ARCHIPEL DU FRIOUL
Un petit air marseillais pour vous mettre dans l'ambiance…
Vous pouvez l'arrêter en cliquant ci-dessus sur le symbole ou
Combien d’Avignonnais n’ont jamais mis les pieds sur le Pont d’Avignon ? (si, si, jusqu’à il n’y a pas si longtemps, j’étais un de ceux-là !)…
De même, combien de Marseillais dont Canebière et Bonne Mère sont les emblèmes n’ont jamais mis les pieds sur l’archipel du Frioul, là, juste en face du Vieux Port ?
Eh bien depuis jeudi dernier 25 septembre 2018, grâce au « G20 », ma petite Association des « Séniors dans le Vent », mais aussi grâce à un guide hors du commun, j’ai découvert cet extraordinaire archipel situé à moins de 3 milles du Vieux Port (5 Km pour les non-marins).
Quand je parle d’un guide étonnant, il s’agit de Christian DEVUYST, un ex-apothicaire-herboriste Belge « tombé en amour » en découvrant l’archipel après avoir passé plusieurs années à courir notre vaste univers à la recherche de ce qu'il avait à portée de main !
Il est intarissable sur l’histoire des iles de l’archipel et ses projets de développement à travers « FTDA » (cliquer sur: Frioul, Terre Des Artistes), la petite Association qu’il a créée pour augmenter encore l’attrait de l’archipel, parce que les 700.000 visiteurs annuels doivent comprendre qu'il faut faire de l'archipel une terre d'exception vouée à l'art et l'écologie pour qu'il ne représente pas uniquement une plage et un bistrot.
Notre guide herboriste d'outre Quiévrain, nous fait l'apologie de la Criste de mer en la croquant...
« Extraordinaire », tout simplement parce qu’aussitôt mis les pieds sur les iles, on a l’impression d’être ailleurs… En Grèce, ou dans quelques contrées lointaines.
Jeudi matin à 8h50 on a pris la première navette des vedettes du FRIOUL-EXPRESS qui assure la liaison au moins tous les ¾ heures dans les deux sens à partir du MUCEM à Marseille. Avant d’arriver au Frioul elles font une halte au Château d’IF…
On le contourne par le nord-est car l’autre côté est parsemé de hauts-fonds qu’une vedette a talonné l’année dernière puis a coulé en quelques minutes. Mais rassurez-vous, avec une eau à 25°, un rocher à 50 m et des vedettes qui ne circulent pas lors de grosse mer, sans courant, on ne risque pas grand-chose !
Les vedettes Frioul-Express quittent le quai du MUCEM puis passent à l’est du Château d’IF.
TOPOGRAPHIE
A l'origine le nom de FRIOUL provient tout simplement du latin « Fretum » qui veut dire « Passe », tout simplement parce qu'il y avait un passage entre les deux iles principales.
L’Archipel de la rade de Marseille est en fait constitué de quatre iles dont la première que l’on rencontre sur le trajet en venant de Marseille est bien sûr, le Château d’If. Passant par là, on ne peut s’empêcher de penser à deux de ses prisonniers célèbres que sont l'Abbé FARIA et Edmond DANTÈS, devenu le Comte de Monte-Cristo qui s'en sont évadés après 14 ans d'incarcération, mais ce n’est qu’une histoire de fiction bien plus tardive (1846 !) née du génie calami d’Alexandre DUMAS !
Le Château d'If est en fait une fortification Française édifiée sur un rocher par ordre du roi François 1er entre 1527 et 1529.
Le fameux Château d’IF vu du nord en arrivant avec la vedette puis vu du sud d’un portail de l’hôpital Caroline
Puis on accoste dans le port du Frioul sur l’ile RATONAU (ou RATONNEAU), qui fait face à l’ile Saint JEAN rebaptisée POMÈGUES, et l’ilot de TIBOLENS (ou TIBOULEN).
Après une traversée de 30 mn on débarque sur l’ile de RATONNEAU…
Le fort et l’antenne hertzienne de l’ile de POMÈGUES en face, et l’ilot de TIBOULEN au sud-ouest
Ces quatre iles représentent l’un des 111 quartiers de la ville de Marseille et font partie du 7ème arrondissement depuis 1975, date de son rachat par Gaston DEFERRE, le maire de Marseille, au Ministère des Armées (La Marine).
Elles abritent 140 habitants à l’année, dont la plupart assurent les services et animent quelques commerces qui se limitent à 12 restaurants et une supérette.
Ils logent dans des immeubles construits après le rachat et certains sur leur bateau à quai… mais le village ne se développera pas plus pour laisser le champ libre à l’écologie et prévenir la pollution. Ainsi en ont décidé les autorités.
Une douzaine de ces habitants sont les familles des 3 Pilotes du Port de Marseille qui vivent là à l’année dans le QG du corps des Pilotes de la rade de Marseille (un curieux bâtiment sur lequel nous reviendrons, plus loin), qui accompagne l’entrée et la sortie des navires qui veulent accoster dans l'immense rade de Marseille qui va de la passe de Martigues qui mène à l'étang de Berre jusqu'à la Pointe-Rouge située à l'extrémité Est de Marseille.
Avec les capitaineries de Fos sur Mer et de Lavera, ils faut savoir qu'ils sont 49 hommes au total à faire partie de ce « Corps des pilotes de Marseille ».
Aucune voiture ne circule sur les iles si ce n’est celle des marins pompiers et les camionnettes électriques des gardes du littoral.
