L'ÎLOT DE MAGUELONNE ET SA CATHÉDRALE EN SEPTIMANIE
Pour vous mettre dans l'ambiance voici le chant Provençal de la « Respelido »...
Au cas où vous souhaitiez l'arrêter, il suffit de cliquer ci-dessus sur le symbole ou
(il est interprété par « l'Ensemble Vocal d'Avignon » dirigé par l'abbé Georges Durand).
LA CATHÉDRALE DE MAGUELONE
L’îlot de Maguelone – vue aérienne depuis l’Est.
A l’automne 2019, avec mes compagnons du G20, les « Séniors dans le vent », nous sommes allés découvrir un haut lieu de l’histoire du Languedoc… l’Îlot de Maguelone !
Le domaine de Maguelone est aujourd’hui géré par « Les Compagnons de Maguelone », un « ÉSAT », (Établissement et Service d'Aide par le Travail). C’est un établissement médico-social de travail protégé, qui a vocation à accueillir, accompagner et insérer dans la vie sociale et professionnelle des personnes en situation de handicap.
Site du domaine de Maguelone orienté nord-sud (extrait du projet d’aménagement du parc)
Ce croquis donne, vu d’un drone, sous le même angle, l’aspect suivant :
« Les Compagnons de Maguelone » exploitent donc le domaine agricole et viticole de Maguelone sous contrat d’amodiation avec l’évêché de Montpellier à qui il appartient.
Environ 80 jeunes sont ainsi accueillis en permanence par l’ÉSAT et notre guide était l’un des Compagnons qui encadrent l’ÉSAT, amoureux du lieu, qui s’est passionné pour son histoire que nous allons essayer de vous rapporter.
Selon la tradition et l'usage, Maguelone s’écrit avec 1 seul « n » lorsqu'il s'agit du lieu, et Maguelonne avec 2 « n » lorsqu'il s'agit du prénom de l'héroïne de la 1ère des deux légendes du lieu que n’a pu s’empêcher de nous compter notre guide en fin de visite et qui explique le pourquoi du blason des Compagnons de Maguelone qui représente trois anneaux entrelacés.
La légende des trois anneaux sert maintenant de logo aux étiquettes du vin de l’ESAT…
Mais je ne vais pas vous faire languir plus longtemps et vais vous conter tout de suite ces deux légendes !
La 1ère légende se situe au Moyen-âge, c’est celle de Pierre, le fils d’un comte de Provence, et d’une belle princesse napolitaine...
Il s’agirait d’un roman courtois du XVème siècle
Il existe un incunable à la bibliothèque de Toulouse qui comte cette légende…
De fait, ce roman courtois connaît un franc succès dès sa première apparition, vraisemblablement au XVe siècle. Au fil des siècles, il sera traduit et raconté dans presque toutes les langues d'Europe. Cette histoire sera très répandue en Allemagne et en Autriche où elle devient un pilier du légendaire national. A tel point, qu'aujourd'hui, cette légende est plus connue dans les pays de langue allemande qu'en Provence ou en Languedoc (« Die shöene Maguelonne ».)
Ce roman a inspiré et influencé de nombreux auteurs et musiciens dont Cervantès, Arioste, Clément Marot, Georges Baume, Ferdinand Hérold et Maurice Clavel. Voici :
Pierre aurait entendu parler de la beauté d’une princesse Napolitaine qui s’appelait « Maguelonne ». N’en pouvant plus, il décidât un jour de partir pour la cité italienne afin de la rencontrer.
Lorsqu’il arrivât sur les lieux, il participât à un tournoi qu’il finit par gagner, et sa victoire lui permit d’être invité chez le roi, et, enfin, de rencontrer la princesse.
Dès qu’ils se virent, les deux jeunes gens tombèrent éperdument amoureux l’un de l’autre et pour prouver son amour, Pierre offrit trois anneaux d’or à sa promise.
Pourtant, une vie de richesse ne les intéressait pas ; aussi, un soir, décidèrent-ils derr s’enfuir à cheval. Toute la nuit durant, le cheval galopât. Lorsque le soleil commençât à se lever, ils firent une halte au bord de la mer afin de se reposer.
Au réveil, un oiseau de mer s’approchât, dérobât les trois anneaux et s’enfuit au large.
Pierre le poursuivit sur une barque, mais soudainement, une tempête se levât et emportât la légère embarcation ; Pierre, perdu en pleine mer, fût recueilli par un navire maure qui venait d’Afrique et le capitaine le capturât comme esclave.
Pendant ce temps, Maguelonne, folle de désespoir errait le long de la plage et arrivât près d’une petite île appelée « Port Sarrasin ». Avec son grand cœur et ne sachant que faire de sa vie devenue inutile, elle y fondât un hôpital et une petite église qu’elle appelât Saint-Pierre en mémoire de son amant disparu.
Quant à Pierre qui avait gagné la confiance du sultan, il était devenu le capitaine de l’armée sarrasine. Pour le récompenser de ses exploits, le sultan lui rendit sa liberté.
Pierre s’embarquât sur un navire pour rejoindre son pays, mais il fût abandonné par son équipage sur une île déserte. Fort heureusement des pêcheurs le recueillirent et le ramenèrent à l’hôpital de « Port Sarrasin » où il retrouvât… la belle Maguelonne !
La seconde légende est celle de la Cloche...
La démolition de Maguelone décidée par Louis XIII en 1633 suivant les conseils de Richelieu pour empêcher les protestants qui avaient investi la forteresse de s’y réinstaller, commençât par la récupération des cloches, mais si le domaine fût complètement saccagé, les soldats n’osèrent pas toucher à la cathédrale.
La plus grande cloche de Maguelone avait été offerte à l'église de l’île en 1518 par Antoine du Caylar de Montferrier, chanoine et sacristain de l’église. Elle pesait dix-huit quintaux et fut transportée à Montpellier la même année...
Comme il fallait regarnir le clocher de la cathédrale dépouillé par les protestants, le Chapitre a délibéré et décidé que le canon qui assurait la défense de Maguelone soit échangé contre une cloche de même poids et de même valeur. Le canon sera placé dans le château de Montferrand.
C’est que… « La Campana de Magalouna » avait la faculté de porter bonheur aux futures mariées. Les jeunes filles devaient grimper sur le toit de la cathédrale et la faire tinter. C'était le gage d'un mariage heureux accompagné de beaucoup de bonheur. En effet, la « Maguelonne » de la légende, symbole de l'amour, veillerait sur elles et exaucerait tous leurs vœux.
Le souvenir de cette cloche sera toujours vivace dans la région montpelliéraine. Au siècle dernier, nos félibres en avaient même tiré le titre d'un journal rédigé en provençal local : « la Campana de Magalouna » qui parut de 1892 jusqu’en 1933 !
A son propos, Frédéric Mistral, invité à Maguelonne en 1900, fit un discours qu'il prononça en français :
« Les compagnons du Tour de France, cette élite des ouvriers, cette élite du peuple, s'était donné pour mission d'aller se perfectionner, chacun dans son métier, en visitant, en contemplant, en admirant tous les chefs d'œuvre de leurs pères, tout ce qu’il y avait de beau sur la terre de France...
