarisation et d’éventuels essais ou dépôt de déchets nucléaires. 

 

Le traité place fort heureusement la région Antarctique sous l’Administration d’une coopération internationale d’états, qui prend officiellement le nom de Réunion Consultative du Traité sur l’Antarctique (RCTA).

 

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Isolement du Continent et partitions entre les « États Possessionnés » initiateurs du traité.

 

Les signataires initiaux (appelés pays signataires) du traité furent l’Afrique du Sud, l’Argentine, l’Australie, la France, le Royaume Unis, la Belgique, le Chili, les États-Unis, le Japon, la Norvège, la Nouvelle-Zélande et l’URSS (qui a été repris par la Russie).

 

Nota Bene : La Terre Marie Byrd (cf. carte ci-dessus) est une région de de l'Antarctique occidental. Elle est un des seuls territoires au monde (avec notamment le Bir Tawil, territoire situé entre l'Égypte et le Soudan) à n'être revendiqué par aucun État, ce qui en fait une « TERRA NULLIUS » ! (locution latine signifiant « territoire sans maître ». C'est un espace qui peut être habité mais qui ne relève pas d'un État. Selon ce principe, les terres ne sont possédées par personne.)

 

Cependant, n’importe quel membre des Nations Unies ou autre État invité par la totalité des signataires peut s’y joindre si ses intentions sont bien de partager les découvertes qu’il va y faire pour le bien de toutes les nations. Plusieurs états ont ainsi adhéré au traité depuis sa signature.

 

Ainsi, en 2021, la RCTA compte 54 États membres qui se réunissent chaque année pour superviser la gestion du continent et notamment l’implantation des bases scientifiques (au nombre de 80 en 2021), afin de veiller à l’exploitation que souhaiteraient en faire certains pays et qui risquerait de mettre à mal l’écosystème du continent… 

  

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Position des 80 bases scientifiques implantées en 2021 !

 

 

Entre autres, les chinois, en quelques années, ont mis en place pas moins de 5 bases scientifiques et ne semblent pas souhaiter limiter l’exploitation industrielle de la pêche qu’ils font dans les terres australes à proximité du continent.

 

 

45 - Krill.JPG    46 - Brise-glace chinois 350 x 240.jpg
La petite crevette Krill, l'alimentation de base des manchots.

Elle contribue à la richesse des fond poissonneux de l'océan austral,

que les Chinois sont bien déterminés à exploiter... 

 

Déjà équipés de deux brise-glace, les Chinois viennent d'en lancer un troisième, nucléaire, cette fois ! 

 

Ah, comme je voudrais que l’organisation des Nations Unies soit assez forte pour intervenir et imposer raison à toutes les nations, et surtout celles qui ont laissé se mettre en place des régimes totalitaires qui ne vont jamais dans le sens de notre devise qu’hélas certains politiques galvaudent… « liberté, égalité, fraternité ».

 

Et pourtant, la mondialisation nous a bien démontré, ces derniers temps, que nous sommes tous embarqués sur le même bateau.

 

C'est ainsi qu'en plus de sa propre station « MARIO ZUCCHELLI » située dans la baie Terra Nova en eaux libres de la Mer de Ross depuis 1986 (1000 Km plus à l’Ouest de la base DUMONT d’URVILLE), l’Italie, qui n’était pas un signataire du traité de 1959 à l’origine, s’est vu accorder en partenariat à 50/50% avec la France, la gestion de la station « CONCORDIA » pourtant située en dehors du territoire Français sur l'immense territoire concédé à l’Australie.

 

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Carte schématique du Continent Antarctique et position de la TERRE ADÉLIE.

 

Hormis les îles ÉPARSES, et les îles SAINT PAUL et AMSTERDAM, voici, ci-dessus, la carte du pôle Sud avec la position des deux autres districts des TAAF, dont le 3ème (Archipel des îles CROZET), le 4ème (Archipel des îles KERGUELEN), et le 5ème enfin que constitue la TERRE ADÉLIE avec sa base antarctique DUMONT d’URVILLE à laquelle est rattachée CONCORDIA qui n'est pas sur le territoire de la TERRE ADÉLIE.

  

 

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Carte « physique » du continent Antarctique

 

LA BASE FRANÇAISE « DUMONT D’URVILLE »

 

DUMONT d’URVILLE est la station historique française installée en 1956. Elle porte le nom du premier homme, un français, à avoir posé le pied sur le Continent Antarctique. 

 

Ses coordonnées sont 66° 40' Sud et 140° 01' Est ! (Pas très éloignée du Pôle Sud qui est bien sûr à 90° 00' S et pas de longitude).

 

En effet, le 20 janvier 1840, le contre-amiral Jules DUMONT D’URVILLE aperçoit et débarque sur le Continent Antarctique. Il annonce alors à son équipage que cette terre portera désormais le nom de « TERRE ADÉLIE », rappelant le prénom de sa femme Adèle.

 

8 - Carte Terre Adélie par Dumont_d'Urville 350 x 300.jpg   7 - Atlas pittoresque 1838 l'Astrolabe de Dumont d'Urville 240 x 350.jpg
Périple de DUMONT d’URVILLE en 1838-1840 avec son vaisseau « L'ASTROLABE »

 

Il y a bien eu quelques tentatives d’exploration du continent antarctique depuis tout ce temps mais je ne citerai que l’aventure remarquable du commandant Belge Adrien de Gerlache de GOMERY, qui, en 1896, prépare une expédition d'exploration scientifique en Antarctique, achète un phoquier en Norvège, qu'il rebaptise BELGICA.