Des paysages à l'état brut, coincés entre le bleu du ciel et celui de la Méditerranée; ce n'est pas pour rien que le lieu est classé « NATURA 2000 » et trône au cœur du Parc national des Calanques.
Malgré un microclimat un peu rude, l'archipel du Frioul est doté d'un écosystème riche et étonnant.
On y recense une quinzaine d'espèces d'oiseaux migrateurs qui en ont fait leur escale préférée, sans compter une flore rare, nichée au creux des rochers qui les protègent du mistral.
Des sentiers surs permettent de découvrir à pied de nombreuses calanques calcaires et des plages sablonneuses. Il faut toutefois prévoir une protection adaptée car l'ombre est quasi inexistante, et le soleil rude pour le promeneur égaré.
Nous en avons fait l'expérience en pique-niquant dans la belle et sauvage calanque de Crine au sud-est de POMÈGUES où l'eau, à 25° tout de même, a été la bienvenue pour les quelques séniors du « G20 » qui s'étaient équipé d'un maillot !
La belle calanque de CRINE ensoleillée à l'abri des regards !
Pour ceux qui préfèrent les flots à la terre ferme, le port du Frioul peut accueillir 500 plaisanciers dans un site parfaitement équipé. D'ailleurs l'un des « Séniors dans le Vent », Patrick, a eu la bonne idée d'arriver de Port Saint Louis sur l'ile avec son voilier de 30 pieds… S'étant levé à 5h du mat, il était là avant tous les autres !
Les iles POMÈGUES et RATONNEAU sont en effet reliées par la digue de « BERRY », qui a permis d’aménager un port à l’abri des embruns du sud, côté mer.
Elle a été construite dès 1822 sous Louis XVIII par des carriers-tailleurs de pierre italiens venus exploiter le calcaire blanc des iles pour la construction de nombreux bâtiments emblématiques de Marseille.
La digue de « BERRY »
Cette digue a été nommée ainsi en souvenir du duc de BERRY, assassiné en 1820. Cette digue a transformé un mouillage forain utilisé depuis les Romains en un port véritable.
HISTORIQUE DE L'ARCHIPEL
Hors la présence romaine qui n’a laissé aucune trace, les plus lointains souvenirs de l’histoire de l’archipel remontent au XVIème siècle, au temps de François 1er puis d’Henri IV, Roi de France et de Navarre, le 1er Bourbon qui renoue avec la branche de la dynastie des Capétiens, éteinte au XIVème après la disparition de Philippe Le Bel et ses 7 descendants, victimes de la malédiction de Philippe de MOLAY, le Gd Maitre des Templiers…
Henri IV avait fait de l’archipel une terre de quarantaine pour empêcher les navires étrangers de débarquer à Marseille, sur le royaume de France, des équipages porteurs de maladies terrifiantes (Peste, Fièvre Jaune, Choléra, Malaria ou autres fléaux qu’on croyait à l’époque propagés par l’air qu’on respirait…).
De fait même ceux qui étaient indemnes finissaient au terme de la quarantaine par attraper toutes sortes de maladies qui fait que pratiquement 60% de la population en quarantaine mourrait sur place ! Quelle triste réputation pour l’archipel du Frioul.
Ces iles, du fait de leur position stratégique en rade de Marseille, en ont constitué pendant longtemps les défenses avancées : chaque éminence porte un fort militaire, et les batteries, tranchées, postes d'observations, parsèment l'ensemble de l'archipel.
Pendant tout le XVIème siècle, les iles du Frioul furent aux premières loges lors des attaques des flottes françaises et étrangères, particulièrement espagnoles et italiennes.
Dès Henri IV, un fort très important couronne l'ile RATONNEAU, actuellement totalement enfoui sous les reconstructions successives. En 1597, les Florentins réussirent à s’emparer de POMÈGUES et y construisirent une tour défensive.
Puis ce fut l'ile d'IF qui est fortifiée et, sous Louis XIV, les fortifications sont étendues à l'ensemble de l'archipel par VAUBAN. D'autres constructions militaires sont édifiées sous NAPOLÉON.
Derrière les immeubles d'habitation on aperçoit en effet une falaise qui est en fait ce qui reste d'une carrière de pierres blanches, où quatre cents italiens travaillaient la pierre à mains nues ou quasiment au début au XIXème. Eux aussi avaient traversé la mer. Forçats volontaires, ils avait en premier, érigé la digue et leurs pauvres masures formaient le village de Saint Jean.
Un monde interlope de Siciliens a résidé là à partir de 1828 jusqu’en 1878. La vie était particulière, très humble, très frustre. Les femmes perdaient souvent leurs enfants avant terme, les fœtus étaient morts nés mais la vie surgissait malgré tout des froufrous colorés des prostituées qui y tapinaient en réseau.
Avant-poste de la cité phocéenne, l’archipel se fortifia davantage encore sous la 3ème République, entre 1874 et 1900. Le système défensif SÉRÉ de RIVIÈRES (qui doit son nom à son concepteur et promoteur, le général Raymond Adolphe Séré de Rivières) fût mis en place. C’est un ensemble de fortifications bâties le long des frontières et des côtes françaises, en métropole ainsi que dans quelques colonies, pour remplacer les fortifications bastionnées mises en place notamment par Vauban.
Ainsi, la majorité des fortifications de l'archipel qui lui donnent son paysage actuel sont reprises ou édifiées : les forts de RATONNEAU, celui de POMÈGUES, le fort du BRÉGANTIN, la tour de POMÈGUES, les batteries du Cap de CROIX et du cap CAVEAUX.