En Languedoc, on allait voir le pont du Gard, l'église d'Albi, le clocher de Rodez, la Campano de Magalouno, si grande, que quatre cordonniers pouvaient y travailler dessous... » (Anciens textes campanaires de l'Hérault)
LA VRAIE HISTOIRE DE MAGUELONE
Il est très difficile de comprendre tout ce qui s'est passé dans le haut Moyen-Âge mais j'ai trouvé un moyen simple de vous le faire comprendre sous la forme d'une vidéo très bien réalisée qui résume en quelques minutes les principaux épisodes de cette période souvent méconnue, ainsi vous coprendrez mieux les différentes phases de développement de cette extraordinnaire cathédrale !
Il ne vous faudra que quelques minutes pour la visionner et comprendre ce qui s'est passé dans le haut Moyen-Âge :
Lorsque l’on découvre l’île de Maguelone et sa cathédrale solitaire, tel un immense vaisseau de pierre échoué entre la mer et les étangs, on ne peut manquer d’être frappé par l’étrangeté du site et de s’interroger sur les origines et le destin d’un édifice aussi singulier.
Vision insolite d’abord que celle d’une église forteresse, mutilée et privée de ses tours, qui semble cacher ses blessures derrière un rideau de vieux arbres torturés par le vent marin.
Étrange et prodigieux destin ensuite que celui d’un sanctuaire qui fut, pendant plus d’un millénaire, à la fois le siège d’un évêché important, un fief pontifical et un refuge temporaire de plusieurs papes, avant de connaître l’abandon, le pillage et la ruine.
Des fouilles ont permis de découvrir que l’îlot de Maguelone fût habité dès l’âge du fer.
Puis on y a découvert un habitat étrusque sous une église funéraire paléochrétienne.
Curieusement, cet habitat et les fondations de cette vaste église ont été mises à jour lors de la replantation d’une parcelle de vigne, en 1998 à 200 m seulement à l’Est de la cathédrale actuelle.
Les fondations qui affleuraient la parcelle et qui étaient visibles d’avion ont été recouvertes de terre depuis pour leur conservation. (L’étude archéologique peut être consultée sur le site www.persee.fr sur lequel j’ai pu découvrir une mine d’informations intéressantes et fort bien documentées en particulier celles de deux chercheurs, Mrs Garnotel et Didier Paya !)
Eglise funéraire de Maguelone (52m de long sur 31m de large !) à l’est de la Cathédrale.
Cette église funéraire aurait été détruite lors de l’invasion arabe dans le premier tiers du VIIIe siècle, vers 725, voire par les troupes de Charles Martel en 738 après qu’il ait donné le coup d’arrêt de l’avancée des Arabes à Poitiers en 732, qui a marqué la partition de la région entre Royaume d’Espagne et Royaume Franc… jusqu’à l’avènement de l’empire Carolingien.
Un amoureux de vieilles pierres, Michel Rojo, s’est passionné pour la datation au moment de sa retraite. La datation des éléments de la cathédrale de Maguelone qu’il a fait en 2018 est remarquable… Vous pouvez en prendre connaissance en cliquant ici.
Comme nous pouvons le voir sur le document de Michel Rojo, la construction de la chapelle funéraire de Maguelone a commencé en 560 et c’est prolongé jusqu’en 561. Trois ans après, nouvelle étape, avec la construction d’une nef en 564, puis, un transept en 597. Enfin, élargissement général en 644 avec ajout d’une chapelle au nord. Les plus anciennes tombes dateraient de 561, et les plus récentes de l’an 700.
Les fouilles qui ont été faites, attestent que le commerce maritime se développât à Maguelone dès le VIIe siècle avant J-C. De plus, des traces gallo-romaines laissent apparaître une exploitation de salines.
Cela m’a donc amené à découper en quatre grandes périodes l’histoire de Maguelone…
1) L’antiquité et les premiers siècles de la chrétienté (210 av. J-C à 737)
Vers 210 avant J-C, en effet, la province qu’on a nommé « Catalogne » depuis, fut conquise par les Romains et latinisée.
Partant de là, la conquête Romaine de la Gaule méditerranéenne plus au nord à partir de 122 av. J.-C., donna à la région le nom de province de « Narbonnaise » (cf. mon article quant à la villa gallo-romaine de Loupian) qui fut traversée par une importante voie de communication terrestre, la voie Domitia qui la reliait à Rome.
Quoi qu’il en soit, les fragments de « tegulae » (tuiles romaines) trouvés dans les vignes qui bordent la cathédrale témoignent d’une occupation du site à l’époque romaine.
Après cette occupation du site dès l’antiquité la période féodale du moyen-âge a vu s’établir sur l’îlot cette chapelle funéraire dont il a été question en même temps d’ailleurs que l’église de Maguelone construite, elle, à partir de 585 et qui devint le siège de l’évêché de Maguelonne créé semble-t-il lors des 3 premiers Conciles de Tolède (400 – 527 – 589, il y en eut 18… jusqu’en 702 au moment de l’invasion des Maures).
Parallèlement à cela, au IVe siècle de notre ère, au terme d'un immense périple qui les avait conduits depuis le Gothland (au sud-ouest de la Suède), d'abord vers les bords de la Baltique (en Pologne) puis de la Mer Noire (en Roumanie, Moldavie et Transylvanie), les Wisigoths, ou Goths de l'Ouest (par opposition aux Ostrogoths ou Goths de l’Est), commencèrent à se répandre dans différentes directions dans tout l’Empire Romain d'Occident, dont la province de « Narbonnaise » ...
A la suite de la traduction de la Bible en langue Goth par un évêque arien du nom de Wulfila, ces barbares se convertirent en masse à l'arianisme, une forme de christianisme pour laquelle, pour simplifier, Dieu n'a aucune nature commune avec le Fils et le Saint Esprit, ce qui revient à prôner un monothéisme absolu (cf. mon article sur l’Hérésie Cathare).
Passage de la bible en langue Goth
L’arrivée des wisigoths en Gaule dès le début du Ve siècle illustre bien ce qu'était devenu l'Empire Romain d'Occident, en pleine décadence, soumis aux luttes de factions s'appuyant, selon leur intérêt du moment sur des alliés barbares !
Les wisigoths s’emparèrent ainsi de la « Narbonnaise » en 412, puis de « l’Aquitaine » en 418.
Athaulf, (le beau-frère et successeur du chef wisigoth mythique Alaric qui avait conduit ses troupes depuis le lointain Gotland jusqu’en Europe centrale et qui avait succombé pendant le siège de Rome en 410), se rendit vite compte du fait que ses guerriers Goths ne possédaient pas les qualités nécessaires pour mener à bien son rêve de se substituer à Rome ; dès lors, comme nombre de ses concitoyens, il découvre la puissance de l'Empire Romain mais son pragmatisme prit le dessus.
Il va également sur sa lancée s’emparer de ce qui allait devenir la « Catalogne », plus au sud (car ce sont les Goths qui lui donnèrent son nom actuel : Gotholonia = pays des Goths qui donna par la suite « Catalonia »).
Athaulf, d’instinct, fit confiance tout naturellement à l’administration épiscopale en place qui semblait déjà savoir gérer la région en choisissant Toulouse comme capitale et il confia aux évêques chrétiens déjà en place le soin d’administrer les provinces d’Aquitaine, de Narbonnaise et de Catalogne.
