PETITE HISTOIRE DU CAFE MOKA
Une petite chanson folklorique Argentine illustre bien la popularité du café !
Pour la démarrer ou l’arrêter, cliquer sur :
En rentrant de l'île de la Réunion, j'ai eu envie de rédiger un article à la fois sur le sucre de canne, le café et le thé qui sont tous trois des productions de l'île tout comme l'est la Vanille BOURBON…
Ce 3ème Article sur l'île BOURBON est consacré au CAFÉ...
C’est que le café a une histoire fascinante qui s'étend sur des siècles et qui a parcouru de nombreux pays et cultures.
Le caféier est un arbre qui, à l’état sauvage peut atteindre 10 à 15 mètres de hauteur.
Dans les plantations, il est taillé pour ne finalement mesurer que 2 à 3 mètres afin de faciliter sa récolte.
Cette plante ligneuse a l’aspect d’un buisson composé de plusieurs troncs.
Les feuilles sont persistantes, brillantes et de couleur vert foncé.
Les fleurs blanches, n’apparaissant qu’à des températures supérieures à 15°C, et doivent être pollinisées dans les heures qui suivent la floraison.
Une fois fécondée, la fleur fane et une nouvelle apparaît. Le caféier peut ainsi produire plus de 30000 fleurs par an.
Les fruits, quant à eux, n’apparaitront que 8 à 12 mois après la pollinisation.
La particularité du caféier est que l’on peut retrouver au même moment et sur le même arbre, des fleurs, des fruits matures et d’autres en cours de maturation.
Les graines de café se trouvent à l’intérieur du fruit, qui est en fait une « drupe ».
Le fruit mature est de couleur rouge vif voire violacée, c’est pourquoi il est communément appelé « cerise de café ».
Dans une « drupe » on trouve généralement deux graines vertes aplaties, placées face à face.
Le genre Coffea, qui appartient à la famille des « Rubiacées », compte plus de 75 espèces d'arbres ou d'arbustes originaires des régions tropicales d'Afrique ou d'Asie.
Planche botanique du caféier « Arabica »
Le caféier commun (Coffea arabica) est un arbuste qui pousse à l'ombre d'arbres plus grands dans la forêt tropicale. Il se caractérise par des feuilles persistantes, elliptiques et d'un beau vert brillant.
Les grains de café ne deviennent marrons qu’après torréfaction.
Autrefois d'ailleurs, chacun avait sa formule pour griller (on dit : torréfier) les grains de café verts !
Dans ma famille après-guerre, on achetait les grains de café verts et on les torréfiait à la maison.
Qui n'a pas remarqué un truc comme ça,
dans les affaires de ses grands-parents ?
Il existe plus de 75 variétés de caféiers différentes essentiellement regroupées sous trois espèces botaniques bien distinctes qui ne poussent que dans les régions tropicales.
1. Le Coffea arabica est originaire de l'Afrique de l'Est et donne le café « Arabica ».
C’est l’espèce botanique la plus recherchée dans le monde du café pour sa délicatesse et son côté aromatique au caractère subtil, et raffiné.
Ses fleurs blanches apparaissent en groupe à l'aisselle des feuilles. Très éphémères, elles ne durent que quelques heures et ont un parfum proche de celui du jasmin.
Fleurs simples de l’Arabica dans le détail.
« Cerises » du caféier Arabica
L’Arabica se plaît en montagne entre 200 et 2000 mètres d'altitude, car il aime les climats frais, mais surtout sans gel.
L’Arabica représente 70% de la production mondiale.
2. Le Coffea Canéphora, est originaire d'Afrique centrale et occidentale.
Dérivé de cette variété, le « Robusta » est particulièrement robuste comme son nom l’indique, car il a la particularité d’avoir un caractère très puissant et amer, parfaitement adapté aux consommateurs qui aiment le café très corsé et fort.
Fleurs du Robusta.
« Cerises » du caféier Robusta
Plantation de café en Colombie.
Le Robusta préfère une altitude plus basse et apprécie les climats chauds et humides de type équatorien (il pousse dans les mêmes conditions que le Cacaoyer, la nourriture des Dieux ou le bananier).
Autre différence : le « Robusta » se reproduit par boutures alors que l'arabica se multiplie par semis.
Le Robusta, lui, représente 30% de la production.
3. Le Liberica, enfin qui est un arbre pouvant atteindre jusqu’à 18 mètres de hauteur, produit de gros grains. Cultivé exclusivement en Afrique de l’Ouest, son volume de production reste faible car la demande pour ce type de profil organoleptique est quasiment inexistante.
Arbustes Arabica à l’ombre de Libérica à l’île de la Réunion
Sachez qu'il est difficile de cultiver un caféier en pleine terre sous nos latitudes car cette espèce tropicale a besoin d'humidité et de chaleur ; il ne supporte pas le froid (en dessous de 13°) et encore moins le gel.