Et maintenant que l’on a presque toutes les informations concernant l’archipel, je me propose de passer en revue dans l’ordre où on les a découverts tous les bâtiments que l’on peut rencontrer en parcourant les deux pistes qui traversent l’archipel de part en part sur près de 10 Km… C’est tout au moins ce que m’a indiqué mon petit téléphone qui possède un logiciel qui compte et enregistre le nombre de pas, les dénivelés et le trajet parcouru…
LA CHAPELLE DE L’ARCHIPEL
Peu après avoir débarqué, on est intrigué par un curieux bâtiment au centre du quai principal du port et le dominant qui pourrait nous laisser croire qu’on a débarqué sur une ile grecque.
Une petite chapelle en forme de temple grec a été élevée là dès la construction de la digue du BERRY.
Il s’agit d'une chapelle construite sur l’archipel en 1822 par Michel-Robert PENCHAUD, pour apporter la bonne parole aux marins en quarantaine. On retrouvera la même structure en fin de visite à l’autre bout de l’ile, au centre de l’hôpital CAROLINE.
LE FORT DE RATONNEAU, culminant à 82 mètres au-dessus de la mer constituait l’une des 4 plus grosses tourelles de défense sur la Méditerranée, avec les 3 autres forts des iles du Frioul. Il était conçu pour abriter une garnison de 200 hommes.
Fort de RATONNEAU et sa structure de canon inachevée par les allemands qui en ont été délogés en 1944...
(la flèche rouge indique la position de cet ouvrage qu'on peut prendre pour un leurre tel un « cimetière »)
En 1944, les Allemands y ajoutent une batterie de 4 canons d’artillerie de 240mm provenant à l’origine d’un vieux cuirassé français, « Le Condorcet ». Les allemands avaient creusé les batteries françaises pour réaliser des abris-soutes, une voie ferrée traversant le fort, un grand souterrain et des citernes au bas du fort.
Vu d’en bas on aurait pu croire à un leurre tellement cela ressemblait à un cimetière
La structure inachevée en forme de croix d’un des 4 canons de 240 mm donne encore l’impression de loin, à beaucoup de visiteurs, qu’un cimetière se trouve en haut du fort mais la batterie ne fut jamais terminée grâce à la libération.
LE FORT DE POMÈGUES est érigé à la fin XIXème siècle et domine le point culminant de l’archipel du Frioul au nord de l’ile, à 87 mètres d’altitude. Cette importante batterie armée de 5 canons de 240mm dont l’entrée est encadrée de pilastres est suivie sur la droite d’un imposant môle maçonné protégeant les deux travées d’un petit casernement à un seul niveau.
Fort de POMÈGUES, côté port et côté Mer.
Le Fort accueille dans son enceinte l’entreprise « Télévision de France » avec son relais hertzien, il est, du coup, interdit au public.
LE FORT DE BRÉGANTIN fut utilisé pendant la seconde guerre mondiale pour abriter la garnison des 170 artilleurs de la batterie. Il est aujourd’hui une propriété privée de 3 hectares impossible à visiter pour le moment.
Fort SÉRÉ de RIVIÈRES de BRÉGANTIN
En juillet 1997, Jean-Claude Mayo, l’ancien propriétaire du fort, avec quelques amis avait décidé de fonder la « République libre du Frioul », une galéjade sous forme de micro-nation, car « dans notre société, on n’a jamais le droit de faire le con », mais le projet « Marsa » signé du designer marseillais et actuel propriétaire Ito MORABITO (un des fils du joaillier Pascal MORABITO) devrait changer la donne en le transformant en centre culturel, centre de protection des îles, résidence d’artistes et accueil de congrès.
LA TOUR DE POMÈGUET est un fortin, construit sous Henri IV au sommet de l’ile pour assurer la protection des cargaisons.
Encore visible aujourd’hui sur le même emplacement, la tour de POMEGUET est un réduit, modèle 1846 construit en 1859 comme poste de garde abritant une garnison de 40 hommes (il en existait 4 sur l’archipel strictement identiques et deux à terre, à ENDOUME et au PHARO).
La tour du POMÉGUET protégeait le chemin réalisé à la même époque entre le Port de Quarantaine (cf. plus loin) et le Fort de POMÈGUES.
La tour du POMÈGUET et son entrée (interdite à la visite par sécurité)
L’INFIRMERIE DU PORT DE QUARANTAINE DE POMÈGUE
A l’origine, c’est à partir de 1627 que l’anse de POMÉGUÈS, en contrebas, est affectée à la mise en quarantaine des navires et s’est dotée d’une infirmerie toujours visible.
Le fortin de la tour du POMÈGUET en assurera la protection jusqu’à ce qu’entre 1822 et 1825, les autorités marseillaises aménagent un nouveau port de quarantaine, le port DIEUDONNÉ du Frioul qui entrainera en 1828 la construction d’une nouvelle et grande infirmerie de quarantaine sur l’ile de RATONNEAU, l’Hôpital CAROLINE.
De nos jours les bâtiments de l’infirmerie, en cours de restauration servent de base à une association d’insertion de jeunes de Marseille.
LE PORT DE QUARANTAINE DU POMÈGUET
Face à l’infirmerie, se trouve l’anse de la GALINE, abritée du vent de mer et de la houle par le rocher de la pointe du POMÈGUET qui permettait aux navires venant de l’étranger d’accoster de façon sure pour le temps d’observer la bonne santé des équipages pendant 40 jours, d’où son nom de « Quarantaine ».
Des bites (appelées « aurails ») avaient été taillées dans le rocher pour amarrer les navires et on peut encore en apercevoir une demi-douzaine qui ont conservé la trace de frottement des cordages.