 

Il compose un équipage international et a la bonne idée d'intégrer comme second lieutenant le Norvégien Roald AMUNDSEN, et le BELGICA appareille en octobre 1897. Il atteindra le Continent Antarctique à hauteur de la « TERRE de GRAHAM » en janvier 1898 (La TERRE de GRAHAM et en fait la pointe de la péninsule Antarctique située à la même longitude que le Cap Horn et qui lui fait face à l'extrémité de l'Amérique du Sud).

 

Là, Roald AMUNDSEN participe à plusieurs raids à l'intérieur des terres équipé de ses skis ; il est le premier à en utiliser en Antarctique.

 

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 La BELGICA, navire de GERLACHE de GOMERY qu’emprunta AMUNDSEN, hivernant dans la banquise (1898-1899)

 

En mars, le navire le BELGICA est pris dans la banquise de la mer de BELLINGSHAUSEN au large de l’Île ALEXANDRE (voir la carte précédente), à l'Ouest de la péninsule Antarctique, et reste bloqué pendant plus d'un an avant de pouvoir rentrer en Belgique !

 

C'est le premier hivernage connu en Antarctique. Ce qui est remarquable est que la plupart de ces premiers hivernants survivront car le médecin du bord, l’Américain Frederick COOK, va jouer un rôle prépondérant dans la réussite de l'hivernage car il sauve l'équipage des ravages du scorbut en lui donnant à manger de la viande de manchot !

 

Après cette première expérience, Roald AMUNDSEN est pugnace et il retourne en Antarctique douze ans plus tard car il voulait absolument être le premier être humain à atteindre le pôle Sud.  

 

Le 14 décembre 1911, avec une petite équipe, des skis et des chiens de traineau, il plantera le drapeau Norvégien à l’emplacement exact du pôle !

 

 

10 - 1911_12_14 Capture Amundsen au Pole sud.jpg    11 - Amundsen au pole sud 350 x 240.jpg
Le 14 Décembre 1911 : le Norvégien Roald AMUNDSEN atteint le Pôle Sud avec des chiens de traineau !

 

En 1903, Jean-Baptiste CHARCOT qu'on appellera par la suite le Commandant CHARCOT (1867-1936), un médecin (le propre fils de l'académicien et professeur de neurologie, Jean-Martin CHARCOT, découvreur de la sclérose qui porte son nom), féru de voile (Il fût double-médaillé d'argent de voile aux J.O. d'été 1900)  fait construire à Saint-Malo une goélette de 32 mètres, « Le Français ».

 

Pour suivre de plus près les travaux, il s'installe à proximité du chantier naval qui la construit sur la Rance, avec l'intention d'organiser la première expédition française en Antarctique.

 

Dès 1904, avec sa goélette; il part pour l'Antarctique où il va hiverner sous le vent de « l'Île BOOTH » (autrefois baptisée Île WANDEL par les Belges), un rocher escarpé de 980 m d'altitude de la péninsule antarctique qui fait face au Cap HORN. En , l'expédition quitte la péninsule Antarctique, après un hivernage sans encombre dans l'étroit passage qui sépare l'île du continent antarctique.

 

Il s'agit du premier hivernage d'une expédition scientifique dans les Pôles après celui du Belge Gerlache de GOMERY.

 

 

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L'Île BOOTH (ou Île WANDEL) un rocher de la péninsule Antarctique qui fait face au Cap Horn.

 

Il faudra attendre la seconde moitié du XXème siècle pour l’installation de bases permanentes d’observation de ce fabuleux Continent et tout ce qu’il recèle d’informations utiles à notre humanité.

 

En février 1947 sont créées les « Expéditions Polaires Françaises » (EPF) et Paul-Émile VICTOR en prend la direction.

 

De 1949 à 1951 a lieu la première expédition des EPF en TERRE ADÉLIE.

 

En 1950, 110 ans, jour pour jour exactement après le débarquement de Jules DUMONT d’URVILLE en TERRE ADÉLIE, les Expéditions Polaires Françaises (EPF) installent une première station sur la côte antarctique, au « Cap MARGERIE » à laquelle on donne le nom de « PORT-MARTIN » en l’honneur de Jacques-André MARTIN.

 

Jacques-André MARTIN n'est pas très connu. Il était un explorateur polaire qui avait déjà atteint le 1er le point culminant de l’île Norvégienne du SPITSBERG en Arctique (cf. mon article sur l’ARCHE DE NOË DES VÉGÉTAUX) et rencontre quelques jours après l’explorateur Paul-Émile VICTOR.

 

Ils décident de monter ensemble le projet d’une exploration de l’Antarctique, mais il est hélas mort d’une crise cardiaque au Cap avant même d'atteindre le Continent Antarctique !

 

À PORT-MARTIN en 1950-1952 la 2ème expédition des EPF en TERRE ADÉLIE fait hiverner 11 personnes qui procèdent aux premières observations de météorologie et de magnétisme et effectuent de nombreux raids d’exploration à l'intérieur du Continent.