Bien que les wisigoths aient été ensuite chassés d'Aquitaine dès 507 par Clovis,roi des Francs, et repoussés jusqu’en en Espagne et en Languedoc, ils sont restés maîtres de ces deux régions qu'ils ont occupées jusqu'à l'invasion Arabe, trois siècles plus tard.
La Septimanie wisigothe et ses 7 évêchés, Uzès remplaçant Elne en 507.
Les wisigoths seront certes refoulés plus à l’ouest par la suite, jusqu’en Asturies (province Espagnole située au nord du Portugal). C'est d’ailleurs le foyer d'où est partie « la Reconquista » chrétienne qui mettra pourtant sept siècles à refouler entièrement les Arabes hors d'Espagne.
Dès la fin du VIe siècle, sous l’impulsion des évêques, l’ex-province Romaine de la « Narbonnaise », prit le nom de « Septimanie » (un nom qu’affectionnait particulièrement Georges Fresh, le sulfureux président de région et élu de Montpellier qui a voulu privilégier ce nom de région au tout début de notre XXIe siècle, mais c'est Occitanie qui a finalement prévalu!).
Deux explications sont avancées quant à la « Septimanie » :
- Elle évoquerait la présence des vétérans de la septième légion romaine qui auraient occupé la région.
- Plus vraisemblablement, elle proviendrait des sept villes, sièges des plus importants évêchés qui jalonnaient le territoire, à savoir : Elne, Agde, Narbonne, Lodève, Béziers, Maguelonne et Nîmes. Avec le passage « historique » d'Elne et des actuels départements de l’Aude et des Pyrénées Orientales sous influence catalane, la ville d'Uzès étant devenue le septième évêché ravissant la place à Elne.
Vous remarquerez que Montpellier n’y figure pas, car c’était un tout petit village ; par contre, les villes d’Agde, de Maguelone et de Narbonne étaient les trois ports les plus importants de la Province. Maguelone avec sa ville neuve, à elles seules, avaient près de 45000 habitants!
La « Septimanie » fut reconquise par Pépin-le-Bref et Charlemagne qui lui annexa administrativement une partie de la marche d'Espagne, jusqu'à l'Èbre. Elle fut partagée en 865 en deux provinces avec deux capitales Barcelone et Narbonne. La Septimanie devint alors le « Marquisat de Gothie ».
Le Marquisat de Gothie recouvrait à la fois la Catalogne et une partie de la Narbonnaise
À l'époque féodale, on parlait en fait du « Duché de Narbonne » mais ce titre, aux mains des comtes de Toulouse n'entraînait aucun pouvoir réel, le pouvoir politique étant émietté entre les différents seigneurs locaux (à savoir les comtes de Mauguio, de Saint-Gilles, les vicomtes de Narbonne, de Carcassonne, de Razès, de Béziers, d'Agde, de Nîmes, puis les Seigneurs de Montpellier).
De fait, la ville de Maguelone située face à la mer sur un éperon rocheux, vestige d’une éruption volcanique du pliocène, séparé du continent par une longue lagune qui protégeait en avant-poste les villes continentales de Lattes et de Mauguio avait déjà été érigée en évêché à la fin du VIe siècle.
L’un des premiers évêques nommés en Septimanie au 3ème concile de Tolède, qui portait le nom de Boèce (ou Boëtius), avait en effet souhaité fixer le siège de son évêché en 585 à Maguelone.
C’était alors une ville bien plus importante que Lattes ou Mauguio et qui par son insularité occupait une position stratégique plus facile à défendre. Mgr Boèce a donc fait ériger sa cathédrale à l’emplacement exact de celle que nous pouvons admirer aujourd’hui.
Mais cette première Cathédrale de Maguelone qu’il avait fortifiée en véritable place-forte non loin de cette première église fut détruite au tout début du VIIIe siècle (par les sarrasins vers 737 ou par Charles Martel en tentant de les déloger…). Parce que les sarrasins avaient fini par s'accaparer le port de Maguelone, l'îlot avait été rebaptisé Port sarrasin. J'ai retrouvé dans un vieux bouquin édité en 1876 une gravure y faisant allusion...
L’évêque Guillaume Pélissier fit transférer le siège de son diocèse à quelques milles de là, à Substantion (en latin Sextantio, nom qui exprime que ce village était la 6ème station de la voie Domitienne depuis les Pyrénées), une cité disparue depuis mais qui était à l’emplacement de la ville de Castelnau-le-Lez.
En 752, Aigulphe, un wisigoth, comte de Maguelone (le père de Saint-Benoît d’Aniane, le fondateur de l’Ordre des Bénédictins dont le prénom wisigoth était Witiza), livre Maguelone alors à l’abandon à Pépin-le-Bref et lui fait allégeance.
En 819, Louis-le-Pieux dit « le débonnaire » (le fils de Charlemagne) restitue l’église de Maguelone a la cité de Villeneuve dont Charles Martel l’avait dépossédé, à laquelle il adjoint plusieurs autres villages, dont St-Jean-de-Védas.
S’élevèrent ensuite différentes extensions sur les ruines de cette première cathédrale jusqu’à celle qui va être installée au XIe siècle dont on peut encore admirer la plus grosse partie aujourd’hui !
2) La période de la renaissance de Maguelone qui va de 1030 à 1096
En effet, à partir de 1030, la nomination d’Arnaud 1er, comme 15è évêque du diocèse fait renaître Maguelone car il décide d’y ramener le siège de l’évêché en faisant reconstruire la cathédrale sur les ruines de l’ancienne.
De fait, il en construit une autre qui ne sera achevée qu’en 1041, à laquelle il adjoint de nouveaux bâtiments pour y loger un chapitre de douze chanoines réguliers, qui suivent la règle de Saint Augustin, avec un cloître de 2 étages, un logis pour l'évêque, et des bâtiments pour assurer une plus large hospitalité.
Ils vont en effet accueillir, soigner, loger et nourrir les pèlerins, pauvres, lépreux, mais aussi juifs et sarrasins, « par souci d'humanité ».
De ce Chapitre et ses extensions, il ne subsiste aujourd'hui que la chapelle Saint-Augustin, accolée au sud de l'édifice et probablement le portail d’entrée qu’on étudie plus loin.
Afin d'améliorer l'accès à la ville, que l'on ne pouvait rejoindre que par bateau, Arnaud 1er fait construire au nord de l’île, un pont en bois, long de près d'un kilomètre, entre l'île et la nouvelle ville de Villeneuve-lès-Maguelone, et confie à un dignitaire du chapitre la charge de ce pont gardé par un portail monumental.
Aujourd’hui, le pont a été remplacé par un pont mobile en amont du portail qui peut s’ouvrir à la demande, pour laisser passer les bateaux et péniches qui empruntent le canal de Sète au Rhône (Il traverse l'étang de Mauguio, au nord de l'îlot).
Au XXe siècle, on a construit une route à travers la lagune qui relie l’îlot à la ville de Palavas plus à l’Est.
Mais, à l’époque de la construction du pont, il convenait également de réaliser des fortifications pour protéger le site de nouvelles attaques des « sarrasins » comme on nommait les arabes musulmans.
