ORPHEE... MON EURYDICE !

Toi, qui lis cet article, si tu n'as pas eu un jour un animal de compagnie, ne va pas plus loin.

 

Ce qui suit n'est absolument pas une sensiblerie mal placée, mais juste une réflexion beaucoup plus profonde qu'elle ne pourrait en avoir l'air si l'on essaye de comprendre son mécanisme !

 

Qui était ORPHEE ?... Notre petite chienne épagneule !

 

Pourquoi ORPHEE ?

  

Tout simplement parce que cette année-là, quand mon beau-Frère Jean-Michel nous a offert cette petite boule de poils « pour aller à la chasse », c’était l’année des « O »… Et les enfants qui l'ont baptisé ainsi ne connaissaient rien à l'histoire d'Orphée et d'Eurydice ! Ca sonnait bien, tout simplement.

 

On n’a pas le droit de donner un prénom d’homme à un animal, parait-il, mais Orphée ce n'était pas un animal, c'était une Epagneule… la plus gentille des Epagneules. Et on ne pouvait pas décemment l'appeler « Ourydice » pour satisfaire la règle du pédigrée!

 

La première fois que Béatrice l'a emmené à la chasse... Elle était toute heureuse de se retrouver dans une meute d'épagneuls, de vrais mecs !

 

Mais elle s'est carapaté au premier coup de fusil et après l'avoir appelé pendant des heures, on l'a retrouvé en boule sur le capot de la voiture, toute tremblante et manifestement outrée qu'on ait pu courir derrière des chevreuils avec des fusils qui faisaient un bruit pas possible... Non seulement elle n'a plus jamais voulu suivre Béa quand elle l'a voyait prendre une carabine, mais jusqu'à la fin, elle se réfugiait dans nos jambes dès qu'elle entendait ce qui pouvait ressembler à un coup de fusil; même un coup de tonnerre la terrorisait ! 

 

Cela dit, on la retrouve partout, quand on feuillette un album des photos familiales. Et Martin, notre « petit dernier » a grandi avec elle !

 

 

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Là, Orphée a un mois et vient d'arriver à la Brosse...

où elle ne fait aucune différence entre prairie, canapé et tapis du salon !

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Là, Orphée a 7 ans, en août 1999 

 

Et, il y a quelques jours au Puy, elle venait de dépasser les « 100 ans » quand on applique la règle des x fois sept ! 

 

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Là, ça descend... j'aurai pas à la tirer pour redescendre !


 

Et là, à Fontaine de Vaucluse, elle a 100 ans, enfin 14 ans 1/2,

Mais elle se dit qu'il « Faut toujours la traîner celle-là ! »

 

Ce matin du lundi 17 septembre 2012, Juliette, m’a fait parvenir un petit message touchant ( Cliquer ici !) dès qu'elle a su qu'Orphée nous avait quitté pour le paradis des Epagneules, m’affirmant « qu’elle était mieux au ciel avec plein de copains, et qu’elle a eu une belle vie. Mais, surtout, qu’elle est la chienne qui aura certainement mangé le plus gastronomiquement du monde... Et Juliette de préciser que dés lors que tu as pu goûter la daube provençale de Papa une fois dans ta vie, tu peux mourir... ! » Euhhhh... Attendons encore un petit peu, quand même.

 

Je n’arrêtais pourtant pas de sangloter comme un môme, ce matin-là...

 

C'est que, après nous être baladé tout le week-end entre la Chaise-Dieu et le Puy-en-Velay, Orphée s’était endormi sous la table de la maison de nos amis Casadéiens, Guy et Thérèse, et puis s’était éveillée en sursaut comme si elle avait fait un cauchemar... Aussitôt sur ses pattes, elle s’était affalée par terre le museau en avant et ne tenait plus debout.

 

Elle est ainsi restée prostrée toute la journée se trainant avec ses pattes de devant sur la pelouse de la Chaise-Dieu. On la croyait fourbue comme un cheval qui a couru tout le jour.

 

Ce n’est qu'au matin suivant, rentrés à Villeneuve, qu’Audrey, la jeune vétérinaire qui avait l’habitude de lui faire ses vaccins l’a examiné à l’écographie.  