Dans l’infirmerie on sélectionnait les marins en bonne santé et après un temps d'observation, on conservait sur l’ile ceux qui avaient été jugés malades ou contagieux.
Il est vrai qu’après de longues traversées et des privations, de nombreux marins étaient malades de dysenterie, fièvre jaune, voire d’autres maladies qui faisaient peur, telle le choléra ou la peste. D’ailleurs, il est avéré que 60 % des marins en quarantaine mourraient pendant leur séjour sur l’archipel… où même en bonne santé, ils avaient été contaminés.
Après examen, les marins jugés contagieux étaient consignés à bord et ne pouvaient mettre pied à terre. On sait que certains le faisaient, mais ils ne quittaient pas le port et se contentaient de savourer la terre ferme sur le rocher qui fermait l’anse, dans lequel au cours des siècles, avaient été creusées des cavernes dont on peut apercevoir l’entrée au raz de l’eau, encore de nos jours.
Les 4 entrées des cavernes que l’on aperçoit dans le fond derrière la ferme aquacole et un « aurail ».
LE SÉMAPHORE DE POMÈGUES
Dominant le petit port de POMÈGUÈS, le Sémaphore de POMÈGUES a été désarmé le 3 janvier 1999 au coucher du soleil. Il assurait cette veille depuis 1806, année de sa construction par l’armée, face à la rade de Marseille. Des travaux de rénovation ont été entrepris en 2017.
À sa création par Louis JACOB sous Napoléon 1er, le premier sémaphore était un poste de défense établi sur la côte, chargé de surveiller les approches maritimes et de signaler par signaux optiques toute activité ennemie (le mot sémaphore vient du grec sema = signe et phoros = qui porte).
Dans la deuxième moitié du XIXème siècle, les sémaphores, sont conçus comme un canal de communication télégraphique, le seul pour l’époque en tout point de la côte entre les navires et la terre, notamment les armateurs.
D’ailleurs, les sémaphores étaient des bureaux télégraphiques à part entière.
L’aspect de surveillance complète ce rôle central : « Chaque poste sémaphorique est un œil – et un œil vigilant – ouvert sur la mer pour voir tout ce qui s’y passe. »
Le site était armé en 1947 de 4 canons de 95 mm.
Aujourd’hui, le sémaphore restauré, est un poste de surveillance en bord de côte qui assure des missions diversifiées qui vont de l’assistance à la navigation jusqu’à la surveillance du territoire en passant par la régulation du trafic maritime et de la pêche.
LA BATTERIE DU CAP CAVAUX
La batterie de Cavaux à la pointe occidentale de l’ile de POMÈGUES, est créée en 1883, avec l’avènement du canon rayé qui lui offre un rayon d’action de plusieurs kilomètres, de la baie de la Pointe Rouge au cap Couronne.
Le site va donc bénéficier de tous les perfectionnements technologiques de l’époque :
- creusement en 1890 de souterrains sous roc pour pallier l’invention de la mélinite, explosif surpuissant, et de l’obus torpille,
- installation de batteries annexes de canons à tir rapide en 1895,
- création d’une station d’éclairage de nuit au bout du cap en 1900,
- transfert du sémaphore qui signale dangereusement la position de la batterie sur son site actuel en 1904.
Malgré ces améliorations, la batterie de Cavaux s’avère inadaptée à l’importance du site et une refonte complète est opérée en 1906-08. Les trois batteries de 1883 sont rasées et le plateau nivelé pour permettre la construction d’une ligne de casemates modernes en béton armé.
En 1916, les canons sont transférés à Verdun et il faudra attendre l’été 1927 pour que la batterie soit réorganisée et réarmée.
La batterie vue du rivage, et une image d’archive allemande en 1943...
En 1943, Hitler, alarmé par la présence des alliés en Afrique du Nord, décide de construire le « SUDWALL », pendant méditerranéen du Mur de l’Atlantique. Cavaux, pion essentiel, est occupée par 157 artilleurs allemands qui réutilisent les canons français.
Les jugeant trop exposés, ils entreprennent la construction de « bunkers » pour les abriter mais n’auront le temps d’en achever que deux. Bombardée par les alliés en août 1944 et abandonnée ensuite, c’est aujourd’hui une friche militaire parsemée de trous d’obus.
Depuis 2015 il est interdit de pénétrer dans l’enceinte de la batterie à cause des risques d’effondrement et de chutes de pierres.
L’HÔPITAL DE QUARANTAINE CAROLINE
Comme nous l’avons vu plus haut, dès le 16ème siècle, l’archipel a été considéré comme le cœur de la protection sanitaire de Marseille. Car c’est sur l’ile de POMÈGUES que des zones de quarantaine ont été installées pour accueillir les marins et visiteurs qui débarquaient dans la ville. Notamment lors de l’épidémie de peste qui toucha Marseille en 1720.
Un siècle plus tard, lorsque les ports de la Méditerranée sont touchés par une épidémie de fièvre jaune qui risque de paralyser le commerce, l’État décide de construire un nouveau bassin de quarantaine sur l’ile de RATONNEAU.
Le projet prévoit la construction d’une digue reliant les deux iles principales de POMÈGUES et RATONNEAU ainsi qu'un établissement sanitaire moderne. Les travaux de ce dernier commencent en 1823 pour s’achever cinq ans plus tard. Il est alors baptisé HÔPITAL CAROLINE.