 

En 1951-1953 se déroule la 3ème expédition des EPF en TERRE ADÉLIE, et là, hélas, en janvier 1952, la base de PORT MARTIN est entièrement détruite sous les yeux des hivernants et l’équipe s’installe alors sur l’Île des PÉTRELS, la plus grande des îles de l’archipel de la « POINTE-GÉOLOGIE » qui se situe à 900 m de la langue du glacier « l’ASTROLABE » et à 6000 m seulement du pôle sud magnétique qui est alors encore sur la terre ferme.

 

Ce premier observatoire temporaire, dont les bâtiments surnommés « Base MARRET » existent encore, mais sera fermé en janvier 1953.

 

Il faut attendre 1956 pour que la TERRE-ADÉLIE soit de nouveau habitée à l’occasion de la participation Française à l’Année Géophysique Internationale (AGI) de 1957-1958 qui aboutira à la signature du Traité de Washington sur l’Antarctique le 1er décembre 1959 dont la France est partie signataire originaire. Le traité entre en vigueur le 23 juin 1961.

 

On donne à cette implantation sur l’Île des PÉTRELS le nom du découvreur du Continent « DUMONT d’URVILLE » en même temps qu’une petite base avancée sur le continent, à 320 Km de la côte et à 2400 m d’altitude, à laquelle on donne le nom du Commandant CHARCOT, pour y étudier la glaciologie.

 

13 - Carte POINTE GEOLOGIE 4 (1960).jpg
Archipel de la POINTE GÉOLOGIE (Carte de l’IPEV relevée en 1960 - Le Sud est en bas comme habituellement!)

NB : L'aérodrome ne sera construit qu'en 1983 à cheval sur les îles CUVIER, POLLUX, ZEUS, LE LION et BUFFON.

 

 

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Carte de la Pointe Géologie avec l'archipel des 8 îles et l'Île Pétrels (DDU - Le Sud est en haut)

 

Trois scientifiques dont Claude LORIUS (cf. plus avant, sur « CONCORDIA ») vont hiverner sur la base CHARCOT pendant 2 ans. 

 

J’en profite pour vous donner un aperçu des difficiles conditions d’hivernage très spartiates de ces trois premiers hivernants de la station CHARCOT par une série de photos trouvées dans les archives de l’IPEV…

 

 

12 - 0 - 3 - Base Charcot 350 x 240 Débarquement à cap Géodésie.JPG   12 - 0 - 1 - Base Charcot 350 x 240 Débarquement à cap Géodésie (actuel. Prudhomme) des matériels destinés à l'établissement de la station Charcot..JPG

Et voilà le navire vient de débarquer des éléments de la Base Charcot sur la banquise, et on les charge sur un « Weasel » !

  

12 - 2 - Base Charcot Un convoi de deux Sno-Cat tractant les éléments de construction de la future station Charcot..JPG    12 - 3 - 1 - 350 x 240 Weasel et Snow cat.jpg
Deux « Weasel » tractent un traineau et un module de l’abri sur 320 Km.

A 10 km à l'heure... Il faut improviser un bivouac et les pannes sont fréquentes !

  

12 - 1 - 350 x 240 Weasel 1958.jpg    12 - 5 - Base Charcot 350 x 240 Sastrugis rencontrés pendant le raid en direction de la station Charcot.jpg
Un « Snow cat » tractent des éléments de l’abri CHARCOT sur un traineau… et croise des « STRATUGIS* » sur sa route !

*Des « STRATUGIS » sont en fait des formations de congères neigeuses curieuses, façonnées par le vent.

  

12 - 5 - Snowcat 350 x 240.JPG    12 - 4 - 350 x 240 Weasel.jpg
 
Une chaîne de « Weasel » a lâché à l’arrivée sur la base CHARCOT

  

12 - 6 - Base Charcot 350 x 240 A leur arrivée par beau temps calme à la station Charcot les hommes déchargent les traîneaux..jpg

 et on décharge le matériel

    

12 - 7 - Station Charcot Creusement dans le névé d'une fosse de 5x7 m et 2 m de profondeur pour recevoir les éléments de la station.JPG    12 - 8 - Station Charcot.JPG
 
On fait une excavation dans le névé pour enterrer les éléments de l’abri boulonnés entre eux… afin de les protéger du vent et du froid !

  

12 - 9 - Toit de station CHARCOT 350 x 240.jpg    12 - 13 - 350 x 240 Base Charcot Le toit de la station émerge du névé.jpg
La neige a en partie recouvert l’abri dont on voit juste dépasser les 2 conduits de ventilation et de fumée.

  

12 - 12 - 350 x 240 Base Charcot Le chef de mission et responsable météo Jacques Dubois sortant de la station.JPG
 
Claude LORIUS, le glaciologue de l'équipe, sort par la trappe d’entrée de l’abri qui s'ouvre sur le dessus.

  

12 - 13 - Base Charcot 1957 un des 3 hivernants inspecte équipements de mesures installés sur la tour de micrométéorologie qui éclipse le soleil.jpg    12 - 14 - Base Charcot La galerie creusée dans le névé pour la conservation des vivres et du matériel. Température constante - 40°C..JPG
Les trois hommes ont dressé l’antenne radio puis creusé un tunnel pour stocker les provisions (il est à -40° !)

  

12 - 17 - station Charcot le glaciologue Claude Lorius démoule une carotte de glace..JPG
     
Claude LORIUS glaciologue démoule une carotte de glace.