En revanche, il est possible de le cultiver en pot, en guise de plante d'intérieur.
HISTOIRE DU CAFÉ
De nombreuses versions et anecdotes tournent autour de son origine éthiopienne, celle que je vous propose est probablement la plus vraisemblable.
1. Origine légendaire en Éthiopie
Selon la légende, le café aurait été découvert au IXème siècle dans la province de KAFFA en Abyssinie (l’actuelle Éthiopie).
Un berger nommé KALDI aurait remarqué que ses chèvres qui paissaient quelquefois dans des arbres devenaient particulièrement énergiques après avoir mangé les baies rouges d'un certain arbuste.
Quel touriste dans le sud Marocain n'a pas aperçu des chèvres dans les arganiers ?...
Il décide alors d’emmener quelques fruits et branches jusqu’à un proche monastère pour expliquer la situation aux moines.
Le moine qui l'accueillit décida de faire une infusion des baies rouges en faisant bouillir les baies dans de l’eau. Mais en goûtant la tisane obtenue, il fit la grimace et s’étonna de l’amertume prononcée de son infusion. Tout à la fois déçu et frustré du résultat, il la lança de dépit dans la cheminée ! C’est alors qu’après un moment, un arôme agréable lui arriva aux narines.
Du coup, il décida de changer le mode préparatoire et eut l’idée de commencer par torréfier les graines après les avoir écrasé pour les boire en infusion !
Très satisfait de sa découverte, car cela permettait aux moines de pouvoir prier toute la nuit sans aller dormir… il essaya de préserver le secret de sa boisson.
Avec la complicité du berger il essaya de commercialiser sa trouvaille mais en prenant soin d’ébouillanter les graines pour les rendre stériles afin qu’elles ne puissent pas germer ailleurs.
Et cette préparation se serait répandue dans la région comme un moyen de rester éveillé pendant de longues heures.
2. Introduction au monde arabe
Le café ainsi né en Éthiopie ne fit son apparition dans la péninsule arabique que bien plus tard, au XVème siècle, où il commença à être cultivé au Yémen probablement exporté par un pèlerin Éthiopien musulman allé faire ses dévotions à la MECQUE, 500 km au nord du Yémen.
Et le port de MOCHA situé sur la mer rouge presqu’en face de DJIBOUTI, devint un centre majeur du commerce du café, donnant son nom au célèbre « café moka » (orthographe tirée de l'arabe المخا, al-Mukha).
Les soufis (musulmans mystiques) l’adoptèrent rapidement pour ses effets stimulants, qui les aidaient dans leurs pratiques spirituelles.
Le café fut d'abord consommé sous forme d'une boisson appelée « qahwa », ou « k'hawah » (prononcer « Kaouah » comme on nomme le café en argot...), qui signifie « revigorant » en Arabe.
Les musulmans introduisent alors le café en Égypte, en Afrique du Nord en Perse puis en Turquie.
Ses effets sont tels qu'il est interdit à l'appel d'imams orthodoxes et conservateurs à la MECQUE en 1511, puis au CAIRE en 1532, à tel point que l'émir Égyptien Khair BEY fit fermer tous les cafés et a mené une campagne de désinformation contre les méfaits du café jusqu’au moment où il apprit que les critiques contre son pouvoir émanaient toutes de buveurs de café. (Ahah, la politique et les sondages !)
Et la popularité du produit, en particulier auprès des intellectuels, alliée à la fermeture des cafés provoqua des révoltes, ce qui incita le gouverneur d'Égypte à annuler l'interdiction...
La consommation de café put alors poursuivre son essor.
Mais voici une petite vidéo de 2 minutes fort bien résumée quant à l'Histoire de la diffusion du café dans le monde qui contrairement à une idée reçue n'est pas du tout une production mexicaine comme l'a été celle du chocolat...
Bref, dès 1630 on dénombre un millier de « maisons de café » au CAIRE.
3. Propagation dans l'Empire Ottoman et en Perse
Au XVIème siècle, le café se répandit dans l'Empire Ottoman et la Perse, où il devint une boisson à la fois sociale et rituelle.
Le premier bistrot servant du K'hawah (en français : café), ouvre en Turquie en 1475 à Constantinople.
Rapidement, des « maisons de café » appelées « Qahveh Khaneh » virent le jour, surtout à Istanbul, devenant des lieux de rencontres où l’on discutait de politique, de poésie, de musique, et de philosophie. Ces maisons de café eurent un impact considérable, contribuant à l'essor d'une véritable « culture du café ».