J’ai retrouvé dans les archives numérisées de la BNF, le relevé très exact de cette première forteresse et ses fortifications qu’en fit le propriétaire des lieux, Frédéric Fabrège, en 1854, en se basant sur les fondations dont les ruines affleurent encore le terrain malgré la démolition ordonnée par Louis XIII dans la première moitié du XVIIe siècle...
Relevé de l’enceinte de la forteresse par Frédéric Fabrège (1854)
Les deux successeurs de l'évêque Arnaud 1er, Bertrand puis Godefroi soumis à la suzeraineté des comtes de Melgueil (ancien nom de Mauguio) finiront par léguer leurs droits sur l'évêché au pape Grégoire VII en 1085.
3) A partir de 1096 elle va atteindre son apogée jusqu’en 1535
En effet, devenue ainsi propriété du Saint-Siège et terre d'asile, Maguelone est dès lors en plein essor. Le Chapitre reçut de nombreuses donations.
Le Pape Urbain II visitât l'île en 1096, et proclamât la cathédrale « la seconde, après celle de Rome ».
Enfin, le prestige et la richesse de l'évêché conduisent à construire une nouvelle cathédrale, remplaçant celle qui datait de l'épiscopat d'Arnaud en agrandissant l’ancienne.
En raison de factions à Rome, le Pape Gélase III trouva refuge à Maguelone en 1118, puis le Pape Alexandre III y consacra en 1163 le maître-autel dont le chevet venait d'être construit.
Trois évêques vont conduire cette entreprise considérable :
- L'évêque Gautier de Lille (1104-1129) construit le chevet et ses absides, ainsi que le large transept fortifié.
- L'évêque Raymond (1129-1158) poursuit cette œuvre avec l'autel majeur, la chaire épiscopale et les deux tours encadrant le transept.
- Enfin, Jean de Montlaur (1161-1190) bâtit la nef romane, appelant à la participation des fidèles.
Toutefois, riche et prospère, l'évêché de Maguelone va susciter la convoitise des royaumes de France et d'Aragon.
Par ailleurs, dès 1170, Montpellier se développe. La ville qui, de longue date, a établi des liens avec des commerçants et des médecins des mondes arabe et juif, voit se constituer en ses murs un véritable cénacle de praticiens-enseignants.
En 1181, Guilhem VII dit de Montpellier, alors Seigneur de la ville, publie un édit proclamant la liberté d’enseignement de la médecine dans la juridiction, afin de proscrire tout monopole de l’instruction médicale. Dans le hall d'entrée de l'actuelle faculté, on peut lire que le tiers des médecins fondateurs étaient juifs.
Une citation d'Hippocrate est mentionnée en grec sur le cadran solaire situé à droite de l'entrée de la faculté de médecine de Montpellier : « Η τεχνη μακρη » (H TEXNH MAKPH) autrement dit « la vie est courte, et l'art est grand » !
S'ensuivent quarante années d'un libéralisme immodéré, durant lesquelles plusieurs écoles d’enseignement supérieur apparaissent dans la Seigneurie.
Cela n'empêcha pas l'évêché de devenir un grand centre de rayonnement intellectuel, grâce aux écoles universitaires.
En 1220, le cardinal Conrad d’Urach, légat du Pape, est de passage à Montpellier, terre inféodée au Saint Siège, comme nous l’avons vu plus haut.
Il met un terme à cette période anarchique en officialisant « l'Universitas medicorum », lui attribuant ses premiers statuts et faisant d’elle l'une des plus anciennes écoles de médecine du monde médiéval européen (avec celle de Salamanque, fondée en 1218). Ces premiers statuts, qui restèrent en vigueur jusqu'à la Révolution, placent l'institution sous l'égide de l'évêque de Maguelone.
Au début du XIIe siècle, vers 1118, pour bien asseoir leur pouvoir, les évêques vont renforcer la défense de la cathédrale-forteresse et font construire deux tours pour assurer sa protection occidentale : la « tour Saint-Jean » et la « tour de l'Évêque », aujourd'hui en partie ruinée, ainsi qu’une aile du logis de l’évêque qui abritait une demeure somptueuse pour lui permettre de recevoir des invités de marque.
L'évêché est alors solidement protégé. Pendant la Croisade des Albigeois, Maguelone reste un bastion de la papauté : le comté de Mauguio, propriété du comte de Toulouse, Raymond VI, est inféodé à Maguelone par le Pape Innocent III.
Son archidiacre était d'ailleurs Pierre de Castelnau, légat du pape dans le Languedoc, dont le meurtre à Saint-Gilles en 1208 a déclenché les hostilités.
La ville de Montpellier s’est considérablement développée pendant la présence des Papes en Avignon et notamment sous le pontificat de Benoit XII, le 3ème pape d’Avignon, qui a encouragé le développement de la faculté de médecine (voir mes articles sur Les Juifs du Pape puis sur la Synagogue de Carpentras).
Hélas les Papes, rentrés à Rome ne se préoccupent plus de Maguelone et si plusieurs mesures sont prises pour enrayer la décadence, c’est en 1535 que le Roi François 1er ordonne à l’évêque de s’établir définitivement à Montpellier.
Enfin, le siège épiscopal est officiellement supprimé en 1536 au profit de Montpellier tandis que le collège des chanoines est assigné à Maguelone, sous la gestion du prévôt du chapitre jusqu’à son rapatriement sur Montpellier en 1560... Abandonnés et vendus par les chanoines, les bâtiments claustraux vont subir de graves destructions.
4) L’abandon de la Cathédrale de Maguelone de 1536 à 1840
En effet, deux ans après, en 1562, les protestants huguenots s’emparent de la place-forte, et occupent l’édifice laissé vacant par le clergé catholique. Cette présence protestante sous le règne de Louis XIII va provoquer la colère de Richelieu qui, malgré la promulgation de l’Edit de Grâce d’Alès en 1629 autorisant la liberté de culte, ordonne son démantèlement en 1632.
Complètement désaffectée depuis cette date, et parachevant son abandon, des pans de murs entiers de l'enceinte fortifiée furent vendus en 1708 pour servir à l’empierrement du canal du Rhône à Sète, qui traverse l'étang de Mauguio au nord de l’île.
Enfin, le domaine est vendu comme bien national à la Révolution, et devient une simple propriété agricole. Plus rien ne bouge pendant 40 ans si ce n’est que des paysans viennent s’approvisionner régulièrement en pierres de taille toutes prêtes.
5) La période moderne : la Cathédrale est reconnue monument historique.
Grâce à la pugnacité de Prosper Mérimée, l'inspecteur général des Monuments historiques chargé à partir de 1834 de faire l’inventaire du patrimoine historique de la nation, la cathédrale de Maguelone qu’il trouve transformée en grange à foin, fût classé monument historique en 1840.
Le domaine de Maguelone est acquis en 1852 par la famille d’un avocat de Montpellier, Jacques-Bonaventure Fabrège, dont le fils Frédéric va consacrer toute sa fortune et sa vie à le restaurer jusqu’à sa mort en 1915.
Portrait de la famille FABREGE en 1864, devant la Cathédrale par Auguste-Barthelemy GLAIZE
Lorsque la famille Fabrège achète le domaine, les bâtiments sont carrément à l’abandon.