  

12 - 18 - station Charcot le glaciologue Claude Lorius démoule une carotte de glace..JPG    12 - 17 - Station Charcot - pour se réchauffer on peut aussi faire de l'éléctricité pour faire fonctionner la radio !.JPG
Claude LORIUS démoule une carotte de glace et pour se réchauffer, plusieurs méthodes :

 On peut faire de l’électricité avec la gégène pour faire marcher la Radio, ou alors…

  

12 - 15 - Base Charcot Dans la cave réserve un homme choisi des conserves..JPG    12 - 16 - Base Charcot Claude Lorius se réchaiffe prés du poêle.JPG
Claude LORIUS choisi le menu du repas du jour, puis va se réchauffer contre le poêle à mazout de l’abri !

  

24 - 0 - 2 - Base Charcot Les sept hivernants 1956 sont sur le départ pour aller installer à 320 km plus au sud sur le continent.JPG

 Oh ! comme ils sont heureux de se retrouver à la station DUMONT d’URVILLE en fin d’hivernage !

  

L’île des PÉTRELS, située juste en face de la langue du « glacier de l’ASTROLABE », où il se jette dans l'océan, est à nouveau retenue en 1956 pour y installer une base à l’occasion de la participation Française à l’Année Géophysique Internationale (AGI) de 1957-1958 et on lui donne le nom du découvreur du Continent « DUMONT d’URVILLE » en même temps que la station CHARCOT (cf. ci-dessus), une petite base avancée sur le continent à 320 Km de la côte et à 2400 m d’altitude pour y étudier la glaciologie ; 3 scientifiques vont y hiverner pendant 2 ans mais elle sera fermée définitivement en 1959.

 

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« L’île des Pétrels » vue du glacier et premier mouillage du brise-glace l'Astrolabe au pied du glacier dont il porte le nom !

 

Le site de sa construction fut choisi en partie, au départ, en raison de sa proximité avec les manchots Adélie venant se reproduire sur la terre ferme (NB : le manchot ADÉLIE, plus petit que le manchot Empereur, fait partie intégrante de la vie de la station, cette dernière étant installée au milieu de leur « manchotière »).

 

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Manchots Adélie et leur « manchotière » près de la base DUMONT d'URVILLE.

 

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Manchots Adélie et leur « manchotière ».

 

La station DUMONT d’URVILLE étant ainsi idéalement positionnée pour étudier également les phénomènes magnétiques et solaires de la haute atmosphère, les résultats obtenus dans ce domaine durant l’AGI ont été remarquables.

 

Les constructions érigées pour la base DUMONT d’URVILLE à l’occasion de l’AGI, avaient été conçues pour 20 personnes et une occupation provisoire de 3 ans… Une partie est toujours en service.

 

Les premiers bâtiments de la station DUMONT d’URVILLE étaient en acier isolé par un sandwich thermique de contreplaqué ignifugé et de Klégécell (c’est une mousse de polychlorure de vinyle - PVC - beaucoup plus rigide que le polystyrène, qui sert d’âme composite, comme pour les nervures des ailes d'avion).

 

La base principale était entourée de 11 petits abris en bois conçus pour différentes utilisations scientifiques et d’un garage pour l’entretien des véhicules chenillés du type « Weasel » et « Snow-cats ».

  

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À gauche un très spartiate « Weasel » et à droite un « Snowcat » un peu plus sophistiqué.

 

Pendant les campagnes d’été, les études polaires bénéficiaient de l’aide d’un hélicoptère de l’armée de terre. (Il y en a un à demeure en permanence depuis!)

 

En 1959, le gouvernement français décide le maintien de la station à titre permanent et la poursuite des travaux de recherche.

 

Cette décision rend nécessaire sa reconstruction et son extension au cours des campagnes d’été suivantes. Depuis, la station a été occupée sans discontinuer.

 

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Le site de la Base DUMONT d’URVILLE (Vue d'Est - en haut - en Ouest - en bas - cf. Le Sud et le glacier sont à droite)

 

Les recherches sur la biodiversité, notamment sous-marine, de son évolution et de son adaptation aux changements climatiques représentent une part importante des études menées à la station.

 

En novembre 1968 se tient à Paris la 5ème Réunion consultative du Traité sur l’Antarctique (RCTA), présidée par la France.

 

En juin 1972 est adoptée la Convention sur la protection des phoques de l’Antarctique, dont la France est Partie originaire.

 

Le 20 mai 1980 est proposée par la France, et est adoptée la Convention pour la Conservation de la Faune et de la Flore Marines de l’Antarctique (CCAMLR). Elle entre en vigueur le 7 avril 1982.

 

Au sein de cette organisation, la France défend l’adoption de règlementations environnementales protectrices des écosystèmes ainsi que la création d’un réseau d’aires marines protégées tout autour de l’Antarctique.

 

En Octobre 1989 a lieu à Paris la 15ème réunion RCTA, présidée par la France : la France et l’Australie, sous l’impulsion de leurs Premiers ministres respectifs Michel Rocard et Bob Hawke, refusent de ratifier la Convention sur la réglementation des activités relatives aux ressources minérales de l’Antarctique, élaborée peu avant, et plaident pour un texte international protecteur de l’environnement antarctique.