L’HÔPITAL CAROLINE tient en effet son nom de Marie-Caroline de BOURBON-SICILE, duchesse de Berry. Elle a elle-même séjourné en quarantaine au « LAZARET D’ARENC » lorsqu’elle voyagea d’Italie en France pour venir épouser le fils du roi Charles X, Charles Ferdinand d’Artois, duc de Berry. En souvenir de cette épreuve et par empathie pour les étrangers débarquant à Marseille dont le sort n'avait pas beaucoup changé depuis son arrivée sur le sol de France, elle a tout fait pour faire financer cet hôpital en s'engageant à le doter, sur sa cassette personnelle, d'une somme importante... qu'elle n'a jamais versé !
Cette petite anecdote d'engagement financier non tenu est à l'origine de l'expression marseillaise « faire le coup de la Caroline », ou en langage plus imagé du bas de la Canebière « Putain de la Caroline » !
Cinq ans après ce passage, son mari fut assassiné.
Par hommage, le prénom de la duchesse a tout de même été donné à l’hôpital et le nom de son mari, le duc de BERRY à la digue qui relie les deux iles.
En effet, la petite histoire rapporte qu'en février 1820, à la sortie de l'Opéra à Paris, le Duc de Berry, fût assassiné par un antimonarchiste Bonapartiste exalté du nom de LOUVEL. Le prince n'est pas mort pas sur-le-champ; il a eu la force d'arracher le poignard plantée dans sa poitrine avant de tomber en syncope.
Puis, transporté dans une des salles du théâtre, il n'expire que le lendemain à six heures du matin, non sans avoir révélé au cours de sa longue agonie, que son épouse, Marie-Caroline est enceinte. Il avoue de même l'existence de deux de ses enfants naturels, qui fait que l'assassin n'a pu parvenir à sa fin, à savoir éliminer le dernier représentant de la dynastie capétienne, puisqu'il ignorait la descendance du Prince!
Le Duc de Berry demande avant d'expirer, que son assassin soit gracié tout en regrettant de « mourir de la main d'un Français ». Mais l'assassin fut tout de même guillotiné.
L’HÔPITAL CAROLINE est aussi surnommé « L’HÔPITAL DU VENT » car il a été conçu pour que les différents bâtiments puissent être ventilés constamment. À l’époque, la médecine considérait que les courants d’air permettaient d’éliminer les miasmes des maladies et donc de guérir les malades…
On leur ordonnait de laisser leurs vêtements, ils s’exécutaient. Un bataillon d’infirmières armées de brosses les conduisait dans les salles de bain, à l’arrière de l’hôpital et les récuraient pour les dépouiller. Les frottements énergiques les rendaient plus sensibles à la douleur. Ils étaient ensuite installés dans des lits aux draps blancs, dans un pavillon situé sur la droite de la place.
Le mistral soufflait, seul allié de ce lieu stérile.
Le personnel soignant logeait au premier étage. Des nuées de moustiques, l’été, véhiculaient la fièvre et les cadavres étaient plus nombreux. On les enveloppait dans un linceul, saupoudré de chaux et on les enterrait loin des vivants.
Pourtant l’hôpital CAROLINE fut en son temps, un bâtiment très moderne qui contrastait avec les mouroirs que l'on nommait à l'époque des « Lazarets » où on entassait les pauvres gens.
L’Hôpital CAROLINE pouvait abriter au total 48 malades et 24 convalescents tous répartis dans quatre quartiers bien distincts et isolés entre eux aux 4 coins de l'agora que constituait l'enclos. Car l’hôpital comptait en effet 12 corps de bâtiments répartis suivant une symétrie autour d’une chapelle centrale surélevée en forme de temple grec.
Ce temple aux colonnes de style dorique, battu par le vent du nord, s’imposait au centre. Les prêtres y célébraient parait-il les offices et les funérailles, éphémère protection contre les coups du sort. Des chassis équipaient les colonnes qui supportaient des vitres afin que les offices soient visibles de l’extérieur sans pour autant risquer de contaminer les ecclésiastiques qui y officiaient.
Sa position centrale et surélevée s'explique par ce qu'elle permettait aux malades de suivre les offices en regardant par les fenêtres sans devoir sortir de leur lit.
Au fond de l’aire, juste derrière le temple, se trouve une « capitainerie » (qui vient tout juste d’être restaurée) et qui était réservée aux chirurgiens et au corps médical qui séjournaient sur l’ile…
Entre les colonnes du temple étaient fixées des vitres pour protéger les religieux de l'air contaminant...
Une Association de bénévoles marseillaise s’est donné pour tâche d’en faire un centre d’accueil et d’exposition tout en servant de chantier d'insertion à des jeunes sans emploi qui veulent apprendre le métier de maçon. 2 pavillons d'angle sur les 4 ainsi que la capitainerie ont d'ores et déjà été entièrement restaurés par l'Association.
C'est que l’ensemble de l’hôpital est considéré comme un véritable chef-d’œuvre car il synthétise plus de mille ans d’histoire de l’architecture…
ENFIN LES DERNIERS BÂTIMENTS ÉDIFIÉS PAR LA MARINE NATIONALE...
Au pied des falaises presque verticales et non sécurisées restant des carrières de pierre qui occupaient cet emplacement, a été bâtie une infirmerie de quarantaine appelée le « Pavillon Hoche », qui, abandonnée peu après le départ de la marine est actuellement dans un état de délabrement avancé, même si l'aile nord (à droite de la photo) a été en partie restaurée pour pouvoir y aménager un appartement où l'administration loge le facteur préposé au courrier PTT de l'archipel.