Quelques croquis et gravures de l’époque en portent témoignage. L’îlot est complètement nu, battu par les vents et sans plus aucune végétation qu’une herbe rase que paissent quelques moutons.
Ces deux cartes postales datent de 1874… La végétation plantée par Mr Fabrège commence à paraître.
Frédéric Fabrège entreprend des fouilles qui éclairent son riche passé, en redécouvrant les fondations de bâtiments plus anciens.
Il y plante de nombreuses essences méditerranéennes, car l'île était alors totalement dénudée et le culte est rétabli dans la cathédrale en 1875.
Enfin, l’héritière de la famille Fabrège, faute de moyens, donnera l'île au diocèse de Montpellier en 1949. C’est ce qui fît qu’aujourd’hui c’est la seule Cathédrale en France qui appartienne véritablement à un évêché et non à l’Etat.
LA CATHÉDRALE AUJOURD’HUI
Ce domaine et ce qui reste de cette fabuleuse cathédrale sur son île située à 10 km au sud de Montpellier sont maintenant un but de visite prisée.
Comme nous l’avons vu plus haut, le domaine viticole est exploité par un ESAT et l’île a retrouvé l’attrait qui l’avait fait choisir par le 1er évêque Boèce, comme l’endroit idéal pour implanter son diocèse.
Le bâtiment conventuel de la collégiale constitué en deux parties autrefois séparées par un potager comprend le logis des convers, des domestiques et l’infirmerie, est situé à l’entrée du domaine au nord-est de la cathédrale.
L’hôtellerie à l’origine était à l'intérieur de l'enceinte au nord-ouest de la cathédrale et accueillait les visiteurs, pèlerins, mendiants, et malades, mais elle a entièrement disparu après la destruction au canon par Louis XIII.
Ce sont en fait les bâtiments de la collégiale, restaurés qui servent aujourd’hui à accueillir les visiteurs.
Et les bâtiments conventuels transformés en caveau, cafétéria et hôtellerie.
Une partie a été aujourd’hui transformée en caveau et boutique de vente des vins du domaine, équipée d’une cafétéria qui propose au menu les produits bio du potager du domaine pour que les visiteurs puissent prendre un repas sur place.
Le second bâtiment de la collégiale devenue l’hôtellerie sert à loger le personnel et les pensionnaires de l’ESAT mais possède toujours quelques cellules à disposition de séminaires ou des visiteurs qui souhaiteraient séjourner quelques jours sur le domaine.
De nos jours, en effet, autour de la cathédrale, l’ESAT entretient un beau parc boisé initié par Frédéric Fabrège, sur cet îlot qui, en 1854, était complètement dépourvu de végétation.
Le parc de l’îlot est peuplé d’une dizaine de paons blancs. Et pour ceux des visiteurs qui sont étonnés de la présence de ces grandes et majestueuses volailles, il faut savoir que depuis le moyen-âge, les arts chrétiens ont utilisé des paons blancs pour représenter Jésus-Christ.
C’est parce que le paon est considéré comme un symbole de mort, de résurrection et de vie éternelle, qui sont des concepts directement liés au Christ. Cet oiseau est également affilié à des attributs semblables à ceux du Christ comme la royauté, la gloire et l’incorruptibilité. Sa couleur blanche représente son esprit saint…
Agrémenté par plusieurs paons
Dans ce parc on trouve également la petite chapelle de Saint Blaise restaurée. Elle avait été bâtie au sud-ouest de la cathédrale, et au sud du cimetière pour servir d’aumônerie et de chapelle des morts.
Pendant les 300 ans d’abandon quasi-total de la cathédrale de 1535 à 1836, la chapelle Saint Blaise a permis à un prêtre d’y maintenir le Saint Sacrement.
Le 15 juin 1930, lors du centenaire du poète Frédéric Mistral, une plaque commémorative fut apposée sur la vieille chapelle où Fabrège avait installé sa bibliothèque. On peut y lire le 1er couplet de la Respelido (si vous voulez l'entendre la version intégrale interprétées par l'Ensemble Vocal d'Avignon est en tête de l'article).
Pour la Sainte Estelle de Maguelone, Le 27 Mai 1900, Frédéric MISTRAL fit retentir « La Respelido » (Autrement dit « La Renaissance »)
« Nous autres en plein jour,
nous voulons toujours parler La langue du midi,
voici le félibrige ! »
La chapelle Saint Blaise et la plaque commémorant le passage de Frédéric Mistral
Et son épigraphe en latin : « Travaille comme un bon soldat du Christ »
Un projet spectaculaire de réorganisation des jardins est en cours et je vous laisse le plaisir d’en découvrir l’une des études en cliquant ici.
Nous allons maintenant visiter la Cathédrale en elle-même sur un plan architectural, mais afin de vous permettre de vous y retrouver dans les différents apports que nous avons étudié dans l’introduction au cours des siècles nous allons utiliser 2 croquis :
D’abord, celui établi par Michel Rojo qui illustre bien les trois étapes de la construction à savoir l’église de 1041 (en orange) celle de 1157 (en bleu) et le reste qui date du début du XIIIéme.
Pour compléter cette information nous avons fait un croquis avec des couleurs qui correspondent approximativement aux dates de construction.
Plan actuel de la cathédrale de Maguelone.
Il serait logique de commencer par examiner ce qui est le plus ancien, la chapelle de Saint Augustin (ici en noir) puis la nef, le transept et le chœur mais nous avons pensé préférable de suivre la progression de la visite dans l’ordre de ce que nous allons découvrir à partir de l’entrée de la Cathédrale.
1 – SUR LE PARVIS
Le logis de l’évêque à gauche et détail du chemin de ronde au-dessus de l’entrée
Dès le parvis, on est étonné de découvrir la succession des réemplois de matériaux empruntés aux bâtiments successifs.
Au sud la masse imposante de la Cathédrale Romane du XIe siècle bâtie à l’aide de pierres de calcaire dur qui provient de carrières éloignées de l’île qui ont nécessité une logistique de transports phénoménale. Elles n’ont pas bougé depuis la construction.
Les autres matériaux utilisés sont des pierres de calcaire coquillier plus tendre fortement érodées.
En effet, à l’ouest, à gauche de l’entrée principale, se trouvent les restes du logis de l’évêque construit au début du XIIIe, à l’aide de matériaux de récupération probablement trouvés sur l’île.
Il faut se souvenir que les évêques ont fait renforcer la défense de la cathédrale-forteresse en construisant deux tours pour assurer sa protection occidentale : la « tour Saint-Jean » et la « tour de l'Évêque », aujourd'hui en partie ruinée.
D’ailleurs, on remarque facilement cette différence de provenance des pierres à la jonction des deux bâtiments (juste à gauche du portail d’entrée):
A gauche, le calcaire coquillier tendre des pierres de réemploi,
A droite, le calcaire dur, plus grises, n’ont pas bougé depuis le XIe siècle !
Une partie des pierres de la tour de l’évêque provient manifestement des ruines de l’église funéraire du VIIe siècle composé de pierres de calcaire tendre très abîmées par l’atmosphère marine et le vent et l’autre de réemploi de pierres tombales bien plus anciennes.
Il n’est que de remarquer certaines inscriptions sur la face visible de la façade de la tour.