 

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 La Base DUMONT d’URVILLE actuelle…

 

Par la suite, à partir de DUMONT d’URVILLE des « raids » ont été organisés sur l’inlandsis non seulement pour approvisionner la station CONCORDIA mais aussi permettre sur le parcours de plus de 1000 Km, l’acquisition de nombreuses données en glaciologie, en météorologie et la réalisation de profils sismiques et gravimétriques qui permettent d’estimer l’épaisseur et l’état de la glace du continent.

 

Car la station DUMONT D’URVILLE est également une plateforme d’observation de l’atmosphère, de la calotte glaciaire et de la géophysique de notre planète.

 

De nos jours l’IPEV (l’Institut Polaire Paul-Émile Victor) assure la gestion fonctionnelle de la station et la conduite des projets scientifiques et les TAAF y conservent la souveraineté et les missions de service public (radio, médecine, gérance postale).

 

Vidéo de 5 minutes de l’IPEV vous en dira beaucoup plus en quelques images :

 

 

Les hivernants sont bien mieux équipés qu’il y a quelques années avec de puissants tracteurs « QUADTRAC » et « CATERPILLAR » et des engins chasse-neige à chenilles conçus tout spécialement pour se déplacer sur la banquise et les pistes glacées et enneigées (du même type que les engins pour damer les pistes de ski !)

  

 

19 - Tracteurs QUADTRACS 350 x 220.jpg    20 - traineau chasse-neige 350 x 220.jpg

 

21 - train de traineaux 3 350 x 220.jpg    22 - train de traineaux 350 x 220.jpg
Trains de traineaux du « Raid »

 

 23 - Caterpillar 350 x 240.jpg    23 - 2 - Caterpillar 350 x 240.JPG
Tracteur Caterpillar à chenilles caoutchouc et Chasse-neige...

 

La station est devenue un véritable campus scientifique avec une cinquantaine de bâtiments : lieux de vie, laboratoires de recherche et locaux techniques. Elle est également la porte d’entrée des activités de recherche et de logistique sur le continent notamment via les installations Robert GUILLARD au Cap Prud’homme, où sont préparés les convois de ravitaillement vers la station continentale CONCORDIA et les raids d’exploration scientifique de l’Antarctique.

 

La station est cependant régulièrement balayée par les vents, à 35 Km/h en moyenne, et notamment les vents « catabatiques » (du grec « katabatikos » qui veut dire « descendant la pente » ; c’est un vent généré par gravité dû à l’air froid descendant du plateau continental) déferlant de l’inlandsis dont on a mesuré des pointes à presque 250 Km/h !

 

Les précipitations sont difficiles à y mesurer car la neige est remise en suspension dans l’air par le vent, mais les météorologues comptabilisent en moyenne 100 jours de neige par an en moyenne.

 

La position géographique de DUMONT d’URVILLE fait que contrairement à la majorité du continent, on y observe toujours un rythme solaire quotidien. Le jour peut cependant être très long (jusqu’à 24h en décembre), comme très court (4h en juillet).

 

Durant l’hivernage, les habitants de DUMONT d’URVILLE sont une vingtaine répartis selon les services qu’ils apportent comme suit :

 

- Pour la base-vie un cuisinier-intendant et un pâtissier.

- Dans l’équipe technique : un responsable technique, un menuisier, un outilleur, un mécanicien responsable de la centrale électrique, un mécanicien en second pour la centrale, un mécanicien garage, un plombier-chauffagiste, un électrotechnicien.

- Dans l’équipe scientifique : un informaticien, un électronicien science, un optoélectronicien, des biologistes/écologues/vétérinaires.

- Pour la météo : un responsable de la station météo et un technicien.

- Et enfin, un gérant postal, un technicien radio, un médecin et le chef de district, personnels des TAAF.

 

Pendant la campagne d’été se déroule la passation entre les hivernants sortants et les hivernants entrants.

 

Les équipes techniques sont complétées par des membres du personnel permanent de l’Institut et des contractuels en fonction des besoins logistiques et des chantiers.

 

C’est également durant la campagne d’été que sont mis en œuvre la majeure partie des projets scientifiques, car la station DUMONT d’URVILLE accueille les chercheurs responsables de ces projets et leurs équipes (doctorants, ingénieurs, etc…).

 

Une petite Vidéo de 3 minutes vous donnera une petite idée de la vie à la base DUMONT d’URVILLE !

 

 

Le 4 octobre 1991 est adopté un Protocole au traité sur l’Antarctique relatif à la protection de l’environnement antarctique, dit « Protocole de Madrid ». Il entre en vigueur le 14 janvier 1998.

 

En janvier 1992 il est organisée la fusion des EPF et de la Mission de recherche des TAAF qui entraine la création de l’Institut Français pour la Recherche et la Technologie Polaires (IFRTP).

 

1993 : l’IFRTP et son partenaire italien ENEA (Ente per le Nuove Tecnologie, l’Energia e l’Ambiente) signent un accord visant à la construction d’une station franco-italienne sur le Dôme C. Les travaux de construction de la station CONCORDIA débutent deux ans plus tard.

 

 

LA STATION CONCORDIA

 

Comme nous l’avons vu plus haut, CONCORDIA est une station franco-italienne gérée sur le plan financier à 50/50 entre la France et l’Italie, habitée en continu depuis 2005 par 12 à 15 hivernants et jusqu’à 70 scientifiques en été, opérée conjointement par l’IPEV (l’Institut Polaire Français Paul-Émile Victor successeur des EPF ou Expéditions Polaires Françaises dans les années 1980) et le PNRA (« Programma Nazionale di Ricerche in Antartide » = Programme National Italien de Recherche en Antarctique).

