LE MECANISME DES SUBPRIMES POUR LES NULS...
En 2015, en plein dans la crise financière de la Grèce, j'avais commis un article sur le mécanisme financier qui avait été adopté comme solution à la crise.
Plusieurs de mes lecteurs m'ont fait remarquer que je n'avais pas abordé le phénomène des « SUBPRIMES » américaines qui avaient conduit à la crise...
Il n'est jamais trop tard pour bien faire ! Voici le mécanisme décortiqué, facile à comprendre et pas si simpliste qu'il en a l'air :
Marcel est propriétaire d'un bistrot.
Il réalise soudain que tous ses clients sont des alcoolos qui n'ont pas de boulot et ne peuvent donc plus fréquenter son comptoir, car ils ont vite dilapidé leurs R.M.I. et allocations diverses.
Il imagine alors un plan marketing génial : « Picole aujourd'hui, paie plus tard ».
Il tient rigoureusement à jour son ardoise de crédits, ce qui équivaut donc à consentir un prêt à ses clients.
Chiffre d'affaires et bénéfices explosent et son bistrot devient vite, sur le papier, le plus rentable de la ville.
Son brasseur et ses fournisseurs grossistes en café et alcools se frottent les mains, et allongent bien volontiers les délais de paiement que Marcel demande.
Les clients de Marcel s'endettant chaque jour davantage acceptent sans rechigner des augmentations régulières du prix du godet, gonflant ainsi (toujours sur papier) les marges du bistrot.
Le jeune et dynamique représentant de la banque de Marcel, se rendant compte que ce tas de créances constitue en fait des contrats à terme, et donc un actif, propose des crédits à Marcel avec les créances-clients en garantie. Et Marcel remplace son mobilier de terrasse !
Sa trouvaille géniale vaut au banquier visionnaire un plantureux bonus.
Au siège de la banque, un trader imagine alors un moyen pour se faire de belles commissions: il convertit les dettes en PICOL-OBLIGATIONS.
Les PICOL-OBLIGATIONS sont alors "titrisées" (converties en paquets de titres négociables) afin d'être vendues sur le marché à terme.
Confiants à l'égard de leur banquier et avides de hauts rendements, les clients ne captent pas que ces titres qui leur sont fourgués comme "obligations AAA", ne sont en fait que les créances bidon d'alcoolos feignasses.
Les PICOL-OBLIGATIONS deviennent la star des marchés, on se les arrache et leur valeur crève tous les plafonds.
Un beau matin, un « risk manager » oublié dans les caves de la banque se réveille et signale qu'il est temps de demander à Marcel que ses clients règlent leur ardoise.
Marcel essaie, mais ses clients ne bossant pas ... bernique !
La banque exige alors le remboursement du crédit et le bistrot fait logiquement faillite, vire ses employés entraînant la faillite de ses fournisseurs en bibine qui, à leur tour, virent également leurs employés.
Le cours des PICOL-OBLIGATIONS chute brutalement de 90%.
La dépréciation de cet actif vaporise les actifs et donc les liquidités de la banque.
Problème : sa banqueroute ruinerait trop d'électeurs (« too big to fail » qu'on dit)
La banque est donc renflouée par l''État.
Ce renflouement est financé par de nouvelles taxes prélevées chez des employés, les classes moyennes et un tas de gens qui bossent, ne picolent pas, qui n'ont jamais mis les pieds dans le bistrot du Marcel...