2 - L’ENTRÉE PRINCIPALE
Coincée entre deux renforts verticaux soutenant un chemin de ronde, l’entrée principale, elle-même, est un puzzle de pierres de réemploi. En fait, c’est tout simplement le portail de la cathédrale de 1157 qui se trouvait au niveau de la 2e travée et a été récupéré en 1265 pour entrer dans l’extension des tours et du logis de l’évêque :
De chaque côté du portail dont les portes sont magnifiquement soutenues par des gonds forgés datant de 1358, le portail d’entrée de la cathédrale de 1151 a été enrichi en 1259 des arcatures et des impostes des deux apôtres Pierre et Paul.
Un passionné de Vieilles Pierres, Michel Rojo, en a retrouvé l’origine à l’abbaye de Psalmody (au nord d’Aigues mortes) qui possédait un atelier de sculpture qui réalisait de nombreuses œuvres pour des églises de la région, où elles auraient été sculptées sur du marbre blanc vers 1259 tout comme le tympan et les impostes qui soutiennent le tympan.
Regardons-les de plus près :
A gauche Paul, barbe et cheveux lisses, tenant son glaive dans une main et le livre des épîtres de l’autre, et à droite, Pierre, barbe et cheveux frisés des orientaux, tenant ses clés dans une main et les évangiles dans l’autre.
A droite et à gauche du portail, au sommet des pieds-droits du portail deux impostes de marbre représentant à gauche le visage de Pierre (cheveux bouclés) et à droite le visage de Paul (cheveux lisses) qui se regardent soutiennent en partie le linteau.
D’après Michel Rojo le linteau floral décoré de feuilles d’acanthes aurait été réalisé à Lattes en 1148 sur une « borne milliaire » romaine de l’an 52 !
Ce linteau a été posé sur la porte actuelle en 1266 mais, il était déjà là auparavant car il ornait l’ancienne porte, celle de l’église de 1157, laquelle ne se trouvait pas au niveau de la porte actuelle, mais à la limite des deux travées précédentes, qui formait la sortie et donc la fin de l’église construite en 1157 (cf. le croquis de Michel Rojo, plus haut).
Le linteau orné d’un rinceau de feuilles d’acanthe
Photo du linteau en deux parties, pour faire apparaître les inscriptions latines datant de 1178
Tout autour on peut lire l’inscription en latin (au-dessus, de gauche à droite, ensuite à droite de haut en bas, à gauche, de haut en bas, et enfin en-dessous de gauche à droite) mentionnant l’an 1178 (+ ANO INC MCLXXVIII - soit trente ans après le décor floral réalisé à Lattes) et signée par un certain « Bernard de Tréviers » (en haut, sur le montant vertical gauche), dont voici la traduction :
« À ce havre de vie, venez, vous qui avez soif.
En franchissant ces portes, corrigez vos mœurs.
Toi qui entres ici, pleure toujours tes fautes,
Quel que soit ton péché, il est lavé par une fontaine de larmes. »
Juste au-dessus du linteau, le magnifique tympan de marbre blanc sculpté dans l’atelier de l’abbaye de Psalmody représente le Christ en majesté, sur un trône cannelé, bénissant de la main droite, et tenant le Livre de Vie dans la main gauche. Il est vêtu d’un drap au dessin complexe, et s’inscrit dans une gloire polylobée.
Il est entouré d’une composition dense, dans un style antique, représentant le « tétramorphe de l’Apocalypse » (i.e. la vision d’Ezéchiel, dans l’Ancien Testament Ez. 1, 1-14), figurant les quatre Évangélistes : l’homme (un ange) c’est Matthieu, l’aigle - Jean, le lion - Marc et le taureau - Luc.
Chacun brandit de longs phylactères (bannières en partie enroulées) représentant les évangiles.
Enfin, le tympan est surmonté d’une archivolte brisée de marbre polychrome :
3 – LES DEUX PREMIÈRES TRAVÉES (nous sommes sous la tribune)
Un fois franchi le portail d’entrée, on est saisi par l’obscurité de cet immense monument.
Juste au-dessus du portail d’entrée si on lève la tête, on aperçoit le passage de la herse qui en cas de pénétration de l’ennemi dans l’enceinte permettait d’empêcher l’accès à la cathédrale.
C’est qu’il s’agit d’un bâtiment roman fortifié aux murs très épais (plus de 2 m à certains endroits) et les deux premières travées de la nef sont occultées par la tribune du chapitre qui fut construite à la fin du XIIe siècle par les chanoines, sans doute pour leur permettre d’assister à l'office en étant isolés du reste des fidèles laïcs, voire à cause de l'humidité de l'église basse (nous l’étudions en détail plus loin).
Voici ce que l’on aperçoit depuis le portail d’entrée :
Puis en, continuant à avancer on arrive à hauteur de la troisième travée de la nef qui n’était pas visible car la tribune du chapitre occulte les voûtes des deux premières travées.
4 – LA NEF
La nef est d'abord constituée dans ses deux premières travées d'une voûte basse en plein-cintre, qui est surmontée par la tribune des chanoines accessible par un escalier construit dans l'épaisseur du mur. Dans le mur droit de la deuxième travée, des bas-reliefs et des épitaphes ont été scellés. Ils ont été retrouvés en 1872 par Frédéric Fabrège, lorsqu'il refit le pavage de la cathédrale.
Au-delà des deux premières travées s'élève une haute voûte sobre caractéristique des constructions romanes, de 10 mètres de large pour près de 20 mètres de hauteur, avec des murs de 2 à 2,5 mètres d'épaisseur. La sobriété extrême du lieu est compensée par une grande qualité de maçonnerie.
Une immense voûte en berceau légèrement brisée recouvre la nef. Elle est renforcée à chaque demi-colonne par des arcs doubleaux à triple rouleau. La toiture de lauzes repose directement dessus, sans charpente.
Incrustés dans la voûte, quatre rangs d'urnes en céramique poreuse servent de drains d'assainissement.
Comme nous l’avons vu plus haut, au XIIIe siècle 2 tours ont été bâties au niveau de la façade (la tour Saint Jean et la tour de l’évêque) qui n’existent plus aujourd’hui et ont laissé des cicatrices.
A gauche ce qui reste des tours bâties en calcaire dur, à droite le passage vers le cloître bas.
Les deux cloîtres haut et bas ont disparu, ici, on est au nord, au même niveau que la tribune.
Après avoir pénétré dans la nef, au-delà de la tribune, sur la droite, se trouve la partie la plus ancienne de la Cathédrale, la chapelle Saint-Augustin qui date de la cathédrale de 1041.
La chapelle Saint-Augustin est le seul témoin de la première cathédrale, édifiée au XIe siècle. A l’époque de l’évêque Arnaud elle sera incorporée au nouvel édifice.
On entre dans la chapelle Saint-Augustin par un grand arc de plein cintre constitué de trois voussures.
On trouve sur le piédroit de droite l'épitaphe d'Aribert, évêque d'Avignon mort en 1128 et inhumé à Maguelone. Elle est faite d'une pierre froide, sombre et humide. Il est donc fort possible qu'elle constituât le croisillon sud de la première cathédrale.
L'autel de la chapelle Saint-Augustin est en marbre blanc, aux armes de l'évêque Jean de Bonald († 1487).