 

Moi, pour la calmer, comme d'habitude, je me contentais de lui caresser le museau qu’elle me tendait confiante avec ses grands yeux ouverts qui semblaient me dire qu’elle ne m’en voulait pas de l’empêcher de bouger, tout comme lorsqu’on lui faisait ses vaccins ; de toutes façons, elle était bien incapable de bouger !

 

Mais Audrey tournant vers moi l’écran m’a montré le ventre d’Orphée qui était presque tout noir. Elle m’a expliqué que les plages noires c’était du sang qui s’était répandu dans son ventre après l’éclatement de la rate envahie par une énorme boule grisâtre qu’elle m’a dit être une tumeur.

 

On a même vu à l’écran la pointe de l’aiguille qu’elle manipulait pour en faire un prélèvement. La seringue s’est aussitôt emplie de sang et Audrey n’a pu que me dire, la mine désolée, que sa rate avait éclaté ; du sang s’était répandu dans son ventre et qu’elle ne pourrait rien faire pour elle si ce n’est « la soulager ».

 

« La soulager » dans l'immédiat, j'avais compris qu'il lui fallait l'opérer, c’était bien évidemment et « l’endormir » pour qu’elle ne souffre pas.

 

Audrey a tourné la tête plusieurs fois et s’est très délicatement absentée quelques minutes pour me laisser le temps d’appeler Martine au téléphone et l’informer de la gravité de l’état d’Orphée; puis elle est revenue avec des documents qu’elle m’a fait signer, tout en m’expliquant que la meilleure chose pour elle était qu’on abrège ses souffrances.

 

Avec Martine, on avait abordé la question mais jusqu’au dernier moment je n’avais voulu croire qu’à une indigestion ou un malaise à la suite des kilomètres qu’on l’avait empêché de faire en faisant du sur place dans la foule, la veille, ensemble, dans la ville du Puy en transe pour « la fête du Roi Oiseau ». Ce n’était pas faute de tirer sur sa laisse, la pauvre ; elle m’avait presque halé jusqu’en haut des marches de la Cathédrale, et Dieu sait qu’au Puy il y en a des marches pour arriver dans le chœur!

 

Audrey lui a fait une piqure d’anesthésiant et ses grands yeux ne m’ont pas quitté une seconde. Et puis, Audrey m’a dit que ce n'était plus la peine de la caresser, qu’elle ne souffrirait plus et qu’on avait pris une sage décision.

 

C'était fini !

 

Et là, j’ai éclaté en sanglot comme le môme de septante ans que je suis devenu, et je suis rentré à la maison hébété avec seulement son collier et sa couverture en prenant bien garde de fermer la porte d’entrée à clé afin qu’elle ne risque pas de se sauver encore une fois dans la rue au risque de se faire écraser…

 

Si, si Juliette, on a le droit de pleurer pour la mort d’un animal. Même si, merde, ce n’est qu’un animal.

 

Je viens de relire l’admirable petit livret folio écrit par Catherine GUILLEBAUD sous le titre de « Dernière Caresse » où c'est son chien lui-même qui parle, de ses derniers instants. C’est vraiment tout à fait ça !

 

Orphée c’était Orphée, et pas seulement un animal ! Si elle avait eu la parole je crois bien qu’elle n’aurait pas hésité à me faire la morale quelquefois.

 

Elle m’a souvent accompagné à des tenues en attendant patiemment sur le parvis que je m’imprègne des grandes théories philosophiques et maçonniques quant à la mort dont débattent certains hommes qui prétendent s’y préparer.

 

Elle m’a accompagné tout au long du chemin de Compostelle faisant d’ailleurs deux fois plus de trajet que moi puisqu’elle courrait devant puis revenait sur ses pas pour voir si je suivais bien..., se demandant parfois si son patron n’était pas subitement devenu fou puisqu’il la laissait courir toute la journée du matin au soir; et le soir venu, on s’endormait souvent à la belle étoile ou sous un porche d’église ou encore dans une grange, serrés l’un contre l’autre... à ce propos, vous pouvez en savoir plus sur cette expérience extraordinaire qu'est LE PELERINAGE DE SAINT JACQUES DE COMPOSTELLE si vous souhaitez le préparer un jour !

 

 

Plus que... 765 Km Orphée !