Puis on trouve a coté du « Pavillon Hoche » un casernement aujourd’hui abandonné.
Mais ces deux bâtiments sont construits au pied d’une falaise restant de l’exploitation de la carrière de pierres qui n’est pas sécurisée, et l'administration ne semble pas pressée de faire avancer les travaux de sécurisation.
Juste à coté de ces vestiges de bâtiments militaires a été construit un centre Léo Lagrange qui reçoit des enfants et des adolescents en classe de mer. Il avait été un temps envisagé d'utiliser le pavillon Hoche pour compléter le centre pour l'accueil des familles. Mais devant les difficultés administratives le projet a été abandonné.
Le pavillon Hoche et son casernement militaire abandonné…
Toutefois un projet demeure qui envisage de transformer en hôtel ces deux bâtiments car il n’y en a aucun sur l’archipel. Il existe un document explicatif fort bien fait que vous pouvez consulter en cliquant ici.
Le projet de réhabilitation du casernement et du pavillon Hoche
Enfin l'ultime construction militaire de l'île fût édifiée par la marine en 1953 sous forme d'un hangar en béton à double travée.
Il a été construit pour abriter les 5000 flotteurs sphériques d’un mètre cube et les quelques 100 Km de filets métalliques qui avaient été installés pendant la dernière guerre entre l’archipel et le rivage de la ville de Marseille pour empêcher les sous-marins allemands « U-BOATS » d’entrer dans la rade et d’atteindre la métropole.
On ne savait plus que faire de ce matériel rouillé et inutilisable qui avait été retiré de la rade à la fin du conflit et avait été, à la va-vite, stocké en plein air au ras de l'eau à l’entrée du port sur l’autre rive juste en face du village, sur cette partie de l'ile de POMEGUES, où il « trainait » sur une aire tout juste protégée par une clôture mais sans surveillance, à la vue des touristes avec tous les dangers que cela comportait pour des gosses qui auraient pu les prendre pour une aire de jeu !
Le hangar aux filets anti sous-marins et l’un des 5000 flotteurs…
ENTOMOLOGIE
La découverte d'une flore riche et diverse, blottie au creux des rochers, à l'abri des vents, réserve de merveilleuses surprises.
L’archipel a en effet une végétation rase sous les effets de 3 éléments :
- Le Soleil (l’été, l’ombre est quasi inexistante).
- Le Mistral.
- Les embruns.
Le micro climat de l'archipel (par rapport au littoral, bien que le Frioul soit au cœur du Parc national des Calanques, provient du peu d’altitude et de sa végétation. Il engendre des espèces originales, adaptées à des conditions très particulières.
En effet, les iles présentent le curieux privilège d'être la zone la plus aride de France : moins de 300 mm de pluie par an!
Par ailleurs, l'emblématique « Mistral » est le grand acteur des lieux. Il sculpte, il façonne, il ordonne.
On y trouve des plantes dites xérophytes (adaptées à la sècheresse) et halophytes (adaptées à l’omniprésence du sel). Leurs formes son souvent curieuses, en ligne de fuite causées par le vent ou en coussinet pour s'en protéger.
Sur les 304 espèces inventoriées sur l’archipel dans une végétation de lande, de maquis et de steppe, 16 sont protégées par la loi. Quatre figurent sur la liste des espèces protégées sur l’ensemble du territoire national, et 12 sur celle de la Région PACA.
J'ai consciencieusement pris quelques photos de cette végétation et en rédigeant, me suis rendu compte que notre guide Christian avait déjà fait le boulot en pro de l'herboristerie avec leurs noms botaniques en latin et beaucoup plus exhaustif sur son site (cliquer là !)
Et coté faune, quatre habitats d’intérêt communautaire ont été identifiés, dont un est considéré comme prioritaire par la Directive « Habitat ».
Hors les nombreux muriers, producteurs chaque printemps de délicieux fruits, plantés sur le quai du port pour essayer de donner un peu d'ombre aux visiteurs, les seuls arbres qu’on rencontre à l'état sauvage sur l'archipel sont des pins sylvestres anémomorphoses, à savoir complètement couchés et qui ressemblent plutôt à des touffes de plantes rampantes couvre-sol (le terme « anémomorphose » est bâti à partir du grec ancien anémos ou άνεμος, qui signifie « vent », et morphos ou μορφος, « forme »). C'est un « accomodat » qui consiste en la modification de la forme d'un végétal par un élément extérieur, en l'occurrence, ici, le vent.
On trouve également quelques rares tamaris.
Ce pin sylvestre qui pousse au ras du sol a, parait-il, 40 ans !
Il faut absolument considérer ces plantes comme des espèces protégées et ne rien cueillir. Le site est d’ailleurs classé par le réseau écologique européen « Natura 2000 ».
Une touffe de lis de mer, hélas trop tôt monté en graine aperçue près de l’infirmerie.
Alors, j’ai eu la curiosité de le retrouver, en fleur, sur wikipédia !
à gauche, le « Papaver Rhoeas », à droite l'Astragale de Marseille
A gauche des Lavatères et à droite une touffe de Criste de mer (ou fenouil de mer), délicieuse en salade !
à gauche, Malva Rotundifolia ou Petite Mauve, à droite, Carpobrotus ou plus communément griffes de sorcières
A gauche, Salsepareille et à droite, Lagure ovale
Fenouil commun, et Pulicaire dysentérique
à gauche, l'asphodèle rameux, et à droite, le pistachier
à gauche, sédum poivre (ou acre), à droite, Valériane (ou Centranthe) rouge
Agaves endémiques envahissantes (elles ont été importées il y a longtemps)
De plus, de nombreuses espèces d’escargots (38 espèces) et d‘oiseaux (une centaine) dont l’endémique « Gabian » (nom occitan du goéland leucophé reconnaissable à ses pattes jaunes), qui, si l’on ne prévenait son développement en l’empêchant de couver, aurait fait fuir tous les autres.