 

 

Le site de Concordia.JPG
Le site de la station CONCORDIA

 

Ses coordonnées sont : 75° 06' Sud et 123° 21' Est. (Par comparaison le Pôle Sud est à 90° 00' S et aucune longitude puisque situé au point de convergence des méridiens).

 

La station est située à 1350 Km au Nord-Est de la station DUMONT d’URVILLE, au sommet d'un haut plateau nommé « Dôme C » (pour « Dôme Charlie » baptisé par des américains en souvenir du dépannage de 3 avions Hercules LC-130 de l’US Navy qui avaient été endommagés à cet emplacement en 1975 mais avaient pu être réparés).

 

C'est un plateau qui culmine à 3223 m et à 2500 Km du Pôle Sud, ce qui en fait, entre autres, un lieu important pour les réseaux d’observation sismique et géomagnétique de notre planète à cause de son éloignement de surtout de toute perturbation côtière.

 

Par ailleurs, le site étant complètement désertique, ne présente aucune vie mise à part celle de la station, car les températures y sont extrêmement basses (-25 °C en été, -50 °C en hiver voire encore moins) et il y fait nuit pendant trois mois de l'année (Nota Bene : il n'y a aucune forme de vie animale et végétale possible au-delà de dix kilomètres à l’intérieur des terres et la côte la plus proche est à 1200 Km).

 

26 - Le site de Concordia 350 x 240.jpg
 

La station est composée de deux tours de 3 niveaux raccordées entre elles et aux bâtiments en conteneurs hébergeant la centrale électrique et la station de traitement des eaux par des couloirs couverts au rez-de-chaussée. Les tours sont installées sur des pilotis pour prévenir l’enneigement du site.

 

C’est que les conditions climatiques à cette altitude et latitude sont extrêmes : – 30°C en moyenne l’été et -63° C l’hiver !

 

27 - Le site de Concordia 3 350 x 240.jpg    28 - Le site de Concordia 2 350 x 240.jpg
    Le Site de CONCORDIA

 

L’une des deux tours, accueille les activités « calmes » (chambres, laboratoires, hôpital …), l’autre les activités « bruyantes » (cuisine, séjour, salle de sport, ateliers …) et autour, différents bâtiments hébergent des installations scientifiques et sont stockés des conteneurs, en fait des réserves de vivres et de matériel.

 

Pendant la campagne d’été, une partie du personnel est logée au camp d’été, un ensemble de bâtiments et de tentes situé à 500 m de la station (on les aperçoit sur la photo de droite).

 

CONCORDIA est de plus construite sur le site du « Dôme C », à savoir sur une calotte glaciaire de plus de 4000 m d’épaisseur à certains endroits qui permet, à travers des carottages de glace, de retracer le climat terrestre des années passées.

 

Ainsi le forage « EPICA » (European Project for Ice Coring in Antarctica = Projet de forage européen des glaces en Antarctique) a permis de lire le climat des 800000 dernières années et les prochains carottages un peu plus à l’est où l’épaisseur de glace est encore supérieure visent à dépasser le million d’années !

 

29 - Le site de Concordia 740 x 380.jpg

Les différents sites de forage de la station

 

30 - Carrotage de Concordia.JPG
 Schémas du forage « EPICA »

 

33 - Carrotage de Concordia 4 350 x 240.jpg    31 - Carottage Concordia 2 350 x 240.jpg
Carottage physique de « EPICA ».

 

32 - 1 - Carottes Concordia 350 x 240.JPG    32 - Carottes Concordia 350 x 240.jpg
Une précieuse carotte d'eau gelée il y a... 800 000 ans !  

 

A ce stade, je ne peux m'empêcher d'évoquer le nom de Claude LORIUS qui participa à l'AGI à la base CHARCOT en 1956. C'est un glaciologue français, dont les recherches sur la composition des inclusions gazeuses des glaces polaires ont permis de caractériser les climats anciens de la terre et de mesurer leurs variations dans le temps.

 

50 - Claude.Lorius.jpg    51 - Inclusion de bulles d'air 350 x 240.jpg
Le Glaciologue Claude LORIUS grâce auquel on va pouvoir savoir ce qui s'est passé sur terre, il y a 1 million d'années !

 

Il est également l'Inventeur du principe du thermomètre isotopique et le premier, avec le paléo-climatologue Jean JOUZEL à avoir mis en évidence le lien entre la concentration atmosphérique en gaz CO² à effet de serre et l'évolution du climat. 

 

En plus de son altitude élevée, la faible humidité de l’air, la faible pollution lumineuse et atmosphérique font de la station CONCORDIA le site idéal pour des études astronomiques et physico-chimiques de l’atmosphère.

 

Y ont ainsi été installés un télescope photo-numérique de 40 cm de Ø performant et des canons laser capables de bombarder le fameux trou d'ozone à la verticale de l'antarctique. 

 

  34 - Téléscope Concordia 350 x 240.jpg    35 - Bombardement Lase du trou d'ozone.JPG
Un télescope photo-numérique de 40 cm de Ø est à disposition des scientifiques

Et un laser pour les expériences sur le trou d'ozone.

 

Par ailleurs, la conception de la station a fait appel à des concepts architecturaux et technologiques innovants et conformes aux recommandations du Traité sur l’Antarctique.