L'engouement est tel qu'une loi turque de l'époque sur le divorce (et oui, du temps du Sultan Suleimān le Magnifique, en français SOLIMAN, qui fut « aux affaires » de la Turquie de 1520 à 1566, ce pays fût un pays d'avant-garde bien avant et plus ouvert qu'avec Erdoğan…) précise, entre autres articles, qu'une femme peut divorcer de son époux si celui-ci ne parvient pas à lui fournir une dose quotidienne de café !
Le sultan Suleimān le Magnifique (1495 - 1566)
Le père du système juridique Ottoman
(portrait peint par Le Titien)!
4. Arrivée en Europe
En 1583, un médecin allemand, de retour d'un voyage de dix ans au Moyen-Orient, Léonard RAUWOLF, est le premier occidental à décrire le breuvage : « une boisson aussi noire que l'encre, utile contre de nombreux maux, en particulier les maux d'estomac. Ses consommateurs en prennent le matin, sans se dissimuler, dans une coupe en porcelaine qui passe de l'un a l'autre et où chacun prend une rasade sonore. Elle est composée d'eau et du fruit d'un arbuste appelé bunnu ».
Ces commentaires attirent l'attention de marchands, que l'expérience du commerce des épices a rendu sensibles à ce genre d'informations...
Le café arrive en Europe aux alentours de 1600 par les marchands vénitiens, via les ports de Venise et d’Amsterdam.
Les Italiens furent parmi les premiers à adopter la boisson, suivis par les Néerlandais, les Allemands, et les Anglais.
Le café est très vite prisé des moines pour les mêmes raisons qu'il l'est des imams : il permet de veiller longtemps et de garder l'esprit clair.
L’interdiction prononcée sera rencontrée à nouveau en Europe après l'ouverture des cafés et, étrangement, pour les mêmes raisons, à croire que la prise de café développe l'esprit critique, probablement en favorisant les échanges intellectuels entre consommateurs.
On conseille au pape Clément VIII (Pape de 1523 à 1534) d'interdire le café car il représente une menace d'infidèles.
Après l'avoir goûté, ce dernier recommande au contraire la nouvelle boisson, déclarant que laisser aux seuls infidèles le plaisir de cette boisson serait vraiment dommage !
Ce n’est qu’en 1616 qu’un navire hollandais arrivé au port de MOCHA, alors le seul lieu d’approvisionnement de café dans le monde que son capitaine réussi à dérober quelques grains encore fertiles et les ramena en Europe.
C’est le début de l’expansion des plantations de café dans les différentes colonies européennes à travers le monde.
De la même façon, en 1650, un pèlerin musulman indien du nom de Baba BUDAN qui s’était rendu à la Mecque parvint à ramener sept plants en Inde, qu'il planta à MYSORE et dont les descendants subsistent encore aujourd'hui...
En France, le café gagna en popularité grâce aux ambassades de l'Empire Ottoman, et les premières maisons de café (ou cafés) se développèrent, en particulier à Paris.
Le « Procope », ouvert en 1686, est considéré comme l’un des premiers cafés de Paris et a accueilli des intellectuels tels que Voltaire et Rousseau.
5. Développement des plantations et commerce colonial
Les Européens réalisèrent rapidement l’importance économique du café et commencèrent à développer des plantations dans leurs colonies, notamment dans les Caraïbes, en Amérique du Sud, en Asie du Sud-Est et en Afrique.
Le Brésil devint, dès le XVIIIème siècle, le premier producteur mondial, une position qu'il détient encore aujourd'hui. La culture du café transforma les économies et les sociétés coloniales, avec des effets souvent désastreux pour les populations locales.
6. Culture mondiale du café et innovations modernes
Au XIXème et au XXème siècle, le café est devenu une boisson de plus en plus courante, passant des élites aux classes populaires.
Avec l’invention de machines comme la cafetière italienne (moka) et la machine à espresso, de nouvelles façons de préparer le café émergèrent.
Au XXème siècle, des chaînes comme « Starbucks » popularisèrent le café à l’échelle mondiale, transformant cette boisson en une composante essentielle de la culture urbaine.
Aujourd’hui, le café est consommé partout dans le monde sous diverses formes : espresso, cappuccino, café filtre, café turc, etc.
Sa culture continue d'évoluer, avec une attention accrue pour le café équitable, le développement durable et l’innovation dans les méthodes de préparation avec une mention particulière pour le succès marketing de Nestlé qui a mis au point son réseau « Nescafé » !
On consomme, chaque jour dans le monde, plus de 2 milliards de tasses.
Bon, avant de se quitter, voici une rareté du XVIIIème siècle, une tasse à café en porcelaine de Sèvres pour gauchers :
À propos du café Fairtrade (Commerce équitable) de Max Havelaar... voici une vidéo de 2'50" qui vous en dira plus :