 

C’est que, d’habitude, les promenades, c’était strictement limité à l’envoi du courrier à la poste ou alors, grande joie, à faire les huit kilomètres à pattes le mercredi qui nous séparaient du labo des Angles où je devais me faire faire une prise de sang pour contrôler mon TP, en passant chez Henry prendre le café, et en traversant, sans laisse, le parc des Mourgues de part en part après avoir coupé droit à travers le stade scolaire où tous les élèves de l’école Sancta-Maria qui la connaissaient, l’appelaient par son nom pendant leur cours de gymnastique pour pouvoir la caresser au grand dam du professeur.

 

C’est que ces dix dernières années, elle ne m’a pas quitté d’une semelle,

 

- Quand je changeais de pièce, elle changeait de pièce en me suivant.

 

- Quand je bricolais, le bruit de ma perceuse la faisait bien trembler un peu, mais elle était avec moi et pensait ne devoir rien craindre si j'étais là.

 

- Quand j’allais dans le jardin, elle allait dans le jardin.

 

- Quand je travaillais à l’ordinateur, elle venait se coucher sereinement sous la table, sur mes pieds.

 

- Quand je m’installais le soir à la télé pour voir les informations, elle s’installait aussi nonchalamment entre Martine et moi, sur le canapé, comme pour juger de la folie des hommes qui ne savent plus tout bonnement se raconter des histoires.

 

- Quand on allumait la cheminée, elle se laissait tomber comme une carpette juste devant, pour se chauffer le poil et regardait sa maitresse avec des yeux pleins d'admiration qui lui permettait de faire de tels miracles; c'est bien connu, il faut être fou ou amoureux pour savoir allumer un feu.

 

- Quand je saisissais les clés de l’auto dans la coupelle de l'entrée, ça tintait, et elle accourrait, me suppliait des yeux de l’emmener avec moi, et je craquais presque toujours, et l’emmenais pour l’abandonner quelquefois des heures dans la voiture, une fenêtre légèrement entrouverte mais elle était sereine, puisqu’elle était avec moi.

 

- Et enfin je l'avoue... quand j'étais tout seul dans notre grande maison, je ne craignais plus rien puisqu'elle veillait sur moi, attentive à tous les bruits qui n'étaient pas ordinaires!

 

 

Ah, on en a fait des ballades ensemble ! Non, non, Orphée, je ne pars pas !

 

 


Ici, à Noël 2011, au Château d'ESTOUBLON avec toute la smala !

 

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Là, à SAULT, où Martine vient de faire son plein d'huiles essentielles,

 

 

Ou en Pic-Nic avec Laura.

 

En vadrouille, à Arcachon avec Laura, Juliette et Alex...

 

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En vacances, à Gruissan avec Martine, après un bon bain d'eau salée !

 

Le jeudi matin, depuis plusieurs années, elle avait fini pas se résigner à rester seule à la maison quand les copains sonnaient à la porte pour m'accompagner au cours de Qi Gong de Jacques BERENGIER à Orange. Au retour, elle reniflait soigneusement mes vêtements, se disant que, décidément, j’étais incorrigible, car je lui avais fait des infidélités... Le chien de Jacques nous accueillait toujours en gambadant et en réclamant des caresses.

 

Le vendredi, c’est elle qui m’attendait à la porte de la maison puisqu’elle savait forcément que j’allais chercher du vin au caveau, à Châteauneuf-du-Pape pour approvisionner mes copains et qu’on allait ensuite prendre avec eux notre agape fraternelle hebdomadaire du vendredi midi, au restaurant… là où Fred TASSAN le restaurateur, lui préparerait « son apéritif » dans une gamelle avec quelques restes d’assiettes qui humaient si bon... C'était bien meilleur que ses granulés !

 

Non, non, Orphée, tu n’étais pas qu’un animal puisque je pleure, et on ne doit pas pleurer pour la mort d’un animal quand on est un homme !

 

Mais vois-tu, Orphée, je vais te dire un secret :

En fait, je ne suis pas encore un homme, et j’ai encore besoin de quelques années pour y arriver, mais tu nous a beaucoup aidé, les enfants et moi, tu sais, et maintenant tu vas nous manquer !

 

Mais on se retrouvera là-haut bientôt, puisque le paradis accueille toutes les créatures du Bon Dieu, m'a-t'on dit !

 

Allez vaï, à Dieu, Orphée, ne te retourne pas !

 

 

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 Une minute après, c'était fini ! 

 

 


 



17/09/2012
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