 

En particulier, les eaux sales sont recyclées par une unité de traitement développée en coopération avec l’Agence spatiale européenne. Le chauffage est produit par cogénération lors du fonctionnement de la centrale électrique. Les déchets organiques sont transformés en compost, les autres déchets sont triés et reconditionnés pour être retraités à l’extérieur du continent.

 

Le personnel de la station, hivernants et campagnards d’été, scientifiques, personnel technique et logisticiens arrivent à CONCORDIA en avion équipé d'un train d'atterrissage à patins pour décoller et se poser sur la glace ou la banquise.

 

Petit aparté : A propos d'avion, j'aborde rapidement là, le problème qu'a posé l'aérodrome DUMONT-D'URVILLE, aussi connu sous le nom de « Piste du LION ». Il avait été édifié entre 1983 et 1993 pour desservir la base.

 

44 - Carte de l'aérodrome.jpg
Carte de l'Aérodrome DUMONT d'URVILLE (le Nord est en bas de la carte) et sa photo aérienne.

 

La piste, obtenue par l'arasement de plusieurs îlots CUVIER, POLLUX, ZEUS et BUFFON de l'archipel reliés à l'Île du LION par une chaussée de 1200 m de long... n'a jamais été mise en fonction ! Il a pourtant nécessité de remuer plus de 700 000 m3 de roches au Nord-Est de l'Île des PETRELS. 

 

41 - Quai de l'aérodrome.jpg   48 - Piste du lion 350 x 240.jpg

L'aérodrome sert finalement de quai d'accostage pour le brise-glace l'Astrolabe,

et son hangar, avec sa tour de contrôle, d'entrepôt !

 

Juste avant son inauguration, en janvier 1994, une énorme tempête a touché la Pointe-Géologie avec des vagues géantes déferlant sur les îles, un vent soufflant à 160 Km/h avec des pointes à 200 ont affecté directement la piste, créant une brèche de 300 m de long sur 15 de large, qui a rendu la piste inutilisable.

 

Les dégâts n'ont pas été imputables à un vice de construction de la piste mais à une absence de travaux d'entretien, reportés par mesure d'économie et le ministre de l'Environnement de l'époque, Michel BARNIER, a officialisé l'abandon de la piste ! 

 

Cela explique pourquoi tous ces hommes de CONCORDIA sont maintenant ravitaillés depuis la base DUMONT d’URVILLE, après une traversée de l’océan Austral à bord de l’Astrolabe depuis la Réunion, puis par « le raid », un convoi de 250 tonnes qui, à trois reprises pendant l’été austral, parcoure la distance de 1318 Km à la vitesse de 8 Km/h en 50 jours entre les installations de la Base ROBERT GUILLARD et CONCORDIA.

 

La base ROBERT GUILLARD porte en fait le nom d'un compagnon de Paul-Emile VICTOR qui a totalisé en tout 44 missions, 16 grands raids, 5 hivernages, 18 campagnes d’été et a dirigé à trois reprises la base DUMONT d'URVILLE.  

 

Elle était la base avancée de la 1ère base CHARCOT, qui avait été installée en 1957 lors de l'AGI à 320 Km à l'intérieur des terres et à 2300 m d'altitude au Sud de DUMONT D'URVILLE pour étudier spécifiquement la glaciologie. On a conservé ses installations pour l'approvisionnement de CONCORDIA.  

 

« Le raid » nécessite l’intervention de 10 personnes en permanence, en plus des chauffeurs d’engins CATERPILLAR et chasse-neige à chenilles, (dont 3 logisticiens, un médecin urgentiste des agences polaires) et emmène quelques scientifiques qui profitent du voyage pour faire toutes sortes de relevés sur son parcours.

 

Les deux derniers traineaux transportent en effet un ou plusieurs « mobil-home » sur patins, qui servent de lieu de vie de l’équipe pendant la traversée de l’immensité glacée.

 

36 - la liaison aerienne de concordia 350 x 240.jpg    37 - convoi terrestre de Concordia 350 x 240.jpg
L’arrivée de personnel scientifique par l’avion, et vue du « Raid » en partance de DUMONT d’URVILLE

  

38 - Le convoi terrestre de Concordia 350 x 240.jpg    39 - Le RAID en Progression 350 x 240.jpg
Vue du « Raid » en cours de progression

 

1993 : ouverture des bâtiments d’été pour la réalisation du forage glaciologique « EPICA ».

 

1997 : Début du forage « EPICA » sur le dôme C, auquel la France participe activement.

 

Janvier 2002 : L’IFRTP devient Institut polaire français Paul-Émile Victor (IPEV).

 

15 avril 2003 : Adoption de la loi n°2003-347 relative à la protection de l’environnement en Antarctique. Les TAAF deviennent l’autorité compétente pour réaliser les études d’impact environnemental prévues par le Protocole de Madrid.

 

2004 : achèvement de la construction de la station d’hiver de Concordia. Le premier hivernage débute l’année suivante où, durant neuf mois, les treize premiers hivernants sont en autonomie totale. 

 

2010-2014 : Le directeur de l’IPEV Yves FRÉNOT préside au nom de la France le Comité pour la protection de l’environnement (CPE) créé par le Protocole de Madrid.