Elle comporte en effet plusieurs tombeaux mais un seul semble avoir de l’importance puisque ce serait, dit-on, celui de l’évêque Arnaud. Car le grand Arnaud y avait aussi fait inscrire son épitaphe.
La Chapelle Saint Augustin avec à l’Est, le tombeau de l’évêque Arnaud
D’après la plaque fixée au-dessus et par les armoiries gravées en façade du couvercle on peut voir ce qui nous est présenté comme le tombeau de l’évêque Arnaud (1030 – 1060).
Mais Michel Rojo semble dire que ce qui est inscrit sur la plaque (qui daterait de 1933) ne correspond pas vraiment à la réalité des informations qu’il s’est procuré, et il en donne l’explication très détaillée suivante :
• Le coffre du tombeau a été fabriqué à Montpellier en 1489 et installé la même année à Maguelone, pas pour y mettre la dépouille du grand évêque Arnaud, mais pour accueillir les restes d’un ecclésiastique décédé deux ou trois ans plus tôt, ce qui semble beaucoup plus logique.
• La plaque de marbre, qui sert de couvercle, serait arrivée « brute » à Lattes en 1343, en provenance de Toulouse. Dix ans plus tard, elle est amenée à Maguelone où elle sera taillée seulement en 1670.
• Il n’y a jamais eu de cadavre ou de restes humains du XIe siècle dans ce sarcophage.
• Il semble que, à l’heure actuelle, le sarcophage soit vide (à confirmer).
• La plaque de marbre qui sert de support au texte a été découpé dans la banlieue de Toulouse en 1253.
• Une vieille brochure (La cathédrale et l’île de Maguelone, par J. Fabre de Morlhon et P. Lacaze) indique page 16 « l’inscription rédigée en 1933… ». Michel Rojo confirme.
• L’évêque Arnaud a-t-il été inhumé dans cette chapelle ? Nous n’avons pas la réponse.
Donc, ça n’est pas franchement clair, cette histoire de tombeau d’Arnaud. A chacun de se faire son opinion.
Au fond de la chapelle Saint Augustin on aperçoit également un sarcophage en plâtre qui a été fabriqué en l’an 51 de notre ère à Vers (Pont-du-Gard) dans les anciennes carrières romaines où se trouvait un atelier de tailleurs de pierres diverses qui fabriquait entre autres, des sarcophages.
Ce que Michel Rojo conclue en indiquant que 10 à 20 ans avant la construction de l’aqueduc romain, il devait déjà y avoir une activité industrielle dans ce village.
A l’opposé de la chapelle Saint-Augustin, côté nord, on aperçoit un passage qui est en fait celui qui mène à l’escalier qui permet l’accès à la tribune.
A la même hauteur que la tribune, et de chaque côté de la 3ème travée de la nef se trouvent deux autres chapelles autrefois réservées aux chanoines mais aujourd’hui inaccessibles.
L’une, dédiée à Saint Michel est située au-dessus de la Chapelle Saint-Augustin, et l’autre est située au-dessus du passage de l’escalier menant à la tribune. Elles ont été toutes deux vandalisées à la révolution.
Une gravure ancienne les montre telles qu’elles étaient encore vers 1850, munies de rambardes en bois tout comme la tribune d’ailleurs, ce qui semble logique pour que les chanoines puissent suivre les offices.
Paradoxalement, la rambarde de la tribune a été remplacée, d’après notre guide, par un mur maçonné de pierres de taille à la demande d’un architecte des monuments historiques des années 1960 par mesure de sécurité pour les visiteurs.
5 – LE TRANSEPT
Le transept a été édifié au début du XIIe siècle et achevé en 1150 par l'évêque Godefroy.
De légères différences manifestent son antériorité par rapport à la nef. Il est constitué d'une vaste travée rectangulaire à voûte légèrement brisée, et deux chapelles forment les croisillons : la chapelle Sainte-Marie au sud, et la chapelle du Saint-Sépulcre au nord.
Le dallage du transept et de l’abside sont en effet couverts de pierres tombales. Frédéric Fabrège les a pratiquement toutes identifiées. Pour certaines cela ne lui a pas posé de problèmes, mais pour d’autres, il a dû faire de sacrées recherches !
Didier Paya (dans son livre « Archéologie du Midi médiéval » Tome 14, 1996) que j’ai pu consulter sur le site de l’Ecole Normale Sup de Lyon alliée au CNRS) en a fait l’inventaire exact et je me permets de ne reproduire que le croquis qu’il en a dressé pour expliquer la suite de la visite dans le transept puis l’abside :
On entre dans ces chapelles par des arcs à double rouleau.
Au sud du transept, la chapelle Sainte-Marie communiquait à l'origine avec le cimetière attenant (via la « porte des morts »). La voûte bombée établie sur une croisée d'ogives primitive est remarquable. Ce choix architectural issu de l'art roman méridional est typiquement lombard.
La chapelle Sainte Marie est ornée, cela va de soi, d’une statue de la vierge posée sur un autel.
Le sauveteur de la cathédrale, Frédéric Fabrège, repose au pied de l'autel roman. Des sarcophages y sont aujourd'hui entreposés, avec au centre le mausolée de l'évêque Pierre Adhémar († 1418).
Au-dessus de la chapelle, dans la tour Sainte-Marie, un oratoire aujourd'hui détruit, servait au recueillement des chanoines.
Au nord du transept, la chapelle du Saint-Sépulcre possède, symétriquement, la même croisée d'ogives.
Mausolée du Cardinal Canilhac tel qu’il est aujourd’hui
Son mausolée de type gothique date du XIVe siècle, et a été construit pour le cardinal de Canilhac, ancien prévôt de Maguelone. Il abrite aujourd’hui un sarcophage wisigoth de marbre gris sculpté, improprement nommé « tombeau de la belle Maguelonne ».
Gravure ancienne du mausolée du Cardinal Canilhac.
« Le tombeau de la Belle Maguelonne ».
Ce sarcophage a, en fait, été fabriqué en 589 dans un atelier de sculpture de Vaison-la-Romaine d’où il a été transporté à Lattes en 590. Il devait accueillir les restes d’un riche commerçant propriétaire terrien mais n’a jamais reçu la dépouille de la belle Maguelonne !
De même que la Chapelle Sainte Marie était surmontée d’un oratoire, la chapelle du Saint Sépulcre est surmontée de l'oratoire Saint-Pancrace, invisible au visiteur.
Le sol du transept est pavé de tombes anonymes. Il y a malgré tout quatre tombeaux d'évêques en marbre :
- Jean de Bonald (1486-1504), humaniste,
- Izarn Barrière (? -1498), qui a restauré l'université de Montpellier,
- Antoine de Subiet-Cardot (1514-1596),
- Guitard de Ratte (1596-1602).
Jean de Bonald (1472-1487), Izarn Barrière (1488-1498)
Antoine de Subjet (1573-1596), Guitard de Ratte (1596-1602).
La plupart des sarcophages ou fragments de tombeaux de l'époque antique qu’on trouve dans le transept ont été amené de l’atelier de Lattes à Maguelonne en 1266.
Un peu partout sont exposés des fragments de pierres tombales de l'époque romaine et le mur méridional comporte un ensemble de bas-reliefs et d'épitaphes fixés retrouvés par Frédéric Fabrège lorsqu'il rénovait le dallage de la cathédrale : ils proviennent du cloître et du cimetière.