En effet, des employés municipaux et ceux du Parc national des Calanques sont contraints de badigeonner les œufs d’huile pour empêcher l'embryon de se développer. L’éclosion prend d’habitude 25 jours, mais malgré tout, après plus d’un mois de couvade, la bestiole qui s’étonne de ne rien voir venir abandonne son nid. Détruire les œufs ou les remplacer par des leurres provoque chez le Gabian une ponte de substitution. La population recensée est de +/-8000 couples.
Ces bestioles adultes font plus de 1,60m d’envergure (cf. la jeune femme en comparaison !)
Un Gabian couvant des œufs badigeonnés à l’huile (ils brillent) pour les empêcher d’éclore…
LA FERME AQUACOLE CERTIFIÉE BIO « PROVENCE AQUACULTURE »
Dans l’ancien port de quarantaine de POMÈGUE, dans l’anse de la GALINE, face à l’infirmerie, s’est installée une ferme aquacole certifiée bio gérée par un artisan pisciculteur encouragé dans cette initiative par le Groupement Intermarché qui l’a aidé à financer ses viviers et le système d’oxygénation de l’anse équipé d’une hélice sous-marine qui fait circuler l’eau de mer en la foisonnant avec de l’air.
La calanque est protégée de la pleine mer au sud par une digue en baïonnette protégée de la houle de haute mer nommée « Petite Bouche », construite au XVIIème siècle du temps du port de quarantaine. La situation de la calanque préserve la ferme aquacole des tempêtes tout en assurant un bon renouvèlement des eaux grâce à sa large ouverture à l’est.
Dans une douzaine de viviers toriques équipés de filets sous leur ligne de flottaison et au-dessus pour empêcher les oiseaux de venir piller l’élevage, sont élevés des loups (encore appelé bars en atlantique) nourris quotidiennement de farines biologiques. Olivier BERGERON, l'artisan pisciculteur, en produit actuellement 60 tonnes par ans !
Le mole d’exploitation de la ferme, un bâtiment de surveillance, et le détail des viviers
De plus, la zone, sans aucune activité industrielle ni agricole, et une activité urbaine demeurée faible, est donc faiblement exposée aux risques de pollutions. Les loups certifiés BIO de « Provence Aquaculture » ont été primés à Londres lors de « The Soil Association Organic Food Awards ».
Derrière les viviers on aperçoit 2 entrées de grottes de quarantaine et à gauche, viviers carrés de dorades
Des loups et des dorades de l'élevage certifiés bio
Dans un autre système de viviers carrés équipés du même genre de filets il est prévu d’élever des dorades certifiées BIO, poissons qui nécessitent une eau très riche en oxygène, d’où l’installation d’une hélice sous-marine qui fait circuler l’eau du large à travers la digue de la « Petite Bouche » qui sépare le rocher de la pointe de POMÈGUE à l’ile.
Conjointement à cette installation il est prévu de mettre en place dans le fond de l’anse de la GALINE une plantation d’algues (une étude est menée sur ces algues par l’école des jardiniers paysagistes de Versailles) capables de générer six fois leur poids d’oxygène en une journée afin que le milieu soit enfin propice à ce type d’élevage.
Petite vidéo montrant l'algue en question produisant de l'oxygène (cf. filet de bulles qui remontent en surface)
LE QG DES PILOTES DU PORT DE MARSEILLE
Il s’agit d’un curieux immeuble en forme de proue de navire qui abrite le PC des pilotes du port de Marseille et trois de leurs familles. En fait, ce bâtiment a été construit en 1950 après que le syndicat des pilotes ait acheté ce terrain à la marine sur l’emplacement d’un énorme réservoir d’eau potable où était stockée l’eau nécessaire aux différents services du temps où l’ile était un terrain militaire.
La forme de ce réservoir a donné l’idée à l’architecte qui a édifié le casernement de le déguiser en proue de bateau avec un petit clin d’œil à sa destination.
On ne peut pas ne pas le remarquer sur tribord en entrant dans le port !
Ils sont, au total, 49 pilotes habilités à conduire les embarcations qui entrent ou sortent du grand port maritime de Marseille (GPMM), le premier de France. Il s'étend jusqu'au golfe de Fos-sur-Mer, où transitent jour et nuit des dizaines de paquebots de croisière, ferryboats, porte-containers, pétroliers et cargos chargés de matières dangereuses à destination des usines pétrochimiques.
En effet, depuis deux siècles, une loi maritime oblige la présence d’un pilote a bord des bâtiments en approche, tels que les ferryboats, cargos, tankers, navires militaires pour les faire accoster sans danger au cœur de la deuxième ville de France. Tous passent entre les mains de ces professionnels de la Marine qui ont choisis un positionnement un plus sédentaire qu'en mer, gage d’une vie de famille plus stable.
Quand vous entrez dans les pièces à vivre de ce curieux QG qui sert de centre de formation permanentes aux pilotes, vous faites un voyage dans le temps, vous plongez dans un environnement cosy, feutré, chaleureux, ambiance « yachting club anglais » avec canapés profonds et enveloppant, meubles cirés, tableaux et symboles de marine, tables dressées, baguette et beurre en attente de dégustation, TV câblée, bar (sans alcool), salle d’eau et l’omniprésence du VHF en cas d’appel du large.