 

2008 : la CCAMLR décide de s’engager dans la création d’un réseau représentatif d’aires marines protégées (AMP) dans l’océan austral et adopte dans ce cadre une Mesure de conservation concernant les AMP en 2011.

 

C’est dans ce cadre que sera adoptée, en 2016, l’AMP en mer de Ross présentée par les États-Unis et la Nouvelle-Zélande grâce à un soutien au plus haut niveau de l’exécutif américain.

 

L’Union européenne et ses États membres ainsi que l’Australie ont élaboré un projet d’AMP en Antarctique de l’Est dont l’adoption est depuis plusieurs années refusée par deux États en dépit de sa validation par le Comité scientifique de la CCAMLR. La France est très engagée dans l’élaboration et la défense de ce projet.

 

Novembre 2019 : visite en Antarctique de Frédérique VIDAL, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.

 

2020-2021 : la pandémie de la Covid-19 perturbe fortement le fonctionnement des stations scientifiques.

 

Juin 2021 : organisation de la 43e RCTA par la France (c’est la troisième RCTA organisée par la France après 1968 et 1989). La réunion prévue à Helsinki en 2020 a dû être annulée en raison de la pandémie.

 

Jeudi 31 mars 2022, le Premier ministre a reçu la stratégie polaire française, intitulée « Équilibrer les extrêmes » qui lui a été présentée par Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeur chargé des pôles et des affaires maritimes.

 

Cette première stratégie polaire de la France sera déployée et suivie dans le cadre du Comité interministériel de la Mer qui deviendra le Comité interministériel de la Mer et des Pôles (CIMER-POLES).

 

Des scientifiques français poursuivent aujourd’hui la longue histoire qui a fait de la France une nation polaire active tant sur le plan scientifique que sur les plans politique et diplomatique.

 

Trois petites vidéos, la 1ère de 14 minutes et les deux autres de 3 minutes chacune vous en dira plus sur ce qui précède.

 

La 1ère vidéo traite de la « Science de l’extrême », i.e. Que fait-on dans cette station ?

 

 

La 2nde vidéo commente la préparation minutieuse d’un convoi (« le raid ») qui va devoir parcourir 1350 Km de piste gelée pour approvisionner CONCORDIA par la terre :

 

 

La 3ème vidéo présente les difficultés de l’acheminement du matériel et des vivres pour l’approvisionnement de CONCORDIA par la terre. Imaginez un peu la traversée de Nice à Bruxelles sur de la glace enneigée par -25° C :

 

 

 

EN CONCLUSION :

 

La TERRE ADÉLIE, permet ainsi à la France de contrôler un immense territoire à partir duquel elle a :

- Une position stratégique pour surveiller la météorologie et les phénomènes de changement climatique.

- Un formidable laboratoire physique pour connaître ce qui s’est passé au cours de prés d’un million d’années, ainsi que pour en savoir plus sur la sismologie, l’astronomie grâce à un ciel pur exempt de toute pollution lumineuse, et la glaciologie.

- La France reste attentive à la préservation et au respect des dispositions du Traité sur l’Antarctique et de l’ensemble des accords relatifs à la protection de son environnement.

- ...

 

Mais là, je viens d'effacer le reste de mes cogitations afin de les reformuler et vous faire prendre conscience de ce qui se passe autour de nous et il ne s'agit pas là de « fake news » ou de complotisme mais bel et bien de la triste vérité quant au devenir de l'humanité ! 

 

A dans quelques jours !...

 

En travaux.jpg

 

 


 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

En tout premier : un grand coup de chapeau pour l'information et la qualité de la communication de l'IPEV : https://institut-polaire.fr/fr/  et https://www.archives-polaires.fr/ (dont j'ai extrait une partie des photos (que leurs auteurs ne soient pas indisposés si je n'ai pas donné leur nom sur chacune d'elle. Ils figurent en bonne place sur le site de l'IPEV !)

 

Concernant le budget des TAAF : Pour financer ses besoins, La collectivité dispose d’un budget d’environ 26 millions d’euros provenant :

  • De ressources propres (droits de pêche à hauteur de 5,5 M€, philatélie, impôts, tourisme, taxes de mouillage…) représentant 78,8 % des recettes ;
  • D’une subvention d’équilibre du ministère des Outre-mer ;
  • D’un appui financier du ministère de l’Écologie au titre de la réserve naturelle nationale.

Les dépenses sont constituées à 70 % de frais de logistique et quand vous découvrirez le matériel nécessaire, vous ne serez pas étonné d’un tel pourcentage (cf. mon article sur la FLOTTE DE LA ROYALE AUX TAAF !) et 12 % de dépenses de personnel.

 

À lire :  Pour en savoir plus sur les missions de L'Astrolabe aujourd'hui.

 

À lire :   L'Astrolabe : Le passeur de l'Antarctique de Stéphane DUGAST et Daphné BUIRON (2017, éditions du Chêne).

 

À lire :   Faire le tour de la planète sans quitter la France, c'est possible ! Notamment grâce à ces fameuses terres australes...

 

À voir : Le site du gouvernement Australien sur l’Antarctique https://www.antarctica.gov.au/

 

 

3 - 2 - Brise-glace australien Nuyina.jpg
 « Nuyina » ou plutôt « Noy-Yee-Nah » signifie « lumières du sud »

(en « palawa kani », la langue des aborigènes de Tasmanie).

 

 

 


 

 



10/09/2022
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