6 - L'ABSIDE
En avançant encore vers le chœur, on arrive dans l’abside présentant une magnifique voûte en cul de poule délimitée par une frise en dents d’engrenage et éclairée de trois fenêtres.
Au centre de l’abside se trouve le maître-autel qui n’est pas celui consacré en 1163 par le Pape Alexandre III lui-même (noté plus haut), sur lequel étaient représentés des « flabella », éventails en plumes de paon marquant l'appartenance au Saint-Siège et qui servaient à éventer le haut personnage qui l’accompagnait.
Un « flabellum » était confectionné à l'aide de plumes de paon, selon l'usage antique, dont les ocelles (sorte de dessin d'oeil naturel) symbolisaient le regard, et donc la vigilance du prélat - pape ou évêque - sur l'ensemble de l'Église. Cet usage n’a été supprimé dans l’église catholique qu’en 1962 par le Pape Jean XXIII à l’occasion du concile Vatican II !
L’autel d’origine a parait-il disparu mais a été remplacé par Frédéric Fabrège par une dalle de pierre moulurée devant lequel il a placé symboliquement un « flabellum ».
Un banc presbytéral entoure le chœur et perpétue une tradition paléochrétienne.
L'abside, construite en 1157, est caractéristique du style roman primitif ; son ampleur, son élévation et l'élégance de son décor en témoignent.
Elle est éclairée par trois fenêtres romanes élégamment décorées de fines colonnes engagées, reliées par une couronne de petits arcs et surmontées d'un cordon de dents d'engrenage.
Les ouvertures de l’abside comportent de très beaux vitraux contemporains, œuvre de Robert Morris, à la fois artiste plasticien conceptuel et écrivain américain né en 1931 à Kansas City et considéré comme l'un des principaux représentants et théoriciens du minimalisme.
Ils ont été exécutés par les ateliers Claude Duchemin (héritier de 6 générations au service du vitrail !)
Nota Bene : les vitraux bleus de l'abside et de l'ouest de la cathédrale cèdent la place, au nord et au sud à des vitraux jaunes... L’abside est trop sombre pour pouvoir en faire de belles photos. J’ai donc trouvé sur internet celles qui suivent, prises de l’extérieur.
7 – LA TRIBUNE DU CHAPITRE DES CHANOINES
En se retournant vers l’entrée de la cathédrale, on découvre la tribune du chapitre des chanoines qui a été construite en 1267 et qui domine la nef.
Pour y accéder, il convient d’emprunter l’escalier droit monumental pris dans l’épaisseur du mur nord, et qui donnait également accès au cloître supérieur, aujourd'hui détruit.
La tribune forme comme une église haute, où les chanoines ont dédié un autel à Saint Nicolas. Le lieu est beaucoup plus lumineux que le reste de la cathédrale.
On remarque sur les murs de la tribune une série de trous correspondant aux fixations des stalles tout le long du mur.
Par contre les cavités que l’on aperçoit sur la voûte de la tribune correspondent, elles, à des vases de résonance acoustique qui permettaient de psalmodier sans entraîner de cacophonie (cf. les études faites sur le phénomène des églises du XIIe au XIVe siècles par des chercheurs du CNRS – Université de Poitiers).
La pierre tombale de l'évêque Jean de Montlaur († 1190) a été utilisée par Frédéric Fabrège pour remplacer l'autel de Saint Nicolas disparu.
Le dessus de cet autel est donc le couvercle du sarcophage de l'évêque Jean de Montlaur sur lequel est gravée une épitaphe en vers latins :
« IN HOC VASE IOHANNIS αω LUX SEMPER CLARESCAT PERENNIS QUI SPIRITI SANCTI DONIS PAUPERES INTRODUXIT IN SCHOLIS »
En voici la traduction : « DANS CE TOMBEAU (repose le corps) DE JEAN, que l’Alpha et l’Omega (le Christ) LA LUMIERE ETERNELLE LUISE SANS FIN POUR LUI QUI PAR UN DON DE L’ESPRIT-SAINT OUVRIT AUX PAUVRES LES ECOLES »
Quelle belle conclusion pour la visite d’une cathédrale !
Toutefois, avant de vous quitter, j’ai découvert d’autres interprétations concernant « Maguelone ». Alors, j’ai eu envie de vous les soumettre car elles confirment la légende que nous a raconté notre guide…
« Vénus, l’étoile du berger » est surnommée par les Provençaux … « Magalouno », autrement dit « Maguelone » !
Quand Magalouno a soun mantèu
E lo Mount Ventour son capèu
Bouié, destalo e courre lèu.
A savoir en bon français :
Quand Maguelone a son manteau
Et le Mont Ventoux son chapeau
Laboureur, dételle et cours vite.
D’ailleurs, s’il faut en rajouter, dans les « Lettres de mon moulin » d’Alphonse Daudet, on peut lire le récit d’un berger provençal s'adressant à Stéphanette, la fille de ses maîtres :
« Mais la plus belle de toutes les étoiles, maîtresse, c’est la nôtre (Vénus), c’est l’Étoile du berger, qui nous éclaire à l’aube quand nous sortons le troupeau, et aussi le soir quand nous le rentrons. Nous la nommons encore Maguelonne, la belle Maguelonne qui court après Pierre de Provence (Saturne) et se marie avec lui tous les sept ans. »
BIBLIOGRAPHIE :
• « Lettres de mon moulin » d’Alphonse Daudet (Charpentier et Fasquelle, 1887, p. 51-62)
• F. FABREGE, Histoire de Maguelone, Paris, 3 vol., 1894-1911.
• Les villes mortes du Golfe de Lyon (Agde, Maguelone) par Charles Lenthéric (1876) Page 333 à 349 - livre numérisé par l'Université d'Ottawa.
• Etude de Michel ROJO, Carnon, 2018 quant à la datation des éléments de la Cathédrale de Maguelonne (https://www.academia.edu/38720608)
• E. LE ROY LADURIE, Le voyage de Thomas Platter (1595-1599). Le siècle des Platter II, Paris, Fayard, 2000.
• D. PAYA, Autour des recherches de Frédéric Fabrège, des découvertes archéologiques restées inédites à Maguelone (Villeneuve-lès-Maguelone, Hérault), dans Archéologie du Midi Médiéval, 14, 1996.
• J.-C. RICHARD, Maguelone, grand passé, petite île (1967-1973), I, dans Archéologie en Languedoc, 23, 1999.
• J. ROUQUETTE, Histoire du diocèse de Maguelone, 3 vol., Montpellier, 1921 (réimpression, Nîmes, Lacour, 1996).
• Chronique d’Arnaud de Verdale, XIVe siècle (Société archéologique de Montpellier, 1881)
• Vieille chronique de Maguelone (Société archéologique de Montpellier, 1911)
• Cartulaire de Maguelonne et Bullaire de Maguelone (édité par Rouquette et Villemagne, 1912)
• Un montage pédagogique très bien conçu pour les élèves de collège par Cécile Treffort, Directrice du CESCM (Centre d’Études Supérieures de Civilisation Médiévale) de l’Université de Poitiers (https://slideplayer.fr/slide/502254/)