C’est que, faire entrer dans le port un monstre des flots comme le SS EPIC, de 330 mètres de long - trois fois le stade Vélodrome - et 18 ponts abritant une ville de 4200 personnes, 153000 tonnes, qui file en mer à 22 nœuds, même son propre capitaine ne sait pas faire.
Le géant SS ERIC et un pilote montant à bord d'un cargo porte containers…
Alors, au large, dans la houle, pendant quelques secondes, la vie du pilote ne tient qu’à un fil ; celui de l'échelle de corde que l'équipage du paquebot de croisière fait pendre depuis une écoutille. À bord, il va guider le capitaine de ce navire jusqu'au quai de débarquement.
Entrée dans la passe du port, à 500 mètres de la roche blanche de l'Estaque, demi-tour, accostage : « On n'a pas le droit à l'erreur. Le bassin fait 700 mètres de large, à l'échelle de bateaux qui peuvent en faire 300 de long, c'est vraiment tout petit », explique ce pilote, « de plus, les géants des mers ont un talon d'Achille : leur force d'inertie, qui les oblige à parcourir sur leur ère plusieurs kilomètres avant de pouvoir s'arrêter. Sans compter le mistral, compagnon maudit des pilotes marseillais dont c'est la principale difficulté technique. Le vent peut faire dériver fortement un bateau, surtout un navire de croisière haut comme un immeuble de 15 étages… Vous vous rendez compte de la voilure que ça représente! ».
L'État, qui confie à ce syndicat le monopole de cette activité, facturée en moyenne 800 € par navire, veille de près au recrutement des pilotes qui doivent connaitre le moindre caillou, le moindre feu, la moindre bouée du port, un courant insoupçonnable dans un recoin du port, le vent qui tourne entre deux hangars...
l'entrée du port du Frioul et la rade vue de la plage avant du QG des Pilotes...
Leur formation permanente se poursuit dans le salon lambrissé du QG des pilotes, avec une vue majestueuse sur la rade de Marseille, où ils vivent une semaine sur deux, en huis clos.
PETITE ANECDOTE
Elle concerne le jeune plongeur Marseillais Luc VANRELL (né en 1959 à Marseille) dont l’un des participants de notre sortie, rencontré sur la jetée en attendant le reste du G20 nous a longuement parlé… Il était intarissable sur le sujet !
C’est lui, le découvreur de nombreuses épaves dont la plus connue est celle de l’avion P-38 de Saint-Exupéry qu’il est arrivé à repérer à partir de la gourmette en argent portant l’inscription « Antoine de Saint Exupéry (consuelo) » repêchée tout à fait fortuitement dans ses filets par un patron de Chalutier de Marseille.
La gourmette de Saint Ex et l’épave de son P38 repérée par Luc VANRELL
En 2000 Luc VANRELL déclare l’épave d’un P38 au pied de l’île de Riou et l’identifie en 2004 comme celui de Saint-Exupéry. Il a même retrouvé en 2006 le pilote allemand qui l’avait abattu avec son Junker !
Antoine de Saint Exupéry peu avant sa disparition au large de Marseille
Luc VANRELL crée le 1er janvier 1979 la société de fabrication et de distribution d’équipements de plongée « Le comptoir des sports », rebaptisée en 2005 « Immadras » qui fait le bonheur de tous les plongeurs amateurs qui s’entrainent autour de l’archipel du Frioul.
Il a également trouvé au large de l’archipel un Junker abattu identique à celui qui a abattu Saint Ex.
Un Junkers JU 88, et l'un de ceux abattu devant le Frioul en 1943 et retrouvé à quelques mètres de profondeur...
Le Junkers Ju 88 fut l’appareil le plus polyvalent de la Luftwaffe et probablement de toute l’histoire de l’aviation. Le Junkers Ju 88 était entré en service dans la Luftwaffe en 1939.
CONCLUSION
Grâce au « G20 » et à Christian DEVUYST (notez bien ses coordonnées : en direct 06 76 65 86 06 ou contact@ftda.eu), cette sortie sur l'archipel du Frioul nous a apporté une bonne connaissance de ces iles qu'habituellement on voit au loin depuis le Vieux Port sans prendre le temps de vivre quelques instants ailleurs…
Comme mes petits camarades, je pense que je n'hésiterai plus à l'avenir à faire la traversée en famille ou avec des copains pour les dépayser et leur faire découvrir en savourant leur tranquillité hors saison, ces dizaines de petites calanques sympathiques et chargées d'histoire… Sans oublier un bob ou une casquette, bien entendu !
BIBLIOGRAPHIE
Tout d’abord, et encore une fois, l’encyclopédie Wikipédia m’a bien aidé à retrouver tous les détails que nous avait cité Christian DEVUYST, notre guide et que je n’avais pas eu le temps de noter au cours de notre promenade tellement le soleil tapait fort !
Je remercie également Sylvie, qui était cette bénévole d'une petite Association Marseillaise qui nous a accompagné durant toute notre visite, et qui a eu la gentillesse de me faire parvenir son compte-rendu qui m'a permis de corriger certaines imprécisions.
Christian DEVUYST, notre guide lui-même, m'a fait l'amitié de relire cet article et de rectifier les quelques erreurs qui s'y étaient glissées !
La plupart des photos, j’ai pu les tirer avec mon petit portable Samsung mais ce qui me manquait, je l’ai trouvé sur le site www.tourisme-marseille.com/news-et-actualites-sur-marseille …